INCERTITUDES SUR LA RECONQUETE RUSSE DE LA TCHETCHENIE

Quand les bombardements russes de la Tchétchénie avaient commencé le 5 septembre, les forces fédérales russes avaient adopté la stratégie de l’Otan dans ses raids contre l’ex-Yougoslavie, laissant planer le flou sur leurs véritables intentions en indiquant, toutefois, que leur but était d’éliminer les “bandits” tchétchènes qu’ils avaient repoussés du Daguestan lors de leurs deux incursions en août et en septembre. De plus, il les accuse d’avoir commandité les explosions de Moscou qui avaient fait 293 morts depuis le 31 août.

Quand les bombardements russes de la Tchétchénie avaient commencé le 5 septembre, les forces fédérales russes avaient adopté la stratégie de l’Otan dans ses raids contre l’ex-Yougoslavie, laissant planer le flou sur leurs véritables intentions en indiquant, toutefois, que leur but était d’éliminer les “bandits” tchétchènes qu’ils avaient repoussés du Daguestan lors de leurs deux incursions en août et en septembre. De plus, il les accuse d’avoir commandité les explosions de Moscou qui avaient fait 293 morts depuis le 31 août.
La guerre passait à une vitesse supérieure le 1er octobre avec le début de l’offensive terrestre engagée pour établir un “cordon sanitaire” autour de la Tchétchénie. Mais elle n’allait s’arrêter qu’au nord du fleuve Terek, faisant passer sous la coupe des autorités russes le tiers du territoire tchétchène représentant les anciennes terres cosaques. Lorsque Vladimir Poutine réunissait le 5 octobre les ex-Premiers ministres, Viktor Tchernomyrdine, Evgueni Primakov, Sergueï Kirienko et Sergueï Stépachine, il recevait leur soutien total (comme celui de l’opinion publique et des médias) et, en même temps, leurs réserves. Ceux-ci le mettaient en garde contre des offensives terrestres “de grande envergure”. Stépachine qui avait rejeté l’accord de Khassaviourt signé par le général Lebed et Aslan Maskhadov et avait mis fin à la première guerre de Tchétchénie (décembre 1994 - août 1996), a lui-même recommandé à l’armée russe de se cantonner sur ses positions le long du fleuve Terek.
 

Le président Eltsine en convalescence 
à la campagne, reçoit Vladimir Poutine.

Les forces russes se trouvent 
aux abords de Grozny.
 
Mais les forces fédérales ont franchi le fleuve, se sont emparées de plusieurs régions et, surtout, de la ville-clé de Goragorsky qui leur balisait le chemin vers Grozny. Le 16 octobre, les militaires russes annonçaient la deuxième phase de leur opération terrestre conduite sous le feu des bombardements intensifs et soldée déjà par la perte de trois avions (les Tchétchènes possèdent une centaine de missiles antiaériens de fabrication russe), d’un nombre incertain (différent selon les sources) de soldats et la mort de 2.000 civils.
En début de semaine, ils se trouvaient aux portes de Grozny à portée de leur artillerie. Leurs soldats déjà entrés dans les faubourgs et ayant rencontré une forte résistance, ont pris position sur les collines environnantes. Le Premier ministre, laissant toujours planer le flou, a soutenu que les forces fédérales n’envisageaient pas de manœuvres à grande échelle caractéristique des assauts des grandes villes. Celles-ci épargneraient Grozny et Maskhadov si celui-ci livrait aux autorités russes les têtes de la rébellion islamiste, Chamyl Bassaïev et Khattab. Après avoir, en vain, usé de tous les stratagèmes pour négocier avec les Russes, le président tchétchène semble prêt au pire des scénarios. Les Tchétchènes ont combattu pendant deux siècles les Russes. “Ils peuvent bombarder pendant deux années encore, mais cela ne changera rien. S’ils avancent, nous les détruirons. Nous gagnerons cette guerre. Je n’ai absolument aucun doute là-dessus”.
A l’instar de nombre d’analystes, Maskhadov lie cette guerre à la campagne électorale en Russie et pense que le canon va tonner tout au long de cette campagne. Entre-temps, les chances de Vladimir Poutine sont en train de croître. Jadis accréditée de 1%, sa cote de popularité est montée à 15%. La seconde guerre de Tchétchénie lui a, non seulement permis de s’imposer, mais elle a occulté les scandales financiers entourant le Kremlin et la Famille. Et l’échec lui est désormais interdit. Le bourbier tchétchène est, toutefois, aussi incertain que l’issue de ces élections dont on ne sait même pas si elles auront lieu.


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