PORTE-PAROLE DE LA FINUL TIMOR GOKSEL:
“EN CAS DE RETRAIT-SURPRISE D’ISRAËL DU SUD,
NOS FORCES SONT CAPABLES D’Y ASSURER LA SÉCURITÉ”

"En cas de retrait israélien subit de la zone frontalière, la FINUL est capable de combler tout vide sécuritaire dans la région méridionale du Liban et d’y maintenir l’ordre et il n’y a pas lieu de craindre des affrontements entre la population sudiste et les partis”, a déclaré M. Timor Goksel, porte-parole des forces internationales stationnées au Liban-Sud.
“D’ailleurs, a-t-il ajouté, la résolution 425 du Conseil  de Sécurité confie aux Casques Bleus la mission de sauvegarder la sécurité et nous nous attendons à son application suite à la signature d’un accord entre le Liban et l’Etat hébreu”.
 

LA MISSION DE LA FINUL AU SUD
A la question: Comment évaluez-vous l’action des forces internationales?,
M. Goksel répond: Nous n’avons pas à nous déployer dans les positions actuelles. En vertu de la résolution du Conseil de Sécurité, les forces onusiennes devraient se déployer dans toute la zone frontalière, afin d’exécuter la mission qui leur incombe.
Nous ne sommes pas satisfaits de nous trouver dans ces positions et trouvons étrange le maintien de la FINUL au Liban-Sud durant tant d’années. Nous devions nous acquitter de notre mission ou nous retirer. Mais les Etats ayant mis des contingents à la disposition de la FINUL n’ont pas changé d’attitude, en ce sens qu’ils n’exigent pas l’application des résolutions relatives au Liban-Sud.

Si les Casques Bleus s’étaient déployés au Sud, que serait-il arrivé?
La FINUL n’est pas une organisation politique ou diplomatique pouvant prendre la décision de se déployer, celle-ci étant du ressort des instances internationales.
J’apprécie à sa juste valeur le succès réalisé par la diplomatie libanaise qui a réussi à faire renouveler le mandat des forces internationales d’une année à l’autre. Je précise, à ce propos, que la mission qui nous est confiée est la plus importante parmi celles, dont s’acquittent les Nations Unies partout dans le monde, du point de vue du nombre de nos effectifs et du temps qui s’est écoulé depuis leur envoi au Sud.

EXCELLENTS RAPPORTS AVEC LA POPULATION SUDISTE
Nous avons de la chance de nous trouver au Liban où nous entretenons les meilleurs rapports avec la population civile. Ceci a permis aux Casques Bleus de jouer leur rôle de la meilleure manière possible.
Je ne peux passer sous silence, à ce propos le fait que, durant la dure épreuve et en dépit du vide survenu au niveau de l’Etat à partir de 1978, les responsables de l’époque ont répondu favorablement à toutes nos requêtes et nous ont donné satisfaction.
Ainsi, la FINUL ne dispose pas d’un budget pour subvenir aux citoyens et leur assurer les services dont ils ont besoin. En dépit de cela, une interaction a pu être établie avec les habitants. Si un village était privé d’eau ou d’électricité, la population s’adressait à nos différents contingents demandant leur aide et ceux-ci réagissaient favorablement.
Nos forces ont souvent aménagé des stades où étaient organisés des matches de football entre les Casques Bleus et les villageois, ce qui a contribué à resserrer les liens entre les deux parties.

La situation de la FINUL reste-t-elle la même après la relance des négociations de paix sur le volet syro-israélien?
Aucun indice ne permet de prédire un changement sur le terrain, hormis l’installation par les Israéliens de fils barbelés le long de la frontière internationale en différentes régions pour soi-disant empêcher l’infiltration d’éléments armés sur leur territoire. Cette mesure a été prise à Alma Chaab, dans le secteur-ouest du cordon de sécurité, à Maroun el-Ras, au sud-est d’Adaïssé, autant de secteurs non habités, ni propres à l’agriculture. Je n’en connais pas la raison.

QUEL RAPPORT AVEC UN ARRANGEMENT PACIFIQUE?
La FINUL aurait-elle un nouveau rôle à jouer au cas où un arrangement pacifique intervenait entre le Liban et Israël?
Cela dépend du pays hôte, des parties concernées par l’opération de paix et du Conseil de Sécurité. Nous n’avons rien à y voir, ni détecté jusqu’ici aucun signe permettant de prévoir ce qui arrivera par la suite.
Cependant, je crois que la résolution 425 sera appliquée, en définitive, ce pourquoi la FINUL stationne au Liban-Sud.

En cas de retrait israélien, vos forces seraient-elles capables de combler le vide sécuritaire dans la région frontalière?
Naturellement. Nous disposons de plans et de possibilités nécessaires au déploiement de nos effectifs, si une demande en ce sens nous était faite. La FINUL compte 4.474 Casques de neuf nationalités différentes, celles des îles Fidji, de France, de Finlande, du Népal, de Pologne, de l’Inde, d’Irlande, d’Italie et du Ghana.
Nous avons eu à déplorer la perte de 229 officiers et soldats depuis 1978, tombés dans l’accomplissement de leur devoir.

Un retrait israélien subit provoquerait-il des affrontements armés entre les partis opérant au Sud et la population civile?
Je ne pense pas. La FINUL a pour mission d’instaurer la paix au Liban-Sud, tout en assurant son autodéfense conformément au sixième paragraphe de la résolution en vertu de laquelle elle a été constituée. Notre mission n’est nullement répressive, comme c’est le cas de la force internationale stationnée en Irak.

Comment qualifiez-vous les rapports entre la FINUL et le comité de surveillance de la trêve?
Nous ne sommes pas concernés par les réunions de ce comité, notre rôle se limitant à lui assurer un endroit pour y poursuivre ses travaux ou à lui apporter une aide d’ordre technique.
Ceci a eu pour conséquence d’atténuer la tension dans la zone frontalière, en raison de l’action entreprise par ledit comité formé de représentants des Etats-Unis, de France, de Grande-Bretagne, du Liban et d’Israël.

Auriez-vous relevé des modifications au plan logistique de la part d’Israël, en prévision d’un éventuel retrait du Sud?
Je n’ai rien remarqué sur ce plan. Cependant, en temps de guerre, les armées procèdent à des redéploiements de leurs effectifs pour des considérations en rapport avec leur sécurité.

A quelle date les forces israéliennes se retireront-elles du Sud?
Je l’ignore, mais d’après certaines indications, elles pourraient être rapatriées en février, si ce n’est en juillet prochain.

Propos recueillis par
NADIM ABOU-GHANNAM

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