Le
projet fixant le plafond des dépenses qu’un candidat aux législatives
peut engager durant sa campagne électorale, fait l’objet d’une vive
controverse dans les milieux politico-parlementaires et médiatiques.
Ceux-ci réclament le retrait du texte gouvernemental, mais le Premier
ministre s’y oppose, préférant laisser à l’Assemblée
le soin d’y apporter les amendements qu’elle juge nécessaires pour
le rendre équitable. Le président de l’Ordre des journalistes
en a discuté avec une délégation de l’audiovisuel
(notre photo).
Les dépenses électorales dont le plafond est fixé
par un projet de loi, fait l’objet d’une vive controverse dans les milieux
tant politico-parlementaires que médiatiques.
Tout indique qu’il ne passera pas dans sa forme actuelle, place de
l’Etoile, étant donné les multiples lacunes qu’il comporte.
En fait, tout le mon-de est d’accord sur le principe. Mais quel montant
chaque can-didat à la députation peut engager dans la bataille
électorale et selon quel méca-nisme est-il possible de surveiller
l’application de la loi, si elle venait à être ratifiée
par la Chambre sans qu’elle y apporte des modifications pour la rendre
plausible? Telle est la question à laquelle il faut trouver une
réponse logique et convaincante.
D’aucuns diront que le texte gouvernemental a été inspiré,
voire calqué de législations similaires en vigueur dans les
pays évolués, tant en Amérique qu’en Europe. A cela
nous ré-pondrons qu’une loi appliquée dans ces deux continents
n’est pas nécessairement valable pour notre pays et, ce qui est
plus important, ne peut pas être adoptée aussi facilement,
étant donné la mentalité de notre peuple, la conception
qu’il se fait des élections et des personnes chargées de
le représenter sous l’hémicycle; surtout en l’absence de
partis dignes de ce nom, disposant d’un programme de travail et d’un plan
d’action bien définis.
Puis, il y a lieu de signaler que dans certains pays, la Fran-ce notamment,
le gouverne-ment participe, aux frais de la campagne électorale
des candi-dats, ce qui lui permet de con-trôler, effectivement, leurs
dé-penses et, partant, de combattre la puissance de l’argent qui
fausse le scrutin.
Ainsi que l’a observé le président Nabih Berri: “On se
soucie chez nous de la liberté de l’électeur, sans se préoccuper
de préserver celle du candidat aux législatives”.
Par ailleurs, le fait pour les Ordres de la Presse et des journalistes,
auxquels s’est joint le secteur de l’audiovisuel, de s’être opposés
au projet gouvernemental, n’inaugure rien de bon, surtout par rapport à
la liberté des médias.
Le président du Conseil a laissé entendre qu’il ne retirera
pas le projet du parlement et se prêtera volontiers à toute
modification que l’Assemblée voudrait apporter au texte controversé.
Mais ceci ne rassure guère, car en dépit des critiques
émises autour de la nouvelle loi électo-rale, par de nombreux
députés, ceux-ci n’ont pas voulu ni “osé” présenter
un recours en invalidation de cette loi au Conseil constitutionnel; seuls,
trois de leurs collègues y ont apposé leur signature, alors
que dix signatures sont requises en pareil cas.
Aussi, faudrait-il craindre qu’une majorité ne puisse pas être
assurée, aux fins de réviser le projet gouvernemental relatif
aux dépenses électorales dans le sens exigé par l’équité.
Le Premier ministre serait mieux inspiré s’il retirait son projet
du parlement pour procé-der à l’élaboration d’un autre
texte, après avoir pris l’avis des milieux qualifiés et compétents,
ceux de la Presse en tête. |