Editorial



Par MELHEM KARAM 

LA VISITE DE ZEMIN EN FRANCE ET EN ARABIE SEOUDITE
LA DEMOCRATIE ET LA CONTAGION POUR TOUS LES PEUPLES

La progression chinoise a commencé de nouveau et avec succès. Mais, cette fois, sur la voie diplomatique. Après sa visite en France, Zemin s’est rendu en Arabie séoudite où le roi Fahd l’a accueilli à l’aéroport, debout; cela prouve le retour de la vitalité totale au “serviteur des deux saintes mosquées”. Il est revenu de Paris avec un accord sur “une ligne téléphonique rouge” entre l’Elysée et Pekin, devant être un indice d’intervention rapide, si les relations venaient à passer par une crise et par une transaction portant sur vingt-huit avions “Airbus”.
Le chef de l’Etat chinois, leader de l’unique parti communiste et commandant suprême des forces armées, revient en ayant dans son coeur et son esprit de nouvelles images de mondes qu’il ne connaissait pas sous l’aspect qu’il a vu dernièrement; surtout en Arabie séoudite et au cours de ses entretiens avec le roi Fahd. Cela signifie qu’un changement se produira au plan mondial, conséquence d’un dialogue dont tous ont foi dans son utilité, partant du fait que l’opiniâtreté n’est pas la voie de la solution.
Les visites effectuées par Jiang Zemin posent un point d’interrogation: La Chine a-t-elle vraiment changé? Reste-t-elle communiste ou s’achemine-t-elle vers le capitalisme et la démocratie?
L’évolution de la Chine depuis que Deng Xiao Ping a lancé sa nouvelle politique en 1979, était sans visage clair.
Au cours des dix premières années, une simple révision à été apportée au système de l’appropriation, alors que le totalitarisme restait solide dans la structure, comme l’a confirmé la tuerie de “Tian’ Anmen”, en juin 1989.
Mais cette tuerie a eu des conséquences décisives dans les critères. Après s’être affranchi des risques de la démocratie, Deng a pu, sans risques ni périls, accélérer l’ouverture sur l’Occident et se prêter à un compromis avec le capitalisme. Les résultats ont été surprenants et réussis: la part du secteur privé et des institutions occidentales étrangères dans le produit national brut chinois (le tiers environ), équivaut à la part du secteur de l’Etat qui avait une capacité dépassant tout ce qu’on peut imaginer.
L’avance vers le capitalisme a été dictée par une dictature à prétention communiste.
Toujours est-il, qu’il existe un fait étrange: si le communisme attire; s’il dicte et oriente l’évolution, il n’en est pas le principal bénéficiaire.
D’abord, parce qu’une particularité déterminée intervient pour perturber la situation. Le tiers du produit national provient d’institutions en principe “collectives”. En fait, la moitié est privée et l’autre publique que possèdent des féodalités locales. Puis, parce que l’économie n’est pas capitaliste, autant quelle est soumise à l’ingérence des mafias. Ici, les gouvernements se contentent de circonscrire le désordre sans réformer en profondeur.
De même, parce que la situation socio-démographique de la Chine, rend impossible l’instauration d’une économie astreinte aux règles du marché; surtout, si l’Etat y joue, uniquement, le rôle d’arbitre.
Pratiquement, la Chine est soucieuse d’avoir un parti fort et non un Etat fort. Le pari de Deng Xiao Ping: “Prenez garde de la propagation de la démocratie dans les institutions”, n’a réussi que dans la proportion des deux tiers et il est apparu qu’il est très coûteux.
L’Etat est faible, parce qu’il se trouve entre le marteau du parti communiste capable et fort, mais vidé de son essence et l’enclume d’une société explosive et sans commandement.
C’est pourquoi, il était plus simple de freiner la démocratie, que d’imposer un fait accompli politique. Ceci rend instable la politique chinoise et se mouvant avec perplexité.
Comme l’économie se méfie du capitalisme, la politique se méfie de la démocratie, pour édifier, elle aussi, une vérité tronquée et angoissée, dans laquelle se mêle le contenant du totalitarisme avec des apparences féodales, mafieuses, voire parlementaires.
Il ne fait pas de doute que la Chine évolue, le communisme jouant un rôle en retrait. Elle ne progresse ni vers le capitalisme, ni vers la démocratie.
Et cette société déboussolée ayant perdu son orientation saine, voit se combiner et s’affronter dans une transition incertaine: d’un côté, les dinosaures et les bénéficiaires du communisme et, de l’autre, les partisans avoués du capitalisme et de la démocratie à la possibilité éloignée.
En définitive, la démocratie prend de l’ampleur partout dans le monde, portant dans son invasion et son extension rapides, la contagion à tous les peuples et les Etats. 

Photo Melhem Karam

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