La Revue du Liban consacre régulièrement des pages illustrées aux pays du maghreb arabe. Cette rubrique hebdomadaire couvre les événements politiques, économiques, sociaux et culturels de la tunisie, du maroc, de l’algérie, de la libye et de la mauritanie.

TUNISIE

BEN ALI, HÔTE OFFICIEL DE MOUBARAK
CONCERTATION POUR RÉALISER LA STABILITÉ ET LA SÉCURITÉ
DANS LA RÉGION ET STIMULER LE DÉVELOPPEMENT

Le président Zein El-Abidine Ben Ali a effectué, dernièrement, une visite officielle en Egypte à l’invitation du président Mohamed Hosni Moubarak.
Première du genre que le chef de l’Etat tunisien effectue à l’étranger depuis sa réélection le 24 octobre dernier pour un nouveau mandat de cinq ans, cette visite, souligne l’agence officielle tunisienne de presse TAP, qui reflète la profondeur des relations historiques et civilisationnelles établies entre la Tunisie et l’Egypte et atteste de la solidité des liens de fraternité et de coopération unissant les deux pays, revêt “une importance majeure” et vient consacrer “la ferme volonté politique qui anime les dirigeants tunisien et égyptien de hisser la coopération bilatérale au niveau des aspirations des deux peuples frères”.
La même source relève, dans ce contexte, “la convergence des approches” tunisiennes et égyptiennes concernant les questions régionales et internationales, “ce qui constitue une plate-forme favorable au développement de cette coopération sur des bases solides”. L’agence rappelle, dans le même ordre d’idées, l’accord signé par Tunis et Le Caire en mars 1998, relatif à la mise en place d’une zone de libre-échange visant à impulser les investissements et les projets de partenariat et à intensifier les échanges commerciaux pour les porter de 75 millions de dinars tunisiens (environ 85 millions USD) actuellement à 100 millions de DT (120 millions USD) en l’an 2000.
 

Le président Zein El- Abidine Ben Ali 
accueilli au bas de la passerelle
par le président Hosni Moubarak.
M. Mohamed Ghannouchi.

BEN ALI: FAIRE FACE AUX DÉFIS DANS LES MEILLEURES CONDITIONS
A son arrivée à l’aéroport international du Caire, le président Ben Ali a été chaleureusement accueilli par le président Moubarak qui lui a donné l’accolade et lui a souhaité la bienvenue.
Dans une déclaration faite à cette occasion, le président tunisien a indiqué que sa visite en Egypte “s’inscrit dans le cadre de nos contacts permanents et de notre attachement constant, de part et d’autre, à consacrer le dialogue et la concertation au sujet des voies et moyens d’aller sans cesse de l’avant dans la promotion des relations tuniso-égyptiennes, de même qu’en ce qui concerne les questions d’intérêt commun aux plans arabe, africain et international et, en premier lieu, le processus de paix au Proche-Orient, la réalisation de la stabilité et de la sécurité dans la région et la stimulation du développement économique dans nos pays, en cette période que caractérise la cadence de plus en plus rapide des mutations et des changements et qui exige de notre part un surcroît de concertation et de coordination pour faire face aux différents défis, dans les meilleures conditions”.
Après s’être déclaré convaincu que cette visite donnera des résultats fructueux pour la consolidation des relations tuniso-égyptiennes et le raffermissement de la coopération et de la solidarité à l’échelle de l’ensemble du monde arabo-musulman, le président Ben Ali s’est félicité des contacts, visites et rencontres qui ont lieu entre les responsables des deux pays et les représentants du secteur privé, formant l’espoir qu’ils se multiplieront encore davantage à l’avenir pour favoriser l’instauration d’un partenariat économique réel entre les deux pays, au profit des intérêts mutuels et dans le sens de l’aspiration commune à la solidarité et à la complémentarité.

SOMMET AFRO-EUROPÉEN AU CAIRE EN L’AN 2000
Peu après son arrivée dans la capitale égyptienne, le président Ben Ali a eu des entretiens avec son hôte au siège de la présidence de la République égyptienne à Misr Al Jadida.
Les relations tuniso-égyptiennes et les perspectives du renforcement et de diversification de la coopération bilatérale, ainsi que les questions d’actualité régionale et internationale, ont été au centre de cette rencontre.
Le porte-parole officiel de la présidence de la République tunisienne a indiqué que les entretiens qui ont permis de passer en revue l’évolution des solides relations de fraternité unissant la Tunisie et l’Egypte, ont fait ressortir la volonté commune de conférer à ces relations un caractère privilégié, en les consolidant et en les enrichissant davantage.
Les deux chefs d’Etat se sont félicités du rythme de la concertation entre les deux pays et de la diversification de la coopération bilatérale qui s’est renforcée par l’instauration d’une zone de libre-échange entre eux. Dans ce cadre, l’accent a été mis sur la nécessité de dynamiser cette zone à travers l’encouragement des investissements communs et la facilitation des missions d’hommes d’affaires.
Les deux présidents ont, également, souligné l’importance de la poursuite des concertations politiques et du suivi de l’exécution des décisions de la haute commission mixte de coopération.

MAGHREB: VOLONTÉ DE LA TUNISIE DE S’EMPLOYER
À RENFORCER LE CLIMAT DE CONFIANCE
S’agissant des questions d’ordre régional, le président Zein El-Abidine Ben Ali a évoqué le processus maghrébin et les efforts déployés par la Tunisie, en vue de réactiver les structures de l’Union du Maghreb arabe (UMA). Il a réaffirmé la volonté de la Tunisie de persévérer dans cette voie afin de renforcer le climat de confiance dans la région, de manière à consolider les fondements de l’édifice maghrébin en tant que choix stratégique et à en faire un interlocuteur à part entière et un partenaire agissant dans le contexte des mutations régionales et internationales.

P.-O.: PRÉOCCUPATION FACE À LA POURSUITE
DE LA POLITIQUE DE COLONISATION ISRAÉLIENNE
Au sujet du processus de paix au Proche-Orient qui a constitué un des axes essentiels de cette rencontre, les présidents Ben Ali et Moubarak ont réaffirmé leur soutien à ce processus jusqu’à la réalisation de ses objectifs, conformément au référentiel onusien et à la légalité internationale. Ils ont souligné la nécessité d’intensifier les efforts pour assurer la réussite du processus de paix, eu égard à l’étape délicate qu’il traverse.
Le président Ben Ali a exprimé la préoccupation de la Tunisie face à la poursuite de la politique de colonisation israélienne, soulignant l’impératif de continuer à soutenir toutes les parties arabes concernées par les négociations.

RENFORCER L’ACTION ARABE COMMUNE
La situation sur la scène arabe a fait l’objet d’un échange de vues entre les deux chefs d’Etat qui ont souligné le souci de renforcer l’action arabe commune et de faire évoluer les mécanismes y afférents, mettant en relief, à ce propos, les projets proposés par la Tunisie et l’Egypte relatifs à la création d’un mécanisme de prévention des conflits, au code d’honneur et à la Cour de justice arabe.
Les présidents tunisien et égyptien ont, par ailleurs, évoqué le projet de tenue en l’an 2000, au Caire, d’un sommet afro-européen. Ils ont insisté sur la nécessité de préparer conjointement ce sommet avec la partie européenne, de manière à en assurer la réussite aux différents niveaux et à instaurer des relations euro-africaines fondées sur la coopération, la solidarité et le respect mutuel.

CONFÉRER UNE DIMENSION STRATÉGIQUE
AU PROCESSUS EURO-MÉDITERRANÉEN
Evoquant le partenariat euro-méditerranéen, le président Zein El-Abidine Ben Ali a souligné l’importance de ce processus en tant que projet civilisationnel d’avenir, mettant l’accent sur la nécessité de la coordination et de la concertation entre les pays arabes et méditerranéens au service de leurs intérêts réciproques, afin de conférer au processus une dimension stratégique pour la coopération, la sécurité et la stabilité dans la région, a conclu le porte-parole.



TUNISIE

TUNIS ABRITE LE VIIIÈME CONGRÈS DES HOMMES
D’AFFAIRES ET INVESTISSEURS ARABES
BEN ALI APPELLE À LA RÉALISATION DE LA GRANDE ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE ARABE

Le président Zein El-Abidine Ben Ali a appelé les pays arabes à œuvrer ensemble pour instaurer la grande zone de libre-échange arabe qu’il a qualifiée de “stratégique pour l’avenir”.
Dans un discours adressé à l’ouverture du VIIIème congrès des hommes d’affaires et investisseurs arabes tenu à Tunis, discours dont lecture a été donnée par le Premier ministre tunisien, M. Mohamed Ghannouchi, le président Ben Ali a souligné que le parachèvement de la construction de la grande zone arabe de libre-échange constitue “un objectif essentiel pour réaliser un bond qualitatif dans l’action arabe commune, parfaire notre potentiel d’adaptation aux changements et développer notre compétitivité face aux divers blocs économiques qui existent dans les différentes régions du monde”.


M. Mohamed Ghannouchi ouvrant
le VIIIème congrès des hommes
d'affaires et investisseurs arabes.

ŒUVRER POUR LA CRÉATION D’UN MARCHÉ COMMUN ARABE
Il a évoqué dans ce contexte les nouvelles opportunités offertes par le programme de démantèlement tarifaire dont la plupart des pays arabes ont entamé la mise en œuvre et qui s’étendra sur dix ans, indiquant que ce programme représente un jalon qui en appelle d’autres, afin d’élargir les domaines de libre-échange de manière à ce qu’ils englobent tous les biens et services, outre l’établissement d’une union douanière entre les Etats arabes devant déboucher, effectivement, sur la création d’un marché commun arabe.
Après avoir rappelé les réformes économiques de grande envergure introduites par la plupart des Etats en vue de consacrer le choix de l’efficacité, de renforcer l’esprit d’initiative et de s’ouvrir sur l’extérieur, le chef de l’Etat tunisien a fait remarquer qu’en dépit de ces efforts, les relations économiques interarabes ne se sont pas hissées au niveau correspondant aux potentialités existantes, relevant que les échanges entre les Etats arabes sont restés dans des proportions modestes, au-dessous de 10 pour cent de l’ensemble de leurs échanges commerciaux avec l’étranger, de même que les investissements interarabes qui n’excèdent pas 2,2 milliards de dollars, sont insignifiants par rapport aux capitaux arabes investis hors du monde arabe.
Le président Ben Ali a affirmé que la création d’un marché commun arabe est “l’ambition de tous nos peuples, compte tenu des vastes perspectives qu’il ouvre devant leur développement économique et leur progrès social”. Il a souligné qu’il s’agit d’un “projet d’avant-garde qui nécessite un effort continu d’harmonisation des politiques et des programmes de développement et exige le concours plein et entier des élites arabes, en général et des hommes d’affaires de nos pays, en particulier”.
Plus de sept cents délégués des pays arabes et européens ont participé à ce congrès, réuni sur le thème de “l’investissement dans la zone de libre-échange arabe”, à l’initiative de la Ligue des Etats arabes et de l’Union générale des Chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture des vingt-deux membres de l’organisation panarabe.

RÉDUIRE LES OBSTACLES FACE AUX ÉCHANGES INTERARABES
La plupart des participants ont affirmé en substance la nécessité de développer les échanges commerciaux et les investissements interarabes et de réduire les obstacles freinant de tels échanges.
Ce processus a été présenté comme “incontournable” pour le monde arabe face à la mondialisation. Parmi les participants, figuraient le ministre des Finances et de l’Industrie de l’Etat des Emirats arabes unis et vice-gouverneur de Dubaï, cheikh Hamdane Al-Maktoum, ainsi que les ministres algérien et séoudien du Commerce, MM. Bakhti Belaïd et Oussama Fékih. Les responsables des Chambres de commerce, d’institutions financières et d’investissement de pays arabes et européens participaient au congrès qui regroupait, également, de nombreux chefs d’entreprises et opérateurs économiques, ainsi que des responsables des départements économiques de la Ligue arabe.
Les débats ont porté, notamment, sur les modalités et les perspectives de la réalisation du projet de zone de libre-échange arabe décidée en janvier 1998 par la Ligue arabe et dont l’entrée en vigueur doit intervenir en 2008, avec une diminution progressive des barrières douanières et tarifaires de 10% tous les ans.
Les participants ont, également, discuté de l’impact économique et social de la mondialisation, du soutien à apporter aux petites et moyennes entreprises et du rôle du secteur bancaire dans l’impulsion des échanges interarabes, ainsi que des rapports avec certains pays européens dont la France et l’Italie.

CRÉER UN RÉSEAU ARABE D’INVESTISSEMENT
A la clôture du congrès, le président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA/organisation patronale), M. Hédi Djilani, a relevé que ces assises avaient permis de renforcer les contacts entre les investisseurs arabes et d’approfondir la réflexion sur l’instauration d’un marché commun arabe, mettant l’accent sur la nécessité de créer un réseau arabe pour les investissements à même de contribuer à la consolidation des liens entre les hommes d’affaires arabes.
Il a évoqué les multiples opportunités qui s’offrent à l’investissement dans les pays arabes, de nature à créer un emploi pour chaque citoyen arabe, soulignant l’impératif d’encourager les hommes d’affaires à investir dans les pays arabes en œuvrant, notamment, à assouplir les procédures douanières et à faciliter la circulation des marchandises arabes à travers le monde arabe.



MAROC

LA FAMILLE BEN BARKA, DE RETOUR AU MAROC APRÈS 36 ANS D’EXIL

La famille du dirigeant de la gauche marocaine, Mehdi Ben Barka, disparu en 1965 à Paris après avoir été enlevé, est retournée au Maroc pour une quinzaine de jours après 36 ans d’exil.


La famille de Mehdi Ben Barka à son arrivée à Rabat.

Arrivés à Rabat en provenance de Paris, l’épouse de l’opposant syndicaliste marocain, Rhita; ses trois fils Bachir, Saad et Mansour; sa fille Faws; leurs conjoints et enfants, ainsi qu’un des frères de Rhita, ont été accueillis dans le salon d’honneur par trois ministres marocains.
Parmi ces derniers, figurait Mohamed El-Yazghi, ministre de l’Aménagement du territoire et numéro deux de l’Union socialiste des forces populaires (USFP, gauche), dont M. Ben Barka était l’un des fondateurs.
Des parlementaires et des proches de la famille restés au Maroc étaient, également, présents, tandis qu’à l’extérieur de l’aéroport, quelque 300 militants des droits de l’homme brandissaient des photos de disparus marocains.
A quelques centaines de mètres de l’aéroport, Bachir, le fils aîné du dirigeant disparu, a arrêté sa voiture pour attendre les journalistes et leur montrer le chemin de la maison dans laquelle il résidera avec sa famille, lors de son séjour sur le sol marocain.
C’est là que Bachir a lu avec beaucoup d’émotion une brève déclaration, d’abord en arabe; puis, en français, dans laquelle il a, notamment, remercié le roi Mohamed VI du Maroc “de l’attention qu’il a apportée à notre retour et de ses vœux de bienvenue”.
“Notre première pensée, a-t-il déclaré, se dirige vers notre mère pour son combat à nos côtés, à la mémoire de son mari et de notre père Mehdi Ben Barka qui a sacrifié sa vie pour l’indépendance du Maroc, pour ses idéaux et a combattu pour la construction d’une société démocratique et progressiste”.
Bachir a estimé que l’accueil reçu pouvait être considéré “comme le meilleur hommage à la mémoire de Mehdi et une preuve que sa pensée et son action ont été et sont toujours vivantes”.
L’enlèvement, le 29 octobre 1965, en plein Paris et la disparition de Mehdi Ben Barka, impliquant autorités marocaines et policiers français, avait contribué à ternir le règne du roi Hassan II, décédé en juillet dernier. L’affaire n’a jamais été totalement élucidée malgré deux instructions judiciaires en France et le corps n’a jamais été retrouvé.
En 1967, lors du second procès en France, la Justice française avait notamment condamné par contumace le général Mohamed Oufkir, ministre marocain de l’Intérieur à l’époque, à la réclusion à perpétuité.
Cette condamnation sans précédent d’un ministre en exercice, avait provoqué un gel des relations franco-marocaines pendant deux ans.

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