IMPACT POSITIF DU MESSAGE PRESIDENTIEL
LA FETE DE L'INDEPENDANCE A RELEGUE AU SECOND PLAN LES PROBLEMES INTERIEURS

Il ne fait pas de doute que le message à la Nation du président Emile Lahoud, adressé à l’occasion d’une double occasion: le 56ème anniversaire de l’Indépendance et la fin de la première année du mandat présidentiel, a produit un excellent impact, parce qu’il a traduit en toute transparence l’état de la conjoncture, exposant ce qui a été réalisé dans l’esprit du discours d’investiture et ses aspirations quant à l’avenir.

Puis, la fête du 22 Novembre s’est transformée, cette année, en une grande manifestation politique, le Général-Président ayant réitéré son attachement aux grandes lignes de son discours d’investiture à tous les niveaux, à commencer par la réforme et la lutte contre la corruption, pour finir par la libération du Liban-Sud et de la Békaa-ouest de l’occupation israélienne.
Le message du chef de l’Etat a constitué un bilan consignant les réalisations d’une année du régime. De plus, il a mis l’accent sur la nécessité d’édifier un Etat moderne équitable, non confessionnel, invitant toutes les parties, tant les loyalistes que les opposants, à mettre la main à la pâte, en aidant à l’édification de l’Etat de la loi et des institutions.
Les personnalités ont afflué lundi dernier au palais de Baabda, les ex-présidents Charles Hélou et Elias Hraoui en tête, suivis des anciens chefs du Législatif et du gouvernement, des ministres, députés, hauts fonctionnaires. La réception officielle s’est poursuivie jusqu’à 16 heures, permettant au plus grand nombre de franges de la population de présenter les vœux d’usage au président de la République, qui était entouré des présidents de la Chambre et du Conseil, après avoir assisté au défilé militaire à l’avenue Abdallah Yafi (ex-rue Fouad 1er). Une délégation militaire syrienne de haut rang, dirigée par le général Ghazi Kanaan, chef des S.R. des troupes syriennes stationnées au Liban, a assisté à la parade.

PEU DE DÉVELOPPEMENTS INTÉRIEURS
La semaine écoulée a connu peu de développements politiques saillants au plan intérieur, alors que la situation au Liban-Sud continue à préoccuper les dirigeants. D’autant que les Israéliens insinuent qu’ils pourraient rapatrier leurs forces avec ou sans accord avec le Liban sur des arrangements de sécurité à la frontière commune.
De plus, les mouvements protestataires des Palestiniens dans les camps sudistes ont posé plus d’un point d’interrogation quant aux milieux et parties qui incitent les “réfugiés” à défier l’autorité légale, au point de lancer des pierres en direction de la troupe montant la garde dans la périphérie des camps.
En ce qui concerne les négociations sur tous les volets, à partir du point où elles avaient abouti en février 1996, on se perd en conjectures sur leur éventuelle reprise. Les renseignements, à ce sujet, sont contradictoires, mais selon des sources fiables, les pourparlers sur les volets libanais et syrien, pourraient reprendre à une date moins éloignée que certains observateurs imaginent...
L’Etat hébreu sait bien qu’il ne peut retirer ses troupes du Liban-Sud, sans un accord avec notre pays. Aussi, menace-t-il de les rapatrier, unilatéralement, dans une tentative de faire pression sur Beyrouth, car sans un tel accord, il redoute la perpétuation des opérations de la Résistance.
Aussi, les analystes penchent-ils vers le gel du retrait de “Tsahal” jusqu’à la conclusion d’un traité de paix avec le Liban et la Syrie.
Pendant ce temps, le gouvernement continue à observer de près les mouvements palestiniens dans les camps, pour protester contre ce qu’ils appellent le blocus imposé à ces derniers, bien que le président Hoss ait nié, catégoriquement, une telle mesure.
Le Premier ministre a même conféré avec une délégation du “Jihad islamique” opérant en Palestine occupée. Celle-ci lui a affirmé son respect de la position du Liban officiel, tout en cherchant à justifier la réapparition de ses militants dans la zone frontalière aux côtés du “Hezbollah”.
Dans le même temps, le président Nabih Berri exprimait l’opinion “qu’il ne faut pas donner aux “résistants” du “Jihad islamique” une importance plus qu’ils ne méritent. Tout en insistant sur la nécessité d’obtenir l’application de la 425 et de proclamer sur tous les tons et dans toutes les instances le rejet de l’implantation.

VERS UN CHANGEMENT MINISTÉRIEL?
Sur un autre plan, les milieux politico-parlementaires suivent non sans intérêt l’activité de la néo-opposition, alors que des rumeurs persistantes laissent prévoir un changement ministériel à plus ou moins brève échéance.
Ces rumeurs ont émergé suite à la nouvelle audience que le chef de l’Etat a accordée à M. Rafic Hariri, après son retour de Paris.
Cependant, les milieux gouvernementaux écartent une telle éventualité, d’autant que l’étape particulièrement délicate, exige la renonciation à toute action susceptible de perturber le front intérieur et, partant, de l’affaiblir.
Aussi, s’attend-on à ce que le “Cabinet des 16” reprenne l’étude des dossiers chauds qu’il avait gelés pour avoir le temps d’élaborer et de faire ratifier le budget de l’an 2000.
Pour en revenir à la nouvelle rencontre entre le président Lahoud et M. Hariri qui a duré un peu plus de deux heures et bien que rien n’en a transpiré, du moins du côté de Baabda, le bureau médiatique de l’ancien chef du gouvernement a qualifié l’audience de “positive” et fait état de la satisfaction exprimée par M. Hariri quant à la teneur de l’entretien et de ses résultats “qui ne tarderont pas à apparaître”.
Après l’audience présidentielle, M. Hariri a gagné Damas où il a passé la nuit, avant de rencontrer M. Abdel-Halim Khaddam, vice-président syrien, dans l’espoir de pouvoir, par son intermédiaire, obtenir une audience du président Assad.

QUID DE LA LOI ÉLECTORALE?
Pendant ce temps, les tractations se poursuivent autour de la nouvelle loi électorale. Jusqu’ici, aucune formule définitive ne s’est concrétisée et on présume que le projet de loi que les milieux politico-parlementaires attendent et, pour cause, avec impatience, serait mis au point avant la fin du mois prochain.
A ce propos, on fait état de concertations suivies entre MM. Hariri et Walid Joumblatt, les deux alliés appréhendant un découpage des circonscriptions de nature à porter préjudice à leurs intérêts électoraux.
En effet, M. Hariri s’oppose au découpage de Beyrouth en deux ou trois circonscriptions, alors que le chef du PSP ne voit pas d’un mauvais œil l’adoption de la petite circonscription dans la montagne et, tout particulièrement, au Chouf. Il faut attendre le retour de M. Hariri, mardi prochain, d’Arabie séoudite pour se faire une idée précise de la position définitive qu’il adoptera avec M. Joumblatt envers la loi électorale.
Par ailleurs, la rencontre entre le président Nabih Berri et le Dr Bachar Assad à Chtaura au début de la semaine, ne manque pas de poser plus d’un point d’interrogation, quant à son but et à ses résultats. D’autant que le chef du Législatif devait rendre compte au président de la République de la teneur de son entretien avec le fils du président Assad, qui a pris contact avec son homologue libanais, pour le féliciter à l’occasion de l’anniversaire de l’Indépendance et échanger les vues avec lui sur les développements de la conjoncture au double plan intérieur et régional.

L’IMMUNITÉ DE HAKIM
Enfin, notre prédiction à propos de la levée de l’immunité couvrant M. Habib Hakim, député du Metn, s’est confirmée. En effet, le parlementaire metniote a déclaré qu’il demandera à l’Assemblée de lever cette immunité, afin qu’il puisse se présenter devant les enquêteurs pour prouver son innocence et réfuter les accusations posées contre lui dans l’affaire de l’incinérateur de Bourj Hammoud.
Aussitôt, le président Berri a convoqué la Chambre en session plénière les 7 et 8 décembre, pour statuer sur la requête de M. Hakim.

NADIM EL-HACHEM

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