DÉPUTÉ DE AKKAR TALAL MÉRAABI:
“LA RESPONSABILITÉ NATIONALE EXIGE UN DIALOGUE FRANC ET CONSTRUCTIF”

"Le régime parlementaire et démocratique exige l’existence d’une opposition, mais celle-ci doit être constructive et ses critiques ne doivent pas excéder un plafond déterminé”, soutient M. Talal Méraabi, député de Akkar.
En ce qui concerne la nouvelle loi électorale, il souhaite qu’elle soit équilibrée et équitable, “de manière à traiter l’électorat dans toutes les circonscriptions sur le même pied d’égalité”.
Le parlementaire nordiste pense qu’une telle loi ne peut être statique et est sujette à révision, pour répondre aux impératifs de l’heure.
Quant aux alliances électorales du Liban-Nord, il est possible, dit-il, qu’elles se perpétuent à l’avenir.
 

M. Méraabi juge l’opposition nécessaire dans un régime parlementaire et démocratique comme le nôtre, à condition qu’elle soit constructive et n’excède pas un plafond déterminé. “Les opposants sont tenus d’engager le dialogue avec le Pouvoir, d’autant que le pays et la région traversent une étape délicate et difficile.
Nous devons faire face à d’importantes échéances au cours des prochains mois, en rapport avec l’éventuelle relance des négociations de paix, la pression permanente de l’Etat hébreu sur le Liban en vue de dissocier les volets syrien et libanais et l’éventuel retrait israélien de la région méridionale du pays.
Ceci exige de nous de resserrer les rangs pour consolider le front intérieur, la responsabilité nationale exigeant de nous tous, tant loyalistes qu’opposants, un dialogue franc et constructif.
Il va sans dire que le dialogue comporte deux volets: intérieur et extérieur. Il a gagné en violence ces derniers temps et risque de s’envenimer davantage au fur et à mesure qu’approchera la date des prochaines législatives, le découpage des circonscriptions ayant fait monter davantage la tension. Cependant, le volet extérieur est plus important, étant donné la gravité de la conjoncture régionale, tout affaiblissement du front intérieur pouvant se répercuter, négativement, au niveau des défis auxquels le Liban sera confronté dans les mois à venir.

L’éventuel retrait israélien du Liban-Sud, peut-il avoir quel-que retombée sur les élections législatives de l’an 2000?
Les responsables israéliens tiennent des propos par rapport au rapatriement de leurs troupes du Sud et de la Békaa-ouest, dans le but d’induire l’opinion internationale en erreur. Ils veulent laisser croire qu’ils sont pour la paix, mais que la Syrie et le Liban y sont réfractaires.
Naturellement, le contraire est vrai. Libanais et Syriens tiennent à une paix juste et globale, à instaurer sur la base des résolutions de la légalité internationale que l’Etat hébreu refuse d’appliquer. Si Israël se retire, personne ne cherchera à le retenir. Qu’il évacue donc ses troupes, sans exiger aucune garantie ni accord de notre part. Et ce, en application de la résolution 425 qui exige un retrait israélien inconditionnel.
En ce qui a trait aux élections générales, je ne vois nullement la nécessité de les reporter. Au contraire, j’estime qu’il faut les organiser dans le délai constitutionnel au mois d’août 2000 et il en sera ainsi, à moins de développements imprévus.
De toute façon, Israël ne peut rien obtenir en recourant aux solutions militaires qui n’ont donné jusqu’ici que des résultats opposés à ceux qu’il cherche à obtenir.

Comment concevez-vous la nouvelle loi électorale?
Je suis pour une loi équitable traitant toutes les circonscriptions et l’électorat sur le même pied d’égalité, affranchie des “exceptions” qui avaient entaché celle sur base de laquelle ont été organisées les législatives de 92 et 96.
Le découpage des circonscriptions doit s’effectuer selon les mêmes critères. D’autre part, il est impérieux de limiter les dépenses, pour mettre un terme à la “puissance de l’argent” qui fausse la volonté populaire.
Par ailleurs, il importe de donner les mêmes chances à tous les candidats, en leur accordant le même temps à l’antenne dans les moyens officiels d’information.

Que pensez-vous de la “formule des 13 ou 14 circonscriptions?
Il n’y a encore rien de définitif à ce sujet. L’important est que le même découpage soit appliqué à toutes les régions.

Qu’en est-il des alliances électorales au Liban-Nord?
Celles de 1996 restent valables. Certains changements s’y produiront, mais on ne peut en définir la nature avant de connaître le découpage des circonscriptions.

Continuez-vous à coopérer avec M. Issam Farès?
Notre alliance persiste et nous coordonnons nos activités avec toutes les forces politiques, pour parvenir à une solution convenable. Tout dépendra, par la suite, comme je l’ai déjà dit, du découpage des circonscriptions.

Vous attendez-vous à un remaniement gouvernemental avant les prochaines législatives?
Je me suis déjà prononcé contre le remaniement, mais pour le changement de Cabinet si ce dernier devait se produire. Je ne m’attends donc pas à un changement, ni à un remaniement ministériel, du moins pour le moment et l’actuel Cabinet sera maintenu jusqu’aux législatives de l’an 2000.

Etes-vous satisfait de l’action gouvernementale et comment vous situez-vous à l’égard du Cabinet?
Mon collègue, Mohamed Kabbara et moi-même, avons accordé une confiance conditionnée au gouvernement. Evaluant son action, j’estime que certains ministres agissent dans le bon sens, d’autres non. Certains ministères ou administrations œuvrent encore à la manière ancienne, ce qui constitue un gaspillage et une perte de temps. La routine administrative de certains ministères doit être modifiée et la réforme administrative doit reprendre son cours, afin d’instaurer l’Etat de loi et des institutions. Je crois que les choses vont dans ce sens.

Le plan de la réforme administrative considéré comme lent sera-t-il poursuivi?
Il a trébuché. J’apprécie le gouvernement pour sa bonne action et le critique s’il commet une erreur. Le rôle du député consiste, d’ailleurs, à dire la vérité en ce qui concerne l’action gouvernementale.

Qu’est-il advenu des réunions périodiques des députés du Liban-Nord?
Nous tenons deux réunions en été. A partir d’août dernier, nos réunions se sont arrêtées. Dans l’attente des découpages administratifs, nous reprendrons ces réunions qui relèvent du développement et des services et donnerons notre avis sur la situation. Elles n’ont pas trait aux alliances parlementaires.

Comment qualifiez-vous vos relations avec le président Karamé?
Elles sont ordinaires.

... et avec le président Hariri?
Les liens qui nous unissaient persistent, chaque région ayant ses particularités.

Vous insistez toujours sur le principe du développement équilibré. Sera-t-il réalisé au cours de cette étape?
J’ai constaté que la plupart des régions étaient défavorisées. S’il y avait eu un développement équilibré avant 1975, nous aurions pu éviter bien des choses. Nous avons admis à Taëf le principe du développement équilibré qui est la base de la stabilité politique et économique. Tout responsable au Pouvoir doit s’occuper de toutes les régions et représenter tous les Libanais.
Le développement équilibré ne concerne pas, uniquement, les projets mais, aussi, la politique. Le président Lahoud est déterminé à le réaliser, afin de placer le Liban parmi les pays évolués et modernes.

Que pensez-vous de l’accord de Taëf dix ans après son adoption?
Le mal n’est pas dans l’accord, mais dans son application.
J’espère que la situation s’améliorera, l’intérêt national devant l’emporter sur toutes les considérations, car nous devons œuvrer sur la base nationale et non partisane ou confessionnelle.

Propos recueillis par
HALA HUSSEINI

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