QUAND
LES ARTISTES S’AMUSENT À ?PREUVE D’ARTISTE...
Des objets
uniques, extravagants, parfois utilitaires, de la sculpture en bois, en
papier mâché, en bronze, en terre cuite, des tableaux peints,
non sur toiles, mais sur bois, jouant les reliefs, les superpositions de
matériaux divers... Quand les artistes s’amusent chez Epreuve d’Artiste,
nous redevenons comme chaque année, de grands enfants qui écarquillent
les yeux devant tant de créativité, tant d’astuces, tant
de merveilles.
Les “Plissements de texte”, de Michèle Tadros.
“La procession”, format réduit de Nadim Karam.
Les artistes que nous connaissons déjà et d’autres qui fourbissent
leurs armes pour rentrer dans le domaine des arts, réussissent à
chaque coup à nous surprendre en nous offrant en guise d’étrennes,
en cette période de Noël, les vagabondages de leur imagination
débordante, dont le résultat sont ces pièces qui,
tout en restant des œuvres d’art, deviennent sous leurs mains des œuvres
ludiques et esthétiques à la fois, travaillées dans
des matériaux inusuels.
Les artistes ont donc laissé au vestiaire leurs interrogations
et le droit chemin qu’ils suivaient, pour faire l’école buissonnière...
Une trêve bien méritée qui nous convient si bien.
Dans ce grenier à trésor, les plus difficiles trouveront
leur bonheur.
Il faut saluer le choix de Mme Amal Traboulsi, propriétaire
des lieux, à avoir déniché de jeunes talents, d’avoir
poussé d’autres à participer à cette aventure, un
événement attendu par toute une clientèle avide de
curiosité, appréciant l’insolite, le jamais-vu, l’esthétique
et, surtout, les prix très accessibles, chose à ne pas négliger
par les temps qui courent.
Il y a là les “galets totems” de Bernard Ayoub. Des galets polis
par la caresse des vagues et les mains du sculpteur qui leur a donné
une touche très personnelle.
Une œuvre de Georges Merheb.
Les sculptures en bronze de Nicole Bouldoukian.
Névine Mattar, en fourmi ingénieuse, avec une infinie
patience, a créé des vitrines-tableaux, astucieusement éclairées,
gorgées de miniatures reproduisant des scènes d’intérieur.
“La cuisine à midi”, “Le four de grand-mère”... Tout un petit
monde emprisonné dans la nostalgie de la créatrice, scènes
qui ont pris corps et âme, grâce à son talent.
Joseph Khoury présente des brûle-encens, des bougeoirs,
des “taku wakan”, un terme utilisé par les Indiens d’Amérique
du Sud pour désigner toute chose sacrée ou issue elle-même
d’un pouvoir magique.
Très originaux, ces “taku wakan” concrétisent l’esprit
de la nature puisqu’ils sont le fruit de l’eau, de la terre, de l’air et
du feu.
Nicole Bouldoukian a repris le thème qui lui est cher: les oiseaux,
pour les immobiliser dans leur envol et les garder prisonniers de son amour
pour eux, en les coulant dans du bronze. Très stylisées,
très linéaires, nous avons apprécié l’épure
des lignes, de ces sculptures.
Maya Eid, elle, n’a pas fini de nous ravir; elle propose ses mini-personnages,
des baigneurs et des baigneuses, saisis dans des poses différentes.
Astucieuse Maya, qui s’est servie de la pâte à modeler
et les articulant à chaque fois différemment, a pris leur
empreinte dans du sable, pour ensuite les couler dans du bronze qu’elle
a repeint.
Il faut absolument s’arrêter devant ce bord de mer envahi par
toute une foule en maillot d’époque. Vraiment irrésistible.
Autre stand original, celui occupé par Chadia Najjar qui offre
des boucles d’oreille, des colliers, des broches, des porte-clés,
réalisés avec des pièces récupérées
dans des postes de télévisions anciennes, dont certaines
sont signées Rosenthal.
Un art de la récupération intelligente et esthétique.
Michèle Tadros tient une place importante dans cette manifestation
avec ses “Plissements de texte”.
Avec des livres trouvés aux puces, selon le grammage du papier,
sa qualité, sa couleur, Michèle plie les pages des ouvrages,
un procédé rappelant celui utilisé encore aujourd’hui
par les Japonais et qui se concrétisent ici en de véritables
sculptures de papier, proposées sur chevalet.
Nadim Karam a eu l’heureuse idée de mettre à notre portée
la procession fantastique, en représentant les mêmes personnages,
réduisant leur format afin qu’on puisse les exposer dans nos maisons.
Kamille Allam a encore une fois été dans la nature pour
trouver son bonheur. Ramassant des brindilles et des branchages, il nous
donne à voir ses sculptures. Tout un bestiaire.
Mais ce n’est pas en une visite que vous pourrez satisfaire votre curiosité...
Difficile de tout garder en mémoire!
N’oubliez surtout pas de voir les colliers comme de la dentelle fine,
comme de la poussière d’étoiles de Marya Azoun, les cadres
de Sharon Greenlun-Metni, les sculptures de Maguy Khoury, les plateaux
et les boîtes ornés de collages de Roula Bazergi, les panneaux
en bois peints de Georges Merheb, les sculptures totémiques de Noha
el Raad, les tables basses de Mouna Bassili-Sehnaoui, les assiettes, les
supports d’abat-jour, les vases en céramique de Maroun Hakim, les
œuvres de Poppy, surtout cette étrange sculpture réalisée
avec des matériaux de récupération et ce tableau poétique
dédié au Petit Prince où l’on peut lire: “Il est comment
ton paradis?” Pour l’instant, c’est ici le paradis, où pour quelque
temps, on a oublié le quotidien pour une récréation
fantastique .
Mais, puisqu’il y a toujours un mais, dans chaque histoire, une cloche
a sonné, nous rappelant qu’il était temps de rentrer... dans
le monde des adultes.