Le
projet de loi électorale a été soumis mercredi à
la Chambre siégeant en séance plénière. Le
texte gouvernemental devait être ratifié au terme d’une réunion-marathon,
bien que le bloc haririen ait annoncé son opposition au projet.
Dans le même temps, soixante-six députés ont signé
une proposition de loi visant à amender la Constitution, à
l’effet de ramener à 18 ans l’âge du vote.
Le projet de loi électorale que l’Assemblée aura ratifié
au mo-ment où paraîtront ces lignes, a fait l’objet de critiques
dont cer-taines étaient justifiées. Nous avons formulé
la semaine der-nière un grief, en déplorant la non réduction
de l’âge du vote à 18 ans, ceci privant 10 pour cent des Libanais
de leur devoir électoral.
Les responsables peuvent avoir leur raison pour avoir différé
cette décision et le gouvernement aura été amené
à la révéler au cours du débat parlementaire
ayant précédé l’adoption du projet en question.
Certains lecteurs n’ont pas trouvé à leur goût
notre commentaire favorable, dans l’ensemble, à la “réforme”
électorale que nous avons présentée comme la meilleure
possible dans les circonstances présentes, partant du fait que la
perfection n’est pas de ce monde.
D’ailleurs, le ministre de l’Intérieur qui a élaboré
le projet mentionné, a reconnu samedi en recevant le conseil de
l’Ordre des journalistes, que le texte gouver-nemental n’était pas
parfait, mais pouvait résoudre 80 pour cent des problèmes
auxquels les citoyens sont confrontés, le projet étant en
harmonie avec la conjoncture locale.
Nous n’irons pas jusqu’à dire avec Rafic Hariri que la loi est
“honreuse”. En fait, elle l’est beaucoup moins que la loi sur base de laquelle
ont été organi-sées les législatives de 92
et 96 qui avaient été boycottées par une large frange
de l’électorat.
Cela dit, nous avons écrit, également, que “le dernier
mot est aux votants”, en ce sens que ceux-ci doivent avoir toute latitude
d’accorder leurs suffrages aux candidats les plus représentatifs,
aptes à assumer leur rôle en tant que législateurs
et censeurs de l’Exécutif. Ce qui n’est pas toujours le cas.
Dans son discours d’investiture, le chef de l’Etat a demandé
aux citoyens “de juger les responsables sur leurs actes et non sur leurs
visages”.
Au cours des quatre dernières années, les Libanais
ont eu suffi-samment de temps pour juger leurs représentants sous
l’hémi-cycle, sur base de leur comporte-ment et de leur souci de
servir l’intérêt public, plutôt que leur intérêt
personnel ou celui de leur clan.
L’électeur est donc appelé à voter en faveur des
candidats qu’il considère le plus capables d’œuvrer pour le bien
de la nation et des citoyens. En ne se laissant nullement influencer par
des considérations qui n’ont rien à voir avec la probité,
la compétence, l’abnégation et l’intérêt supérieur
de la patrie.
Le plus souvent, l’électeur cède à des considérations
d’ordre familial, clanique ou humain: il accorde son suffrage au candidat
qui se signale par son assiduité à assister aux circonstances
sociales: naissance, mariage, fiançailles et décès.
Certains, aussi, se laissent influencer par la “puissance de l’argent”,
mais celle-ci devra perdre beaucoup de son impact par l’application d’une
loi fixant le plafond des dépenses que les candidats peuvent engager
dans leur campagne.
En bref, quelle que soit la loi régissant le scrutin, le votant
doit pouvoir dire le dernier mot dans la consultation populaire et permettre
l’accession à la Chambre des éléments les plus qualifiés,
méritant de siéger sous l’hémicycle. |