UNE PAGE MEMORABLE DE L'HISTOIRE DU LIBAN
SEULE NOTRE UNION A FAIT NOTRE FORCE EN NOVEMBRE 43

Tous les ans, à pareille époque, on évoque, longuement, les événements ayant permis au Liban d’accéder à l’indépendance en 1943.
 

Le chef de l’Etat et, à ses côtés
le ministre de la Défense, passe en 
revue les effectifs de l’Armée
ayant participé au défilé.
 

M. Nabih Berri à son arrivée 
à l’avenue Abdallah Yafi.

Le président Hoss arrivant
à la tribune officielle.

Le président Lahoud se recueillant
devant le monument du Soldat 
inconnu après l’avoir fleuri. 
 
On relate, dans les moindres détails comment le président de la République, cheikh Béchara el-Khoury; le Premier ministre Riad Solh; les ministres Salim Takla, Camille Chamoun, Adel Osseirane et le député Abdel-Hamid Karamé ont été enlevés et séquestrés à la citadelle de Rachaya suite aux ordres du Haut commissaire français, Helleu. On raconte par des faits hauts en couleur, la formation spontanée à Bchamoun d’un gouvernement provisoire formé de Habib Abou-Chahla, l’émir Magid Arslan et Sabri Hamadé qui étaient, respectivement, vice-président du Conseil, ministre de la Défense et président de la Chambre.
On est fier des manifestations qui se sont inlassablement poursuivies à Beyrouth et partout dans le pays, menées par les Kataëb et les Najjadé jusqu’à la libération des responsables, manifestations au cours desquelles Pierre Gemayel a été blessé et emprisonné.
L’émotion nous étreint lorsqu’on retrace l’épopée du drapeau libanais: dessiné et signé à la Chambre par sept députés, l’un d’entre eux, Naïm Moghabghab, cherche à le hisser à l’entrée du parlement qui fut pris aussitôt d’assaut par des soldats du pouvoir mandataire. Le drapeau est envoyé à Bchamoun et religieusement préservé.

UNITÉ DE TOUTES LES COMPOSANTES
Chaque seconde, chaque minute de ces journées mémorables du 11 au 22 novembre sont précieuses pour chaque Libanais et on devrait les connaître, les relire attentivement et les préserver dans nos cœurs telle une relique.
Mais une question essentielle s’impose: les Libanais ont-ils su tirer, au fil des ans, les leçons de cette tranche historique de novembre 1943? Ont-ils compris, au juste, ce que signifiait et ce qu’exigeait d’eux, cette indépendance, dont le pays vient de célébrer le 56ème anniversaire? La réflexion s’impose.
La première leçon à retenir de 1943 est que les composantes chrétienne et musulmane ont réagi dans un même mouvement, une même ferveur, pour réclamer la fin du mandat. Béchara el-Khoury et Riad Solh sont demeurés solidaires jusqu’au bout, refusant de se démarquer l’un de l’autre lorsque le général Catroux, dépêché à Beyrouth, les a rencontrés, séparément.
Dans les rues de la capitale, chrétiens et musulmans, Kataëb et Najjadé étaient côte à côte sous la houlette de Pierre Gemayel pour réclamer un Liban pleinement libre et souverain.
“En 1943, les Libanais se retrouvèrent dans un but unique: la liberté”, écrivent les chroniqueurs de cette tranche de notre Histoire et tous ceux qui l’ont vécue directement. “Les événements qui se sont déroulés au Liban du 10 au 22 novembre 1943 ont mis en relief l’unité du peuple libanais”, disent-ils.
Une simple question: qu’est-il advenu de cette unité au fil des ans? Projeté dans l’engrenage politique et militaire des conflits israélo-arabes dès 1947, le pays des Cèdres a progressivement perdu l’unité de son peuple et sa liberté.
 

Les commandos défilentau pas de course.
 

Les fantassins ouvrant la parade.

Un détachement de la Sûreté de l’Etat,
drapeau en tête, passe devant la tribune.

Les escrimeurs, en tenue de 
combat, avaient belle prestance.
 
MÊME VOLONTÉ NATIONALE
Les journées de 1943 nous offrent une deuxième leçon: le désir d’indépendance totale et de pleine souveraineté et liberté, émanait de la volonté nationale, même si l’on nous “rabâche” les oreilles en disant que l’on a obtenu cette indépendance, grâce à une querelle d’influence régionale entre Français et Britanniques. Il suffit de relire les médias de l’époque pour retracer le combat pacifique incessant des Libanais de tous bords en faveur de cette indépendance.
Qu’en est-il, aujourd’hui, de cette volonté nationale? Elle a été aliénée depuis les années cinquante par différents courants politiques hégémoniques émanant de l’extérieur.
Hélas! depuis longtemps on a dû faire le deuil d’une véritable indépendance et souveraineté nationale. Nul ne peut contester le fait que nous sommes à nouveau, sous mandat!
Autre leçon qui s’impose: fruit de l’Indépendance obtenue en 1943, le dernier soldat français a quitté le pays en date du 1er janvier 1947. L’armée libanaise et les FSI étaient, dès lors, les seuls garants de la sécurité, de la Souveraineté de l’intégrité du territoire national.
Où en sommes-nous 56 ans après? Une partie du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest est occupée par Israël depuis 1978. Plus de 45.000 soldats syriens sont déployés sur le reste du pays depuis plus de vingt ans. Les armes affluent à nouveau aux mains des Palestiniens (au nombre d’un demi-million au Liban), auxquels s’ajoute un million de travailleurs non-libanais présents dans ce petit pays de près de 4 millions d’habitants.

LE PACTE NATIONAL DE 43
La convivialité islamo-chrétienne du Liban consacrée par le pacte oral de 1943, était l’émanation de la volonté libanaise, ce qui n’a pas été le cas à Taëf, puisque le glaive de la guerre était toujours brandi au-dessus de nos têtes. Et jusqu’à l’heure, il nous faut recourir aux bons services de Damas pour trancher les conflits internes.
Le chemin pour retrouver notre véritable indépendance et notre pleine souveraineté, tel que cela a été voulu en 1943, est encore long. L’important est de prendre conscience de nos réalités présentes, de réfléchir à haute voix, à cœur ouvert sur ce qu’on veut du Liban, d’en parler loin de toute ingérence ou interférence, de resserrer les rangs autour du chef de l’Etat et des dirigeants pour s’engager sur la bonne voie avec le nouveau millénaire.
 
Dans un message à la Nation
Lahoud: “Nous devons tous contribuer à l’édification d’un Etat moderne”

Pour son premier message du 22 novembre à la nation, le chef de l’Etat rappelle, tout d’abord, les constantes définies dans son discours d’investiture, il y a juste un an. “Vous avez le droit, dit-il, de vous demander où en est-on, aujourd’hui, par rapport à hier? C’est donc une occasion de dire la vérité et de tout tirer au clair. Je tends la main à tous”...
Le président Lahoud évoque, alors, les multiples problèmes accumulés en tout domaine dont son régime a hérité “qui, dit-il, requièrent de nous tous, une participation active à leur règlement: du Pouvoir, en premier lieu, puisqu’il est, actuellement, responsable; de l’opposition, également, parce qu’elle l’a été et des citoyens, en second lieu”.
Il poursuit: “Il serait vain de gaspiller le temps et les efforts dans des échanges quotidiens d’accusations (...), le climat de liberté et de démocratie qui règne au Liban dans tous les domaines, doit nous inciter à la créativité, à l’excellence et au progrès”.
Après avoir brossé un rapide tableau du pays, de l’Indépendance à nos jours, le président de la République clame avec force: “Il faut qu’il y ait un Etat moderne, non confessionnel, équitable et efficace, équilibré dans sa composition et lucide dans ses options”.
Aussi, invite-t-il tous les Libanais à participer à l’édification d’un tel Etat, “d’y apporter leur contribution, de faire des concessions en sa faveur, de se persuader qu’en son absence il n’y a de salut pour personne”.

PAS DE GARANTIES À ISRAËL
Il considère que la moitié du chemin sur la voie de la stabilité est faite, à partir du moment où “les Libanais sont unanimement convaincus de leurs choix stratégiques en faisant la distinction entre l’ami et l’ennemi.”
Dénonçant les manœuvres israéliennes, il affirme: “Nous refusons de donner des garanties à la suite de tout retrait qui s’effectuerait en dehors d’un accord de paix englobant le Liban et la Syrie”.
Le chef de l’Etat confirme “la légitimité de la résistance” et conclut sur une note optimiste: “Quelle que soit la difficulté des circonstances actuelles, les possibilités et les potentiels dont le Liban jouit dans tous les domaines me permettent de voir un avenir lumineux. Ceux qui y vivent représentent une valeur sûre et les émigrés un potentiel à partir desquels se développera la patrie”. 

NELLY HÉLOU

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