LE CARDINAL SFEIR DURANT UNE TOURNEE PASTORALE:
"NOTRE FORCE RESIDE DANS NOTRE UNION"
Le samedi 27 novembre, S.Em. le cardinal Mar Nasrallah Boutros Sfeir, patriarche maronite, a vécu une véritable “journée-marathon” qui l’a mené de Harissa jusqu’aux deux Metn (Nord et Sud) pour s’achever au collège de La Sagesse, à Achrafieh. Le jubilé des sœurs de Besançon, l’inauguration d’une nouvelle aile de l’hôpital Sainte-Thérèse à Hadeth, celle du nouveau siège de la Ligue maronite à la Quarantaine et la commémoration des 125 ans du collège de La Sagesse ont ponctué cette longue journée qualifiée d’historique. A chaque étape de ce périple, l’éminent prélat a reçu un accueil populaire et officiel des plus chaleureux. Il s’est exprimé à maintes reprises répondant à l’attente des citoyens et des fidèles, dont il connaît les craintes et les interrogations sur l’avenir. Il a redonné confiance aux foules en elles-mêmes et dans le Liban, une patrie souveraine, libre et indépendante répétant, constamment, ce conseil: “Restez unis”.


Sa Béatitude célébrant la messe en l’église St-Joseph,
assisté de NN.SS. Boulos Matar, Roland Abou-Jaoudé
et du R.P. Richard Abi-Saleh.

Le patriarche Sfeir a entamé cette journée par une messe solennelle qu’il a célébrée à la basilique Notre-Dame de Harissa, pour la clôture du jubilé du deuxième centenaire de la fondation des sœurs de Besançon. L’office s’est déroulé en présence de Mgr Lucien Dalloz, évêque de Besançon; de mère Marie Antoine, supérieure de la congrégation; de mère Noha Hajjar, supérieure provinciale et d’un grand nombre de religieuses venues de France et de Rome pour la circonstance.
A l’issue de cette cérémonie, il s’est dirigé vers Hadeth pour inaugurer une nouvelle aile de l’hôpital Sainte-Thérèse, accompagné de NN.SS. Roland Abou-Jaoudé, vicaire patriarcal; Paul Matar, archevêque de Beyrouth; Chucrallah Harb et Boulos Saadé et du père Awit.
Pour cette première visite qu’il effectuait dans la région, le patriarche maronite a eu droit à un véritable bain de foule. Tout au long du chemin, dans les localités du Metn-Nord et du Metn-Sud qu’il a traversées, des calicots et des banderoles lui souhaitaient la bienvenue. Sur son passage, les cloches ont carillonné et les fidèles étaient massés des deux côtés de la route pour l’accueillir par des cantiques, des fleurs, du riz, sous des arcs de triomphe...
 

Les représentants du chef de l’Etat,
des présidents Berri et Hoss: MM. Murr,
Ziadé et Naaman au premier rang des
fidèles: à droite, le président Elias Hraoui.

Le R.P. Abi-Saleh remettant au 
cardinal Sfeir l’emblème de La
Sagesse.

Sur le parcours, le cardinal-patriarche a fait différents arrêts: à Bauchriyeh-Jdeidé, tout d’abord; puis, à Sin el-Fil, à Aïn el-Remmaneh-Chiyah, à Hazmieh et au croisement de Baabda. Il a reçu les clés des villes et prononcé des paroles allant droit au cœur y ramenant l’espoir, la foi et la confiance en l’avenir.
S’adressant aux foules à chaque étape, il affirme: “Vous avez vécu des moments très durs pendant dix-sept années et nous espérons que cette épreuve est révolue à jamais; que les jours à venir seront meilleurs. Le Liban sait par ses fils comment revenir à sa souveraineté, son indépendance, sa liberté, qui sont dans les cœurs. Il n’y a pas de crainte pour le Liban.”
A l’entrée de Baabda, il affirme: “Baabda a toujours été un siège de gouvernement et le demeure.” Il insiste, aussi, sur “la solidarité entre tous les Libanais, car le pays ne peut être bâti que par les bras de ses fils de toutes les communautés, une seule communauté ne peut édifier une patrie.”
 

Le chef spirituel des maronites entouré
des Drs Karam Karam, Michel Moussa
et Pierre Daccache, lors de la séance 
oratoire à l’hôpital Sainte-Thérèse à Hadeth.

Le nouveau comité administratif de
l’Amicale des anciens de La Sagesse.
Au premier plan, le cardinal Sfeir, NN.
SS. Khalil Abi-Nader, Roland 
Abou-Jaoudé et Boulos Matar.

A Hadeth, l’accueil est absolument délirant et le bain de foule à nul autre pareil. Le chef de l’Eglise maronite est reçu au son de la fanfare, des cloches qui sonnent à toutes volées, par une parade de cavaliers, des moutons égorgés, du riz, des fleurs, par les congrégations et les cantiques, par les scouts, les écoliers et, bien sûr, par tous les officiels, le Dr Antoine Karam, président de la municipalité de Hadeth, en tête.
Des jeunes avaient brandi des portraits du général Aoun; d’autres des fanions des Forces libanaises. Sur l’un des calicots, on lisait: “On veut connaître le sort de nos détenus, dont certains sont en Syrie”.
Le patriarche s’adresse à la foule dans la cour de l’église Notre-Dame: “Votre église est la plus belle; soyez unis et solidaires entre vous et autour de votre archevêque Mgr Paul Matar qui a organisé cet accueil. Nous vous souhaitons des jours de prospérité.” Le cardinal Sfeir se dirige, alors, vers l’hôpital Sainte-Thérèse où il est accueilli au milieu d’une foule incroyable par les Drs Karam Karam et Michel Moussa, ministres de la Santé, du Travail et des Affaires sociales; les députés et notables de la région; la supérieure de l’hôpital et son directeur, le député Dr Pierre Daccache, ainsi que par plusieurs personnalités politiques, religieuses, diplomatiques et militaires.
Le patriarche récite une prière d’action de grâce en la chapelle et bénit la nouvelle aile de l’hôpital. Il se dirige avec les officiels vers une grande salle de réception qui peut accueillir six cents personnes et pleine à craquer. Une séance oratoire a lieu, suivie à l’extérieur par des centaines de personnes sur des écrans géants.
 

Arcs de triomphe et bain de foule 
pour l’éminent prélat à Hazmieh.

Feu Mgr Ignace Moubarak, des
années de lutte pour l’indépendance.

Dans son allocution, le Dr Pierre Daccache rappelle comment l’hôpital situé sur la ligne de démarcation, a continué à fonctionner tout au long des années de guerre, sous les obus, dans l’insécurité et le manque total, préservant un même esprit de convivialité, accueillant les blessés de toutes les communautés sans aucune discrimination. L’hôpital poursuit en temps de paix sa vocation.
Le Dr Karam, président de la municipalité de Hadeth et la supérieure des sœurs de Sainte Thérèse, mère Pauline Farès ont, ensuite, pris la parole et le mot de la fin est revenu au patriarche Sfeir qui a rendu un vibrant hommage “à l’œuvre des religieuses de Sainte Thérèse et à l’action de l’hôpital au service des Libanais de toutes confessions et communautés”.
La longue journée du cardinal Sfeir était loin de s’achever. Après Hadeth, il s’est rendu à la Quarantaine (secteur Mar Mikhaël) afin de bénir le nouveau siège de la Ligue maronite. Il y est accueilli par une foule nombreuse et par le vice-président du Conseil, Michel Murr, représentant le chef de l’Etat; par le député Camille Ziadé et le ministre Issam Naaman, représentant les présidents de la Chambre et du Conseil; par Pierre Hélou, président de la Ligue maronite et les membres du conseil de la Ligue; par les présidents Charles Hélou, Elias Hraoui, Hussein Husseini, Rachid Solh, ainsi que par de nombreux ministres, députés et personnalités.
Dans son allocution, M. Pierre Hélou remercie sa béatitude de sa visite à une institution laïque et rappelle que les objectifs de la Ligue, sont conformes à ceux du patriarcat, qu’il s’agisse de l’application du document national, du retour des déplacés, de l’équilibre démocratique au niveau du pays. M. Hélou affirme que “la Ligue maronite est passée de la phase de l’action spontanée à celle de l’action étudiée, programmée toujours en contact étroit et permanent avec Bkerké”. Le patriarche a répondu en retraçant, brièvement, l’historique de la Ligue maronite il y a près d’un demi-siècle, son statut et ses objectifs au niveau de la communauté maronite en particulier et du Liban, en général, “objectifs qui n’ont pas changé”. Il conclut sur la nécessité “de renforcer la coopération entre la hiérarchie religieuse et les institutions laïques, le siège partiarcal étant le premier dépositaire de la tradition et du patrimoine”.


Une foule particulièrement dense a
réservé au cardinal-patriarche un accueil
enthousiast sur la place publique de Hadeth.

Le collège de La Sagesse à Achrafieh fut l’ultime étape de la longue journée du patriarche.
A six heures du soir, Mar Nasrallah Boutros Sfeir arrive à l’église Saint-Joseph de La Sagesse où il est accueilli par le Père Richard Abi-Saleh, supérieur du collège; par le vicaire général de l’archevêque de Beyrouth Mgr Joseph Merhej, par une foule d’anciens Sagessiens, d’officiels et de citoyens. L’objet de cette visite étant le lancement du jubilé des 125 ans de fondation de La Sagesse. Le patriarche célèbre la messe en présence d’un grand nombre d’officiels, dont les représentants du président de la République, des chefs du Législatif et du gouvernement.
Dans son homélie, il donne un aperçu de l’historique de La Sagesse qui fête ses 125 ans, des prélats qui l’ont accompagné au fil des ans. “La Sagesse a incrusté dans le cœur de ses élèves, en plus des connaissances scientifiques et littéraires, les principes religieux, les valeurs morales et humanitaires; elle leur a appris, de même, à être actifs dans leur milieu.
“La Sagesse s’est démarquée, aussi, par l’esprit patriotique qu’elle a inculqué à ses élèves. De nombreux hommes responsables de ce pays, de toutes les communautés, sont d’anciens Sagessiens (...) Peut-on oublier les années de lutte pour l’indépendance, les meetings oratoires qui se déroulaient dans la cour de ce collège où s’élevait la voix de Mgr Moubarak et des orateurs du parti Kataëb réclamant le départ du mandataire?...”
A la fin de l’office religieux, l’archevêque de Beyrouth Mgr Matar a prononcé une allocution remerciant le patriarche Sfeir de sa visite avant d’évoquer les valeurs et messages qu’il incarne tout comme ses prédécesseurs.
Toute l’assistance s’est, alors, déplacée vers le nouveau siège de l’amicale des anciens et la visite du patriarche s’est achevée par un dîner offert en son honneur, auquel ont pris part de nombreux officiels politiques et religieux. Plusieurs allocutions furent prononcées par Mgr Matar, Me Rachid Jalkh, membre de la municipalité de Beyrouth et par l’ambassdeur Adib el-Kantar, au nom des anciens Sagessiens et par l’ancien chef de l’Etat, Elias Hraoui.
Dans un mot de la fin et pour clôturer cette journée-marathon et la rencontre à La Sagesse, le cardinal Sfeir a adressé un message aux personnes présentes et, à travers elles, à tous les Libanais disant: “Ma dernière recommandation est que nous restions toujours unis, car nous avons à faire face à des jours difficiles, peut-être même plus durs que les dix-sept années que nous avons vécues, alors que notre terre s’embrasait. Mais cette fois, nous ne savons même pas d’où viendrait la braise. Notre seule arme est de rester unis, chrétiens et musulmans, dans la diversité de nos rites”.
N.H.

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