RENCONTRE AVEC LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE TUNISIENNE
ZEIN EL-ABIDINE BEN ALI A MELHEM KARAM:
"NOTRE AMBITION EST PLUS GRANDE QUE NOS REALISATIONS"


Avec le président Zein el-Abidine Ben Ali et l’enthousiasme que manifeste le peuple à son égard, le commandement apparaît comme un besoin. A l’instar des gens de l’authenticité, il a foi en ce que le leadership échoit à qui le mérite et il y a accédé dès sa prime jeunesse.
Il a suivi un style modéré et opté pour la transparence, se dépensant au service des citoyens. Il œuvre avec conscience et abnégation, se comportant d’une manière géniale. Ses initiatives sont directes. Il affronte les choses avec condescendance, laissant irradier dans ses actes la sincérité et la bonté. Ceci témoigne de la sublimité de l’homme en sa personne, vibrant avec l’angoisse et les espoirs des gens. Il prend ses décisions après mûre étude et réflexion, s’employant à renouveler dans la pondération, ce qui constitue les plus nobles objectifs du leadership. Pour lui, la montagne n’est pas plus lourde qu’un grain de sable, ni le fruit le plus précieux du produit de la récolte. Il appelle à l’élévation de l’esprit, même dans la prière, partant de l’idée que Dieu n’a pas créé l’homme pour l’humilier. Et le lieu de culte dont l’homme sort l’âme en peine, n’en est pas un, car il ne connaît pas le Créateur. Au riche, il tient ce langage: Laissez la boue dans votre poche, le soleil dans votre demeure, conservez l’air dans votre armoire et obtenez un balcon d’où vous pouvez humer la senteur des fleurs et entendre le gazouillis des oiseaux. Ses concepts religieux ont des racines profondes dont émane une sagesse orientale. De toutes ses initiatives se dégage une règle de la vie modèle pour un peuple méritant, ses comportements résumant les enseignements les plus sublimes. Tout ce qu’il dit est un appel humain bénéfique. Il a gagné directement la source et bu de son eau, épuré son cœur et indiqué aux gens le chemin à suivre. Il m’a reçu à Carthage avec l’aménité qu’il voue à ses amis et m’a accordé cet entretien.

Jusqu’à quel point êtes-vous parvenu, depuis le changement du 7 novembre 1987, à mettre en application votre programme de gouvernement? Avez-vous été aidé, en cela, par la conjoncture intérieure, régionale et internationale?
En 1987, la Tunisie se trouvait confrontée à des défis majeurs qui ne pouvaient souffrir d’aucun attentisme. Nous avons pris sur nous d’y faire face, pour sauver le pays de la situation de déliquescence dans laquelle il se débattait, situation qui a bouché les horizons, aggravé les dangers qui planaient sur le pays et sur sa sécurité politique, sociale et économique, ce qui a eu pour effet d’en réduire la crédibilité dans son environnement international.
Sur les décombres de cette situation décadente, nous avons bâti notre projet de réforme, à travers le changement qui restaure la confiance et au moyen duquel nous avons ouvert, à nouveau, les portes de l’espoir. Les Tunisiens et les Tunisiennes y ont souscrit, dès le premier instant. Les forces vives de notre peuple ont contribué à sa concrétisation. Avec toute leur énergie, les fils et les filles de notre pays ont concouru à en accélérer la cadence de réalisation.
Qu’il s’agisse de l’instauration des libertés, de la consolidation des attributs de la concorde nationale, de la réhabilitation de la souveraineté de la loi, du raffermissement de la démocratie et du pluralisme, ou de la protection des droits de l’homme, les réformes dont nous avons pris l’initiative à tous les niveaux procédaient de notre foi en la maturité du peuple tunisien et dans le fait qu’il est digne d’une vie politique évoluée. Nous avons mis en œuvre ces actions d’une manière progressive et à pas sûrs, pour prémunir notre expérience des risques de l’échec et éviter de sauter dans l’inconnu.

OPÉRATION DE RÉFORME
Parallèlement, nous avons engagé le pays dans une opération de réforme et de mise à niveau économique intégrale, fondée sur la libération de l’initiative, la consécration des mécanismes du marché et le renforcement de l’ouverture de l’économie sur son environnement extérieur. Ce sont, là, des réformes qui ont métamorphosé l’économie tunisienne pour en faire une économie diversifiée et capable de s’accom-moder aux muta-tions mon-diales. Plusieurs indicateurs sont révé-lateurs de cette métamorphose. Ainsi, le taux de croissance moyen s’est établi à 4,5 pour cent durant la décennie écoulée. De même, le taux d’inflation est retombé à moins de 3 pour cent, contre plus de 8 pour cent avant 1987. Le revenu par habitant a été multiplié par deux fois et demie entre 1987 et 1997. Nos réserves en devises se sont élevées à trois mois d’importation, alors qu’avant le changement du 7 novembre 1987, ces réserves avaient atteint le niveau le plus bas qu’ait jamais connu l’économie tunisienne depuis l’indépendance du pays.
Cette nouvelle dynamique politique et économique a permis de hisser la Tunisie au rang d’un pays émergent qui s’apprête à figurer dans le peloton des pays du monde développé.
Ces performances revêtent une importance accrue au regard de la conjoncture internationale délicate et l’ampleur des mutations mondiales enregistrées. Bien que se multipliant et devenant de plus en plus rapides, ces mutations, ne nous ont pas pris de court car nous étions toujours en avance pour arrêter nos choix. Les ondes de flux et de reflux découlant de ces mutations, ne nous ont pas porté atteinte, dans la mesure où nous avons fondé notre programme sur des orientations nationales, conformément à une approche tunisienne, où se mêlent l’empreinte de Carthage, avec son expérience séculaire et sa dimension méditerranéenne, celle de Kairouan, avec son authenticité arabo-islamique et son rayonnement sur l’Occident et l’Orient; enfin, la Tunisie, avec sa modération, son ouverture, sa tolérance et son juste milieu. Nous avons la ferme conviction qu’un peuple ne forge son destin qu’en comptant essentiellement sur son intelligence et ses capacités propres et qu’en traitant d’égal à égal avec les pays frères et amis. Un peuple ne peut non plus façonner son devenir que dans le cadre d’un partenariat équilibré et de la prise de conscience du fait que les stéréotypes et les solutions toutes faites ne peuvent connaître ni succès, ni pérennité.
Nous aspirons, aujourd’hui, à atteindre les plus hauts niveaux de l’excellence. C’est sous ce signe que nous plaçons la prochaine étape et c’est le credo que nous œuvrerons à traduire dans la réalité du pays durant notre nouveau mandat.

NOS AMBITIONS SONT PLUS GRANDES QUE NOS RÉALISATIONS
Y a-t-il de nouveaux choix politiques, économiques et sociaux pour votre prochain mandat? S’inscrivent-ils dans le cadre de la continuité ou du changement et comment?
Nos ambitions sont plus grandes que nos réalisations. C’est pourquoi, nous nous refusons de céder à l’autosatisfaction. Nous n’en sommes pas moins conscients du fait que les nouveaux acquis de la Tunisie ont suscité chez notre peuple des aspirations plus grandes et des attentes à la mesure de l’événement qui nous attend tous avec l’avènement proche d’un siècle et d’un millénaire nouveaux.
La prochaine étape sera celle du raffermissement des acquis accumulés depuis près de douze ans sur la voie de l’instauration de l’Etat de droit et des institutions, de la consolidation de la démocratie et du pluralisme dans les textes et dans les faits, de la promotion, de la protection des droits de l’homme et de la diffusion de leur culture, conformément à une approche exhaustive et cohérente, dans le cadre de la cohésion et de la fidélité aux valeurs sur lesquelles s’appuie notre projet réformateur, celles de la concorde, de la solidarité et du travail.
Les progrès réalisés par notre pays aux niveaux des indicateurs de développement, de l’accroissement du revenu par habitant et de l’amélioration du taux de scolarisation, nous placent face à de nouveaux défis qui nous commandent de consentir un effort national considérable, en l’absence de ressources naturelles, qu’il s’agisse de pétrole ou d’autres richesses. Au premier rang de ces défis, figure la question de l’emploi à laquelle nous conférerons une dimension nationale. Il s’agira de dépasser l’approche selon laquelle la solution de ce problème relève de l’unique ressort de l’Etat et du secteur privé, afin d’en faire endosser la responsabilité à l’ensemble des composantes de la société civile, associations incluses. Parallèlement, nous encouragerons la création de nouvelles formes d’emploi qui bénéficieraient des technologies modernes dans le domaine des communications et des services.
Notre objectif fondamental consiste à permettre à notre économie de fournir du travail à tous les demandeurs, selon les aptitudes et les qualifications de chacun.
C’est pourquoi nous mobiliserons tous les moyens propres à favoriser l’emploi et nous nous attacherons à identifier toute opportunité potentielle dans ce domaine, afin de parvenir à satisfaire les demandes additionnelles annuelles, après avoir été en mesure, jusqu’à présent de dépasser le seuil des 90 pour cent en termes de taux de couverture, contre 60 pour cent au début des années 80.
Dans ce cadre, nous procèderons à la création d’un Fonds national de l’emploi ou Fonds “21/21”, pour en faire bénéficier nos jeunes sans emploi et tous ceux qui seraient aux prises avec le chômage, pour une raison ou pour une autre. C’est un Fonds qui contribuera à renforcer la formation, à créer un surcroît d’opportunités d’emploi et à faire sortir les jeunes qui en pâtissent du cercle vicieux de l’oisiveté pour y substituer le dynamisme du travail et de l’action.



RÉSOUDRE LE PROBLÈME DU CHÔMAGE ET ACCROÎTRE NOTRE POTENTIEL HUMAIN
Ce Fonds sera, durant les années à venir, l’un des principaux mécanismes à même d’aider à résoudre le problème du chômage et à réaliser l’équilibre entre l’offre et la demande dans ce domaine.
En vue d’accroître nos potentialités humaines  et de les rendre plus aptes à faire face aux exigences du siècle prochain, nous parachèverons la mise en place des fondements de l’école de demain qui sera appelée à doter notre jeunesse des moyens d’assimiler le savoir et les sciences modernes, de manière à l’aider à interagir avec leur évolution, à développer ses aptitudes et à favoriser la conquête des connaissances et les sciences appliquées les plus évoluées. En concrétisation de ce choix d’avenir, nous élaborerons un plan spécial permettant “l’apprentissage durant toute la vie” et garantissant la mise à jour permanente et l’enrichissement des connaissances, dans le cadre d’une conception nouvelle de l’enseignement, notamment dans ses cycles supérieurs et ses filières techniques et technologiques.
Parallèlement, nous continuerons à promouvoir la formation, afin d’en faire un facteur agissant de production et de création de richesses et de manière à répondre aux besoins des entreprises en agents qualifiés. Nous œuvrerons à créer une nouvelle génération de centres de formation professionnelle permettant de doter nos jeunes de qualifications modernes et d’un haut niveau de formation, tout en leur garantissant des chances d’emploi et d’intégration.
Compte tenu de l’importance du secteur de la recherche scientifique et de technologie en tant que pilier de l’économie nationale, ainsi que de la corrélation étroite de ce secteur avec l’enseignement, la formation et l’emploi, nous consacrerons 1% du budget de l’Etat à la recherche scientifique.
D’ailleurs, sur la base de notre conviction que le changement constitue un projet culturel et de civilisation, nous continuerons à ouvrir les horizons devant les acteurs de la vie culturelle, à soutenir davantage les activités culturelles et artistiques et à prendre soin des créateurs, en Tunisie. Dorénavant, 1% du budget de l’Etat sera alloué à la culture.
Etant donné que notre choix est le choix de l’avenir, la jeunesse occupera une place centrale dans notre démarche politique pour l’étape à venir. Nous nous emploierons à élaborer un programme qui réponde à ses préoccupations et à ses aspirations et qui garantisse sa participation à la définition des choix de la Tunisie de l’excellence, la Tunisie du troisième millénaire.
Au moment où nous nous apprêtons à achever l’exécution du programme de mise à niveau intégrale dont nous avons fait la clé de voûte de la modernisation de notre économie, de l’amélioration de son rendement et du renforcement de sa compétitivité et alors que nous sommes sur le point de parachever la mise en œuvre de l’accord d’association et de libre échange avec l’Union européenne, nous sommes déterminés à faire en sorte que la mutation qualitative de l’économie nationale atteigne son apogée, que ce soit au niveau structurel ou en termes de capacité et aptitudes, à l’issue de deux plans de développement successifs, à savoir le 9ème plan (1997-2001) et le 10ème plan. Cette évolution économique aura pour conséquence visible l’éradication des manifestations de pauvreté, le rétablissement de l’équilibre entre les régions et l’amélioration de la qualité et du niveau de vie, de plusieurs points de vue, le revenu par habitant devant atteindre 3.500 dollars en 2004. Ceci, sans compter la sauvegarde de l’équilibre entre les dimensions économique et sociale du développement, adéquation que nous sommes parvenus à concrétiser et dont nous avons fait un des aspects originaux de notre programme de réforme.



 
Le président Ben Ali à Melhem Karam:
“Nous avons invité des contrôleurs
arabeset étrangers à observer de près
lesélections présidentielles et législatives”.



  L’OPPOSITION, COMPOSANTE DE NOTRE SYSTÈME DÉMOCRATIQUE
On constate que les partis d’opposition demeurent encore faibles, malgré l’appui que vous leur avez apporté. Cela est-il dû à la puissance du parti au Pouvoir ou à la carence de ces partis au niveau des programmes, au fait qu’ils ne disposent pas d’une large base ou à leur inexpérience? Comment allez-vous traiter avec ces partis dans la prochaine étape?
Nous avons assuré aux partis de l’opposition toutes les conditions et les facteurs appropriés pour qu’ils mènent leurs activités en toute liberté, partant de notre conviction que l’opposition fait partie intégrante du paysage politique et constitue l’une des composantes importantes de notre système démocratique. C’est que les choix de l’Etat, quel que soit le degré de perfection qu’ils aient atteint, nécessitent l’opinion contraire, censée apporter un plus, dans le cadre du consensus national, de l’attachement à la patrie et en veillant à servir ses intérêts. Aussi, œuvrons-nous sans cesse à associer l’ensemble des catégories et des composantes de la société dont les partis d’opposition, à toutes les questions et à tous les dossiers intéressant le devenir du pays.
Sur cette base, nous n’avons ménagé aucun effort pour soutenir les partis, afin de les aider à faire face aux exigences de leur action et de consolider leur rôle sur la scène politique, notamment à travers le renforcement de leur présence dans le parlement et dans les conseils municipaux, avec un taux minimum de 20% des sièges de ces corps élus, l’élaboration du cadre juridique régissant le financement public des partis de façon à renforcer leurs ressources outre la consolidation de la presse d’opposition, au moyen de la couverture d’une grande partie des coûts de fabrication des journaux de ces partis, pour leur permettre de faire entendre leurs voix et de faire connaître leurs programmes auprès de l’opinion publique.
Nonobstant les raisons qui ont motivé votre question au sujet de la faible présence des partis d’opposition, il est certain, à notre avis, que les prochains événements et échéances nationales et, en premier lieu, les élections présidentielles et législatives prévues le 24 octobre courant, seront une occasion pour la compétition des programmes et la confrontation des thèses et approches entre le rassemblement constitutionnel démocratique et les partis d’opposition, de manière à renforcer la position de l’opposition sur la scène politique, à développer sa capacité d’encadrement au sein de la société, ce qui constituera un facteur d’enrichissement et de dynamisation de notre système politique.
La plate-forme politique et juridique constitue, aujourd’hui, en Tunisie  le cadre idoine à même de renforcer la présence de l’opposition et d’en faire une présence agissante et effective. A titre d’exemple, nous avons ouvert la voie devant l’opposition, pour la première fois dans l’Histoire de la Tunisie, pour qu’elle participe aux élections présidentielles. Nous avons de même conforté l’expérience pluraliste au parlement et ce, en permettant à l’opposition d’obtenir au moins 20 pour cent du nombre total des sièges au parlement en tant que minimum garanti que les partis d’opposition peuvent dépasser, en fonction de leurs résultats aux élections, après qu’ils eurent fait leur entrée au parlement en 1994, ce qui constituait une première dans la vie politique tunisienne. Nous persévérons avec résolution et détermination sur cette voie, d’autant que l’évolution du processus pluraliste en Tunisie demeurera au cœur de nos préoccupations personnelles. Nous veillons à concrétiser cet objectif majeur dans le vécu des Tunisiens et des Tunisiennes, afin d’en faire un acquis civilisationnel irréversible, sous l’égide de l’Etat de droit et des institutions.

NOUS VEILLONS À DÉVELOPPER LE PAYSAGE MÉDIATIQUE
Vous avez supprimé le secrétariat d’Etat à l’information. Cependant, la  presse nationale dans son ensemble demeure   en-decà des espérances. Les nouveaux plans que vous envisagez pourront-ils    en assurer la promotion?
La promotion de notre information au niveau des exigences de la concurrence instaurée dans le monde d’aujourd’hui a été et demeure l’une de nos préoccupations majeures. Nous avons déjà fait part de notre aspiration à une information plus performante et innovatrice et à une presse de qualité et audacieuse qui opte pour la critique constructive. A cet égard, nous avons veillé, ces dernières années, à développer le paysage médiatique, le nombre des titres tunisiens ayant atteint 170 titres qui reflètent le pluralisme politique et intellectuel prévalant dans la Tunisie d’aujourd’hui. En outre, plus de 600 titres arabes et étrangers sont distribués dans notre pays.
Nous avons, également, veillé à développer l’information audiovisuelle au plan du contenu et des équipements techniques. Il existe, aujourd’hui, en Tunisie, huit stations de radio, nationales et régionales, ainsi que deux chaînes de télévision dont l’une est destinée aux jeunes, sur les plans de l’animation et du contenu, outre la possibilité offerte aux Tunisiens de capter, en toute liberté, plusieurs chaînes internationales.
Nous pensons que l’information, à l’ère nouvelle, a assumé un rôle important dans la consolidation des fondements de la société civile, l’impulsion du dialogue entre les forces nationales et le renforcement du consensus et de la solidarité entre tous les Tunisiens. Et afin que ce secteur puisse accomplir, comme il se doit, sa mission, nous nous sommes engagés à entreprendre de nombreuses réformes législatives et avons apporté appui et encouragements aux gens de la profession, tout comme nous avons intensifié les tribunes de dialogue dans les organes d’information audiovisuelle. Il y a lieu de rappeler, dans ce contexte, les réformes mises en œuvre dans le but de conférer un caractère libéral au code de la presse. Ainsi, le code de la presse a connu deux révisions successives allant dans le sens du renforcement de la liberté d’opinion et d’expression.
Il s’agit de réformes fondamentales dont le moindre des mérites est d’assurer des garanties légales aux journaux et aux journalistes, ce qui confirme l’étendue de la libéralisation de la législation tunisienne et son caractère avant-gardiste en la matière.
Nous avons, aussi, permis à la presse nationale de recouvrer son droit à la critique, à la discussion et à exprimer les préoccupations du citoyen au sujet des questions qui l’intéressent. C’est dans ce contexte que s’inscrivent les multiples incitations et encouragements d’ordre moral et matériel institués, afin de renforcer la presse d’opinion et celle de l’opposition, en particulier. Pour couronner cette orientation, nous avons supprimé le secrétariat d’Etat à l’information, pour mettre fin à toute forme de tutelle sur le secteur en comptant sur la prise de conscience des hommes de médias et sur leur maturité. Car la promotion de la presse au niveau de sa fonction politique et éducative est, en premier lieu, du ressort des journalistes eux-mêmes.
Nous nous proposons d’introduire, à l’avenir, une nouvelle réforme dans le code de la presse, ce qui permettra de renforcer la liberté d’expression, d’aider à dépasser toutes formes d’autocensure et de contribuer à la dynamisation du dialogue démocratique dans le pays.
 
L’ENSEIGNEMENT OBLIGATOIRE DEPUIS 1991
Etes-vous satisfait des résultats sociaux et économiques enregistrés par les différents plans de développement en matière de promotion qualitative de la situation générale?
- Quelles sont les réalisations du plan au niveau de la consolidation de la classe moyenne?
- Jusqu’à quel point avez-vous éradiqué les zones d’ombre?
- Quel est le bilan dans ce domaine?
Les chiffres et les indicateurs établis mettent en exergue le volume de la mutation qualitative que la Tunisie a connue dans les domaines social et économique. Outre ce que je viens de rappeler au sujet de la multiplication par deux fois et demie du revenu par habitant, vous êtes certainement au courant que la pauvreté a enregistré dans notre pays une régression remarquable (6% actuellement contre plus de 20% dans les années 70), alors qu’une grande proportion de familles tunisiennes (environ 80%) sont devenues propriétaires de leur logement. Le taux d’électrification et d’approvisionnement en eau potable s’est élevé à 90% et l’espérance de vie à la naissance a atteint les 72 ans, en raison de l’importante amélioration des indicateurs de santé et du niveau de vie.
L’enseignement est devenu obligatoire depuis 1991 et le taux de scolarisation pour les enfants de six ans a atteint, aussi bien pour les filles que les garçons, 99%. Ces acquis s’ajoutent, à la mesure que nous avons prise concernant la non- interruption de la scolarité avant l’âge de 16 ans. La proportion des filles a atteint, pour l’enseignement secondaire, 50% et, pour l’enseignement supérieur, 48%.
En ce qui concerne la promotion des zones d’ombre, nous avons mis en place des mécanismes basés, essentiellement, sur la solidarité qui est devenue actuellement une valeur au contenu concret.
Parmi ces mécanismes, on peut citer le Fonds de solidarité nationale, connu sous le nom du “26/26”, alimenté, outre l’effort de l’Etat, par les contributions volontaires et dont la mission consiste à identifier les zones les plus démunies, à définir et classer leurs besoins et à œuvrer à combler les insuffisances de manière à favoriser l’insertion des habitants de ces zones dans le circuit économique et le développement intégral.
L’intervention du FSN a touché 924 zones au cours de la période 1993-1998 couvrant 136.000 familles. Il est prévu que le nombre des zones bénéficiaires des interventions du Fonds atteindra, d’ici la fin de l’année en cours, 1226 au profit de 171.000 familles.
 
VERS UNE MEILLEURE QUALITÉ DE VIE ET DE PROGRÈS SOCIAL
A titre d’exemple, le taux d’électrification des zones d’ombre a atteint 83,3% en 1998, alors que le taux d’approvisionnement en eau potable de ces zones est de l’ordre de 74,9% pour la même période, sachant que 40.000 citoyens ont bénéficié des aides du Fonds pour créer ou consolider leurs sources de revenus.
Nous avons, également, créé la banque tunisienne de solidarité, afin d’octroyer des prêts à des conditions avantageuses et dans des délais courts aux petits investisseurs et aux titulaires de diplômes de formation qui ne disposent pas de moyens de financement et des garanties nécessaires exigées par les banques pour s’installer à leur propre compte, de manière à favoriser leur promotion sociale et à assurer leur intégration dans le circuit de production.
Le rythme d’octroi des prêts par cette banque est, actuellement, de 1.400 prêts par mois. Jusqu’au mois de juin 1999, le nombre des prêts accordés est de 14.609 et ce, dans un laps de temps court. Il est prévu que les projets financés par la banque procurent 22.103 emplois. Dans ce même cadre, nous avons créé un nouveau système de micro-crédits qui permet aux associations de développement aux organisations spécialisées, très nombreuses dans notre société, d’aider les citoyens à faibles revenus, notamment les jeunes des deux sexes à créer des projets productifs individuels ou familiaux favorisant leur intégration dans le circuit économique.
Tous ces mécanismes nous confortent dans notre conviction que toutes les zones d’ombre disparaîtront avant la fin de l’an 2000.
L’ensemble de ces résultats et indicateurs revêt un caractère particulier, dans la mesure où ils favorisent l’élargissement de la classe moyenne qui représente, actuellement, 85% de la population.
Nous nous acheminons vers des indicateurs et des normes plus évolués dans le monde, reflétant l’amélioration de la qualité de la vie et le progrès social de notre société.

EXPÉRIENCE D’AVANT-GARDE AVEC L’UNION EUROPÉENNE
Le partenariat avec l’Europe? Etes-vous réellement convaincu de son efficacité sur l’économie tunisienne?
Ne s’agit-il pas d’un partenariat impossible, parce qu’il se déroule dans des conditions inégales et auquel plusieurs parties arabes ne s’enthousiasment plus? Quelles sont les spécificités de votre expérience dans ce domaine?
Les pays de l’Union européenne occupent une position sensible dans notre environnement géographique direct. A ces pays nous lient des relations culturelles et économiques au regard de l’Histoire et du voisinage, ces données font que ces pays soient parmi les premiers de nos partenaires internationaux. Il est donc naturel que nous œuvrions à mettre en place les mécanismes appropriés pour organiser nos rapports avec ce groupement et les renforcer de manière à servir et à préserver nos intérêts nationaux et à consolider la solidarité, la sécurité et la stabilité dans l’espace euro-méditerranéen.
La Tunisie a été le premier pays de la rive sud de la Méditerranée à avoir conclu un accord de partenariat avec l’Union européenne. Nous nous soucions du succès de cette expérience d’avant-garde.
Pour ce faire, il importe de souligner le caractère de globalité de cet accord qui dépasse, dans notre vision, les aspects économiques et financiers, pour hisser nos relations au niveau d’un contrat de civilisation entre des peuples unis par des valeurs communes qui sont les valeurs de tolérance et de solidarité.
Nous suivons, attentivement, la mise en œuvre de l’accord de partenariat entré en vigueur depuis plus d’un an. Nous œuvrons avec beaucoup de sérieux à relever les défis engendrés par l’accroissement du rythme de la concurrence aux plans financier, économique et social, par la mise à niveau de nos entreprises et de leur environnement avec toutes ses composantes.

COOPÉRATION ENTRE LES DEUX RIVES, FACTEUR DE STABILITÉ
L’approche prospective que nous avons adoptée et qui nous a permis d’éviter la tempête engendrée par les bouleversements internationaux et ses répercussions, est à l’origine de notre décision d’établir un accord de partenariat avec l’Union européenne.
Cette expérience prouvera, comme l’ont prouvé nos expériences dans d’autres domaines, la justesse et l’efficience de nos choix. Les accords de partenariat conclus par un certain nombre des pays de la rive sud de la Méditerranée avec l’Union européenne ou ceux qui sont sur le point d’être conclus, baliseront la voie d’une coopération plus large entre les deux rives de la Méditerranée.
Nous espérons que ce genre de coopération permettra de transcender les obstacles politiques et psychologiques pour s’étendre à tous les pays de la région.
Il s’agit là d’un objectif stratégique pour toute la région, eu égard aux mutations que connaît la scène internationale et à notre conviction quant au rôle de la coopération euro-méditerranéenne en tant que facteur de stabilité, de progrès et de prospérité pour l’ensemble des peuples de la région.
Il n’en demeure pas moins nécessaire de souligner que notre attachement aux rapports d’amitié et de coopération traditionnels avec l’Europe n’a d’égal que notre souci de développer nos relations avec tous les pays qui partagent avec nous nos convictions et nos aspirations.
Pour ce faire, nous avons soutenu la proposition américaine appelant à l’établissement d’un partenariat entre les Etats-Unis et les pays d’Afrique du Nord.

TUNIS FAVORABLE À UN RÈGLEMENT JUSTE ET GLOBAL AU P.-O.
Des indices font de plus en plus, état d’une tendance à la normalisation des rapports diplomatiques tuniso-israéliens, après une période de quasi-rupture.
Nous avons, en de multiples occasions précédentes, affirmé la position de principe de la Tunisie en ce qui concerne la normalisation de ses relations avec Israël et qui subordonne cette opération à l’avancement du processus de paix. Cette attitude s’inscrit dans le cadre de l’appui de la Tunisie à ce processus et notre encouragement au gouvernement israélien pour qu’il aille de l’avant dans l’application des accords conclus.
La Tunisie qui, comme vous le savez, a participé d’une manière agissante au démarrage du processus de paix dans toutes ses péripéties, aussi bien au plan bilatéral qu’au plan
multilatéral, réitère son appui aux efforts déployés en vue de parvenir à un règlement juste, global et durable de la crise du Proche-Orient, visant la restitution des terres arabes occupées et fondé sur le principe du “sol contre la paix”. Nous pensons, également, que la communauté internationale se doit de conjuguer ses efforts en vue de contraindre Israël à se conformer à la légalité internationale et à s’engager, d’une manière sérieuse, dans des négociations sur le statut définitif des terres palestiniennes.
Notre contribution pour sauver le processus de paix, se réfère à des constantes dont nous ne nous écarterons jamais, à savoir: le droit pour le peuple palestinien frère à l’autodétermination, d’édifier son Etat indépendant sur sa terre, avec pour capitale Jérusalem et jusqu’à ce que les peuples frères du Liban et de la Syrie recouvrent leurs terres spoliées.

Un grand mérite vous revient dans les efforts déployés, actuellement, en vue de réactiver l’Union maghrébine. Quels sont les progrès accomplis dans ce domaine?
Les efforts continus et persévérants que nous déployons pour la réactivation du processus maghrébin et pour redynamiser les structures de l’Union, sont issus de notre profonde conviction que cette réalisation représente un choix stratégique irréversible et une ambition historique des peuples de la région.
Ces efforts ont récemment abouti à la reprise de l’action maghrébine après la stagnation qu’elle avait connue au cours des trois dernières années. Parmi les activités enregistrées à ce niveau, la réunion au cours du mois de mai dernier à Alger du comité de suivi et la programmation, si Dieu le veut, d’un sommet maghrébin à une date proche.
Nous sommes profondément convaincus de la nécessité de l’édification de l’Union du Maghreb arabe, par-delà les difficultés passagères, eu égard à l’importance de la coopération régionale dans un monde marqué par la multiplication des grands groupements régionaux.
Nous sommes d’autant plus confiants à cet égard que nos frères, les dirigeants des autres Etats de l’Union, sont animés de la même volonté tenace d’imprimer une nouvelle dynamique à ce projet civilisationnel, afin de concrétiser les aspirations de nos peuples maghrébins à la complémentarité, à la solidarité et à l’entraide.

NOUS AVONS ACCORDÉ UNE PLACE DE CHOIX À LA TUNISIENNE
Le progrès saisissant accompli par la femme tunisienne au cours de l’ère nouvelle est, désormais, au centre d’intérêt des milieux féminins arabes et non arabes. Quels sont vos projets pour conforter davantage ce progrès et quels sont les autres domaines dans lesquels vous voudriez faire participer la femme tunisienne?
La Tunisie a été à l’avant-garde dans sa prise de conscience de la problématique de la femme et de son rôle au sein de la famille et de la société.
Dans le droit fil de cette démarche, nous avons accordé à la femme dans notre projet réformateur, une place de choix et cela dès sa mise en œuvre.
C’est que nous avons la profonde conviction qu’aucun avenir ni progrès ne sont envisageables sans l’apport de la femme, dont nous avons fait une force d’avant-garde, afin de gagner les paris du changement.
Lorsque nous avions commencé la concrétisation de notre projet civilisationnel, nous ne nous sommes pas contentés de sauvegarder les acquis de la femme tunisienne, mais avons renforcé ses acquis et consolidé ses droits. Mieux, ces droits ont connu au cours de l’ère nouvelle un tournant historique qui a permis de consacrer les principes d’équité, d’égalité des chances et de partenariat entre l’homme et la femme au sein de la famille et dans la vie publique.
La femme a pu, ainsi, intégrer tous les secteurs à un rythme qui reflète l’évolution de ses compétences. Aussi, son taux dans la population active a-t-il atteint 24% en 1994, sans parler de la forte présence de la femme dans le secteur informel.
Les chiffres montrent, par ailleurs, que les femmes représentent 23% du corps de la magistrature, 22% de celui des avocats, 36% du nombre de médecins, outre leur participation intense au secteur de l’enseignement à tous ses niveaux, le taux de jeunes filles dans l’enseignement supérieur ayant atteint 48,3% au cours de l’année universitaire 1998-1999.

RELATIONS DE CONFIANCE ET DE CRÉDIBILITÉ AVEC LE PEUPLE
Vous avez promis d’éradiquer, définitivement, la pauvreté à l’orée du XXIème siècle. Serez-vous en mesure de tenir votre promesse dans les délais convenus?
Les relations de confiance et la crédibilité que nous avons instaurées avec notre peuple, s’expliquent entre autres raisons par la concomitance entre les promesses et les réalisations et ce, dans tous nos plans et nos programmes. C’est une règle de base sur laquelle nous avons fondé notre projet politique, économique et social, celle des réalisations concrètes en lieu et place des slogans.
Lorsque nous nous sommes engagés à éradiquer les zones d’ombre à l’orée de l’an 2000, cela ne relevait pas du rêve, mais de notre foi dans la capacité de notre peuple à relever ce défi pour conforter la cohésion sociale et instaurer un développement équilibré. Effectivement, tous les Tunisiens et Tunisiennes ont, à la faveur des valeurs que nous avons enracinées chez eux et, en premier lieu, les valeurs d’entraide et de solidarité, adhéré à ce projet civilisationnel que nous nous sommes proposés de mettre en œuvre.
Les résultats enregistrés et les étapes franchies dans ce contexte montrent  que ce programme est appliqué conformément au timing convenu et à un rythme dépassant, parfois, les prévisions, ce qui nous permet de nous rapprocher de l’objectif arrêté contribuant à conforter, ainsi, chez les catégories faibles, le sentiment de dignité et d’appartenance nationale et garantissant à ces catégories les conditions leur permettant de se prémunir contre le dénuement et les risques de marginalisation et leur offrant, de la sorte, l’opportunité de s’intégrer dans le processus de développement et d’en récolter les fruits. Nous vous avons déjà fourni dans une réponse précédente certains chiffres relatifs au Fonds national de solidarité “26/26”.
Du reste, le concept de pauvreté est un concept changeant, dans la mesure où l’ambition de l’homme n’a pas de limites. Nous avons évolué ainsi d’une conception qui se limitait à la satisfaction des besoins essentiels des personnes, à une conception qui ne cesse de s’étendre, à la faveur du progrès, à des besoins qui, dans le passé, étaient considérés comme un luxe.
Si nous avons pu réduire le taux de pauvreté dans notre pays à 6%, selon les normes internationales, notre objectif principal étant l’édification d’une société équilibrée et solidaire où seront à jamais bannies les manifestations de pauvreté et dans laquelle seront satisfaits les nouveaux besoins de nos citoyens. Nous avons, du reste, mis en place les politiques et les programmes permettant de parvenir à cette fin, tout en œuvrant continuellement à rationaliser et à renforcer ces programmes.

NOTRE ADHÉSION À LA MODERNITÉ, UN CHOIX STRATÉGIQUE
On dit que l’adhésion croissante de la Tunisie au système mondial de la communication est liée à votre penchant personnel pour le computer et l’Internet. Quel en est l’impact sur l’évolution de l’information, de l’enseignement et du commerce en Tunisie?
Notre adhésion à la modernité est un choix stratégique que nous avons tracé pour notre pays depuis l’avènement de l’ère nouvelle. Aussi, sommes-nous constamment soucieux de prendre les devants pour la maîtrise des sciences les plus avancées et des technologies de pointe et nous ouvrir, en permanence, sur le savoir et les connaissances universelles.
Il ne s’agit pas, dans le cas d’espèce, de motivations, ni de considérations personnelles. La question n’est pas liée à mon penchant personnel pour le computer, comme vous le laissez supposer, mais c’est plutôt une affaire  de civilisation vitale, l’utilisation de l’informatique étant devenue un impératif de la vie au plan scientifique et économique surtout.
Aussi, avons-nous entrepris d’exécuter un plan ambitieux visant à connecter le plus grand nombre possible de secteurs et d’institutions au réseau Internet. Les résultats enregistrés jusqu’ici en la matière montrent que nous avons assuré notre présence dans ce système de communication de pointe, à partir d’une position agissante. C’est, au demeurant, ce qui, à titre d’exemple, se reflète dans le secteur de la communication et dans le domaine du commerce et des affaires, ainsi que dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement où l’on peut dire, sans exagération, que nous sommes en passe de réaliser des résultats record, après que nous ayons ordonné de généraliser la connexion au réseau Internet de toutes les institutions universitaires, les structures de recherche scientifique et les établissements secondaires dont le taux de couverture atteindra 100% à la fin de l’année en cours, en attendant de relier les écoles primaires à ce réseau dans l’étape qui suit.
Nous avons, en outre, mis en place des centres informatiques destinés aux enfants dans toutes les régions du pays.
Compte tenu du fait que les mutations profondes que connaît le commerce mondial, s’agissant notamment de l’évolution des mécanismes des échanges commerciaux et de leurs circuits et du rythme accéléré de la circulation des informations sur les autoroutes de la communication et l’apparition des moyens permettant de prendre connaissance, instantanément, de ce qui se passe dans les différentes régions du monde, ont transformé de manière radicale, les modes, les rapports commerciaux et les circuits de distribution, nous connaissons un élargissement continu du champ d’exploitation de ces réseaux et l’émergence du phénomène du commerce électronique.
Dans le but d’être en harmonie avec ce changement, nous avons accordé la priorité aux entreprises, aux hommes d’affaires et aux exportateurs pour ce qui est de la connexion au réseau Internet et avons facilité les moyens d’exploiter au mieux les possibilités qu’il offre. Nous avons, à cet égard, considéré la mise à niveau des entreprises économiques en matière de communication et de traitement des données, comme une condition sine qua non pour le parachèvement de leur mise à niveau aux plans de l’organisation et de la qualité. Le bon sens réside dans l’utilisation, à bon escient, du temps et de l’information simultanément.
Nous sommes déterminés d’aller de l’avant dans cette direction à l’échelle la plus large, pour ne pas rester en dehors de la dynamique mondiale contemporaine et que notre pays accède au nouveau siècle, résolument engagé sur la voie de l’avenir, doté des moyens d’action et de réussite et apte à apporter le plus requis. Nous aspirons à ce que notre pays devienne un centre actif dans le réseau de communication qui commence à constituer une chaîne de liaison entre toutes les économies du monde avancé. Partant, nous encouragerons la connexion de tous nos entreprises et nos centres techniques et culturels, ainsi que les foyers tunisiens à ces réseaux, afin que la Tunisie adhère à la société de l’information et tire profit des prestations qu’elle fournit.

LA SOLIDARITÉ ARABE EN TÊTE DES PRIORITÉS
En ce qui concerne le sommet arabe, précisément, trouvez-vous que la tenue d’un tel sommet est utile ou néfaste dans la conjoncture? Sa tenue est-elle, effectivement, possible ou a-t-il encore besoin de plus de préparation?
Nous nous soucions, constamment, de consacrer l’esprit de solidarité et de concorde au sein de la communauté arabe et nous nous attachons, en permanence, à consolider l’action arabe commune dans les divers domaines et aux divers niveaux, dans le cadre de la Ligue des Etats arabes ou à l’échelle bilatérale.
Convaincus que nous sommes que la mise en œuvre de ces principes ne peut se faire que dans un climat de concorde et de confiance mutuelle, nous n’avons pas cessé de nous employer à renforcer les efforts visant à unir les rangs arabes et à réaliser la solidarité et la complémentarité véritables et concrètes entre les membres de la famille arabe.
Les mutations accélérées qui caractérisent le monde d’aujourd’hui placent la solidarité arabe en tête des priorités. C’est, du reste, ce que la Tunisie s’attache à consacrer dans sa politique extérieure et son dialogue avec les pays frères.
Nous n’avons pas hésité à soutenir toutes les initiatives tendant à unir les rangs arabes et à tenir un sommet arabe et à en garantir le succès, de manière à consolider la plate-forme de coopération et de solidarité entre nos pays et nos peuples et à pouvoir nous consacrer à l’action de développement intégral dans la complémentarité et la conjugaison des efforts.
Nous sommes persuadés qu’il est nécessaire que les dirigeants arabes se réunissent une fois par an pour débattre de tout ce qui intéresse la nation arabe et des relations bilatérales et que nous ne nous attardions pas à trancher les problèmes qui exigent des solutions urgentes, pour ne pas laisser en suspens des questions fondamentales. Nous en avons pour exemple les dirigeants européens, lesquels, chaque fois que nécessaire, prennent l’initiative de se réunir pour échanger les points de vue et prendre les décisions que commande la conjoncture, chose qui manque à la nation arabe qui en a besoin.

FAIRE AVANCER LE PROCESSUS DÉMOCRATIQUE
Pour revenir à la situation intérieure en Tunisie, la question qui s’impose concerne la première élection présidentielle qui aura lieu dans le courant de ce mois dans le cadre du pluralisme politique. Etes-vous satisfait qu’elle se déroule dans un climat démocratique?
Notre souci personnel que la prochaine élection présidentielle soit pluraliste, procède d’une volonté ferme et constante de faire avancer davantage le processus démocratique que nous avons choisi pour notre pays depuis l’aube du changement et que nous œuvrons avec tout le sérieux requis à promouvoir à la faveur d’une démarche pondérée et sûre qui le prémunit des dangers du revers et en enracine les principes et les comportements dans la réalité des Tunisiens et des Tunisiennes.
Nous sommes déterminés à faire en sorte que cette expérience, la première du genre dans notre pays, soit en osmose avec les valeurs de la république et les principes de l’Etat de droit et des institutions sur lesquels nous avons fondé notre projet.
Aussi, nous attacherons-nous à ce que les élections se déroulent dans la transparence absolue, la neutralité totale de l’administration et le respect de la loi, dans le cadre de l’émulation loyale et le recours à la volonté du peuple à travers les urnes. Pour garantir cet objectif, nous avons invité, depuis près d’une année, les structures administratives concernées à entamer la préparation judicieuse de cette importante échéance politique et à l’entourer de toutes les conditions du succès.
Parallèlement et dans le but de conforter cette orientation, nous avons décidé d’inviter des observateurs de Tunisie et de l’étranger, pour suivre les élections, se rendre compte de leur déroulement et en prendre connaissance de visu. Nous avons invité plus de deux cents journalistes de trente-six pays, en plus des journalistes tunisiens. Nous avons, également, décidé de mettre en place un observatoire national des élections qui regroupe des personnalités nationales indépendantes et des représentants des composantes de la société civile en relation avec l’opération électorale, qui aura pour mission de superviser le déroulement de cette opération dans ses différentes étapes, à partir d’une position de neutralité, sans esprit partisan et dans l’indépendance. Il aura à présenter, en définitive, un rapport d’évaluation, à cet effet, au président de la République.
Nous sommes confiants que le prochain rendez-vous électoral sera une étape privilégiée sur la voie de l’enracinement de la pratique démocratique et de la consécration de la volonté populaire et un nouveau pari à travers lequel les Tunisiennes et les Tunisiens montreront leur capacité à gagner.

LE LIBAN OCCUPE UNE PLACE CHÈRE DANS NOTRE CŒUR
Le Liban s’oriente-t-il vers la concorde et la guérison complète? Quel est l’avis de votre excellence sur le président Emile Lahoud et l’inviteriez-vous à visiter la Tunisie ou lui rendriez-vous visite au Liban?
Les solides relations de fraternité qui lient la Tunisie et le Liban ne datent pas d’aujourd’hui; c’est plutôt la résultante de facteurs de convergence et de rapprochement à la mesure de notre Histoire ancienne et de notre civilisation commune.
Le Liban est un pays frère et une patrie qui nous est chère et occupe une place de choix dans nos cœurs, direction et peuple. Nous sommes aux côtés du Liban jusqu’à ce qu’il recouvre sa pleine souveraineté sur son territoire et reprenne son rôle et sa place d’avant-garde en tant que terre de paix, de concorde, de tolérance et de démocratie.
Nous sommes convaincus que la sagesse de notre cher frère, le président Emile Lahoud et les efforts énormes qu’il déploie pour réaliser la sécurité, la stabilité et le bien-être de son peuple, assureront bientôt des lendemains rayonnants pour tous les Libanais.
A cette occasion, nous serons heureux d’accueillir le général Emile Lahoud, auquel nous vouons affection, amitié et considération, en tant qu’hôte distingué dans son deuxième pays, la Tunisie. 


Home
Home