ARAFAT REFAIT DES SIENNES | ||
Le
défunt Abou Ayad déclarait un jour: “Le chemin de la Palestine
passe par Jounieh”. Ce slogan lancé en 1976 devait, six ans plus
tard, en 1982, coûter très cher aux Palestiniens. Car si les
débordements et l’outrecuidance de l’OLP nous avaient valu alors
une invasion israélienne, les Palestiniens, eux, payèrent
ce genre de rodomontades par une expulsion humiliante et honteuse du Liban.
Cependant, l’esprit volontaire-ment (ou congénitalement) tordu des instances palestiniennes s’empressa de présenter cette débâcle comme une glorieuse victoire. Ce qui fit dire à Issam Sartaoui, un homme raisonnable, initiateur du dialogue israélo-palestinien bien avant Oslo: “Si la guerre du Liban a été une victoire, alors, quelques victoires du même genre encore et nous finirons dans les îles Fidji...” Plus tard, revenu en catimini au Liban-Nord, le chef de l’OLP devait en être chassé par les Syriens et ne dut son salut qu’à la marine française qui l’évacua de Tripoli en catastrophe. A noter qu’il s’embarqua avec la main levée, esquissant toujours le V de la victoire. Entre-temps, Sartaoui avait été assassiné par les siens, au Portugal, le 10 avril 1983. En fait, depuis que l’accord du Caire lui avait permis d’établir sa royauté sur un Liban saigné à blanc par ses soins, Yasser Arafat, contrairement à l’adage qui veut que tous les chemins mènent à Rome, ne connaissait et ne voulait qu’un seul chemin pour le mener à Jérusalem: celui du Liban. Triste privilège! Depuis, il y eut Oslo qui permit à Abou-Ammar de se faufiler dans son pays par la porte de service. Quelle gentillesse, quelle tendresse, quel empressement pour serrer, sur la pelouse de la Maison-Blanche, la main réticente de Yitzhak Rabin. Avec en prime, la permission, ne serait-ce qu’à genoux, de jouer dans la cour des grands. Quel insigne honneur, même si depuis, il se trouve contraint de faire le dos rond sous les insultes délibérées et les coups en traître assénés par ses “si crédibles” nouveaux partenaires. Le nœud du problème est que, Arafat, en vieux renard rusé, n’ignore pas qu’il pourrait être le dindon de la farce et, dans cette perspective, il voudrait, vraisemblablement, se ménager, en cas de pépin, une politique de rechange basée directement sur les camps palestiniens du Liban. Ainsi, au cas où cela tournerait mal du côté d’Oslo 3, quelle meilleure carte de pression à jouer que la menace de lâcher les hordes des soi-disant réfugiés, actuellement, surarmées (à propos, d’où viennent ces armes? Pas d’Israël tout de même!...), à travers le sud libanais vers les frontières nord de M. Barak. Détenir la carte libanaise n’a-t-il pas réussi à la Syrie? Pourquoi ne réussirait-il pas à Arafat? D’où l’indicible rage du frère Abou-Ammar, lorsque le tribunal militaire condamna à mort son représentant personnel et son bras droit, le sieur Aboul-Aynaïne. Lequel Aynaïne, tranquillement installé au camp de Rachidiyeh près de Tyr, continue à narguer les autorités libanaises, sûr de jouir d’une totale impunité. A juste titre, d’ailleurs, puisqu’il sait que les forces de l’ordre libanaises n’oseraient pas y entrer pour l’arrêter, en vertu du droit à l’extraterritorialité que les Palestiniens, avec la bénédiction et la complicité active des Arabes, se sont octroyé sur le sol libanais et ce, en dépit du fait que l’accord du Caire qui leur donna ce droit avait été révoqué par la Chambre des députés, vote entériné par le gouvernement Hariri et promulgué par le président de la République. Poussant sa rage encore plus loin, ce même Arafat, habitué à encaisser en pliant l’échine, les innombrables gifles des Israéliens et des Américains, ne trouva rien de mieux que d’envoyer la seule gifle tacitement permise par tous, sur la joue toujours tendue du Liban et ce, en élevant le condamné à mort au grade de général et en le nommant, par ukase spécial, au Conseil national palestinien. Une insulte délibérée et un défi que notre M. Hoss s’est bien gardé de relever, allant même jusqu’à indiquer que le sieur Aboul-Aynaïne - qui depuis “sa résidence” de Rachidiyeh tourne en ridicule la magistrature libanaise - pouvait toujours infirmer le jugement en se pourvoyant en cassation. Que signifie la benoîte déclaration de notre Premier ministre? Serait-ce une sorte de mot de passe ou un code d’accès? A l’heure où la Syrie sort de la réserve observée depuis l’accession de Barak au Pouvoir, pour déclarer “qu’il y a des préparatifs israéliens en vue d’une invasion de vaste envergure du Liban”, faut-il comprendre qu’il existe une sorte de consensus tacite israélo-américano-arabe pour offrir le Liban comme patrie de rechange à la diaspora palestinienne? A moins qu’il soit destiné à servir, le cas échéant, de monnaie d’échange ou de lot de consolation... |
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