UNIQUE DANS NOS ANNALES PÉNITENTIAIRES
UN MARIAGE DERRIÈRE LES BARREAUX...
"Insolite et unique en son genre”, ainsi on peut qualifier le mariage qui a été célébré, lundi dernier à la prison de Roumieh, celui du Japonais Massaw Adatchi, détenu depuis plus de deux ans dans cet établissement pénitentiaire et l’élue de son cœur, Oumaya Abboud.


Massaw Adatchi (61 ans) qui en est à son second mariage,
ne cache pas son émotion au cours de la bénédiction nuptiale.

Près de soixante-quinze personnes rassemblées dans la chapelle aménagée pour la circonstance, ont attendu non sans impatience, l’arrivée de la mariée à bord d’une “Renault Clio” blanche, de la même couleur que son ensemble.
Parmi les personnes présentes: M. Najah Wakim, député de Beyrouth, témoin du marié et Mlle Lama Abboud, nièce de la mariée; Mes Hani Sleiman et Béchara Abou-Saad, avocats du couple, accompagnés de leurs épouses.
La fille d’Adatchi, née d’un premier mariage, ses amis et co-détenus japonais dont Koso Okamoto, étaient également là; ils ne cachaient pas leur joie de voir leur camarade de cellule convoler en justes noces, moins d’un mois avant de retrouver la liberté.
Me Najah Wakim et son épouse, secondés par leur fils, accueillaient les invités, le député de Beyrouth ayant soutenu dès le début la cause des prisonniers japonais. De leur côté, des membres de la famille Abboud avaient décoré le local et offraient dragées et chocolats aux personnes présentes.
 

 Les nouveaux mariés avec leurs témoins.

Le père officiant passant l’anneau 
au doigt de la mariée.

Le R.P. Georges Maalouf, de la communauté grecque-orthodoxe, a donné la bénédiction nuptiale qui n’a pas été suivie d’une réception, comme le veut la tradition, alors que la lune de miel a été reportée à plus tard. “Il faut attendre que Massaw sorte de prison, confie Oumaya. Quant à l’endroit où nous la passerons, je ne saurais le dire. On verra plus tard”.
 

Adatchi avec l’une des proches de la mariée.

Les camarades de prison du marié 
assistent amusés à la cérémonie.

LA PRESSE INTERNATIONALE COUVRE L’ÉVÉNEMENT
La Presse internationale était représentée par l’AFP, CNN et Reuters, alors que les médias locaux ont couvert largement l’événement, car il s’agissait d’une union pas comme les autres, dont on n’a jamais vu de pareille au Liban.
Rappelons qu’Oumaya Abboud a été acquittée par la Justice, après avoir été poursuivie “pour pratique illégale de l’acupuncture”. Remise en liberté, elle a maintenu le contact avec Adatchi. Est-il besoin de soutenir que l’amour ne connaît pas de barrières et dans le cas présent, même les barreaux de la prison n’ont pu séparer les deux amoureux.
Pour les beaux yeux de sa dulcinée, Adatchi s’est converti et a été baptisé par le R.P. Maalouf, quelques jours avant le mariage.
Cette “première médiatique” a une importance particulière et une signification tout à l’honneur de notre pays, en ce sens qu’elle confirme le respect absolu des droits de l’homme et l’amélioration du régime pénitentiaire sous notre ciel. Le R.P. Maalouf l’a souligné dans le mot qu’il a prononcé avant de bénir le couple, disant “qu’il faut nous respecter les uns les autres”, avant d’engager les nouveaux époux “à fonder une famille digne de ce nom, selon les enseignements de l’Eglise chrétienne”.
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UNE CÉRÉMONIE PAS COMME LES AUTRES...
l L’Etat était représenté à la cérémonie par l’avocat général, Mme Rabiha Ammache Kaddoura.
l A son arrivée à la prison de Roumieh, le député Najah Wakim a été longuement ovationné par les prisonniers, alors que son épouse Hyam a accueilli la mariée par des youyous stridents.
l L’office religieux a duré 45 minutes, au cours desquelles le père Georges Maalouf et le général Habib Loutfi, directeur des prisons, ont menacé les journalistes (plus de 70) de les évacuer, en raison du tapage qu’ils produisaient.
l Une quarantaine de gendarmes accompagnés de dix chiens policiers assuraient la sécurité.
l Des icônes de la Vierge et deux tableaux représentant une église et une mosquée décoraient les murs de la salle.
l Adatchi a trois filles d’un précédent mariage, mais seule Sei Harada, la cadette, a fait le déplacement au Liban.
l Le marié est scénariste de son métier. Lui et ses compagnons de l’Armée Rouge seront libérés le 7 mars prochain après trois ans passés en prison pour faux, usage de faux et entrée illégale au Liban.
l Oumaya Abboud est la cousine maternelle de Soha Béchara, la militante de gauche qui avait tenté d’assassiner le général Antoine Lahd, commandant de l’ALS, il y a une dizaine d’années. 

NISRINE LABAKY
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