RELANCE DES NÉGOCIATIONS DE PAIX AVEC LE LIBAN À LA MI-JANVIER
HOSS: “LE RÈGLEMENT DU CONFLIT PARAÎT INÉLUCTABLE”
L’étape est celle des négociations et bien des questions se posent autour de ce sur quoi elles déboucheront, comme de leurs retombées au plan local.
Cette question est tellement importante, qu’elle a éclipsé les divers autres sujets à tous les niveaux. Peut-il ne pas en être ainsi, alors que la région tout entière a pâti des guerres au cours de plus d’un demi-siècle, avec leurs affres et leurs drames?

En prévision de la reprise des pourparlers avec l’Etat hébreu et pour faire face à tous les développements au plan régional, le Liban se prépare à y faire face, parce que le facteur temps paraît fondamental, l’opération de paix devant, semble-t-il, se précipiter au cours des prochains mois.

COMMISSIONS DE TRAVAIL ET SALLE DES OPÉRATIONS
Les milieux qualifiés, apprenons-nous, ont commencé à constituer les commissions de travail et à leur répartir les tâches, chacune d’elles devant prendre en charge des dossiers déterminés. Ces commissions formeront, en définitive, une “équipe de l’ombre” aux côtés du négociateur libanais; voire la “cuisine” qui lui fournira les formules à défendre, étayées d’arguments probants face à l’interlocuteur israélien.
Ces commissions traitent des aspects militaire, sécuritaire ou juridique à l’échelle internationale, politique et diplomatique. Les membres qui les composent ne seront pas connus, contrairement à ceux qui constitueront la délégation officielle.
De plus, une “salle des opérations” politico-diplomatique gèrera les questions en rapport avec les pourparlers de paix, rattachée directement aux instances responsables et avec Damas.
Selon des sources renseignées, la dernière touche sera donnée la semaine prochaine à ces préparatifs, au moment où la délégation syrienne aura repris le chemin de Washington pour y engager le second round des négociations.
Le président Nabih Berri a déclaré que le dossier relatif aux pièces de valeur ayant disparu des sites archéologiques, suite à leur invasion en 1978 et par la suite, par les forces israéliennes, ce dossier a été mis au point, indiquant la nature des objets à récupérer et les endroits où ils ont été subtilisés.
Le président de la Chambre a critiqué ceux qui craignent pour la souveraineté du Liban et son indépendance, à cause de son absence, jusqu’ici, des négociations de Washington. Réaffirmant la concomitance des volets libanais et syrien, le chef du Législatif a dit: “Nous reprendrons les négociations dès que l’intérêt libanais l’exigera. Or, cet intérêt rejoint celui de Syrie et ne peut en être dissocié.”

CONCERTATIONS LIBANO-SYRIENNES
D’ailleurs, les concertations se poursuivent, en permanence entre Beyrouth et Damas, M. Farouk Chareh, ministre syrien des A.E., étant venu lundi dernier au palais de Baabda, aux fins de mettre au courant le chef de l’Etat, les présidents de la Chambre et du Conseil, de la teneur de ses entretiens avec le Premier ministre israélien dans la capitale fédérale.
Rien n’a transpiré, officiellement, de la rencontre entre les présidents Lahoud, Berri et Hoss avec le chef de la diplomatie syrienne. Cependant, d’après des sources bien informées, l’opération de paix devrait évoluer dans la bonne voie, au point que les négociations pourraient déboucher sur un résultat concret au cours des prochains mois, probablement au début de l’été prochain.
M. Chareh a rassuré ses interlocuteurs libanais quant à la position de son pays envers le Liban, en affirmant qu’il s’est interdit “de parler au nom du Liban ou de négocier à sa place à Washington”.
De plus, il a informé les responsables libanais de la teneur d’un message en ce sens que le président Hafez Assad a adressé au président Clinton.
Quant à la relance des pourparlers sur le volet libanais, le ministre syrien des A.E. a précisé qu’elle interviendra vraisemblablement après le second round des pourparlers syro-israéliens prévu le 3 janvier. L’invitation serait adressée au Liban avant le 15 de ce mois, probablement le 10 janvier.
On s’attend, en conséquence, que les consultations s’intensifient entre Beyrouth et Damas, au double échelon présidentiel et ministériel, en vue de préparer les prochains rounds des négociations.

GEL DES PROBLÈMES INTERNES
La situation au plan intérieur avait connu ces deux dernières semaines un gel notoire, étant donné le dossier régional qui accapare l’attention des sphères gouvernementales.
Au cours du dernier Conseil des ministres, le président Salim Hoss a redéfini la position libanaise aux négociations avec l’Etat hébreu, rappelant les points principaux devant figurer à l’ordre du jour: l’application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité, la libération des Libanais détenus dans les prisons israéliennes, le problème des eaux, le droit au retour des réfugiés palestiniens et les dédommagements exigés pour les dégâts d’ordre humain et matériel causés au Liban et à ses infrastructures par les raids ennemis.
Quant à la délégation officielle, on sait qu’elle sera présidée par M. Michel Murr, ministre de l’Intérieur, en sa qualité de ministre p.i. des Affaires étrangères. Les membres de la délégation seront choisis parmi les éléments versés dans les questions militaires, sécuritaires et spécialisés dans les conventions internationales.

RETRAIT SIMULTANÉ DU GOLAN ET DU SUD
Le visite de M. Chareh au palais de Baabda (celui-ci ayant réitéré l’insistance de Damas sur un retrait simultané du Golan, du Liban-Sud et de la Békaa ouest), facilite la tâche des responsables libanais quant à la constitution de la délégation aux négociations et à la coordination avec la Syrie, le progrès sur le volet syrien étant de nature à accélérer la relance des pourparlers sur le volet libanais.
La veille de la venue du ministre syrien des A.E., le président Hoss a déclaré que “la solution pacifique du conflit israélo-arabe était imminente”, avant de définir les constantes libanaises sur la base desquelles le négociateur libanais discutera avec les Israéliens.
Le chef du gouvernement a insisté sur la résolution 425 exigeant le retrait inconditionnel des forces israéliennes jusqu’aux frontières du Liban internationalement reconnues. “Nous reprendrons les négociations dans un climat portant à l’optimisme. Nous souhaitons, toutefois, que l’Etat hébreu ne complique pas la situation par son intransigeance. Le règlement de la crise paraît inéluctable. Mais quand interviendra-t-il? Cela dépend de la disposition d’Israël à favoriser une solution juste. Quoi qu’il en soit, la partie arabe n’a plus aucun inconvénient à signer un traité de paix avec Israël, après que ce dernier eut conclu des accords similaires avec l’Egypte, la Jordanie et l’Autorité palestinienne.”
Parallèlement aux négociations de paix, le projet de loi électorale a été au centre des délibérations, jeudi dernier, à la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice. Le texte gouvernemental devait être examiné par la Chambre des députés ayant siégé mercredi en séance plénière.
M. Hussein Husseini a proposé l’adoption du mohafazat en tant que circonscription électorale “comme le stipule l’accord de Taëf”, mais M. Rafic Hariri a rappelé que cet accord prévoyait le découpage du Liban en douze circonscriptions. Le débat s’est terminé sans qu’une modification soit apportée au projet sur ce chapitre.
Toujours est-il que, voulant insinuer qu’il se souciait peu de la loi électorale, quelle qu’en soit la mouture, “parce qu’il est suffisamment fort”, M. Hariri reprend sa cabale contre le Cabinet, au cours des iftars qu’il offre en sa résidence de Koraytem ou de ses rencontres avec les chefs des quartiers à Mazraa et Achrafieh, circonscription où on lui prête l’intention de poser sa candidature, bien que son nom soit enregistré à Ras-Beyrouth.

NADIM EL-HACHEM

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