La Revue du Liban consacre régulièrement des pages illustrées aux pays du maghreb arabe. Cette rubrique hebdomadaire couvre les événements politiques, économiques, sociaux et culturels de la tunisie, du maroc, de l’algérie, de la libye et de la mauritanie.

TUNISIE

En prêtant serment pour un nouveau mandat
LE PRESIDENT BEN ALI DONNE LE TON:
ENTRER DANS LE NOUVEAU SIECLE PAR LA GRANDE PORTE

“L’heure est à l’initiative, à la course contre la montre, dans un esprit de compétition et avec une mentalité de dépassement. C’est l’époque où n’est récompensé que celui qui parvient à se maintenir debout par la force de sa volonté et de sa détermination, chacun selon ses aptitudes et ses compétences, quel qu’en soit le niveau. Car la carence est, d’abord, affaire de mentalité avant d’être une faiblesse ou une incapacité”.
Par ces propos tenus dans le discours prononcé, lundi 15 novembre, devant la Chambre des députés, marquant le début de son nouveau mandat de cinq ans à la suite de sa réélection le 24 octobre dernier, le président Zein El-Abidine Ben Ali a donné le ton de ce que sera la prochaine étape, avec les divers défis qu’elle comporte, l’enjeu étant de hisser la Tunisie à l’orée du siècle prochain au rang des pays avancés.
Pour le président Ben Ali, il importe que les Tunisiens, particulièrement les jeunes, comprennent que “l’ère de la mentalité de dépendance est révolue; que l’attentisme et la quête des solutions de facilité conduisent à l’impasse”.
Avant de prononcer son discours, le président de la République tunisienne a, au cours d’une séance solennelle, prêté serment devant le parlement.


Le président Ben Ali prononçant son
discours devant la Chambre des députés.

 
L’EMPLOI, PRIORITÉ DES PRIORITÉS
Le président Ben Ali a placé ce nouveau mandat sous le signe “labeur et persévérance pour bâtir l’avenir”, insistant, conformément aux engagements pris lors de sa campagne électorale, sur l’importance primordiale qu’il attache à la question de l’emploi dont il a fait “la priorité des priorités”. Il a affirmé que la réussite de la Tunisie dans cette œuvre, est tributaire, en plus de l’apport du Fonds national de l’emploi ou Fonds 21/21 - nouvellement créé et qui sera opérationnel dès janvier 2000 - de la conjonction des efforts de tous. Il a mis l’accent, à cet égard sur l’impératif de stimuler l’investissement, annonçant une série de mesures visant à favoriser la création de sources de revenus et d’opportunités d’emploi.
Le chef de l’Etat a fait remarquer dans cet ordre d’idées, que le dynamisme que connaît l’économie tunisienne, doit être conforté par un nouveau souffle “afin d’atteindre nos objectifs nationaux et d’affronter les courants de la mondialisation et ce, en favorisant l’émergence d’une nouvelle génération de promoteurs compétents, possédant la volonté, la détermination et les aptitudes requises, ainsi que de hautes compétences en matière de gestion.

ENSEIGNEMENT: RIVALISER AVEC LES MEILLEURS
Quant aux secteurs de l’éducation, de l’enseignement, de la recherche scientifique et de la formation professionnelle, qui ont constamment bénéficié d’une sollicitude particulière en Tunisie, dont la principale richesse réside dans les ressources humaines, le président Ben Ali en a souligné le rôle primordial, insistant sur son souci de veiller à ce que les diplômés de l’école tunisienne acquièrent une “employabilité” effective, dans le cadre d’une économie moderne, pleinement intégrée dans la mondialisation et qu’ils soient aptes à rivaliser avec leurs semblables dans n’importe quel pays. Il a, à cet effet, annoncé un train de mesures de nature à favoriser la réalisation de ces objectifs.

UNE INFRASTRUCTURE MODERNE POUR UNE ÉCONOMIE COMPÉTITIVE
Dans le but de moderniser l’infrastructure et, partant, d’accroître la compétitivité de l’économie tunisienne, le président Ben Ali a, par ailleurs, annoncé la prochaine mise en œuvre de nombreux grands projets au nombre de 45, totalisant un investissement de l’ordre de 4.600 millions de dinars tunisiens (environ 4.500 millions de dollars US), intéressant les domaines de l’environnement, du transport, des communications, de l’agriculture, de la pêche, de l’énergie et de l’enseignement. C’est que, à la lumière des taux de réussite enregistrés dans les différents cycles de l’enseignement, les prévisions montrent que le nombre des nouveaux arrivants dans l’enseignement supérieur augmentera de manière notable, à telle enseigne que le nombre des étudiants actuellement de 183.000, passera à près de 300.000 en 2004/2005, d’où, a dit le président Ben Ali, l’impératif de déployer, dès maintenant, un effort particulier pour accélérer la construction des établissements universitaires programmés dans l’actuel plan quinquennal (1997/2001) ou devant être inscrit dans le prochain plan.
“Notre programme est conçu pour l’avenir, pour une société dans laquelle la femme accède à une place plus importante, où les jeunes apportent, avec compétence, leur concours au modelage du présent et à la préparation du futur et où la famille constitue l’essence même du tissu social”, a encore dit le président Ben Ali.

NOUVELLES MESURES POUR RENFORCER LA DÉMOCRATIE ET LES DROITS DE L’HOMME
Dans le volet politique de son discours d’investiture, le président Zein El-Abidine Ben Ali a annoncé une multitude de mesures destinées à renforcer le pluralisme et la démocratie dans le pays, dont notamment une nouvelle révision du code électoral, en vue des prochaines élections municipales de février 2000, une révision du code de la presse, dans le but de promouvoir le secteur de l’information et un projet de loi tendant à consolider les droits de l’homme.



TUNISIE

L'ENVOYE SPECIAL EUROPEEN POUR
LE P.-O. RECU PAR LE PRESIDENT BEN ALI

Les volets palestinien, libanais et syrien du processus de paix ont été au centre d’une entrevue que le président Zein El-Abidine Ben Ali a accordée au palais de Carthage, à l’envoyé spécial de l’Union européenne chargé du processus de paix au Moyen-Orient, M. Miguel Angel Moratinos.
 


Le président Ben Ali recevant l’envoyé
spécial de l’U.E. pour le Proche-Orient.
 
Dans une déclaration faite à l’issue de l’audience, M. Moratinos s’est dit heureux de rencontrer le chef de l’Etat tunisien, qualifiant l’entretien de “très fructueux”, notamment en ce qui concerne l’engagement de la Tunisie à soutenir la relance du processus de paix.
Après avoir souligné que l’action de la Tunisie a toujours été un élément de modération et de clairvoyance dans ce processus, l’envoyé spécial européen a ajouté: “Maintenant que nous abordons la phase finale du processus, il est important que l’Union européenne et la Tunisie échangent leurs points de vue et mènent une action conjointe pour aider ce processus à aboutir à des résultats positifs au profit des peuples du Proche-Orient”.
Soulignant que le soutien de la Tunisie et de l’U.E. est fondamental dans le volet israélo-palestinien, M. Moratinos a fait valoir qu’il importe de parachever les négociations conformément à l’agenda convenu. Il a indiqué que l’entretien avait aussi porté sur les volets syrien et libanais, notant que le président Ben Ali a manifesté son intérêt pour les efforts déployés par les Etats-Unis d’Amérique et l’U.E. en faveur de la reprise des négociations entre la Syrie et Israël.
S’agissant de la Méditerranée, M. Moratinos a estimé qu’il est temps, quatre ans après le démarrage du processus de Barcelone, d’en faire l’évaluation. Il a relevé que l’accord d’association conclu par la Tunisie avec l’U.E. (en 1995), a été l’un des éléments positifs enregistrés à ce niveau, insistant sur la nécessité de pallier les insuffisances du processus de Barcelone afin de lui donner une nouvelle impulsion politique.
“La Tunisie assume, aujourd’hui, une importante responsabilité et, eu égard à ses intérêts mutuels avec l’Union européenne, nous aspirons à œuvrer ensemble pour un avenir prospère dans la région, dans un climat de sécurité et de stabilité”, a-t-il conclu.


TUNISIE - MAURITANIE

MESSAGE DU PRESIDENT AHMED TAYAA AU PRESIDENT BEN ALI

Le président Zein El-Abidine Ben Ali a reçu du président de la Mauritanie, Mouaouia Ould Sid Ahmed Tayaâ, un message de fraternité et de considération qui lui a été transmis par Cheikh El Afia Ould Mohamed Khouna, Premier ministre mauritanien et envoyé spécial du chef de l’Etat mauritanien.
 


Le président Ben Ali recevant
le Premier ministre mauritanien.
 
Le responsable mauritanien a indiqué que le message portait sur les relations de fraternité privilégiées unissant les deux pays frères, ainsi que sur les questions d’intérêt commun. “Je voudrais, a-t-il dit, exprimer tout le bonheur que nous ressentons en visitant ce cher pays frère qui occupe une place particulière dans les cœurs de tous les Mauritaniens”.


ALGERIE

SECRETAIRE GENERAL DU RCD (PARTI D'OPPOSITION ALGERIEN)
SAID SAADI: "LA TROISIEME VOIE DOIT ASSUMER LA MUTATION
ET AFFRANCHIR LA POLITIQUE DES DOGMES IDEOLOGIQUES"


 


“On ne peut plus faire de l’économie avec des slogans, la réussite économique devant faciliter la démocratisation politique”, soutient M. Saïd Saâdi, secrétaire général du Rassemblement pour la Culture et le progrès (RCD), parti d’opposition algérien.
De la situation en Algérie, il croit qu’une opportunité se présente pouvant déboucher sur la fin de la crise interne.
A son avis, cette dernière a été provoquée, notamment, par le fait pour le tissu social d’avoir été quelque peu déconnecté du régime politique. “Dans ce divorce, ajoute-t-il, s’est engouffrée toute une série de surenchères d’approximation politico-idéologique. Cela a amené le peuple algérien là où il se trouve.
 


M. Saïd Saâdi, secrétaire général
du RCD algérien.

LA MONDIALISATION  ÉCONOMIQUE S’IMPOSE
M. Saâdi, vous venez d’assister aux travaux du symposium international, organisé les 4 et 5 novembre par le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD/parti au Pouvoir en Tunisie), à l’occasion du XIIème anniversaire du Changement du 7 novembre, sur le thème: “La troisième voie et les orientations des partis politiques”. Qu’est-ce que la troisième voie à vos yeux?
Il y a, d’abord, le constat de cette fin de siècle qui fait que l’économie notamment, qui a été dominée par l’idéologie depuis quasiment la Révolution d’octobre, voit maintenant ses prérogatives prendre le dessus. La pression idéologique s’estompe et la mondialisation économique s’impose à tous les pays. A partir de là, la tendance tend à s’occuper de la performance économique et de la gestion de la richesse nationale, pour préserver un tant soit peu, les grands équilibres de la société. C’est dans cet espace-là qu’il faut que nous essayions de nous placer, nous en tant que pays du sud et, plus spécifiquement, en tant que pays maghrébins. Le Maghreb a beaucoup souffert des divergences doctrinales, notamment entre l’Algérie et ses deux voisins. Cela s’est traduit par une désarticulation de la sociologie maghrébine qui est une grande matrice particulièrement féconde. Aussi, cette question de troisième voie nous interpelle-t-elle directement, elle doit nécessairement assumer la mutation économique et le nouveau climat politique qui est relativement libéré des dogmes idéologiques. On ne peut plus faire de l’économie, comme on l’a trop longtemps fait, malheureusement en Algérie, avec des slogans. C’est vrai que l’expérience tunisienne est assez intéressante à suivre, avec le passage de la décision politique d’une génération à l’autre, sans grand heurt, malgré tout et, la réussite économique qui prévaut ces dernières années. La grande question est de savoir si elle peut maintenant, implicitement, amener une démocratisation politique et, là, je crois que l’un conditionne l’autre: la réussite économique doit faciliter la démocratisation politique et celle-ci fait nécessairement émerger les compétences d’un pays pour permettre une plus grande capacité de mobilisation des forces structurantes.
Cela dit, si cette question nous interpelle prioritairement en tant que Maghrébins, le débat existe sur la scène mondiale. Il y a un grand débat, y compris en Europe, entre le socialisme français historiquement plus rivé à gauche et la social-démocratie, anglo-saxonne notamment, à travers la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Donc, c’est un vrai débat de cette fin de siècle et il serait souhaitable que les Maghrébins que nous sommes n’y réfléchissent pas trop tardivement, pour ne pas se laisser distancer par une exigence politique, économique et culturelle de notre temps.

LE RÉGIME AVAIT TOURNÉ EN CIRCUIT FERMÉ
Pour ce qui est de la situation en Algérie, avez-vous le sentiment que l’issue de la crise est proche?
Il y a une opportunité qui se présente au pays pour la raison suivante: jusque-là, il y avait un régime politique qui a plus ou moins tourné en circuit fermé. Il avait ses repères. Il avait ses mécanismes. Il avait son personnel. A côté, il y avait un tissu social qui était quelque peu déconnecté de l’institution. Dans ce divorce, s’est engouffrée toute une série de surenchères d’approximation politique et idéologique qui nous ont emmenés là où nous sommes.
Il semble aujourd’hui, si je m’en tiens à ce qui apparaît comme une expression consensuelle dans la société, mais aussi - et c’est là la vraie nouveauté en Algérie - à travers une institution comme la présidence de la République, qu’il y a une tendance vers une convergence minimale sur les grands dossiers qui doivent être appréhendés de manière binaire, par le biais de la société qui les a assumés depuis de longues années maintenant, mais aussi par l’institution, c’est-à-dire par l’Etat. Je pense notamment au problème de l’éducation, à la réforme de la justice, à la révision du code de la famille, aux réformes économiques qui s’imposent dans l’urgence au pays. Il y a un climat politique qui favorise une démarche consensuelle. C’est important mais pas suffisant parce qu’il faut ombrager sur le réel pour voir comment mettre en œuvre cette possibilité, comment la gérer dans le temps, comment en classer les priorités et, surtout, quelles sont les ressources mobilisables pour pouvoir lui garantir les meilleures chances de succès possibles.

L’INTÉGRISME EN REFLUX
Et la question de l’intégrisme? Le problème persiste-t-il ou est-il en recul?
Quand on parle de l’intégrisme, il faut voir les choses à plusieurs niveaux. Il y a l’aspect doctrinal et politique. Là, nous pouvons dire clairement oui, l’intégrisme est en reflux. Il y a l’aspect militaire. Là aussi, je pense que l’intégrisme est défait au sens où ils (les intégristes ou terroristes) ne peuvent plus aujourd’hui entreprendre le type d’opérations qu’ils avaient réalisées dans les années 93 à 96, attaquer de grandes casernes, un pénitencier comme celui où je fus détenu, si vous n’avez pas quelques centaines de personnes, vous ne pouvez pas y approcher. Il reste l’aspect, dirions-nous, terroriste. Malheureusement, il y a un certain nombre de groupes qui ont été très loin dans les exactions terroristes et qui, à mon avis, ne vont pas reculer, parce que condamnés à la fuite en avant. Certains d’entre eux ont été vus en train de tuer, d’égorger, de violer. Il y a peu de chances qu’ils s’amendent et qu’ils acceptent de s’en remettre à une décision de justice. Là il faut s’attendre, me semble-t-il, à des actions terroristes, encore pour quelque temps en Algérie, d’abord parce qu’ils n’ont pas besoin d’avoir des bataillons pour poser une bombe dans un marché ou dans une salle de cinéma, il suffit d’une ou deux personnes et puis, encore une fois, parce qu’il y a un certain nombre de personnes qui ont été trop loin pour aujourd’hui reculer. Cela dit, je ne crois pas que l’action terroriste qui peut encore se produire et qui, à mon avis, va se produire, constitue une contrainte politique. La matrice politique et doctrinale de l’intégrisme est en voie de réduction importante dans le pays.
C’est là le versant, disons, négatif. Je crois que pour dépasser définitivement ce fléau, il faut comptabiliser l’acquis enregistré par le peuple algérien qui a payé un lourd tribut, il faut bien le dire, notamment dans la société civile. Il est important que l’on lance une alternative de construction démocratique. Là, il y a une possibilité qui s’offre au pays. Reste à savoir avec qui? Comment procéder? Quelles sont les urgences à repérer et à identifier? C’est le travail qui reste à faire. Je n’ai pas encore vu le président de la République pour en parler.

POUR UNE DÉMARCHE COLLECTIVE
Qu’est-ce que vous entendez par alternative démocratique?
Je suis à la tête d’un parti politique. Dans mon esprit, il y a un projet de société qui est clair, mais il ne s’agit pas non plus de faire valoir uniquement des positions partisanes dans une situation qui, nécessairement, appelle une démarche collective et solidaire dans le pays. Il s’agit de fédérer le maximum d’énergie dans la classe politique, voire dans la société algérienne, autour d’un minimum consensuel, à savoir un Etat de droit. L’Algérie a été bien abîmée, bien déstabilisée, l’élément fédérateur au départ c’est la loi, avec un L majuscule qui doit servir de dénominateur commun à toute action, à toute organisation sociale ou institutionnelle.
Le deuxième élément, c’est la prise en charge rapide d’un certain nombre de dossiers que nous n’avons pas voulu identifier, que nous avons escamotés, ou alors que nous avons trop longtemps différés, dossiers qui s’imposent à nous dans l’urgence actuellement. Je pense notamment à la stabilisation de nombre d’institutions. Le parlement tel qu’il est aujourd’hui - je ne sais pas trop si le président de la République ne pense pas pareil - doit être revu. Il est né dans des conditions de discrédit telles que sa représentativité lui ôte toute compétence législative. Outre cet aspect institutionnel, sur le plan politique, il me semble que le moment est venu en Algérie où une convergence doit s’opérer rapidement, en laissant les formations politiques garder leurs propres identités respectives, mais en se mettant d’accord sur un certain nombre de points qui font consensus aujourd’hui dans le pays. Si tout cela pouvait se faire, une synergie politique peut être créée en Algérie, qui doit nécessairement se traduire sur le terrain économique. Il y a des ressources naturelles et un potentiel humain importants qui existent dans le pays et qui ont été trop longtemps dévalorisés. Je crois que c’est le moment de réhabiliter tout cet encadrement que nous n’avons pas su valider. Et sur le plan économique aussi, à l’extérieur, s’il y a cette stabilité et cette volonté de composer avec les cadres nationaux, un nouveau climat peut s’instaurer au niveau régional, notamment avec les voisins immédiats de l’Algérie, les voisins maghrébins, le Maroc et la Tunisie et même au niveau méditerranéen.
Les choses sont interdépendantes. Les problèmes internes sont aujourd’hui connectés à l’environnement international et a fortiori régional. Les problèmes politiques déterminent aussi la prise en charge des problèmes économiques. Donc, c’est une perception consensuelle, globale, à laquelle il faut arriver rapidement. Le principe est acquis, mais la manière de concrétiser cette nouvelle démarche politique mérite une discussion plus approfondie, notamment avec le chef de l’Etat.

Et l’armée dans tout cela?
L’armée c’est une institution dans le pays. Elle a eu une part prépondérante depuis l’indépendance jusqu’à maintenant, pour des raisons historiques connues. Mais, il me semble que là aussi il y a un consensus, pour que le poids politique de l’armée vienne à se réduire progressivement et que l’armée algérienne doit comprendre qu’elle a une mission militaire que personne ne peut lui contester, mais que le poids politique qui a été le sien jusqu’à présent ne peut pas être reconduit. De toute façon, le bilan on est en train de le faire. Il s’agit simplement d’organiser cette évolution dans les meilleurs délais possibles avec le minimum de désagréments.

PAS DE BRAS DE FER ENTRE LE PRÉSIDENT ET L’ARMÉE
S’agissant justement de délais, il y a ce que d’aucuns ont qualifié d’“ultimatum” lancé par le président Bouteflika pour le 13 janvier. Certains parlent même d’un bras de fer entre le président et l’armée après le rejet, dont des informations de presse ont fait état, par l’armée du projet de gouvernement du président Bouteflika. Qu’est-ce que vous en pensez?
D’abord, il y a ce qui se dit, comme quoi c’est la guerre ouverte entre la présidence et l’armée. Je ne partage pas cette analyse qu’on retrouve beaucoup dans un certain nombre d’organes de presse. Il doit y avoir très certainement des discussions serrées, d’aucuns appelleraient cela des tensions, sur la manière d’assumer cette nouvelle décantation politique dans le pays. Cela se traduit, effectivement, par une meilleure définition des prérogatives de tout un chacun. Cela peut se faire de manière douce. Cela peut se faire de manière un peu plus rude. Mais je ne confère pas à ces incidents, que je considère comme des incidents de parcours, la gravité qu’on leur décrit par ailleurs. En tout cas pas pour l’instant. A partir du 13 janvier, il ne faut pas oublier que nous allons entrer dans une phase qui fait que le délai accordé aux terroristes non coupables de crimes de sang prendra fin. Donc, le fonctionnement de l’Etat sera autre et, naturellement, sur la scène politique, le profil et la dynamique institutionnelle seront différents. Ce qu’il faut bien savoir dans le cas algérien, c’est que nous ne sommes pas en train de gérer un changement de gouvernement, nous sommes en train d’assister à un changement de régime politique et c’est un peu plus compliqué qu’une alternance de pouvoir au sens classique du terme.


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