Editorial



Par MELHEM KARAM 

APRES LA PRISE DE POSITION DU CONSEIL DES MINISTRES DIALOGUE CONSTRUCTIF PERMANENT ENTRE LE POUVOIR ET LA PRESSE

La décision du Conseil des ministres amnistiant les journalistes, retient l’attention, ainsi que la disposition des responsables à conclure un pacte avec la Presse.
La Presse n’a été aucun jour éloignée de cela. D’autant qu’elle réalise que la vraie liberté ne s’arrête pas au seuil de la libération de la Presse de l’humeur du gouvernant. Ce sont de vieilles paroles et une vision ancienne. Jusqu’à la loi du 28 juillet 1881,... la loi qui fut la première à jeter les bases des lois modernes... et s’est contentée de s’arrêter à cette limite. Depuis longtemps, la Presse sait comment dépasser les limites des anciens concepts, profitant - et elle l’avoue - du jeu de l’évolution mobile, depuis qu’un écrivain a pris une plume pour écrire des pensées à Tarse.
La Presse sait que la liberté, la sienne, n’est pas uniquement la liberté de pensée, ni la liberté de critiquer les gouvernants, tantôt en formulant des griefs à leur encontre et tantôt en faisant état de positivismes. La liberté de la Presse, à l’instar de toutes les libertés publiques, comporte un double contenu: un élément de pensée et un élément matériel.
On ne peut s’empêcher d’observer et nous n’aurions pas voulu le dire, que le soutien matériel est essentiel dans le domaine journalistique. L’expression elle-même ne donne-t-elle pas cette spécificité à la Presse?
Quand on dit liberté de la Presse, on ne se contente pas de sauvegarder la liberté de l’écrit. Il faut la dépasser pour atteindre la liberté du moyen qui publie d’une manière exceptionnelle généralisée, l’écrit et l’imprimerie... L’imprimerie typographique de Guttenberg au XVème siècle. Plus exactement en 1440. C’est l’imprimerie imaginée par les Chinois au XIème siècle. Et la rotative, l’imprimerie de 1867 qui a caractérisé la liberté de la Presse moderne.
Dans le passé lointain, relativement, le journal était le “rédacteur”. Il en fut ainsi au temps de la Révolution française. De même qu’au début du XIXème siècle. La souveraineté du rédacteur était son emprise. Elle est devenue, aujourd’hui, dans les rédacteurs, l’imprimerie, l’institution industrielle et commerciale.
Ce domaine doit nous préoccuper dans la Presse libanaise, à l’ombre du désir du responsable, président et Conseil des ministres, d’élaborer un document accordant son droit à la Presse et donnant son droit au responsable. La liberté ne sera plus une demande en vue de la protection de l’humeur du responsable. Et le responsable, bien qu’il ait été toujours ainsi, compte les réactions à ce qu’écrit la Presse et sur ses positions, un responsable rassuré et une Presse libre et responsable non empêchée de dire la vérité, ni d’exprimer son opinion franche de peur d’être poursuivie... Cette confiance doit s’établir entre les responsables... Dans la législation, le Pouvoir et la Presse... Pour que soit élaborée une loi équitable moderne, comprenant la technicité de la liberté et les modalités de sa pratique. Ainsi, la Presse ne serait pas tributaire de l’humeur d’un gouvernant reposé, agissant aux fins de la débarrasser de ses fardeaux, en un temps où l’humeur du gouvernant est perturbé.
Personne et nous le disons avec beaucoup de clarté, ne s’est soucié plus que la Presse de préserver la sécurité et la souveraineté nationales... Ces deux principes sont la responsabilité de tous. Surtout en un temps où la patrie vit des jours délicats, requérant une grande décision nationale et permettant d’excéder les frontières du Liban pour atteindre la région du Proche-Orient, le vaste univers et le Conseil de Sécurité, en passant par les sources de la décision.
Ces paroles ont été imposées par la position du Conseil des ministres envers les charges du Ministère public, au double plan des jugements et des poursuites qui constituaient un lourd fardeau pour le Quatrième Pouvoir.
Parlerons-nous de la transparence? Ce terme est devenu à la portée de tous, après qu’il eut été prononcé en 1958 par le dernier des communistes dans son ouvrage sur la “Glasnost”. Mikhaël Gorbatchev lui prédisait une vaste diffusion. Elle ne s’est propagée que dix ans après sa publication. La transparence n’est pas un principe, ni des spécifications. C’est une conviction de ce que la clarté est la base pour poser les problèmes et inviter les analystes à les examiner.
Dans ce contexte, nous voulons un dialogue constructif permanent entre l’Autorité et le Quatrième Pouvoir. Car par ce dialogue constructif et permanent, nous pouvons écrire ensemble la règle de la confiance qui a toujours été la qualité inhérente au verbe quand il exprime la pensée. 

Photo Melhem Karam

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