AVEC LES TOURNEES DE MORATINAS ET D'ALBRIGHT:
LA PHASE FINALE DU PROCESSUS DE PAIX EST ENTAMEE

Le retrait unilatéral de “Tsahal” du Liban-Sud et de la Békaa-ouest, le problème des réfugiés palestiniens, leur droit au retour et le refus catégorique de leur implantation demeurent au cœur de l’actualité.
En adoptant une position ferme et unifiée face à ces questions qui le concernent, directement, au niveau du processus de paix, le Liban
finira-t-il par faire valoir ses droits et obtenir gain de cause?
 

Moratinos au Liban: Un optimisme prudent.

Le Hezbollah: Une équation difficile.
 
Le parrain américain et la communauté européenne qui s’activent pour débloquer les dossiers syro-libano-israéliens et surmonter les obstacles de parcours du dossier israélo-palestinien peuvent-ils apporter quelques raisons d’espérer en un avenir meilleur dans une situation où planent encore l’inquiétude et l’incertitude?
Quoi qu’il en soit, les efforts européens sont complémentaires aux tentatives américaines de déblocage. Et de l’avis même de M. Miguel Angel Moratinos, “nous en sommes maintenant à la phase finale”.

LE “MESSAGE” DE LAHOUD
Il faut s’arrêter, tout d’abord, sur une importante déclaration du chef de l’Etat visant à dissiper toute équivoque et à définir clairement la position du Liban en cas d’un retrait unilatéral israélien du Liban-Sud et de la Békaa-ouest.
Le président Lahoud s’est exprimé, en effet, sur le contentieux libano-israélien en des termes très explicites: “Plusieurs Etats, a-t-il affirmé, nous ont interrogés sur notre position au cas où les Israéliens se retiraient et menaçaient de bombarder l’infrastructure libanaise, ainsi que les positions des armées libanaise et syrienne. Nous avons toujours répondu que nous sommes devant l’alternative suivante: soit le Liban maintient l’unité de sa position au plan interne et avec la Syrie et affronte avec elle les plans de l’ennemi quels qu’ils soient; soit il retourne à l’état de discorde et de luttes intestines”.
Le message est clair. Il s’adresse en premier, aux Israéliens. “La balle est dans leur camp”, dira aussi le président  Lahoud. “Par leur retrait unilatéral, ils cherchent à séparer les dossiers libanais et syrien et, surtout, à isoler Damas”.
Le message s’adresse, aussi, au “parrain” américain et à la communauté européenne qui s’activent pour faire avancer le processus de paix. Sont-ils disposés, réellement, à éviter au Liban une nouvelle épreuve?
Une fois de plus, les Libanais ne cachent pas leur inquiétude face à un retrait israélien unilatéral. La position officielle est explicite, mais ne fait pas l’unanimité. Pour certains groupes et courants politiques, en cas de retrait unilatéral de “Tsahal” du Liban, le “Hezbollah” devrait cesser toute action de résistance, alors qu’une force multinationale pourrait se déployer tout au long de la frontière libano-israélienne, afin qu’il y ait un désengagement au Liban-Sud, tout comme au Golan, en attendant la phase finale du processus de paix qui, elle, se ferait en concomitance avec Damas. Bon nombre de Libanais ne comprennent pas pourquoi les “intégristes” devraient poursuivre leurs attaques contre Israël, à partir du Liban-Sud, après le retrait de “Tsahal”.
 

Barak: Un retrait dans le cadre 
d’un accord avec la Syrie, 
désormais envisageable?

Albright: Le temps presse.
 
NON À L’IMPLANTATION
Les responsables officiels, les groupes et courants politiques de tous bords et confessions, sont unanimes à refuser l’implantation des Palestiniens au Liban.
Toutes les positions rejoignent, d’ailleurs, l’affirmation du chef de l’Etat qui, interrogé au sujet des réfugiés, a répondu: “Ils sont nos frères et nous sommes attachés à leurs droits humanitaires et, en premier lieu, au droit au retour”.
Le président de la République a, de même, souligné “qu’il n’est pas question de retour au passé, à ses démonstrations de force et au chaos; que les Palestiniens doivent respecter la souveraineté du Liban, ainsi que ses lois et doivent savoir qu’il n’y aura absolument pas de compromis sur ce point. Leur situation au Liban doit être similaire à celle qui prévaut dans tous les pays arabes.”
Le problème pressant de l’implantation des Palestiniens au Liban a, d’ailleurs, fait l’objet de deux colloques qui ont été organisés, il y a quelques jours, par l’USJ (Université Saint-Joseph) et l’USEK (Université Saint-Esprit-Kaslik). Une même conclusion s’est dégagée des délibérations: “Les Libanais sont unanimes à rejeter l’implantation” et “une vaste mobilisation médiatique et diplomatique tous azimut s’impose pour la contrer.”
Le président Salim Hoss a, d’ailleurs, exprimé très explicitement la position libanaise au coordonnateur canadien pour le processus de paix, Andrew Robinson, chargé du dossier des réfugiés, venu au Liban dans le cadre d’une tournée dans la région.
Concernant la question du “retour”, on relève, aussi, une nouvelle approche israélienne. Jusque-là, l’Etat hébreu refusait nettement la moindre perspective d’un quelconque retour. Mais le Premier ministre israélien, Ehud Barak, a dû réviser cette position, admettant pour la première fois, la possibilité pour les réfugiés “de revenir dans les territoires autonomes, mais jamais en territoire israélien dans le cadre du statut final”.

 

Le dossier palestinien: Des assurances
américaines et européennes insuffisantes.
 
INQUIÉTUDE ET ESPOIR
Si, face à l’inconnu, l’inquiétude persiste, certaines déclarations émanant de Washington ou de la communauté européenne apportent un certain espoir. Ainsi, l’adjoint du secrétaire d’Etat US, Thomas Pikering a adressé un message au président Salim Hoss lui affirmant l’intérêt des Etats-Unis aux préoccupations libanaises à propos de la question des réfugiés palestiniens: “Je peux vous assurer, une fois de plus, que la paix ne se fera pas au détriment du Liban. Je suis persuadé que nos deux pays poursuivront ensemble la tâche à la recherche d’une paix globale au Proche-Orient”, a-t-il ajouté.
Le message apporte un peu de réconfort au milieu de tant d’incertitudes sur l’avenir. Les Libanais souhaiteraient, surtout, que Washington ait la même perception qu’eux sur “l’intérêt du Liban”. Aux yeux des Libanais, la paix signifie le retrait de “Tsahal” mais, aussi, de toutes les troupes non libanaises du territoire national, le refus catégorique de toute implantation des 500.000 réfugiés palestiniens et le retour du pays des Cèdres à sa pleine indépendance, sa souveraineté et sa liberté totale de décision.

MORATINOS OPTIMISTE
L’émissaire européen, Miguel Angel Moratinos qui se trouvait à Beyrouth en milieu de semaine, après avoir visité Jérusalem et Damas, s’est voulu pour sa part rassurant: “Je suis optimiste”, a-t-il affirmé, en avançant l’hypothèse d’une évacuation israélienne qui ferait suite à un accord. Il a indiqué avoir abordé avec les responsables libanais “trois questions majeures. En premier lieu, la relation entre le Liban et Israël et la possibilité d’un accord de paix, premier pas sur la voie d’un retrait israélien du Liban-Sud dans le cadre de la résolution 425”.
A cet effet, M. Moratinos indique qu’il s’était entretenu avec le Premier ministre israélien de cette question et que “M. Barak serait déterminé à opérer ce retrait dans le cadre d’un accord avec la Syrie et le Liban. Il s’agirait même d’une priorité pour Tel-Aviv”.
La deuxième question abordée par l’émissaire européen a porté “sur la situation particulière des réfugiés palestiniens au Liban et la nécessité de trouver une solution définitive à ce problème”. Moratinos a évoqué la nécessité d’une conférence internationale pour régler ce problème.
En troisième lieu, il fut question “des relations entre l’UE et le Liban dans le cadre du programme de soutien économique et financier et du développement de l’Etat et de la société libanaise”. Moratinos affirme, aussi, qu’en cas d’un accord sur un retrait israélien, “la communauté internationale et l’Union européenne devraient s’engager à garantir une situation militaire, ainsi qu’une sécurité économique et sociale satisfaisante dans la région”.

NOUVELLE TOURNÉE D’ALBRIGHT AU P.-O.
Par ailleurs, les négociations sur le statut final de Gaza et de la Cisjordanie sont paralysées, les Palestiniens ayant menacé de boycotter les pourparlers, si Israël poursuivait sa politique de colonisation dans les territoires.
“Nous ne pouvons pas continuer à négocier, alors que la colonisation se poursuit”, affirme Yasser Abed Rabbo, chef de la délégation palestinienne.
Pour Washington, il est indispensable d’éviter l’écueil d’une paralysie sur ce processus, d’autant plus que les discussions doivent aboutir, en février, à un accord-cadre devant fixer les grandes lignes d’un règlement permanent supposé être parachevé en septembre 2000.
Une fois de plus, le secrétaire d’Etat américain, Madeleine Albright et l’émissaire spécial pour le P.-O., Dennis Ross, sont attendus dimanche dans la région, en vue d’aider à surmonter les obstacles de parcours au niveau israélo-palestinien et de tenter de débloquer les processus syro-israélien et israélo-libanais.

NELLY HELOU

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