Avec le
président Zein el-Abidine Ben Ali et l’enthousiasme que manifeste
le peuple à son égard, le commandement apparaît comme
un besoin. A l’instar des gens de l’authenticité, il a foi en ce
que le leadership échoit à qui le mérite et il y a
accédé dès sa prime jeunesse. |
Jusqu’à quel point êtes-vous parvenu, depuis le changement
du 7 novembre 1987, à mettre en application votre programme de gouvernement?
Avez-vous été aidé, en cela, par la conjoncture intérieure,
régionale et internationale?
En 1987, la Tunisie se trouvait confrontée à des défis
majeurs qui ne pouvaient souffrir d’aucun attentisme. Nous avons pris sur
nous d’y faire face, pour sauver le pays de la situation de déliquescence
dans laquelle il se débattait, situation qui a bouché les
horizons, aggravé les dangers qui planaient sur le pays et sur sa
sécurité politique, sociale et économique, ce qui
a eu pour effet d’en réduire la crédibilité dans son
environnement international.
Sur les décombres de cette situation décadente, nous avons
bâti notre projet de réforme, à travers le changement
qui restaure la confiance et au moyen duquel nous avons ouvert, à
nouveau, les portes de l’espoir. Les Tunisiens et les Tunisiennes y ont
souscrit, dès le premier instant. Les forces vives de notre peuple
ont contribué à sa concrétisation. Avec toute leur
énergie, les fils et les filles de notre pays ont concouru à
en accélérer la cadence de réalisation.
Qu’il s’agisse de l’instauration des libertés, de la consolidation
des attributs de la concorde nationale, de la réhabilitation de
la souveraineté de la loi, du raffermissement de la démocratie
et du pluralisme, ou de la protection des droits de l’homme, les réformes
dont nous avons pris l’initiative à tous les niveaux procédaient
de notre foi en la maturité du peuple tunisien et dans le fait qu’il
est digne d’une vie politique évoluée. Nous avons mis en
œuvre ces actions d’une manière progressive et à pas sûrs,
pour prémunir notre expérience des risques de l’échec
et éviter de sauter dans l’inconnu.
OPÉRATION DE RÉFORME
Parallèlement, nous avons engagé le pays dans une opération
de réforme et de mise à niveau économique intégrale,
fondée sur la libération de l’initiative, la consécration
des mécanismes du marché et le renforcement de l’ouverture
de l’économie sur son environnement extérieur. Ce sont, là,
des réformes qui ont métamorphosé l’économie
tunisienne pour en faire une économie diversifiée et capable
de s’accom-moder aux muta-tions mon-diales. Plusieurs indicateurs sont
révé-lateurs de cette métamorphose. Ainsi, le taux
de croissance moyen s’est établi à 4,5 pour cent durant la
décennie écoulée. De même, le taux d’inflation
est retombé à moins de 3 pour cent, contre plus de 8 pour
cent avant 1987. Le revenu par habitant a été multiplié
par deux fois et demie entre 1987 et 1997. Nos réserves en devises
se sont élevées à trois mois d’importation, alors
qu’avant le changement du 7 novembre 1987, ces réserves avaient
atteint le niveau le plus bas qu’ait jamais connu l’économie tunisienne
depuis l’indépendance du pays.
Cette nouvelle dynamique politique et économique a permis de hisser
la Tunisie au rang d’un pays émergent qui s’apprête à
figurer dans le peloton des pays du monde développé.
Ces performances revêtent une importance accrue au regard de la conjoncture
internationale délicate et l’ampleur des mutations mondiales enregistrées.
Bien que se multipliant et devenant de plus en plus rapides, ces mutations,
ne nous ont pas pris de court car nous étions toujours en avance
pour arrêter nos choix. Les ondes de flux et de reflux découlant
de ces mutations, ne nous ont pas porté atteinte, dans la mesure
où nous avons fondé notre programme sur des orientations
nationales, conformément à une approche tunisienne, où
se mêlent l’empreinte de Carthage, avec son expérience séculaire
et sa dimension méditerranéenne, celle de Kairouan, avec
son authenticité arabo-islamique et son rayonnement sur l’Occident
et l’Orient; enfin, la Tunisie, avec sa modération, son ouverture,
sa tolérance et son juste milieu. Nous avons la ferme conviction
qu’un peuple ne forge son destin qu’en comptant essentiellement sur son
intelligence et ses capacités propres et qu’en traitant d’égal
à égal avec les pays frères et amis. Un peuple ne
peut non plus façonner son devenir que dans le cadre d’un partenariat
équilibré et de la prise de conscience du fait que les stéréotypes
et les solutions toutes faites ne peuvent connaître ni succès,
ni pérennité.
Nous aspirons, aujourd’hui, à atteindre les plus hauts niveaux de
l’excellence. C’est sous ce signe que nous plaçons la prochaine
étape et c’est le credo que nous œuvrerons à traduire dans
la réalité du pays durant notre nouveau mandat.
NOS AMBITIONS SONT PLUS GRANDES QUE NOS RÉALISATIONS
Y a-t-il de nouveaux choix politiques, économiques et sociaux
pour votre prochain mandat? S’inscrivent-ils dans le cadre de la continuité
ou du changement et comment?
Nos ambitions sont plus grandes que nos réalisations. C’est pourquoi,
nous nous refusons de céder à l’autosatisfaction. Nous n’en
sommes pas moins conscients du fait que les nouveaux acquis de la Tunisie
ont suscité chez notre peuple des aspirations plus grandes et des
attentes à la mesure de l’événement qui nous attend
tous avec l’avènement proche d’un siècle et d’un millénaire
nouveaux.
La prochaine étape sera celle du raffermissement des acquis accumulés
depuis près de douze ans sur la voie de l’instauration de l’Etat
de droit et des institutions, de la consolidation de la démocratie
et du pluralisme dans les textes et dans les faits, de la promotion, de
la protection des droits de l’homme et de la diffusion de leur culture,
conformément à une approche exhaustive et cohérente,
dans le cadre de la cohésion et de la fidélité aux
valeurs sur lesquelles s’appuie notre projet réformateur, celles
de la concorde, de la solidarité et du travail.
Les progrès réalisés par notre pays aux niveaux des
indicateurs de développement, de l’accroissement du revenu par habitant
et de l’amélioration du taux de scolarisation, nous placent face
à de nouveaux défis qui nous commandent de consentir un effort
national considérable, en l’absence de ressources naturelles, qu’il
s’agisse de pétrole ou d’autres richesses. Au premier rang de ces
défis, figure la question de l’emploi à laquelle nous conférerons
une dimension nationale. Il s’agira de dépasser l’approche selon
laquelle la solution de ce problème relève de l’unique ressort
de l’Etat et du secteur privé, afin d’en faire endosser la responsabilité
à l’ensemble des composantes de la société civile,
associations incluses. Parallèlement, nous encouragerons la création
de nouvelles formes d’emploi qui bénéficieraient des technologies
modernes dans le domaine des communications et des services.
Notre objectif fondamental consiste à permettre à notre économie
de fournir du travail à tous les demandeurs, selon les aptitudes
et les qualifications de chacun.
C’est pourquoi nous mobiliserons tous les moyens propres à favoriser
l’emploi et nous nous attacherons à identifier toute opportunité
potentielle dans ce domaine, afin de parvenir à satisfaire les demandes
additionnelles annuelles, après avoir été en mesure,
jusqu’à présent de dépasser le seuil des 90 pour cent
en termes de taux de couverture, contre 60 pour cent au début des
années 80.
Dans ce cadre, nous procèderons à la création d’un
Fonds national de l’emploi ou Fonds “21/21”, pour en faire bénéficier
nos jeunes sans emploi et tous ceux qui seraient aux prises avec le chômage,
pour une raison ou pour une autre. C’est un Fonds qui contribuera à
renforcer la formation, à créer un surcroît d’opportunités
d’emploi et à faire sortir les jeunes qui en pâtissent du
cercle vicieux de l’oisiveté pour y substituer le dynamisme du travail
et de l’action.
RÉSOUDRE LE PROBLÈME DU CHÔMAGE
ET ACCROÎTRE NOTRE POTENTIEL HUMAIN
Ce Fonds sera, durant les années à venir, l’un des principaux
mécanismes à même d’aider à résoudre
le problème du chômage et à réaliser l’équilibre
entre l’offre et la demande dans ce domaine.
En vue d’accroître nos potentialités humaines et de
les rendre plus aptes à faire face aux exigences du siècle
prochain, nous parachèverons la mise en place des fondements de
l’école de demain qui sera appelée à doter notre jeunesse
des moyens d’assimiler le savoir et les sciences modernes, de manière
à l’aider à interagir avec leur évolution, à
développer ses aptitudes et à favoriser la conquête
des connaissances et les sciences appliquées les plus évoluées.
En concrétisation de ce choix d’avenir, nous élaborerons
un plan spécial permettant “l’apprentissage durant toute la vie”
et garantissant la mise à jour permanente et l’enrichissement des
connaissances, dans le cadre d’une conception nouvelle de l’enseignement,
notamment dans ses cycles supérieurs et ses filières techniques
et technologiques.
Parallèlement, nous continuerons à promouvoir la formation,
afin d’en faire un facteur agissant de production et de création
de richesses et de manière à répondre aux besoins
des entreprises en agents qualifiés. Nous œuvrerons à créer
une nouvelle génération de centres de formation professionnelle
permettant de doter nos jeunes de qualifications modernes et d’un haut
niveau de formation, tout en leur garantissant des chances d’emploi et
d’intégration.
Compte tenu de l’importance du secteur de la recherche scientifique et
de technologie en tant que pilier de l’économie nationale, ainsi
que de la corrélation étroite de ce secteur avec l’enseignement,
la formation et l’emploi, nous consacrerons 1% du budget de l’Etat à
la recherche scientifique.
D’ailleurs, sur la base de notre conviction que le changement constitue
un projet culturel et de civilisation, nous continuerons à ouvrir
les horizons devant les acteurs de la vie culturelle, à soutenir
davantage les activités culturelles et artistiques et à prendre
soin des créateurs, en Tunisie. Dorénavant, 1% du budget
de l’Etat sera alloué à la culture.
Etant donné que notre choix est le choix de l’avenir, la jeunesse
occupera une place centrale dans notre démarche politique pour l’étape
à venir. Nous nous emploierons à élaborer un programme
qui réponde à ses préoccupations et à ses aspirations
et qui garantisse sa participation à la définition des choix
de la Tunisie de l’excellence, la Tunisie du troisième millénaire.
Au moment où nous nous apprêtons à achever l’exécution
du programme de mise à niveau intégrale dont nous avons fait
la clé de voûte de la modernisation de notre économie,
de l’amélioration de son rendement et du renforcement de sa compétitivité
et alors que nous sommes sur le point de parachever la mise en œuvre de
l’accord d’association et de libre échange avec l’Union européenne,
nous sommes déterminés à faire en sorte que la mutation
qualitative de l’économie nationale atteigne son apogée,
que ce soit au niveau structurel ou en termes de capacité et aptitudes,
à l’issue de deux plans de développement successifs, à
savoir le 9ème plan (1997-2001) et le 10ème plan. Cette évolution
économique aura pour conséquence visible l’éradication
des manifestations de pauvreté, le rétablissement de l’équilibre
entre les régions et l’amélioration de la qualité
et du niveau de vie, de plusieurs points de vue, le revenu par habitant
devant atteindre 3.500 dollars en 2004. Ceci, sans compter la sauvegarde
de l’équilibre entre les dimensions économique et sociale
du développement, adéquation que nous sommes parvenus à
concrétiser et dont nous avons fait un des aspects originaux de
notre programme de réforme.
Le président Ben Ali à Melhem Karam:
“Nous avons invité des contrôleurs
arabeset étrangers à observer de près
lesélections présidentielles et législatives”.
L’OPPOSITION,
COMPOSANTE DE NOTRE SYSTÈME DÉMOCRATIQUE
On constate que les partis d’opposition demeurent encore faibles, malgré
l’appui que vous leur avez apporté. Cela est-il dû à
la puissance du parti au Pouvoir ou à la carence de ces partis au
niveau des programmes, au fait qu’ils ne disposent pas d’une large base
ou à leur inexpérience? Comment allez-vous traiter avec ces
partis dans la prochaine étape?
Nous avons assuré aux partis de l’opposition toutes les conditions
et les facteurs appropriés pour qu’ils mènent leurs activités
en toute liberté, partant de notre conviction que l’opposition fait
partie intégrante du paysage politique et constitue l’une des composantes
importantes de notre système démocratique. C’est que les
choix de l’Etat, quel que soit le degré de perfection qu’ils aient
atteint, nécessitent l’opinion contraire, censée apporter
un plus, dans le cadre du consensus national, de l’attachement à
la patrie et en veillant à servir ses intérêts. Aussi,
œuvrons-nous sans cesse à associer l’ensemble des catégories
et des composantes de la société dont les partis d’opposition,
à toutes les questions et à tous les dossiers intéressant
le devenir du pays.
Sur cette base, nous n’avons ménagé aucun effort pour soutenir
les partis, afin de les aider à faire face aux exigences de leur
action et de consolider leur rôle sur la scène politique,
notamment à travers le renforcement de leur présence dans
le parlement et dans les conseils municipaux, avec un taux minimum de 20%
des sièges de ces corps élus, l’élaboration du cadre
juridique régissant le financement public des partis de façon
à renforcer leurs ressources outre la consolidation de la presse
d’opposition, au moyen de la couverture d’une grande partie des coûts
de fabrication des journaux de ces partis, pour leur permettre de faire
entendre leurs voix et de faire connaître leurs programmes auprès
de l’opinion publique.
Nonobstant les raisons qui ont motivé votre question au sujet de
la faible présence des partis d’opposition, il est certain, à
notre avis, que les prochains événements et échéances
nationales et, en premier lieu, les élections présidentielles
et législatives prévues le 24 octobre courant, seront une
occasion pour la compétition des programmes et la confrontation
des thèses et approches entre le rassemblement constitutionnel démocratique
et les partis d’opposition, de manière à renforcer la position
de l’opposition sur la scène politique, à développer
sa capacité d’encadrement au sein de la société, ce
qui constituera un facteur d’enrichissement et de dynamisation de notre
système politique.
La plate-forme politique et juridique constitue, aujourd’hui, en Tunisie
le cadre idoine à même de renforcer la présence de
l’opposition et d’en faire une présence agissante et effective.
A titre d’exemple, nous avons ouvert la voie devant l’opposition, pour
la première fois dans l’Histoire de la Tunisie, pour qu’elle participe
aux élections présidentielles. Nous avons de même conforté
l’expérience pluraliste au parlement et ce, en permettant à
l’opposition d’obtenir au moins 20 pour cent du nombre total des sièges
au parlement en tant que minimum garanti que les partis d’opposition peuvent
dépasser, en fonction de leurs résultats aux élections,
après qu’ils eurent fait leur entrée au parlement en 1994,
ce qui constituait une première dans la vie politique tunisienne.
Nous persévérons avec résolution et détermination
sur cette voie, d’autant que l’évolution du processus pluraliste
en Tunisie demeurera au cœur de nos préoccupations personnelles.
Nous veillons à concrétiser cet objectif majeur dans le vécu
des Tunisiens et des Tunisiennes, afin d’en faire un acquis civilisationnel
irréversible, sous l’égide de l’Etat de droit et des institutions.
NOUS VEILLONS À DÉVELOPPER LE
PAYSAGE MÉDIATIQUE
Vous avez supprimé le secrétariat d’Etat à l’information.
Cependant, la presse nationale dans son ensemble demeure
en-decà des espérances. Les nouveaux plans que vous envisagez
pourront-ils en assurer la promotion?
La promotion de notre information au niveau des exigences de la concurrence
instaurée dans le monde d’aujourd’hui a été et demeure
l’une de nos préoccupations majeures. Nous avons déjà
fait part de notre aspiration à une information plus performante
et innovatrice et à une presse de qualité et audacieuse qui
opte pour la critique constructive. A cet égard, nous avons veillé,
ces dernières années, à développer le paysage
médiatique, le nombre des titres tunisiens ayant atteint 170 titres
qui reflètent le pluralisme politique et intellectuel prévalant
dans la Tunisie d’aujourd’hui. En outre, plus de 600 titres arabes et étrangers
sont distribués dans notre pays.
Nous avons, également, veillé à développer
l’information audiovisuelle au plan du contenu et des équipements
techniques. Il existe, aujourd’hui, en Tunisie, huit stations de radio,
nationales et régionales, ainsi que deux chaînes de télévision
dont l’une est destinée aux jeunes, sur les plans de l’animation
et du contenu, outre la possibilité offerte aux Tunisiens de capter,
en toute liberté, plusieurs chaînes internationales.
Nous pensons que l’information, à l’ère nouvelle, a assumé
un rôle important dans la consolidation des fondements de la société
civile, l’impulsion du dialogue entre les forces nationales et le renforcement
du consensus et de la solidarité entre tous les Tunisiens. Et afin
que ce secteur puisse accomplir, comme il se doit, sa mission, nous nous
sommes engagés à entreprendre de nombreuses réformes
législatives et avons apporté appui et encouragements aux
gens de la profession, tout comme nous avons intensifié les tribunes
de dialogue dans les organes d’information audiovisuelle. Il y a lieu de
rappeler, dans ce contexte, les réformes mises en œuvre dans le
but de conférer un caractère libéral au code de la
presse. Ainsi, le code de la presse a connu deux révisions successives
allant dans le sens du renforcement de la liberté d’opinion et d’expression.
Il s’agit de réformes fondamentales dont le moindre des mérites
est d’assurer des garanties légales aux journaux et aux journalistes,
ce qui confirme l’étendue de la libéralisation de la législation
tunisienne et son caractère avant-gardiste en la matière.
Nous avons, aussi, permis à la presse nationale de recouvrer son
droit à la critique, à la discussion et à exprimer
les préoccupations du citoyen au sujet des questions qui l’intéressent.
C’est dans ce contexte que s’inscrivent les multiples incitations et encouragements
d’ordre moral et matériel institués, afin de renforcer la
presse d’opinion et celle de l’opposition, en particulier. Pour couronner
cette orientation, nous avons supprimé le secrétariat d’Etat
à l’information, pour mettre fin à toute forme de tutelle
sur le secteur en comptant sur la prise de conscience des hommes de médias
et sur leur maturité. Car la promotion de la presse au niveau de
sa fonction politique et éducative est, en premier lieu, du ressort
des journalistes eux-mêmes.
Nous nous proposons d’introduire, à l’avenir, une nouvelle réforme
dans le code de la presse, ce qui permettra de renforcer la liberté
d’expression, d’aider à dépasser toutes formes d’autocensure
et de contribuer à la dynamisation du dialogue démocratique
dans le pays.
L’ENSEIGNEMENT OBLIGATOIRE DEPUIS 1991
Etes-vous satisfait des résultats sociaux et économiques
enregistrés par les différents plans de développement
en matière de promotion qualitative de la situation générale?
- Quelles sont les réalisations du plan au niveau de la consolidation
de la classe moyenne?
- Jusqu’à quel point avez-vous éradiqué les zones
d’ombre?
- Quel est le bilan dans ce domaine?
Les chiffres et les indicateurs établis mettent en exergue le volume
de la mutation qualitative que la Tunisie a connue dans les domaines social
et économique. Outre ce que je viens de rappeler au sujet de la
multiplication par deux fois et demie du revenu par habitant, vous êtes
certainement au courant que la pauvreté a enregistré dans
notre pays une régression remarquable (6% actuellement contre plus
de 20% dans les années 70), alors qu’une grande proportion de familles
tunisiennes (environ 80%) sont devenues propriétaires de leur logement.
Le taux d’électrification et d’approvisionnement en eau potable
s’est élevé à 90% et l’espérance de vie à
la naissance a atteint les 72 ans, en raison de l’importante amélioration
des indicateurs de santé et du niveau de vie.
L’enseignement est devenu obligatoire depuis 1991 et le taux de scolarisation
pour les enfants de six ans a atteint, aussi bien pour les filles que les
garçons, 99%. Ces acquis s’ajoutent, à la mesure que nous
avons prise concernant la non- interruption de la scolarité avant
l’âge de 16 ans. La proportion des filles a atteint, pour l’enseignement
secondaire, 50% et, pour l’enseignement supérieur, 48%.
En ce qui concerne la promotion des zones d’ombre, nous avons mis en place
des mécanismes basés, essentiellement, sur la solidarité
qui est devenue actuellement une valeur au contenu concret.
Parmi ces mécanismes, on peut citer le Fonds de solidarité
nationale, connu sous le nom du “26/26”, alimenté, outre l’effort
de l’Etat, par les contributions volontaires et dont la mission consiste
à identifier les zones les plus démunies, à définir
et classer leurs besoins et à œuvrer à combler les insuffisances
de manière à favoriser l’insertion des habitants de ces zones
dans le circuit économique et le développement intégral.
L’intervention du FSN a touché 924 zones au cours de la période
1993-1998 couvrant 136.000 familles. Il est prévu que le nombre
des zones bénéficiaires des interventions du Fonds atteindra,
d’ici la fin de l’année en cours, 1226 au profit de 171.000 familles.
VERS UNE MEILLEURE QUALITÉ DE VIE ET DE
PROGRÈS SOCIAL
A titre d’exemple, le taux d’électrification des zones d’ombre a
atteint 83,3% en 1998, alors que le taux d’approvisionnement en eau potable
de ces zones est de l’ordre de 74,9% pour la même période,
sachant que 40.000 citoyens ont bénéficié des aides
du Fonds pour créer ou consolider leurs sources de revenus.
Nous avons, également, créé la banque tunisienne de
solidarité, afin d’octroyer des prêts à des conditions
avantageuses et dans des délais courts aux petits investisseurs
et aux titulaires de diplômes de formation qui ne disposent pas de
moyens de financement et des garanties nécessaires exigées
par les banques pour s’installer à leur propre compte, de manière
à favoriser leur promotion sociale et à assurer leur intégration
dans le circuit de production.
Le rythme d’octroi des prêts par cette banque est, actuellement,
de 1.400 prêts par mois. Jusqu’au mois de juin 1999, le nombre des
prêts accordés est de 14.609 et ce, dans un laps de temps
court. Il est prévu que les projets financés par la banque
procurent 22.103 emplois. Dans ce même cadre, nous avons créé
un nouveau système de micro-crédits qui permet aux associations
de développement aux organisations spécialisées, très
nombreuses dans notre société, d’aider les citoyens à
faibles revenus, notamment les jeunes des deux sexes à créer
des projets productifs individuels ou familiaux favorisant leur intégration
dans le circuit économique.
Tous ces mécanismes nous confortent dans notre conviction que toutes
les zones d’ombre disparaîtront avant la fin de l’an 2000.
L’ensemble de ces résultats et indicateurs revêt un caractère
particulier, dans la mesure où ils favorisent l’élargissement
de la classe moyenne qui représente, actuellement, 85% de la population.
Nous nous acheminons vers des indicateurs et des normes plus évolués
dans le monde, reflétant l’amélioration de la qualité
de la vie et le progrès social de notre société.
EXPÉRIENCE D’AVANT-GARDE AVEC L’UNION
EUROPÉENNE
Le partenariat avec l’Europe? Etes-vous réellement convaincu
de son efficacité sur l’économie tunisienne?
Ne s’agit-il pas d’un partenariat impossible, parce qu’il se déroule
dans des conditions inégales et auquel plusieurs parties arabes
ne s’enthousiasment plus? Quelles sont les spécificités de
votre expérience dans ce domaine?
Les pays de l’Union européenne occupent une position sensible dans
notre environnement géographique direct. A ces pays nous lient des
relations culturelles et économiques au regard de l’Histoire et
du voisinage, ces données font que ces pays soient parmi les premiers
de nos partenaires internationaux. Il est donc naturel que nous œuvrions
à mettre en place les mécanismes appropriés pour organiser
nos rapports avec ce groupement et les renforcer de manière à
servir et à préserver nos intérêts nationaux
et à consolider la solidarité, la sécurité
et la stabilité dans l’espace euro-méditerranéen.
La Tunisie a été le premier pays de la rive sud de la Méditerranée
à avoir conclu un accord de partenariat avec l’Union européenne.
Nous nous soucions du succès de cette expérience d’avant-garde.
Pour ce faire, il importe de souligner le caractère de globalité
de cet accord qui dépasse, dans notre vision, les aspects économiques
et financiers, pour hisser nos relations au niveau d’un contrat de civilisation
entre des peuples unis par des valeurs communes qui sont les valeurs de
tolérance et de solidarité.
Nous suivons, attentivement, la mise en œuvre de l’accord de partenariat
entré en vigueur depuis plus d’un an. Nous œuvrons avec beaucoup
de sérieux à relever les défis engendrés par
l’accroissement du rythme de la concurrence aux plans financier, économique
et social, par la mise à niveau de nos entreprises et de leur environnement
avec toutes ses composantes.
COOPÉRATION ENTRE LES DEUX RIVES, FACTEUR
DE STABILITÉ
L’approche prospective que nous avons adoptée et qui nous a permis
d’éviter la tempête engendrée par les bouleversements
internationaux et ses répercussions, est à l’origine de notre
décision d’établir un accord de partenariat avec l’Union
européenne.
Cette expérience prouvera, comme l’ont prouvé nos expériences
dans d’autres domaines, la justesse et l’efficience de nos choix. Les accords
de partenariat conclus par un certain nombre des pays de la rive sud de
la Méditerranée avec l’Union européenne ou ceux qui
sont sur le point d’être conclus, baliseront la voie d’une coopération
plus large entre les deux rives de la Méditerranée.
Nous espérons que ce genre de coopération permettra de transcender
les obstacles politiques et psychologiques pour s’étendre à
tous les pays de la région.
Il s’agit là d’un objectif stratégique pour toute la région,
eu égard aux mutations que connaît la scène internationale
et à notre conviction quant au rôle de la coopération
euro-méditerranéenne en tant que facteur de stabilité,
de progrès et de prospérité pour l’ensemble des peuples
de la région.
Il n’en demeure pas moins nécessaire de souligner que notre attachement
aux rapports d’amitié et de coopération traditionnels avec
l’Europe n’a d’égal que notre souci de développer nos relations
avec tous les pays qui partagent avec nous nos convictions et nos aspirations.
Pour ce faire, nous avons soutenu la proposition américaine appelant
à l’établissement d’un partenariat entre les Etats-Unis et
les pays d’Afrique du Nord.
TUNIS FAVORABLE À UN RÈGLEMENT
JUSTE ET GLOBAL AU P.-O.
Des indices font de plus en plus, état d’une tendance à
la normalisation des rapports diplomatiques tuniso-israéliens, après
une période de quasi-rupture.
Nous avons, en de multiples occasions précédentes, affirmé
la position de principe de la Tunisie en ce qui concerne la normalisation
de ses relations avec Israël et qui subordonne cette opération
à l’avancement du processus de paix. Cette attitude s’inscrit dans
le cadre de l’appui de la Tunisie à ce processus et notre encouragement
au gouvernement israélien pour qu’il aille de l’avant dans l’application
des accords conclus.
La Tunisie qui, comme vous le savez, a participé d’une manière
agissante au démarrage du processus de paix dans toutes ses péripéties,
aussi bien au plan bilatéral qu’au plan
multilatéral, réitère son appui aux efforts déployés
en vue de parvenir à un règlement juste, global et durable
de la crise du Proche-Orient, visant la restitution des terres arabes occupées
et fondé sur le principe du “sol contre la paix”. Nous pensons,
également, que la communauté internationale se doit de conjuguer
ses efforts en vue de contraindre Israël à se conformer à
la légalité internationale et à s’engager, d’une manière
sérieuse, dans des négociations sur le statut définitif
des terres palestiniennes.
Notre contribution pour sauver le processus de paix, se réfère
à des constantes dont nous ne nous écarterons jamais, à
savoir: le droit pour le peuple palestinien frère à l’autodétermination,
d’édifier son Etat indépendant sur sa terre, avec pour capitale
Jérusalem et jusqu’à ce que les peuples frères du
Liban et de la Syrie recouvrent leurs terres spoliées.
Un grand mérite vous revient dans les efforts déployés,
actuellement, en vue de réactiver l’Union maghrébine. Quels
sont les progrès accomplis dans ce domaine?
Les efforts continus et persévérants que nous déployons
pour la réactivation du processus maghrébin et pour redynamiser
les structures de l’Union, sont issus de notre profonde conviction que
cette réalisation représente un choix stratégique
irréversible et une ambition historique des peuples de la région.
Ces efforts ont récemment abouti à la reprise de l’action
maghrébine après la stagnation qu’elle avait connue au cours
des trois dernières années. Parmi les activités enregistrées
à ce niveau, la réunion au cours du mois de mai dernier à
Alger du comité de suivi et la programmation, si Dieu le veut, d’un
sommet maghrébin à une date proche.
Nous sommes profondément convaincus de la nécessité
de l’édification de l’Union du Maghreb arabe, par-delà les
difficultés passagères, eu égard à l’importance
de la coopération régionale dans un monde marqué par
la multiplication des grands groupements régionaux.
Nous sommes d’autant plus confiants à cet égard que nos frères,
les dirigeants des autres Etats de l’Union, sont animés de la même
volonté tenace d’imprimer une nouvelle dynamique à ce projet
civilisationnel, afin de concrétiser les aspirations de nos peuples
maghrébins à la complémentarité, à la
solidarité et à l’entraide.
NOUS AVONS ACCORDÉ UNE PLACE DE CHOIX
À LA TUNISIENNE
Le progrès saisissant accompli par la femme tunisienne au cours
de l’ère nouvelle est, désormais, au centre d’intérêt
des milieux féminins arabes et non arabes. Quels sont vos projets
pour conforter davantage ce progrès et quels sont les autres domaines
dans lesquels vous voudriez faire participer la femme tunisienne?
La Tunisie a été à l’avant-garde dans sa prise de
conscience de la problématique de la femme et de son rôle
au sein de la famille et de la société.
Dans le droit fil de cette démarche, nous avons accordé à
la femme dans notre projet réformateur, une place de choix et cela
dès sa mise en œuvre.
C’est que nous avons la profonde conviction qu’aucun avenir ni progrès
ne sont envisageables sans l’apport de la femme, dont nous avons fait une
force d’avant-garde, afin de gagner les paris du changement.
Lorsque nous avions commencé la concrétisation de notre projet
civilisationnel, nous ne nous sommes pas contentés de sauvegarder
les acquis de la femme tunisienne, mais avons renforcé ses acquis
et consolidé ses droits. Mieux, ces droits ont connu au cours de
l’ère nouvelle un tournant historique qui a permis de consacrer
les principes d’équité, d’égalité des chances
et de partenariat entre l’homme et la femme au sein de la famille et dans
la vie publique.
La femme a pu, ainsi, intégrer tous les secteurs à un rythme
qui reflète l’évolution de ses compétences. Aussi,
son taux dans la population active a-t-il atteint 24% en 1994, sans parler
de la forte présence de la femme dans le secteur informel.
Les chiffres montrent, par ailleurs, que les femmes représentent
23% du corps de la magistrature, 22% de celui des avocats, 36% du nombre
de médecins, outre leur participation intense au secteur de l’enseignement
à tous ses niveaux, le taux de jeunes filles dans l’enseignement
supérieur ayant atteint 48,3% au cours de l’année universitaire
1998-1999.
RELATIONS DE CONFIANCE ET DE CRÉDIBILITÉ
AVEC LE PEUPLE
Vous avez promis d’éradiquer, définitivement, la pauvreté
à l’orée du XXIème siècle. Serez-vous en mesure
de tenir votre promesse dans les délais convenus?
Les relations de confiance et la crédibilité que nous avons
instaurées avec notre peuple, s’expliquent entre autres raisons
par la concomitance entre les promesses et les réalisations et ce,
dans tous nos plans et nos programmes. C’est une règle de base sur
laquelle nous avons fondé notre projet politique, économique
et social, celle des réalisations concrètes en lieu et place
des slogans.
Lorsque nous nous sommes engagés à éradiquer les zones
d’ombre à l’orée de l’an 2000, cela ne relevait pas du rêve,
mais de notre foi dans la capacité de notre peuple à relever
ce défi pour conforter la cohésion sociale et instaurer un
développement équilibré. Effectivement, tous les Tunisiens
et Tunisiennes ont, à la faveur des valeurs que nous avons enracinées
chez eux et, en premier lieu, les valeurs d’entraide et de solidarité,
adhéré à ce projet civilisationnel que nous nous sommes
proposés de mettre en œuvre.
Les résultats enregistrés et les étapes franchies
dans ce contexte montrent que ce programme est appliqué conformément
au timing convenu et à un rythme dépassant, parfois, les
prévisions, ce qui nous permet de nous rapprocher de l’objectif
arrêté contribuant à conforter, ainsi, chez les catégories
faibles, le sentiment de dignité et d’appartenance nationale et
garantissant à ces catégories les conditions leur permettant
de se prémunir contre le dénuement et les risques de marginalisation
et leur offrant, de la sorte, l’opportunité de s’intégrer
dans le processus de développement et d’en récolter les fruits.
Nous vous avons déjà fourni dans une réponse précédente
certains chiffres relatifs au Fonds national de solidarité “26/26”.
Du reste, le concept de pauvreté est un concept changeant, dans
la mesure où l’ambition de l’homme n’a pas de limites. Nous avons
évolué ainsi d’une conception qui se limitait à la
satisfaction des besoins essentiels des personnes, à une conception
qui ne cesse de s’étendre, à la faveur du progrès,
à des besoins qui, dans le passé, étaient considérés
comme un luxe.
Si nous avons pu réduire le taux de pauvreté dans notre pays
à 6%, selon les normes internationales, notre objectif principal
étant l’édification d’une société équilibrée
et solidaire où seront à jamais bannies les manifestations
de pauvreté et dans laquelle seront satisfaits les nouveaux besoins
de nos citoyens. Nous avons, du reste, mis en place les politiques et les
programmes permettant de parvenir à cette fin, tout en œuvrant continuellement
à rationaliser et à renforcer ces programmes.
NOTRE ADHÉSION À LA MODERNITÉ,
UN CHOIX STRATÉGIQUE
On dit que l’adhésion croissante de la Tunisie au système
mondial de la communication est liée à votre penchant personnel
pour le computer et l’Internet. Quel en est l’impact sur l’évolution
de l’information, de l’enseignement et du commerce en Tunisie?
Notre adhésion à la modernité est un choix stratégique
que nous avons tracé pour notre pays depuis l’avènement de
l’ère nouvelle. Aussi, sommes-nous constamment soucieux de prendre
les devants pour la maîtrise des sciences les plus avancées
et des technologies de pointe et nous ouvrir, en permanence, sur le savoir
et les connaissances universelles.
Il ne s’agit pas, dans le cas d’espèce, de motivations, ni de considérations
personnelles. La question n’est pas liée à mon penchant personnel
pour le computer, comme vous le laissez supposer, mais c’est plutôt
une affaire de civilisation vitale, l’utilisation de l’informatique
étant devenue un impératif de la vie au plan scientifique
et économique surtout.
Aussi, avons-nous entrepris d’exécuter un plan ambitieux visant
à connecter le plus grand nombre possible de secteurs et d’institutions
au réseau Internet. Les résultats enregistrés jusqu’ici
en la matière montrent que nous avons assuré notre présence
dans ce système de communication de pointe, à partir d’une
position agissante. C’est, au demeurant, ce qui, à titre d’exemple,
se reflète dans le secteur de la communication et dans le domaine
du commerce et des affaires, ainsi que dans le domaine de l’éducation
et de l’enseignement où l’on peut dire, sans exagération,
que nous sommes en passe de réaliser des résultats record,
après que nous ayons ordonné de généraliser
la connexion au réseau Internet de toutes les institutions universitaires,
les structures de recherche scientifique et les établissements secondaires
dont le taux de couverture atteindra 100% à la fin de l’année
en cours, en attendant de relier les écoles primaires à ce
réseau dans l’étape qui suit.
Nous avons, en outre, mis en place des centres informatiques destinés
aux enfants dans toutes les régions du pays.
Compte tenu du fait que les mutations profondes que connaît le commerce
mondial, s’agissant notamment de l’évolution des mécanismes
des échanges commerciaux et de leurs circuits et du rythme accéléré
de la circulation des informations sur les autoroutes de la communication
et l’apparition des moyens permettant de prendre connaissance, instantanément,
de ce qui se passe dans les différentes régions du monde,
ont transformé de manière radicale, les modes, les rapports
commerciaux et les circuits de distribution, nous connaissons un élargissement
continu du champ d’exploitation de ces réseaux et l’émergence
du phénomène du commerce électronique.
Dans le but d’être en harmonie avec ce changement, nous avons accordé
la priorité aux entreprises, aux hommes d’affaires et aux exportateurs
pour ce qui est de la connexion au réseau Internet et avons facilité
les moyens d’exploiter au mieux les possibilités qu’il offre. Nous
avons, à cet égard, considéré la mise à
niveau des entreprises économiques en matière de communication
et de traitement des données, comme une condition sine qua non pour
le parachèvement de leur mise à niveau aux plans de l’organisation
et de la qualité. Le bon sens réside dans l’utilisation,
à bon escient, du temps et de l’information simultanément.
Nous sommes déterminés d’aller de l’avant dans cette direction
à l’échelle la plus large, pour ne pas rester en dehors de
la dynamique mondiale contemporaine et que notre pays accède au
nouveau siècle, résolument engagé sur la voie de l’avenir,
doté des moyens d’action et de réussite et apte à
apporter le plus requis. Nous aspirons à ce que notre pays devienne
un centre actif dans le réseau de communication qui commence à
constituer une chaîne de liaison entre toutes les économies
du monde avancé. Partant, nous encouragerons la connexion de tous
nos entreprises et nos centres techniques et culturels, ainsi que les foyers
tunisiens à ces réseaux, afin que la Tunisie adhère
à la société de l’information et tire profit des prestations
qu’elle fournit.
LA SOLIDARITÉ ARABE EN TÊTE DES
PRIORITÉS
En ce qui concerne le sommet arabe, précisément, trouvez-vous
que la tenue d’un tel sommet est utile ou néfaste dans la conjoncture?
Sa tenue est-elle, effectivement, possible ou a-t-il encore besoin de plus
de préparation?
Nous nous soucions, constamment, de consacrer l’esprit de solidarité
et de concorde au sein de la communauté arabe et nous nous attachons,
en permanence, à consolider l’action arabe commune dans les divers
domaines et aux divers niveaux, dans le cadre de la Ligue des Etats arabes
ou à l’échelle bilatérale.
Convaincus que nous sommes que la mise en œuvre de ces principes ne peut
se faire que dans un climat de concorde et de confiance mutuelle, nous
n’avons pas cessé de nous employer à renforcer les efforts
visant à unir les rangs arabes et à réaliser la solidarité
et la complémentarité véritables et concrètes
entre les membres de la famille arabe.
Les mutations accélérées qui caractérisent
le monde d’aujourd’hui placent la solidarité arabe en tête
des priorités. C’est, du reste, ce que la Tunisie s’attache à
consacrer dans sa politique extérieure et son dialogue avec les
pays frères.
Nous n’avons pas hésité à soutenir toutes les initiatives
tendant à unir les rangs arabes et à tenir un sommet arabe
et à en garantir le succès, de manière à consolider
la plate-forme de coopération et de solidarité entre nos
pays et nos peuples et à pouvoir nous consacrer à l’action
de développement intégral dans la complémentarité
et la conjugaison des efforts.
Nous sommes persuadés qu’il est nécessaire que les dirigeants
arabes se réunissent une fois par an pour débattre de tout
ce qui intéresse la nation arabe et des relations bilatérales
et que nous ne nous attardions pas à trancher les problèmes
qui exigent des solutions urgentes, pour ne pas laisser en suspens des
questions fondamentales. Nous en avons pour exemple les dirigeants européens,
lesquels, chaque fois que nécessaire, prennent l’initiative de se
réunir pour échanger les points de vue et prendre les décisions
que commande la conjoncture, chose qui manque à la nation arabe
qui en a besoin.
FAIRE AVANCER LE PROCESSUS DÉMOCRATIQUE
Pour revenir à la situation intérieure en Tunisie, la
question qui s’impose concerne la première élection présidentielle
qui aura lieu dans le courant de ce mois dans le cadre du pluralisme politique.
Etes-vous satisfait qu’elle se déroule dans un climat démocratique?
Notre souci personnel que la prochaine élection présidentielle
soit pluraliste, procède d’une volonté ferme et constante
de faire avancer davantage le processus démocratique que nous avons
choisi pour notre pays depuis l’aube du changement et que nous œuvrons
avec tout le sérieux requis à promouvoir à la faveur
d’une démarche pondérée et sûre qui le prémunit
des dangers du revers et en enracine les principes et les comportements
dans la réalité des Tunisiens et des Tunisiennes.
Nous sommes déterminés à faire en sorte que cette
expérience, la première du genre dans notre pays, soit en
osmose avec les valeurs de la république et les principes de l’Etat
de droit et des institutions sur lesquels nous avons fondé notre
projet.
Aussi, nous attacherons-nous à ce que les élections se déroulent
dans la transparence absolue, la neutralité totale de l’administration
et le respect de la loi, dans le cadre de l’émulation loyale et
le recours à la volonté du peuple à travers les urnes.
Pour garantir cet objectif, nous avons invité, depuis près
d’une année, les structures administratives concernées à
entamer la préparation judicieuse de cette importante échéance
politique et à l’entourer de toutes les conditions du succès.
Parallèlement et dans le but de conforter cette orientation, nous
avons décidé d’inviter des observateurs de Tunisie et de
l’étranger, pour suivre les élections, se rendre compte de
leur déroulement et en prendre connaissance de visu. Nous avons
invité plus de deux cents journalistes de trente-six pays, en plus
des journalistes tunisiens. Nous avons, également, décidé
de mettre en place un observatoire national des élections qui regroupe
des personnalités nationales indépendantes et des représentants
des composantes de la société civile en relation avec l’opération
électorale, qui aura pour mission de superviser le déroulement
de cette opération dans ses différentes étapes, à
partir d’une position de neutralité, sans esprit partisan et dans
l’indépendance. Il aura à présenter, en définitive,
un rapport d’évaluation, à cet effet, au président
de la République.
Nous sommes confiants que le prochain rendez-vous électoral sera
une étape privilégiée sur la voie de l’enracinement
de la pratique démocratique et de la consécration de la volonté
populaire et un nouveau pari à travers lequel les Tunisiennes et
les Tunisiens montreront leur capacité à gagner.
LE LIBAN OCCUPE UNE PLACE CHÈRE DANS
NOTRE CŒUR
Le Liban s’oriente-t-il vers la concorde et la guérison complète?
Quel est l’avis de votre excellence sur le président Emile Lahoud
et l’inviteriez-vous à visiter la Tunisie ou lui rendriez-vous visite
au Liban?
Les solides relations de fraternité qui lient la Tunisie et le Liban
ne datent pas d’aujourd’hui; c’est plutôt la résultante de
facteurs de convergence et de rapprochement à la mesure de notre
Histoire ancienne et de notre civilisation commune.
Le Liban est un pays frère et une patrie qui nous est chère
et occupe une place de choix dans nos cœurs, direction et peuple. Nous
sommes aux côtés du Liban jusqu’à ce qu’il recouvre
sa pleine souveraineté sur son territoire et reprenne son rôle
et sa place d’avant-garde en tant que terre de paix, de concorde, de tolérance
et de démocratie.
Nous sommes convaincus que la sagesse de notre cher frère, le président
Emile Lahoud et les efforts énormes qu’il déploie pour réaliser
la sécurité, la stabilité et le bien-être de
son peuple, assureront bientôt des lendemains rayonnants pour tous
les Libanais.
A cette occasion, nous serons heureux d’accueillir le général
Emile Lahoud, auquel nous vouons affection, amitié et considération,
en tant qu’hôte distingué dans son deuxième pays, la
Tunisie.