NÉGOCIATIONS SYRO-ISRAÉLIENNES
UNE PERCÉE SYMBOLIQUE MAIS INSUFFISANTE
CLINTON: “NOUS SOMMES SUR LA BONNE VOIE”

Le second round des pourparlers syro-israéliens entamé le lundi 3 janvier, s’est achevé dans la nuit du dimanche 9 au lundi 10 à Shepherdstown. Les délégations des deux pays sont rentrées chez elles, alors qu’un troisième round a déjà été fixé au 19 janvier, à Maryland.
Cette semaine de pourparlers n’a peut-être pas donné des résultats tangibles et concrets, mais elle a réussi, à “déblayer le terrain”, tel que l’affirme le président américain qui se veut résolument optimiste.
 

Prochain round à Maryland, le 19 janvier.
 
Le Premier ministre israélien, Ehud Barak et le chef de la diplomatie syrienne, Farouk Chareh, ont rendu la vie dure durant cette semaine de pourparlers au président Clinton  qui a dû faire cinq fois la navette de Washington à Shepherdstown et s’impliquer, directement, dans les négociations pour remettre le processus sur les rails. Il a ainsi réussi à organiser trois réunions conjointes entre Barak et Chareh, la dernière rencontre marathonienne s’étant achevée par un dîner à son invitation.
A l’issue du deuxième round, il a exprimé sa satisfaction affirmant que les négociateurs israéliens et syriens “étaient très ouverts, très francs et ont évoqué tous les problèmes. Je pense qu’ils ont bien déblayé le terrain et abordé, pour la première fois, le fond de leurs divergences”.
L’implication directe de Washington dans ces pourparlers était de même évidente à travers le document de travail remis à MM. Barak et Chareh par Clinton, dans lequel il exprime son point de vue sur les positions des deux parties concernant les dossiers de base. “Ce document, précise James Rubin, porte-parole du département d’Etat, met en relief les points d’entente ou de désaccord, afin de préparer les prochaines rencontres et faire avancer le processus”.
Le Maryland a été choisi pour la troisième rencontre à partir du 19 janvier, à cause de sa proximité de Washington, pour permettre au chef de la Maison-Blanche d’être plus présent à ces négociations.

UN GRAND FOSSÉ EXISTE ENCORE
L’optimisme de M. Clinton n’est pas, pour l’heure, partagé par les protagonistes eux-mêmes, ni par les commentateurs politiques. Ceux-ci considèrent que “l’ampleur du fossé entre les deux camps reste inchangée, même s’il y a eu des avancées ne serait-ce que symboliques”.
De part et d’autre, les déclarations restent dures, même si chacun sait qu’il fait bien plus que quelques séances de discussions pour avancer sur la voie de la paix; c’est, précisément, l’objectif des rencontres à venir.
Entre-temps, à Damas, la radio officielle continue à affirmer que la restitution de la totalité du plateau du Golan occupé et annexé par Israël, ne devrait faire l’objet d’aucune discussion ou tractation et qu’elle constituait une condition à tout progrès dans les négociations de paix. La radio précise même que, lors de cette deuxième phase, la partie israélienne a tenté de modifier la mission du groupe de travail chargé du tracé des frontières sous prétexte “d’impératifs de sécurité” jugés par Damas sans fondement, ni légal ni légitime.
Israël, de son côté, tient un langage inflexible. Il n’y a qu’à relever les propos que David Levy, ministre des A.E. qui, de retour de Shepherdstown, a tenus à l’aéroport Ben Gourion, affirmant “que son pays n’accepterait pas de revenir aux lignes d’armistice du 4 juin 1967”.

LE RETRAIT DU GOLAN FAIT DES “VAGUES” EN ISRAËL
Au sein de l’Etat hébreu, Ehud Barak qui, à maintes reprises, s’est dit “prêt à des sacrifices douloureux”, est attendu au tournant par son opinion publique de plus en plus hostile à la rétrocession du Golan. Le succès de la manifestation organisée à Tel-Aviv par les colons du Golan, illustre toute la difficulté à laquelle le Premier ministre est confronté. La bataille de l’opinion publique s’annonce bien rude, d’autant plus que les récents sondages d’opinion donnent une majorité de 53 à 55% d’Israéliens opposés à un retrait total. La ratification, par référendum, d’un retrait du Golan, en échange de la paix avec Damas, s’avère ardue. La crise touche même le gouvernement de Barak: les ministres de l’Intérieur et de l’Habitat ont annoncé qu’ils démissionneraient au cas où le gouvernement approuverait un retrait aux lignes d’avant le 4 juin 1967.

NŒUD GORDIEN: LE TRACÉ DES FRONTIÈRES
Le tracé de la frontière israélo-syrienne constitue, évidemment, le point le plus sensible et le plus épineux des négociations. La Syrie veut récupérer la totalité du Golan. Israël, pour sa part, voudrait que ce retrait s’arrête à la frontière internationale et non pas à celle du 4 juin, afin que l’Etat hébreu puisse continuer à contrôler la rive-est du lac de Tibériade, sa principale ressource en eau.
La commission mixte syro-israélienne chargée de ce dossier, ainsi que les trois autres portant sur l’eau, les arrangements de sécurité et la normalisation des relations, se sont réunies pour la première fois le dimanche 9 janvier à Shepherdstown. A partir du 19 janvier, les négociations se poursuivront à Maryland et tant que le dialogue se poursuit avec une implication américaine directe, les chances de parvenir à une paix finale, de combler le fossé d’un conflit de cinquante ans, ne peuvent qu’augmenter de jour en jour. D’ailleurs, le président américain est convaincu que “les Syriens et les Israéliens se sont engagés à tenter de résoudre un demi-siècle de confrontation, dans les deux mois à venir”.
Faut-il croire?

QUID DU LIBAN?
On pensait que le Liban serait invité à des pourparlers de paix avec Israël, une fois le second round syro-israélien achevé. Il n’en a rien été dit pour l’heure. A l’issue de la rencontre de Shepherdstown, le président Clinton a tout juste formulé le souhait “de voir bientôt les Libanais engagés dans le processus”, sans donner de date, ni de précision. D’où l’inquiétude des Libanais d’être les laissés-pour-compte dans ce processus ou d’en payer les frais.
A partir de Paris, les courants de l’opposition politique en exil reprochent au Pouvoir libanais de chercher “à occulter ce qui se trame contre le Liban à Washington dans le cadre d’un règlement qui se ferait au détriment du Liban et de sa souveraineté”.
Dans leur communiqué, ils réclament le retrait de “toutes les armées d’occupation” (israélienne, iranienne, palestinienne et syrienne), afin de rétablir la liberté et l’indépendance du Liban”.


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