L’affaire
Aboul-Aynaïne n’a pas suscité des remous au Liban, uniquement;
elle a également indisposé Damas où le journal “Techrine”
posait mardi cette question: “Que veut l’Autorité palestinienne
du Liban et pourquoi réarme-t-elle ses hommes au Liban-Sud?”. Dépêché
par Arafat pour tenter de trouver une solution de compromis, M. Farouk
Kaddoumi a fait un crochet par la capitale syrienne avant de débarquer
à Beyrouth. Notre photo: De jeunes Palestiniens armés montant
la garde au camp de Rachidieh.
Les “réfugiés” palestiniens établis en territoire
libanais, se sont rappelés de nouveau à notre souvenir ces
dernières semaines, alors que les Libanais sont toujours obsédés
par le danger de l’implantation et ce qui peut en découler!
Il y a eu, tout d’abord, la sentence rendue par le tribunal militaire,
siégeant sous la présidence du brigadier Maher Safieddine,
condamnant par contumace à la peine capitale, le “colonel” Hassan
Ahmed Abou-Aynaïne (surnommé le “sul-tan”), sous l’inculpation
d’avoir constitué des groupes parami-litaires au Liban-Sud, ayant
accompli des actes tombant sous le coup de la loi et portant at-teinte
à la souveraineté libanaise.
Ensuite, le “Jihad islamique” opérant en Palestine, a étendu
ses opérations à la zone frontalière, en attaquant
une position de “Tsahal” à Soueida (Iklim At-Teffah). Ceci a entraîné
une riposte de la part de l’artillerie israélienne qui a pilonné
Arabsalim où on a déploré quatre blessés graves.
L’attaque du “Jihad islamique” a coïncidé, dit-on, avec
le quatrième anniversaire de l’assassinat de Fathi Al-Chikaki, ancien
secrétaire général de ce mouvement fondamentaliste.
Son entrée en scène indispose le Liban pour des considérations
autant locales que régionales.
L’Autorité palestinienne, elle, n’a pas apprécié
le jugement rendu contre son représentant (Aboul-Aynaïne) et
ce dernier l’a qualifié “d’arrêt de caractère plus
politique que judiciaire... inspiré par des instances influentes
ayant leur projet politique qui porte atteinte à l’avenir des réfugiés
palestiniens” (sic).
Yasser Arafat s’est empressé d’alerter la Ligue arabe et la
direction égyptienne, leur demandant d’intervenir auprès
des responsables libanais pour faire abroger la sentence du tribunal militaire.
De plus et dans un geste de provocation et de défi, il a promu le
“colonel” Aboul-Aynaïne au grade de “brigadier”...
Pourtant, les faits prouvent que la Justice militaire s’est basée
sur des éléments irréfutables, sa sentence étant
identique à tant d’autres rendues contre des Libanais et des personnes
de différentes nationalités ayant enfreint les lois en vigueur.
D’ailleurs, un responsable palestinien objectif a reconnu la justesse
du verdict frappant Aboul-Aynaïne, mais estime que “l’arrêt
du tribunal dans les circonstances présentes, est de nature à
compromettre la position de l’Autorité palestinienne et sa crédibilité
auprès des instances internationales”.
Cela dit, trois propositions sont formulées pour régler
“l’affaire Aboul-Aynaïne”: la première conseille à celui-ci
de se livrer à la Justice pour être jugé selon la procédure
légale et le chef du gouvernement y a fait allusion.
Seconde proposition: éloigner le responsable de Fateh du territoire
libanais, son départ ne devant pas s’effectuer à partir de
l’aéroport international de Beyrouth, ni d’un port libanais.
Troisième proposition: Aboul-Aynaïne resterait au camp
de Rachidieh, près de Tyr où il est établi depuis
une dizaine d’années, rejoignant ainsi d’autres Palestiniens poursuivis
par la Justice libanaise. |