![]() La route et le mur de soutènement profondément effondrés, entraînent avec eux toute la façade du troisième immeuble encore debout mais penché vers la droite. |
![]() Au début de février, d’immenses et de profondes mares d’eaux de pluies et de vannes des immeubles, noient les maisons et les véhicules sous-jacents. Tout en minant gravement la base des falaises dont l’épaisseur est gravement amoindrie par le dynamitage des carrières. |
La partie la plus dangereuse et la plus destructrice concernait encore
la zone moyenne sud-ouest de la vallée de Nahr el-Mot (ce nom est
explicite).
C’est là depuis presque trente ans, comme l’a dit un ministre
reconverti, “qu’une énorme excavation a été progressivement
creusée dans le sol rocheux”. Avec un système prohibé,
de trous de mines horizontaux bourrés de centaines de kilos de TNT.
Leur explosion simultanée au-dessous d’une montagne habitée
comme celle de Byakout, causait des secousses simili-sismiques qui se propageaient
à plusieurs kilomètres à la ronde comme à Bsalim,
Bkennaya et même Roumieh.
Ces ondes massives fragmentaient et déstabilisaient le sol en
pente de la montagne et fissuraient les murs, plafonds et fondations des
maisons plus ou moins proches.
Si bien qu’en quelques années, s’est formée une longue
falaise haute de cinquante à cent mètres, saturée
de failles horizontales et, surtout, verticales. Dont les effondrements
et éboulements fréquents ont causé pas mal d’accidents
mortels parmi les ouvriers des carrières.
Evidemment, cette ambiance volcanique de secousses perpétuelles,
de poussières et odeurs âcres ont indisposé les habitants
proches et arrêté les demandes de terrains à bas prix
pour la construction.
![]() Les deux immeubles, évacués à temps, complètement aplatis, glissent inexorablement cent mètres plus bas. |
![]() Au-dessous de Bsalim mais au Nord, un énorme immeuble est en construction au-dessus de carrières plusieurs fois éboulées. |
RECOMMANDATIONS ET MENACES
Les “Comités populaires du Metn” ont publié une série
de recommandations insistant “grosso modo” d’abord, sur un arrêt
progressif des carrières du littoral du Metn, dont celles de Byakout,
Roumieh, Bsalim et d’Antélias... Avec la prohibition de l’usage
d’explosifs massifs avec une interdiction spéciale de l’usage des
trous de mines profonds bourrés de centaines de kilos de TNT.
Si bien que les carrières déjà “soutenues” par
de fortes personnalités politiques et formant déjà
un “Etat dans l’Etat”, ont passé à l’action après
des menaces vaines. Parallèlement, les comités ont fortement
déconseillé de construire dans le voisinage immédiat
de la falaise branlante de Byakout et, surtout, de la région de
Hay al-Aïn où le collège Saint-Jacques des Révérendes
sœurs de La Croix devait être prolongé. Dernièrement,
ces bonnes sœurs m’ont remercié de cet avis judicieux. Pour ma part,
j’ai continué à œuvrer contre “vents et marées”, jusqu’à
la fermeture définitive des carrières de Nahr el-Mot menaçant
Byakout et Bsalim; ainsi que celles d’Antélias surplombées
par Rabieh qui se développe, paradoxalement, sur les hautes falaises
sous-jacentes où les carrières ont plus ou moins arrêté
leurs travaux.
![]() Il faudrait encore étudier les immeubles de Rabieh dominant les carrières sous -jacentes d’Antélias qui semblent produire à nouveau des montagnes de gravier blanc. |
![]() De hautes cascades d’eaux d’égouts malodorantes et de caniveaux, longent et humidifient les parois d’une centaine de mètres de haut des falaises de Byakout. L’ensemble, roches fissurées et masses argileuses sont saturées et érodées sans arrêt, créant un danger permanent d’effondrement. |
PREMIER AVERTISSEMENT ILLUSTRÉ À
PARTIR DU 16-2-2000
Depuis 1995-1996, les habitants de Byakout et les promoteurs immobiliers
sont encouragés par l’arrêt visible des carrières avec
leurs effondrements et éboulements. Ils recommencent à acquérir
des terrains encore à bon marché au voisinage des falaises
artificielles et même à construire des immeubles de rapport,
lourds et à plusieurs étages. Consulté, j’ai demandé
seulement beaucoup de prudence, avec un avis nettement défavorable
pour une construction massive dans une zone instable et marginale. Ces
arguments se retrouvent dans un reportage illustré en sixtableaux
documentaires tracés sur place depuis le mercredi 16 février,
premier jour de la catastrophe. Cette étude représente un
premier avertissement nettement visible à l’œil nu.
Nous avons d’excellents ingénieurs géologues au Liban
plus efficients; c’est pourquoi, ils auraient pu régler ce problème.
S’ils ne l’ont pas fait pour éviter des avanies, cela les regarde.
Je leur demande seulement de ne pas tranquilliser les habitants d’immeubles
situés trop près d’une falaise artificielle instable qui
risque de s’effondrer à tout moment. Non seulement à cause
de pluies violentes mais, aussi, des eaux d’égouts et de caniveaux
rejetés en pleine nature. Qui s’écoulent massivement en cascades
le long d’un bouclier amoindri et fissuré rocheux retenant à
peine des masses énormes d’argiles saturées d’eau qui risquent
de provoquer un glissement de terrain gigantesque. Et, surtout, ne pas
oublier que le Liban est situé entre deux plaques tectoniques ayant
provoqué quatre secousses sismiques entre mars 1956 (Amplitude 6)
et mars 1992 (Amplitude 4). Qui risquent de provoquer une catastrophe majeure
dans une région gravement déstabilisée comme Byakout.
En attendant, un grand responsable a promis 200 millions de livres
libanaises pour consolider une falaise fragilisée haute de 50 à
100 mètres et longue de presque deux mille mètres. Cette
somme sera très inférieure à la technologie nécessaire
pour bloquer cette catastrophe en gestation permanente. En attendant, il
vaudrait mieux utiliser cette somme pour trouver un logement décent
à cent familles qui ont dû évacuer leurs immeubles
en danger et assurer leurs droits pour les indemniser, légalement
et au plus vite. Seule solution valable actuellement. Au lieu de l’idée
stupide de leur offrir de grandes tentes pour s’abriter à proximité
de leurs anciens logements effondrés. Ou bien de souffrir comme
des réfugiés dans leur propre pays. Comme ces malheureux
tchétchènes et kosovars qui se trouvent dans la même
situation pénible.
Que Dieu leur vienne en aide.