MARIO LAMORGESE ET SES “FRAGMENTS”
JOUERONT LES PROLONGATIONS À LA GALERIE CHAHINE
C’est à l’occasion du Festival de Musique d’Al Bustan qu’a eu lieu actuellement, dans la salle des expositions Cedar II, l’exposition des œuvres du peintre Mario Lamorgese.
 
Comme une vague réminiscence des 
mosaïques anciennes, placée dans un 
contexte contemporain.
Une œuvre traversée de 
turbulences ornementales.

Une manifestation placée sous les auspices de l’Institut culturel italien au Liban, dont le vernissage qui s’est déroulé en présence de l’ambassadeur d’Italie M. Giuseppe Cassini et du professeur d’Histoire d’Art contemporain à l’Université de Rome “La Sapienza”, M. Achille Bonito Oliva.
Mario Lamorgese qui est diplômé du deuxième lycée artistique de Rome, a fréquenté également les Cours de peinture de l’Académie des Beaux-Arts de Rome avant de suivre les cours d’Art contemporain à l’Uni-versité de la capitale italienne, “La Sapienza”. Parcourant le monde, cet artiste a participé à de nombreuses expositions collectives et individuelles dans plusieurs pays allant des Etats-Unis, en passant par la Norvège, la Suisse ou Malte et ses compositions ont été acquises par d’importants collectionneurs italiens et internationaux. L’exposition consacrée à son art se tiendra donc dans un premier temps, à Al Bustan, pour se pour-suivre à la Galerie Chahine à partir du 28 mars et jusqu’au 8 avril prochain. Nous pouvons lire sous la plume d’Achille Bono Oliva cette appréciation consacrée à l’œuvre d’un artiste dont la réputation n’est plus à faire:
“Si pour Hegel l’ornement est le symptôme d’un sentiment de désarroi et si pour Loos il est à proprement parler un “crime”, pour Mario Lamorgese l’ornement est au contraire un cheminement qui produit un éclatement de l’idée unitaire de l’œuvre, une projection de l’éclatement de toute idée unitaire du monde.
L’artiste a placé ses œuvres sous le signe d’une inéluctable abstraction, en tant que perte progressive du sens, d’absence d’une motivation centrale de la vie. D’où le caprice de la décoration, l’opulence de l’ornement, la gratuité du langage qui mine la gratuité de l’existence, l’improbabilité de tout projet.


Une œuvre de Mario Lamorgese.

L’œuvre de Lamorgese est la représentation de dépouilles stylistiques dans lesquelles passé et présent n’existent plus et où tout temps est nivelé dans la vision d’un langage réduit à l’essentiel, devenu l’ombre de lui-même…” Ignorer le statisme central pour favoriser la contemplation, alvéoles aux valeurs chromatiques nuancées qui brisent les figures qui appartiennent déjà au passé, voilà le souci principal de ce créateur qui dit avoir une idée circulaire du temps, un mouvement de flux et de reflux en dehors de toute perspective linéaire. Atteignant des sources d’émotion inconnue en dehors de toute représentation objective, Mario Lamorgese crée des espaces qui s’enroulent souvent les uns aux autres, posés circulairement et opposés par contrastes ou il procède par plans qui laissent percevoir indirectement un mouvement dynamique.. Pour lui, peindre une toile n’est pas simplement teindre de cette couleur qui a touché le pinceau mais colorer de la complémentaire l’espace environnant.
Avec lui, les contrastes deviennent le thème et la charpente même de ses créations.
Des œuvres qui appartiennent sans doute à l’abstraction pure mais qui par la dynamique des formes atteignent aussi une certaine géométrie. Chez Mario Lamorgese, toutes les influences subies sont filtrées, réfléchies comme au travers d’un prisme, par son tempérament, sa propre réflexion.
Ce qui frappe le spectateur, c’est la relation entre les plans et l’espace qui les entoure, l’intervalle qui, tout en les séparant, les fait graviter l’un vers l’autre. La composition pour Lamorgese est un accord de rythmes qui, grâce à sa sensibilité aiguë, haletante, fait que le tableau tout entier résonne en un accord unique. Un artiste qui veut saisir par la pensée l’étendue qui est au-delà de la toile, découvrir la finalité de la peinture délestée du poids de la réalité.  Tout amateur d’art aimera l’intelligence, la culture de Lamorgese, ses emportements, l’insolite trajectoire de l’art abstrait que le monde sans objet retrace.
Une œuvre comme l’écrit le professeur Achille Bonito Oliva composée “d’espaces traversés de turbulences ornementales, lieux potentiels d’extension et d’altération, fonctionnant dans le sens d’une atténuation de la signification dans le déplacement de la charge métaphorique vers l’inertie métonymique”.
Oui, l’ornement n’est pas un crime puisqu’il permet à l’artiste d’entrevoir à travers cet emprunt, une identité fondamentale.

Par SONIA NIGOLIAN

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