LE DOSSIER REGIONAL N'ECLIPSE PAS LA REFORME ELECTORALE
LOYALISTES ET OPPOSANTS SOUSCRIRAIENT A LA "FORMULE DES 13 CIRCONSCRIPTIONS"

Le défilé des émissaires internationaux dans nos murs: le Canadien Andrew Robinson et M. Miguel Angel Moratinos, coordonnateur européen, qui ont évoqué avec les responsables libanais l’opération de paix et le problème des réfugiés palestiniens, n’a pas éclipsé la nouvelle loi électorale qui est restée en tête de liste parmi les préoccupations officielles.

autour de ce projet de loi ont repris de plus belle, bien que ce dernier n’ait pas encore été élaboré. En effet, les différentes parties se comportent comme si le texte gouvernemental avait été mis au point et comme si les législatives allaient avoir lieu demain.
Ces parties, malgré leurs divergences, récapitulent leurs comptes, en soupesant les avantages que peut leur valoir l’adoption du caza, du mohafazat ou d’une circonscription intermédiare.
Fait à signaler: les positions, à ce sujet, ont maintenant changé, en ce sens que ceux qui étaient acquis à la petite circonscription, plaident en faveur de la grande et vice-versa, sans prendre en considération les clauses y relatives de l’accord de Taëf, lequel adopte le mohafazat en tant que circonscription électorale.

LA “FORMULE DES 13”
En ce moment, la “formule des 13” paraît avoir le plus de chance d’être retenue, bien que le président Nabih Berri soutienne que “cette formule et celle des cinq mohafazats se partagent les chances”.
Le président Emile Lahoud en a discuté mardi, dans sa rencontre hebdomadaire avec le chef du gouvernement, M. Salim Hoss et mercredi, avec le président Berri.
Le chef de l’Etat a, également, conféré à ce sujet avec le président Omar Karamé qui a émis des réserves à propos du découpage envisagé pour le Liban-Nord. M. Karamé a laissé entendre à sa sortie du palais de Baabda, que la “formule des 13” serait adoptée, en définitive.
De son côté, M. Rafic Hariri a pris à partie cheikh Mohamed Rachid Kabbani, mufti de la République, pour s’être rangé à l’avis d’une fraction déterminée quant au découpage des circonscriptions. L’ancien chef du gouvernement est attaché à “l’unité électorale” de Beyrouth et s’oppose à son découpage en deux ou trois circonscriptions.
Le président de la République a dissipé toute équivoque en annonçant, pour la fin de ce mois, la mise au point du projet de loi électorale.
En ce qui concerne la “formule des 13”, il semble, d’après ceux qui l’ont préconisée qu’elle garantit la représentation de toutes les franges de l’électorat au sein de la législature, quelle que soit leur dimension”. Etant entendu qu’aucune loi électorale en n’importe quel pays, ne donne satisfaction à tout le monde et il se trouve toujours une partie qui se plaint, non pour avoir été frustrée, mais pour avoir été privée de la part à laquelle elle croit avoir droit au sein de l’Assemblée.
Le chef de l’Etat a observé devant ses visiteurs, que ceux qui s’opposaient précédemment à l’adoption du mohafazat, émettent à présent des réserves sur toute forme de découpage. Aussi, s’est-il employé jusqu’ici à rechercher une loi susceptible de satisfaire toutes les parties, en tenant compte des intérêts des communautés nationales, sans marginaliser aucune d’elles. C’est pourquoi, il n’admet pas qu’on élabore une loi à la mesure des personnes, quelles qu’elles soient.
De plus, le président Lahoud se soucie, par-dessus tout, d’assurer le mixage des communautés et de raffermir l’unité, tout en favorisant l’intégration nationale.

LA BATAILLE SE POURSUIT...
Quoi qu’il en soit et malgré les assurances données par le président du Conseil et son infirmation de rumeurs propagées par certains milieux pour un but qui n’échappe à personne, la bataille autour de la nouvelle loi électorale, n’a pas pris fin.
Cependant, deux points restent à trancher; il s’agit du découpage du Liban-Nord et de Beyrouth. En ce qui concerne le premier district, deux courants militent pour des formules différentes: le premier est en faveur du rassemblement des cazas: d’un côté, le Akkar, Minieh et Dennieh constituent une circonscription et, de l’autre, Tripoli, Bécharré, Zghorta, Koura et Batroun.
Le second courant plaide en faveur du maintien du mohafazat en tant que circonscription unique. Mais d’après des sources renseignées, le découpage en deux circonscriptions semble devoir être adopté.
En ce qui a trait à la capitale, le président Salim Hoss s’oppose, apparemment, à son découpage en trois circonscriptions. Tout en disant que “le dernier mot revient au Conseil des ministres et à l’Assemblée”. Le chef du gouvernement adopte une position de principe - qui rejoint celle de son prédécesseur - mais s’interdit d’imposer son point de vue, si celui-ci va à l’encontre de la majorité parlementaire.

HARIRI NE CHÔME PAS
Pendant ce temps, M. Rafic Hariri ne chôme pas et use de tous les moyens pour empêcher le découpage de Beyrouth en plusieurs circonscriptions électorales, car il y va de son avenir politique, une telle mesure pouvant asséner un coup fatal à son leadership et  réduirait l’effectif de son bloc parlementaire...
L’ex-Premier ministre mène campagne à cet effet auprès de personnalités politiques et de chefs spirituels, les mettant en garde contre le découpage de la capitale et plaidant en faveur de son unité au plan électoral.
Dès la semaine prochaine, les positions des uns et des autres commenceront à se décanter, d’autant que toutes les parties politiques ont renoncé à leur cabale contre le Pouvoir et proclament leur appui au régime, afin de garantir leur avenir politique.
Effectivement, M. Hariri a renoncé à ses attaques contre le gouvernement et ouvert une nouvelle page avec le palais de Baabda où il multiplie ses visites ces derniers temps.
Après le “meeting” du Metn qui a eu lieu à Dbayeh la semaine dernière, on prête à M. Hariri l’intention de rassembler non moins de soixante mille personnes. Et ce, après avoir notifié le commandement syrien de sa disposition à coopérer avec le président Lahoud et à faciliter la tâche du Pouvoir.
Quoi qu’il en soit, tant les loyalistes que les opposants se préparent à participer à des élections législatives sur la base de la “formule des 13 circonscriptions”.
Par ailleurs, il y a lieu d’observer que le communiqué consignant les délibérations du dernier Conseil des ministres comportait la semaine dernière peu de décisions de caractère politique. Mais les milieux renseignés s’attendent que les prochaines séances dudit Conseil comportent des décisions importantes, concernant de nouvelles nominations et le pourvoi aux postes devenus vacants à la suite de la mise de plusieurs fonctionnaires à la disposition de la présidence du Conseil.
Enfin, les cercles politiques attendent non sans impatience le débat que l’Assemblée instituera les 7 et 8 décembre, sur la requête par laquelle M. Habib Hakim, député du Metn, demande la levée de l’immunité qui le couvre, pour pouvoir se présenter devant le magistrat instructeur chargé d’enquêter sur l’affaire de l’incinérateur de Bourj-Hammoud.
La tendance serait, dit-on, en faveur de la levée de l’immunité, laquelle serait suivie de la réactivation des dossiers judiciaires, en prévision de la relance de la réforme administrative.

NADIM EL-HACHEM

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