BILL CLINTON REMET LE PROCESSUS SYRO-ISRAÉLIEN SUR LES RAILS
ISRAËL RÉCLAME 25 MILLIONS DE DOLLARS US COMME PRIX DE SON RETRAIT DU GOLAN

Depuis le trois janvier de l’an 2000, les délégations israélienne et syrienne présidées, respectivement, par le Premier ministre Ehud Barak et le chef de la diplomate Farouk Chareh, sont réunies à Shepherdstown en Virginie, pour un deuxième round de négociations de paix, qualifiées par Madeleine Albright, secrétaire d’Etat américain, “d’historiques”.
Le cadre de cette petite bourgade de 1000 habitants située à une centaine de Km de Washington, la douceur du climat et le cadre verdoyant du site sur les bords du fleuve Potomac, pourront peut-être contribuer à mettre un terme à un demi-siècle de conflit. Les délégations israélienne et syrienne résident dans le même hôtel, selon la volonté américaine qui cherche à favoriser les dialogues informels. Mais il faut du temps pour dégeler l’atmosphère entre les deux parties.
 

Rencontre tripartite entre Barak, Clinton et Chareh.

Le démarrage fut pénible. Au premier jour des pourparlers, le président Clinton n’ayant pas réussi à organiser une réunion tripartite, s’était contenté d’entretiens bilatéraux séparés avec Barak et Chareh. On craignait un début d’impasse, les deux parties étant en désaccord total sur l’ordre des priorités des dossiers à étudier. Damas souhaitait commencer, tout d’abord, par les modalités du retrait du Golan occupé en 67 et annexé en 81 par l’Etat hébreu, alors que les Israéliens entendaient donner la priorité aux questions de sécurité et à la normalisation des relations.
On se trouvait donc face à un obstacle de taille. Mais ni la détermination du président Clinton, décidé à faire la paix au Proche-Orient avant la fin de son mandat, ni l’assiduité infatigable de Mme Albright qui suit pas à pas le processus, n’allaient se laisser intimider par ce problème de parcours. D’autant plus que les deux parties antagonistes affichent leur volonté de parvenir à la paix.

LES OBSTACLES SURMONTÉS
Le président Clinton qui était retourné à Washington, reprend, mardi 4 janvier, le chemin de la Virginie pour voler au secours des négociations et leur donner un nouveau souffle. Il remet le processus syro-israélien sur les rails, en organisant une rencontre tripartite avec MM. Barak et Chareh en présence de Mme Albright, pendant une heure de temps.
Le chef de la Maison-Blanche propose, ensuite, pour surmonter l’obstacle initial, de créer quatre commissions conjointes de travail qui se pencheront, simultanément, sur les dossiers de base: le tracé des frontières, les relations diplomatiques, les problèmes de sécurité et l’eau.
Dès mardi soir, il y a eu des discussions informelles sur ces questions et le mercredi 5 janvier les commissions syro-israéliennes ont entamé leurs travaux.
La tâche n’est pas facile et James Rubin, porte-parole de la Maison-Blanche, devait indiquer “qu’il ne s’agissait pas de trouver un accord en une seule session de discussion”.

L’EAU, QUESTION CRUCIALE
L’eau empoisonne les relations israélo-syriennes depuis le milieu des années soixante. L’Etat hébreu qui souffre d’un déficit chronique en eau, veut obtenir de la Syrie la garantie qu’un retrait du Golan n’aurait pas de conséquences sur son approvisionnement en eau et souhaite préserver son contrôle sur le lac de Tibériade.
Si le tracé des frontières reste conforme à celui du 4 juin 1967, comme l’exige Damas, la Syrie reprendra pied sur les berges du lac de Tibériade et pourra revendiquer des droits sur ce réservoir d’eau et les sources du Banias.
On voit donc toute l’ambiguïté de cette question, c’est pour cela, sans doute, que l’Etat hébreu, envisagerait, d’après la radio israélienne, de proposer à la Syrie la création d’une zone franche touristique autour du lac de Tibériade, pour y maintenir son contrôle.

LE PRIX DE LA PAIX
Pour Israël, aussi, la paix a un prix bien élevé et Ehud Barak aurait déjà soulevé cette question avec le président Clinton. Tel-Aviv estime avoir besoin de 25 millions de dollars pour reloger les 17.000 colons juifs installés sur le plateau. Ceux-ci devraient être évacués en cas d’accord avec la Syrie. Israël aura besoin de déplacer ses bases militaires du Golan vers la Galilée et de déployer des systèmes sophistiqués d’alerte. Il voudrait de même être dédommagé pour toutes les infrastructures touristiques créées au Golan.
Le Congrès américain sera-t-il prêt à débourser cette somme, à laquelle s’ajouteraient 240 millions de dollars pour assurer le retrait de “Tsahal” du Liban-Sud?
Il faut attendre l’évolution des pourparlers pour savoir jusqu’à quel point l’Amérique est prête à s’impliquer sur le plan financier pour instaurer la paix au P.O.
 
ACCORD DE RETRAIT ISRAÉLO-PALESTINIEN
Le dossier israélo-palestinien a connu, le mardi 4 janvier, une détente suite à un double accord de retrait militaire de Cisjordanie conclu par les négociateurs en chef israélien, Obed Eran et palestinien, Saëb Erakat au cours d’une rencontre à Jérusalem.

L’accord a eu lieu avec près de deux mois de retard sur le calendrier des retraits militaires israéliens de Cisjordanie prévu par le mémorandum de Charm el-Cheikh signé le 5 septembre. Le premier retrait avait eu lieu en septembre comme prévu, le deuxième butait depuis le 15 novembre sur un désaccord entre Palestiniens et Israéliens sur la nature des régions que l’Etat hébreu avait décidé d’évacuer de manière unilatérale.
L’entente est faite et M. Erakat juge l’accord “satisfaisant pour les deux parties”. Il s’agit d’un retrait de 5% de Cisjordanie.
Le deuxième accord porte sur le troisième retrait de 6,1% de Cisjordanie et il entrera en vigueur le 20 janvier. 

VINGT COPTES MASSACRÉS EN HAUTE EGYPTE
Au village de Kochech, en Haute-Egypte, situé à 550 Km. au sud du Caire, des violences interconfessionnelles ont éclaté à partir du vendredi 31/12/99 entre coptes et musulmans, faisant au moins 20 morts parmi les premiers.

“Les musulmans nous ont attaqués dans les maisons, les champs et les commerces, affirme un copte blessé. Toute ma famille a été tuée sauf moi”.
Le gouvernement égyptien cherche, pour sa part, à réduire la tension, aidé des dignitaires religieux des deux communautés. D’importantes mesures de sécurité ont été prises dans la région pour calmer les esprits. Les funérailles des victimes se sont déroulées dans un climat de grande émotion et les coptes appellent l’Etat à les protéger. 

par NELLY HELOU

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