EN RÉPRIMANT AVEC VIGUEUR L’ACTION DES INTÉGRISTES
LE POUVOIR A ÉCRASÉ LA SÉDITION DANS L’ŒUF

A l’avènement du IIIème millénaire, on s’attendait que la vague de terrorisme et d’extrémisme perdît de son acuité, l’humanité ayant eu assez des catastrophes et des horreurs ayant marqué le dernier quart de siècle.

Il semble, cependant, que des plans suspects continuent à être élaborés dans l’ombre, visant à déstabiliser notre pays qui traverse l’étape la plus délicate de son Histoire.
Le Liban aurait franchi sans remous le passage au XXIème siècle, si les graves incidents de Dennieh n’avaient pas perturbé le climat des fêtes de fin d’année, posant plus d’un point d’interrogation sur l’identité de ceux qui les ont planifiés et exécutés, ainsi que sur l’objectif qu’ils se proposent d’atteindre. D’autant que ces incidents se sont produits la veille du départ pour la Virginie (USA) de la délégation syrienne aux négociations de paix, alors que le Liban se prépare à les engager à son tour.
Selon certaines sources, ces incidents pourraient poser de nouveau le dossier des armes des milices, dont la plupart ont été dissoutes. En effet, la saisie des armes et des munitions dans les caches du mouvement intégriste “At-Takfir wal-Hijra”, prouve que ces milices conservent leurs arsenaux.
Ces incidents rouvriront bien d’autres dossiers relatifs à des forfaits ayant été perpétrés dans plus d’une région libanaise, dans lesquels sont impliqués des éléments fondamentalistes.

TENTATIVE DE SÉDITION
Il y a lieu de relever que le Liban-Nord est l’unique région, après Saïda, où des troubles se produisent de temps à autre, compromettant la sécurité intérieure. Elle laisse l’impression que ce district ou certains de ses secteurs échappent à l’autorité légale.
Les incidents de Dennieh et les remous dont le Sud est souvent le théâtre, semblent viser à compromettre la stabilité intérieure et, partant, à affaiblir la position du négociateur libanais. Ceci sert l’intérêt d’Israël qui réclame l’arrêt des opérations de la Résistance au Liban-Sud, car ces troubles prouvent, selon Tel-Aviv, que le Pouvoir libanais n’est pas en mesure d’imposer la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire national.
Une source responsable fait état, en tout cas, de “projets de sédition” israéliens tendant à compromettre la sécurité intérieure, mais la lucidité des Libanais et leur vigilance mettront en échec tous les plans de l’ennemi. Ceci est d’autant plus facilité, que l’Armée libanaise est parfaitement soudée et épaulée par un peuple uni et solidaire.
Aussi, les responsables ont-ils réagi avec force pour faire face à la sédition. Le Conseil des ministres a tenu une réunion exceptionnelle, mardi, alors que la troupe avait mis en déroute les islamistes dans le jurd de Dennieh et arrêté plusieurs dizaines de membres du mouvement intégriste, une vingtaine d’entre eux ayant été tués au cours des affrontements, surtout aux environs de Kfarhabou, village du caza où a été trouvée la dépouille du commandant Milad Naddaf, les rebelles l’ayant exécuté avant de prendre la fuite.
Il est naturel que le Conseil des ministres saisisse la Cour de justice des graves incidents de Dennieh, parce qu’ils constituent une atteinte à la sécurité de l’Etat et à l’Armée.
Il en est de même de l’attaque contre l’ambassade de Russie à Mazraa, perpétrée par un partisan d’Abou-Mahjane, chef d’un mouvement palestinien ayant été condamné par contumace à la peine capitale et objet d’un mandat d’arrêt.
Il est clair que les groupes intégristes opérant en territoire libanais, sont manipulés et financés par une même partie extérieure, d’aucuns soupçonnant l’existence d’un lien entre ces groupes et le dissident séoudien, Oussama Ben Laden.

L’ASSASSINAT D’UNE RELIGIEUSE
D’autre part, certains établissent un lien entre l’assassinat de la religieuse antonine, Sœur Antoinette Zeidane et les attentats, dont des lieux de culte ont été la cible au Liban-Nord et ailleurs.
L’Etat, apprenons-nous, a pris les dispositions nécessaires pour étouffer la sédition dans l’œuf, les fomentateurs de troubles visant par leurs crimes à affaiblir la position des négociateurs libanais et syriens. En ce sens que les perturbateurs tentent de surcharger ces négociateurs d’un nouveau dossier chaud, celui des camps palestiniens, ce qui sert, en définitive, l’intérêt de l’Etat hébreu.
Tous ces événements dramatiques ont nécessité une concertation rapide entre les présidents Lahoud et Hoss au palais de Baabda, au terme de laquelle décision a été prise de convoquer le Conseil des ministres à l’effet de prendre les décisions qui s’imposent.
La position du Pouvoir a été renforcée par celle des instances politiques, religieuses et sécuritaires qui ont réprouvé, unanimement, toute atteinte à la paix civile et à l’ordre public.
Aussi, le chef de l’Etat s’est-il félicité “des prises de position de la part des personnalités politiques, lesquelles ont dénoncé toute atteinte à la sécurité intérieure”, tout en magnifiant “l’action des effectifs de l’Armée, leurs sacrifices et le martyre de certains militaires pour préserver la patrie”.
Le président de la République qui a suivi, sans interruption, le déroulement des opérations, a donné des directives au commandement militaire pour sévir contre les rebelles et les pourchasser dans leurs derniers retranchements.
Sur un autre plan, le président de la République avait tranché, au préalable, la controverse autour de la formation de la délégation libanaise aux négociations de paix. A ce propos, il a invité en Conseil des ministres toutes les parties à traiter le dossier des négociations loin des surenchères.

QUID DE LA DÉLÉGATION LIBANAISE AUX NÉGOCIATIONS?
De plus, il a affirmé que le Liban n’entreprendra aucune initiative, avant qu’apparaissent  les résultats du second round des négociations syro-israéliennes qui aura permis de s’assurer de la bonne foi du négociateur israélien.
Le président Nabih Berri a abondé dans le même sens. De fait, en recevant les membres de l’Assemblée, comme il le fait chaque mercredi, le chef du Législatif a manifesté sa surprise face à la controverse autour de la constitution de la délégation libanaise aux négociations. Par ailleurs, M. Berri s’est étonné de ce que certains milieux laissent croire que le Liban a hâte d’engager le dialogue avec la partie israélienne, ce qui n’est nullement le cas.
D’après des sources renseignées, les présidents Lahoud et Berri ont proclamé leur position, après avoir détecté la tendance de certains à “confessionnaliser” l’affaire, pour présenter le Liban en tant que pays divisé sur lui-même, incapable de préparer ses dossiers et, surtout, de les défendre.
Enfin, le fait pour M. Walid Joumblatt d’avoir suggéré, à l’issue d’une visite à Bkerké, “de placer une personnalité maronite à la tête de la délégation officielle aux négociations”, a été diversement interprété et c’est ce qui a poussé Baabda et Aïn el-Tiné à tirer les choses au clair pour dissiper toute équivoque.

NADIM EL-HACHEM

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