LA RENCONTRE LAHOUD-MOUBARAK:
LES SIGNIFICATIONS ET LES INDICES
Bienvenue,
encore une fois, au président Hosni Moubarak. Il vient au Liban
pour partager ses soucis et les périls de la confrontation. Avec
le président libanais, le général Emile Lahoud, il
parle le même langage, celui des Arabes, de tous les Arabes.
La peur d’Israël, même de l’armée
de défense, comme l’appelle Tel Aviv - émanant de l’Irgoun
de Menahem Begin et devenue “Tsahal” avec David Ben Gourion en 1948 - cette
peur arabe doit être une idée abandonnée et oubliée,
la mémoire étant de deux sortes: la mémoire du souvenir
et la mémoire de l’oubli.
Le président Emile Lahoud a dit le mot
du Liban ou plutôt, le destin du Liban, en application d’une équation
remontant au moment où a commencé l’agression, ce qui a provoqué
en contrepartie, le refus de l’agression. L’équation selon laquelle
l’occupation appelle la résistance, existe depuis longtemps et n’est
pas encore tombée. Dans un temps prévisible, au moins, elle
n’est pas appelée à tomber. Car le droit naturel remonte
bien avant que les Constitutions s’écrivent, que les législations
s’élaborent et que les pactes se ratifient.
Ainsi a parlé Emile Lahoud et tel est
notre langage à tous, le président Hosni Moubarak étant
à notre avant-garde. Fils de l’épreuve dans la manière
de traiter avec l’Etat hébreu, dans la guerre et la paix à
la fois, le président Moubarak en arrivant au Liban après
l’agression israélienne contre l’infrastructure libanaise, se souvient
des étapes durant lesquelles l’Egypte a confronté les Israéliens
et traité, pacifiquement, avec eux.
La restitution du Sinaï a été
un obstacle difficile. Mais elle n’a pas été l’obstacle témoignant
de la mentalité israélienne dans la confrontation ou la pacification,
comme fut l’histoire de Taba. La justice internationale a tranché
le cas de Taba, bien que Taba soit égyptienne, sans avoir besoin
d’un avis motivé ou d’un arrêt judiciaire. Avec cela, Israël
a continué à se jouer des textes et des nerfs, comme si les
négociations terminées à l’avance, marquaient la sortie
d’une grande opération. Nous disons cela sans avoir besoin de rappeler
que les juifs ont laissé Taba en décombres et en terre brûlée.
L’histoire de Suez, le président Hosni
Moubarak s’en rappelle et il est l’un de ceux qui s’en rappellent le mieux.
En 1875, j’évoque trois questions: la Constitution de la IIIème
république en France, la construction du collège de La Sagesse,
des églises saints Georges et Maron à Beyrouth à l’initiative
de Mgr Youssef Debs et l’acquisition par la Grande-Bretagne de cent soixante-dix
sept actions constituant la part du khédive, de l’ensemble des actions
du canal de Suez totalisant quatre mille actions. Ce jour-là, la
Grande-Bretagne a exploité le besoin du khédive et a voulu
garantir sa route vers l’Inde, économisant ainsi la moitié
de la distance à ses navires qui devaient faire le détour
par le Cap de Bonne Espérance.
Neuf années, plus exactement du 5 juin
1967 au 5 juin 1975 et risée du destin, le premier navire à
avoir traversé le canal de Suez, fut un bateau israélien.
Le président Hosni Moubarak se rappelle
tout cela, lui qui est venu à Beyrouth portant les soucis du Liban
et des Arabes. Il se souvient, aussi, des soucis des Palestiniens dont
il a porté en permanence la cause, car il sait qu’Israël leur
a fait voir les étoiles en plein jour dans ce qui a été
appelé le processus de paix, de Madrid en 1991, à Oslo 1,
jusqu’à Taba qui est un autre Oslo.
Les négociations avec les Palestiniens
ne cessent de trébucher; elles sont difficiles, Israël continuant
à dominer complètement soixante dix pour cent de la terre
de Cisjordanie.
Le président Hosni Moubarak se souvient
et touche de ses deux mains à quel point la différence est
grande entre les Arabes et Israël en Amérique. L’aide américaine
à Israël atteint, annuellement, trois milliards de dollars,
alors que la part de l’Egypte n’excède pas deux milliards et cinq
millions. Nous ne disons rien des autres Arabes, car la part du Liban de
cette aide ne dépasse pas dix millions.
Une fois encore, bienvenue au président
Hosni Moubarak porteur de tous les soucis, œuvrant en vue de dissiper les
nuages, après avoir senti et appris par le pressentiment du connaisseur,
que l’heure est venue pour le retour des négociateurs à la
table des négociations.
Etant entendu que la Syrie se tient à
un point frontalier, celui du 4 juin 1967, ne renonçant pas à
une terre en contrepartie d’une autre; à un pouce du Golan contre
des portions promises d’Al-Himmah.
Les quelques jours prochains sont garants pour
nous porter à dire que les négociations se font par le verbe,
comme par la fusée. Et même le verbe dans les négociations,
se dit, parfois, sous le bombardement fou et criminel.
Jusqu’à ce qu’un tel jour arrive, le Liban
adopte la position du droit, juste et de la résistance, sans violer
une charte, un arrangement ou un pacte, en application de la règle
consacrée de l’équivalence.
“L’occupation appelle la résistance qui
ne prend pas fin et ne doit cesser que par son élimination”, ainsi
a parlé le président courageux, le général
Emile Lahoud. |
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