Evénements de la semaine
INTÉGRISME ET COMPLEXE DE FRUSTRATION...
Les analystes se perdent encore en conjectures sur les mobiles qui ont fait agir les rebelles de Dennieh et les objectifs qu’ils se proposaient d’atteindre. Pourtant, ces derniers sont aussi clairs que la lumière du soleil. Sans la riposte rapide et ferme des forces de l’ordre, les perturbateurs auraient, à Dieu ne plaise, réalisé leur dessein. D’aucuns tentent de justifier leurs agissements, en invoquant certaines raisons fallacieuses dont le complexe de la frustration. Le président Hoss a tiré les leçons des événements: “Il faut supprimer le confessionnalisme, sans abolir les communautés”. Mais comment?
 

Les Libanais se demandent, à juste raison, si la “série noire” est appelée à se perpétuer chez nous - sous quelles formes et dans quelles régions? - et si le retour au calme après les incidents de Dennieh serait une simple trêve.
L’angoisse de nos concitoyens, nous la détectons à travers leurs communications téléphoniques et leurs correspondances où ils développent des arguments dont certains sont convaincants et irréfutables.
Les Libanais ont raison de se méfier de l’intégrisme qui, après avoir sévi en Algérie, en Egypte, en Indonésie et ailleurs, se manifeste sous une forme violente dans nos murs.
Il y a eu, d’abord, le quadruple crime au palais de Justice de Saïda; puis, les attentats contre les lieux de culte à Tripoli, l’assassinat d’une religieuse à Kfarchima et le meeting toufayliste de Baalbeck (sans Toufayli, toujours en fuits), au lendemain des graves troubles au Liban-Nord.
L’intégrisme, rappelons-le, est une disposition d’esprit de groupes qui, prétendant préserver la doctrine et les préceptes de leur religion, répugnent à s’adapter aux conditions de la société moderne.
Qui est responsable de l’émergence du courant fondamentaliste? L’Amérique, répondent, certains analystes qui soupçonnent les Américains de s’être servis de ce courant pour combattre le communisme, notamment en Iran, où ils auraient sacrifié le chah, leur allié.
Maintenant que le danger communiste est conjuré, suite à l’effondrement de l’ex-URSS, les Américains assimilés au diable par Téhéran, sont incapables de freiner la vague fondamentaliste qui se manifeste sous diverses appellations: “Hamas”, les “Frères musulmans”, la “Jamaa” et le “Jihad” islamique, “At-Takfir Wal-Hijra”, la “ligue des partisans” et,  tout dernièrement, sous la houlette d’un certain Ben Laden...
Une autre cause aurait favo-risé l’éclosion de l’intégrisme, à savoir le “complexe de la frustra-tion” qui est un état de l’indivi-du dont une tendance ou un be-soin fondamental n’a pu être sa-tisfait; aussi, s’estime-t-il  refoulé par son environnement.
Pour éliminer le “complexe de la frustration”, plus d’un moyen s’offre à la société civile, le plus direct consistant à promouvoir, en le renforçant, le système démocratique, lequel suppose “l’égalité dans la justice pour tous les citoyens”. Le président Salim Hoss ne dit-il pas qu’il existe au Liban beaucoup de liberté et peu de démocratie?
Il faut donc remédier à cet état de choses; le plus tôt serait le mieux. Dans leurs homélies et prêches du Nouvel An et du Fitr, les chefs spirituels chrétiens et mahométans ont mis en garde contre les courants séditieux et engagé les citoyens de tous bords et tendances à resserrer les rangs pour déjouer les complets ourdis contre la patrie.
En plus de cela, il importe de concrétiser le développement équilibré dans toutes les régions, afin que les fondamentalistes n’aient plus aucune prise sur la fraction vulnérable de notre peuple, celle minée par la maladie, la misère et l’obscuran-tisme, une grande proportion de compatriotes vivant sous le seuil de la pauvreté.
Il faut, surtout, bien éteindre l’incendie, “car le feu mal éteint bientôt se rallume”... et “la haine se répand en surface et en profondeur”. 


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