APRÈS LE REPORT DES NÉGOCIATIONS SYRO-ISRAÉLIENNES
BEYROUTH ET DAMAS INTENSIFIENT LEURS CONCERTATIONS

Les complications recommencent à entraver les négociations sur le volet syro-israélien et, partant, sur le volet libanais qui attend quelque progrès sur la première ligne, pour reprendre son cours.

La difficulté la plus importante provient du refus de la partie israélienne de revenir à la frontière du 4 juin 1967 ou de manœuvrer à son sujet, parce qu’elle ne considère pas le tracé des frontières comme essentiel dans l’opération de paix.
Radio-Damas a affirmé, en tout cas, que ceci “retarde tout progrès dans les travaux des comités et fait perdre tout espoir fondé sur le nouveau round. Aussi, l’annonce du renvoi du troisième round des négociations syro-israéliennes, lundi dernier, n’a-t-elle pas été une surprise pour les responsables libanais, car ils en avaient été informés à travers un contact effectué par le chef du gouvernement, le Dr Salim Hoss avec M. Farouk Chareh, ministre syrien des A.E. et d’autres contacts effectués, ce jour-là, à des niveaux élevés entre Beyrouth et Damas. Ces responsables ont préféré ne pas annoncer un tel renvoi, laissant aux parties concernées le soin de le faire.
L’ajournement du troisième round permettra aux parties libanaise et syrienne d’entreprendre plus de concertations entre elles, avant la fixation de la date de reprise des négociations syro-israéliennes, probablement à la fin de ce mois. Ceci leur donnera l’occasion d’entreprendre des concertations à l’échelle tant régionale qu’internationale, susceptibles de créer un climat propice à un progrès sérieux sur le volet syrien.

LE REPORT DU 3ème ROUND IMPOSÉ PAR LES USA?
D’après des sources fiables, la partie américaine aurait imposé l’ajournement du troisième round, quand elle a senti que le round ajourné n’aurait permis de réaliser aucune percée, d’autant que les développements survenus sur la scène israélienne, ont laissé prévoir un changement dans la position de l’Etat hébreu, différente de celle du négociateur israélien au moment de la relance des négociations.
Puis, la partie syrienne n’est pas encline à laisser traîner les pourparlers et insiste à parvenir à un accord clair garantissant une paix juste et globale, rejetant en bloc les manœuvres dilatoires d’Israël.
Le président Hoss a été informé par M. Chareh des changements intervenus, dernièrement, comme de la teneur de l’entretien que le président Assad a eu avec le président Clinton et entre le chef de la diplomatie syrienne et Mme Madeleine Albright, secrétaire d’Etat US.
M. Chareh dit que le second round des négociations n’avait réalisé aucun progrès, en raison de l’attitude israélienne en ce qui concerne le tracé des frontières. Damas ne juge pas utile la poursuite des négociations, tant que ce point n’est pas tranché et invite les Etats-Unis à exercer des pressions sur l’Etat hébreu à son sujet.
Tous ces faits, le président Emile Lahoud les a passés en revue avec le chef du gouvernement, au cours d’une réunion tenue au palais de Baabda. Ils ont, également, procédé à une évaluation des positions régionales et internationales liées directement ou indirectement à l’opération de paix.
Le président Hoss avait échangé les vues à ce sujet avec M. Miguel Angel Moratinos, émissaire européen et deux responsables de l’Union européenne ayant effectué récemment un périple proche-oriental.

NOUVELLES CONTRADICTOIRES
Des nouvelles contradictoires avaient été propagées à propos de la visite du ministre syrien des Affaires étrangères à Beyrouth, suite à des déclarations non concordantes des présidents Berri et Hoss. Le premier a laissé entendre que la visite de M. Chareh n’aurait pas lieu, pour la raison que le chef de la diplomatie syrienne est en contact permanent avec les responsables libanais, alors que le président du Conseil a dit que la visite n’a pas encore été décidée.
Fait encore plus important, la déclaration du président Hoss selon laquelle l’invitation ne sera pas adressée au Liban pour prendre part aux négociations, avant que des progrès soient enregistrés sur le volet syro-israélien au cours du troisième round, ce qui devrait intervenir le mois prochain, ce round ayant été ajourné jusqu’à fin janvier.
Selon les milieux officiels, il a été envisagé à un moment donné que M. Hoss ou M. Michel Murr, ministre de l’Intérieur, se rende à Damas, aux fins de se renseigner sur les résultats du second round. Ou à la convocation du Conseil supérieur libano-syrien à l’issue du troisième round, surtout si quelque progrès devait être enregistré au terme des pourparlers syro-israéliens.

PERSISTANCE DE LA COORDINATION LIBANO-SYRIENNE
Il est clair que l’invitation du Liban à la reprise des négociations avec Israël dépend de l’issue du troisième round où les négociateurs syriens et israéliens communiqueront leurs observations autour  du document de travail US.
A ce propos, une source responsable attribue au président Emile Lahoud une déclaration où il dit, en substance, “pas de paix juste et globale que selon ce que nous voulons”.
Le chef de l’Etat estime que l’unité de la position intérieure et libano-syrienne, a permis à notre pays de faire face à toutes les attaques dont il a fait l’objet jusqu’à ce jour... Aussi, la coordination entre le Liban et la Syrie persiste-t-elle aux plus hauts niveaux.
Le président de la République a affirmé que “les tractations entravant les pourparlers syro-israéliens et les manœuvres israéliennes, renforcent notre attachement à notre position, laquelle nous commande de mettre à l’épreuve les intentions d’Israël, avant de nous asseoir à la table des négociations, ce dont la Syrie s’acquitte en ce moment.” Le président a tenu ce langage devant les consuls honoraires venus lui présenter les vœux d’usage à l’occasion du Nouvel An, sous la présidence de leur doyen, M. Joseph Habis. Le chef de l’Etat a affirmé, également, que “le temps joue en notre faveur, non en faveur de l’Etat hébreu.”
Il a dit, aussi, que “toute atteinte à la sécurité intérieure, quelles qu’en soient la source et les causes, est un  service gratuit rendu à Israël dans cette étape”, d’où les ordres stricts donnés aux représentants de l’ordre leur demandant d’écraser dans l’œuf toute tentative de sédition, “quiconque désire combattre l’ennemi israélien devant se rendre au Liban-Sud et dans la Békaa-ouest, l’objectif étant de résister à l’occupant et de réclamer le droit de retour aux réfugiés palestiniens.”
Le président Lahoud s’est dit confiant en la lucidité des Libanais, “laquelle met en échec tous les dangers et aide à faire face aux échéances de l’étape future, ainsi que l’ont prouvé les festivités des fêtes (de fin d’année et du Fitr), à savoir que cette patrie est capable de faire face aux tentatives de perturbation et de rechercher les moyens de les résorber.”

ABOLIR LE CONFESSIONNALISME POLITIQUE
De son côté, le président Nabih Berri a appelé à combattre le confessionnalisme politique, “même si cela nécessite une lutte de trente ou de cinquante ans”. Le président de la Chambre avait discuté de cette question avec le chef de l’Etat au cours de leur rencontre hebdomadaire, insistant sur “la nécessité de renforcer le front intérieur afin de permettre au Liban d’affronter, avantageusement, les développements de la conjoncture régionale.”
M. Berri a dit encore que “toute arme détenue en dehors du cadre de la légalité et de la Résistance, va à l’encontre de l’intérêt national”, assurant qu’aucune divergence n’existe entre le gouvernement et l’Assemblée par rapport aux négociations de paix. De plus, en réponse à certains oiseaux de mauvais augure, le président Berri a affirmé que le parlement s’est acquitté de son devoir lors des incidents de Dennieh.
Après M. Berri qui a répliqué à M. Walid Joumblatt qui les a attaqués en même temps, le président Salim Hoss a déploré que “le discours politique se soit ravalé à ce point. M. Joumblatt, ne reconnaît aucun gouvernement s’il n’en fait pas partie. Je refuse de lui répondre, laissant à l’opinion publique et à l’Histoire le soin de porter un jugement sur sa conduite et sa crédibilité.”

NADIM EL-HACHEM

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