![]() Le président Lahoud accueillant son homologue égyptien à l’AIB. |
![]() Au cours du dîner offert en l’honneur du Raïs au palais présidentiel. |
Le Raïs et cheikh As-Sabah ont réaffirmé l’appui
“politique et financier” de l’Egypte et du Koweit, à la suite des
raids israéliens sur les sous-stations électriques. Et ainsi
que l’a déclaré le président Salim Hoss, “le président
Moubarak a voulu empêcher de nouvelles agressions israéliennes
contre notre pays”.
Et le Raïs semble avoir réussi à freiner l’escalade
militaire, puisque le Premier ministre israélien lui a dépêché
dès son retour au Caire après sa visite de Beyrouth, l’un
de ses plus proches conseillers, afin d’atténuer la vague de colère
exprimée par les responsables et le peuple égyptiens.
ISRAËL EN MAUVAISE POSTURE
Il faut espérer, à présent, que la prise de position
du chef de l’Etat égyptien aura atteint son objectif, ce qui se
traduirait par la reprise des réunions du comité de surveillance
de la trêve issu des arrangements d’avril 96, boycotté par
les Israéliens depuis une quinzaine de jours. Et ce, suite à
un nouvel attentat du “Hezbollah” ayant fait un tué parmi les soldats
de “Tsahal” dans la zone frontalière occupée.
Il va sans dire que le mouvement de solidarité manifesté
par les Etats arabes depuis les derniers raids israéliens, ont réduit
la marge de manœuvre d’Israël, car l’existence d’une conjoncture politique
et diplomatique au double plan arabe et international rend malaisée
l’utilisation de la violence par la soldatesque israélienne.
En effet, la réaction de l’Egypte a surpris Tel-Aviv qui croyait
Le Caire acquis à ses vues, d’autant que le Raïs a pris fait
et cause pour les opérations anti-israéliennes de la Résistance
libanaise.
L’Etat hébreu est forcé, à présent, de
tempérer son bellicisme, s’il veut persévérer dans
la normalisation de ses relations avec certains Etats arabes qui avaient
déjà ouvert des bureaux de liaison à Tel-Aviv pour
favoriser les échanges commerciaux de part et d’autre.
Faute de quoi, Israël serait forcé de déclencher
une guerre-éclair qui susciterait, immanquablement, une intervention
du Conseil de Sécurité et des Etats-Unis. Cela se traduirait
par l’installation d’une force multinationale (ou même américaine)
à la frontière internationale entre le Liban, la Syrie et
Israël. Et les Israéliens ne le voudraient pas.
Bref, Israël se trouve en mauvaise posture et il n’est pas impossible
qu’il fasse marche arrière, car ses intérêts sont en
jeu...
![]() Les deux chefs d’Etat passant en revue la garde d’honneur. |
![]() Les présidents Lahoud et Moubarak à leur arrivée au palais de Baabda. |
LA RÉSISTANCE “LÉGITIMÉE”
Pour en revenir à la visite du président Moubarak à
Beyrouth, il y a lieu de souligner son impact bénéfique au
plan libanais et arabe, en général, la principale conséquence
des entretiens libano-égyptiens ayant consisté à “légitimer”
la Résistance et, aussi, à dénoncer la gravité
de la dénonciation des arrangements d’avril 96, dont les Israéliens
assument la responsabilité.
Après la rencontre Lahoud-Moubarak, l’Etat hébreu doit
revoir ses comptes, les deux chefs d’Etat ayant affirmé dans le
communiqué final consignant les résultats de leurs pourparlers
que “la poursuite par Israël de la violation des accords d’avril,
mènera à une nouvelle escalade qui pourrait être incontrôlable”.
Aussi, se sont-ils prononcés en faveur de la reprise des négociations
“pour aboutir à une paix juste et globale”.
![]() Qu’a dit M. Melhem Karam pour faire rire aux éclats les présidents Lahoud et Moubarak? On reconnaît à gauche, M. Ibrahim Nafeh, président de l’Union des journalistes arabes. |
![]() Les présidents Lahoud et Moubarak réunis avec les délégations libanaise et égyptienne ayant mené des pourparlers au palais de Baabda. |
LE COMMUNIQUÉ FINAL
A ce propos, il sied de revenir aux termes du communiqué final
qui reconnaît “le droit de la Résistance libanaise de faire
face à l’occupation israélienne, jusqu’à ce que le
Liban en soit totalement libéré”.
Les présidents Lahoud et Moubarak ont, d’autre part, condamné
les agressions israéliennes, disant “qu’elles violent les lois et
conventions internationales, notamment celles qui interdisent le recours
à la force militaire contre les civils, alors que les agressions
israéliennes contre les infrastructures constituent une violation
des accords d’avril 96”.
Les deux chefs d’Etat ont insisté, par ailleurs, sur “la nécessité
de reprendre les négociations de paix pour aboutir à une
paix juste et globale”, renouvelant ainsi leur engagement à l’égard
du processus de paix, conformément aux principes définis
lors du lancement de ce processus à la conférence de Madrid
en 1991.
De plus, ils ont défini les bases d’une paix régionale,
à savoir: le retrait israélien de tous les territoires arabes
occupés et la reconnaissance par l’Etat hébreu du droit de
retour aux réfugiés palestiniens établis dans les
pays d’accueil.
Le président Moubarak a été particulièrement
clair en explicitant sa position envers le conflit opposant Israël
aux pays arabes, en particulier les pays de l’étau. De fait, il
a réitéré le soutien de l’Egypte au Liban et insisté,
particulièrement, sur la nécessité d’un soutien arabe
à la Résistance (du peuple libanais) face à l’occupant,
“parce qu’elle traduit la dignité et défend les droits de
tous les Arabes”.
Il va sans dire que le président Lahoud s’est félicité
de la visite du Raïs à Beyrouth, sans manquer d’exprimer “l’appréciation
du peuple libanais de l’appui de l’Egypte au Liban et de ses positions
en faveur de nos justes causes”.
![]() Le président Hoss a présidé la délégation libanaise, en sa qualité de ministre des A.E. aux pourparlers bipartites, en face de la délégation égyptienne dirigée par M. Amr Moussa (de dos à droite). |
![]() Le ministre des Ressources hydrauliques et électriques (au centre) recevant la délégation de l’Electricité d’Egypte. |
VERS LA REPRISE DES NÉGOCIATIONS?
A son retour au Caire, le président égyptien a estimé
que l’arrêt des pourparlers syro-israéliens avait provoqué
le nouveau cycle de violence en territoire libanais.
“Je m’attends, a dit le président Moubarak, à une reprise
des négociations, en me basant sur le fait que lorsqu’elles étaient
en cours, aucune partie n’avait recours à la violence, celle-ci
étant la conséquence naturelle de l’arrêt des pourparlers”.
Et d’ajouter: “Le Premier ministre Ehud Barak m’a dit qu’il examinait
la situation et allait avancer, prochainement, dans la voie des négociations”.
Il y a lieu de faire état, par ailleurs, des déclarations
que le Raïs a faites devant la Presse libanaise. “Vous n’arrêtez
pas d’écrire, dit-il, où est l’Egypte et qu’attend-elle pour
agir? L’Egypte tout entière est chez vous”.
Fait à signaler: le président égyptien était
accompagné d’une délégation de l’Electricité
d’Egypte qui, après avoir inspecté les sous-stations électriques
détruites par les raids israéliens, a promis son aide consistant
en des équipements d’une valeur de cinq millions de dollars.
“Cette aide, a déclaré M. Sleimane Traboulsi, ministre
des Ressources hydrauliques et électriques, constitue un engagement
clair de l’Egypte aux côtés du Liban, en cas de nouvelles
attaques israéliennes”.