En prévision de la reprise des pourparlers avec l’Etat hébreu et pour faire face à tous les développements au plan régional, le Liban se prépare à y faire face, parce que le facteur temps paraît fondamental, l’opération de paix devant, semble-t-il, se précipiter au cours des prochains mois.
COMMISSIONS DE TRAVAIL ET SALLE DES OPÉRATIONS
Les milieux qualifiés, apprenons-nous, ont commencé à
constituer les commissions de travail et à leur répartir
les tâches, chacune d’elles devant prendre en charge des dossiers
déterminés. Ces commissions formeront, en définitive,
une “équipe de l’ombre” aux côtés du négociateur
libanais; voire la “cuisine” qui lui fournira les formules à défendre,
étayées d’arguments probants face à l’interlocuteur
israélien.
Ces commissions traitent des aspects militaire, sécuritaire
ou juridique à l’échelle internationale, politique et diplomatique.
Les membres qui les composent ne seront pas connus, contrairement à
ceux qui constitueront la délégation officielle.
De plus, une “salle des opérations” politico-diplomatique gèrera
les questions en rapport avec les pourparlers de paix, rattachée
directement aux instances responsables et avec Damas.
Selon des sources renseignées, la dernière touche sera
donnée la semaine prochaine à ces préparatifs, au
moment où la délégation syrienne aura repris le chemin
de Washington pour y engager le second round des négociations.
Le président Nabih Berri a déclaré que le dossier
relatif aux pièces de valeur ayant disparu des sites archéologiques,
suite à leur invasion en 1978 et par la suite, par les forces israéliennes,
ce dossier a été mis au point, indiquant la nature des objets
à récupérer et les endroits où ils ont été
subtilisés.
Le président de la Chambre a critiqué ceux qui craignent
pour la souveraineté du Liban et son indépendance, à
cause de son absence, jusqu’ici, des négociations de Washington.
Réaffirmant la concomitance des volets libanais et syrien, le chef
du Législatif a dit: “Nous reprendrons les négociations dès
que l’intérêt libanais l’exigera. Or, cet intérêt
rejoint celui de Syrie et ne peut en être dissocié.”
CONCERTATIONS LIBANO-SYRIENNES
D’ailleurs, les concertations se poursuivent, en permanence entre Beyrouth
et Damas, M. Farouk Chareh, ministre syrien des A.E., étant venu
lundi dernier au palais de Baabda, aux fins de mettre au courant le chef
de l’Etat, les présidents de la Chambre et du Conseil, de la teneur
de ses entretiens avec le Premier ministre israélien dans la capitale
fédérale.
Rien n’a transpiré, officiellement, de la rencontre entre les
présidents Lahoud, Berri et Hoss avec le chef de la diplomatie syrienne.
Cependant, d’après des sources bien informées, l’opération
de paix devrait évoluer dans la bonne voie, au point que les négociations
pourraient déboucher sur un résultat concret au cours des
prochains mois, probablement au début de l’été prochain.
M. Chareh a rassuré ses interlocuteurs libanais quant à
la position de son pays envers le Liban, en affirmant qu’il s’est interdit
“de parler au nom du Liban ou de négocier à sa place à
Washington”.
De plus, il a informé les responsables libanais de la teneur
d’un message en ce sens que le président Hafez Assad a adressé
au président Clinton.
Quant à la relance des pourparlers sur le volet libanais, le
ministre syrien des A.E. a précisé qu’elle interviendra vraisemblablement
après le second round des pourparlers syro-israéliens prévu
le 3 janvier. L’invitation serait adressée au Liban avant le 15
de ce mois, probablement le 10 janvier.
On s’attend, en conséquence, que les consultations s’intensifient
entre Beyrouth et Damas, au double échelon présidentiel et
ministériel, en vue de préparer les prochains rounds des
négociations.
GEL DES PROBLÈMES INTERNES
La situation au plan intérieur avait connu ces deux dernières
semaines un gel notoire, étant donné le dossier régional
qui accapare l’attention des sphères gouvernementales.
Au cours du dernier Conseil des ministres, le président Salim
Hoss a redéfini la position libanaise aux négociations avec
l’Etat hébreu, rappelant les points principaux devant figurer à
l’ordre du jour: l’application de la résolution 425 du Conseil de
Sécurité, la libération des Libanais détenus
dans les prisons israéliennes, le problème des eaux, le droit
au retour des réfugiés palestiniens et les dédommagements
exigés pour les dégâts d’ordre humain et matériel
causés au Liban et à ses infrastructures par les raids ennemis.
Quant à la délégation officielle, on sait qu’elle
sera présidée par M. Michel Murr, ministre de l’Intérieur,
en sa qualité de ministre p.i. des Affaires étrangères.
Les membres de la délégation seront choisis parmi les éléments
versés dans les questions militaires, sécuritaires et spécialisés
dans les conventions internationales.
RETRAIT SIMULTANÉ DU GOLAN ET DU SUD
Le visite de M. Chareh au palais de Baabda (celui-ci ayant réitéré
l’insistance de Damas sur un retrait simultané du Golan, du Liban-Sud
et de la Békaa ouest), facilite la tâche des responsables
libanais quant à la constitution de la délégation
aux négociations et à la coordination avec la Syrie, le progrès
sur le volet syrien étant de nature à accélérer
la relance des pourparlers sur le volet libanais.
La veille de la venue du ministre syrien des A.E., le président
Hoss a déclaré que “la solution pacifique du conflit israélo-arabe
était imminente”, avant de définir les constantes libanaises
sur la base desquelles le négociateur libanais discutera avec les
Israéliens.
Le chef du gouvernement a insisté sur la résolution 425
exigeant le retrait inconditionnel des forces israéliennes jusqu’aux
frontières du Liban internationalement reconnues. “Nous reprendrons
les négociations dans un climat portant à l’optimisme. Nous
souhaitons, toutefois, que l’Etat hébreu ne complique pas la situation
par son intransigeance. Le règlement de la crise paraît inéluctable.
Mais quand interviendra-t-il? Cela dépend de la disposition d’Israël
à favoriser une solution juste. Quoi qu’il en soit, la partie arabe
n’a plus aucun inconvénient à signer un traité de
paix avec Israël, après que ce dernier eut conclu des accords
similaires avec l’Egypte, la Jordanie et l’Autorité palestinienne.”
Parallèlement aux négociations de paix, le projet de
loi électorale a été au centre des délibérations,
jeudi dernier, à la commission parlementaire de l’Administration
et de la Justice. Le texte gouvernemental devait être examiné
par la Chambre des députés ayant siégé mercredi
en séance plénière.
M. Hussein Husseini a proposé l’adoption du mohafazat en tant
que circonscription électorale “comme le stipule l’accord de Taëf”,
mais M. Rafic Hariri a rappelé que cet accord prévoyait le
découpage du Liban en douze circonscriptions. Le débat s’est
terminé sans qu’une modification soit apportée au projet
sur ce chapitre.
Toujours est-il que, voulant insinuer qu’il se souciait peu de la loi
électorale, quelle qu’en soit la mouture, “parce qu’il est suffisamment
fort”, M. Hariri reprend sa cabale contre le Cabinet, au cours des iftars
qu’il offre en sa résidence de Koraytem ou de ses rencontres avec
les chefs des quartiers à Mazraa et Achrafieh, circonscription où
on lui prête l’intention de poser sa candidature, bien que son nom
soit enregistré à Ras-Beyrouth.