DÉPUTÉ DE DENNIEH JIHAD AS-SAMAD:
“LA FORMULE DES QUATORZE CIRCONSCRIPTIONS
SUSCITERA DES PROBLÈMES, SPÉCIALEMENT AU NORD”
M. Jihad As-Samad, député de Dennieh, soutient que: “Toute loi électorale doit servir l’intérêt du peuple libanais et préserver les constantes, en raison des spécificités de notre société formée de plusieurs communautés.
Aussi, se prononce-t-il en faveur d’une loi électorale “qui soit le fruit d’un consensus national, afin d’éviter toute perturbation au plan de la représentation au sein de l’Assemblée”.
De ses relations avec les instances politiques du Liban-Nord, M. As-Samad les qualifie de normales, en insinuant que certaines d’entre elles - qu’il s’abstient de citer nommément - les ont compromises par leurs prises de position inadéquates.
De la gestion gouvernementale, il juge “qu’elle n’a pas été au niveau souhaité”, disant que “la plupart des membres du Cabinet n’assument pas leurs attributions en tant que ministres, mais que “super-fonctionnaires”.

A propos du découpage du Liban en quatorze circonscriptions, le parlementaire nordiste émet ces réflexions: “Le chef de l’Etat a défini les principes sur la base desquels la nouvelle loi électorale devait être élaborée. Celle-ci devait être équilibrée et traiter toutes les régions du pays sur le même pied d’égalité, de manière à assurer une représentation saine et l’intégration nationale.
Puis, dans l’optique présidentielle, on devait opter pour une circonscription intermédiaire, plus grande que le caza et plus petite que le mohafazat.
La formule des quatorze (circonscriptions) qui a été retenue, en définitive, suscitera des problèmes inextricables, spécialement au Liban-Nord.
Quoi qu’il en soit, je me conforme à toute loi susceptible de servir l’intérêt supérieur de la nation et de garantir l’intégration nationale.

D’aucuns soutiennent que le projet de loi électorale ne peut assurer une représentation saine de la volonté populaire. Qu’en dites-vous?
Nous vivons dans un pays qui se préoccupe de préserver ses constantes nationales, lesquelles favorisent la cohésion de notre peuple. Car notre société a une spécificité propre, en raison du grand nombre des communautés qui la composent. Je la fais ressembler à la mosaïque qui doit conserver son unité pour paraître belle.

FAVORABLE AUX MOHAFAZATS
Vous semblez favorable au retour aux mohafazats?
Effectivement, à condition que le Mont-Liban soit partagé en deux ou trois circonscriptions, contrairement aux autres districts qui devraient préserver leur unité au plan électoral.

Approuvez-vous la séparation du caza de Dennieh de celui de Minieh?
Je prendrai position à ce sujet sous l’hémicycle, au moment où le projet de loi électorale sera soumis à l’Assemblée en séance plénière. De toute manière, il est préférable que ce projet fasse l’objet d’un consensus national.
Je voudrais rappeler ici qu’avant la promulgation de la loi portant création des caïmacamats en 1993, Dennieh était connu sous l’appellation de “caza de Tripoli” et constituait une unité géographique s’étendant du littoral jusqu’au jurd.
Cette région était connue comme celle de Dennieh, dont Minieh était la plus grande localité et, en quelque sorte, le chef-lieu.
La loi de 1993, appelée “loi de la sédition”, a semé les germes de la discorde entre les habitants d’une même région. Je m’y étais opposé à l’époque et j’avais présenté à la Chambre une proposition de loi en vue de son amendement pour réparer l’erreur commise.

QUID DES ALLIANCES ÉLECTORALES?
De nouvelles alliances vont commencer à se nouer en prévision des législatives de l’an 2000. Allez-vous maintenir votre accord avec M. Sleiman Frangié?
Indépendamment des élections, j’entretiens des rapports historiques avec la plupart des députés non seulement nordistes, mais avec ceux de toutes les régions. Je n’ai pas l’habitude de renoncer à mes amitiés.
Quant aux alliances électorales, elles seront envisagées au moment opportun. En ce qui me concerne, je suis en bons termes avec toutes les parties. Cependant, certains hommes politiques ont des problèmes, non seulement avec moi mais avec bon nombre de collègues. Vous devriez leur poser cette question.
Mais M. As-Samad s’abstient de citer des noms...

COURANT HARIRIEN AU NORD
M. Hariri interviendra-t-il dans les législatives du Liban-Nord?
Il va sans dire que le courant haririen tente de jouer un rôle dans les élections législatives du Liban-Nord.

On dit que les élections législatives n’auront pas lieu à leur date prévue. Qu’en dites-vous?
Selon mes renseignements, elles auront lieu à la date prévue, sauf en cas de circonstances contraignantes. Les retraits israéliens dont il est question, servent les intérêts de l’Etat hébreu qui ne nous concernent pas. Notre intérêt consiste en l’unité des volets libanais et syrien.

LA RÉFORME, INCOMPLÈTE
Comment évaluez-vous le processus de la réforme administrative?
Le plan de la réforme administrative est incomplet et n’a pas donné le résultat escompté. Les nominations et les mutations devaient être réalisées d’un seul coup, après une étude détaillée et objective, afin d’atteindre l’objectif recherché.

Comment évaluez-vous la gestion gouvernementale?
La gestion gouvernementale n’a pas été au niveau souhaité, d’autant plus que dans leur majorité, les ministres n’assument pas leurs fonctions en tant que ministres, mais en tant que “super-fonctionnaires”.

Comment est votre relation avec les ministres et le Cabinet?
Elle est normale. Certains ministres “non politiques” ne savent pas se comporter.
Le Cabinet doit être politique et ses membres doivent se signaler par leur honnêteté et leur compétence. La classe politique en compte beaucoup, à condition de respecter les constantes adoptées par le régime, afin d’instituer l’Etat des institutions. Tout système démocratique nécessite la présence d’une opposition. J’approuve l’opposition constructive, en appuyant le gouvernement pour sa bonne action et en le critiquant en cas d’erreur.

Propos recueillis par
HALA HUSSEINI

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