UNE OPÉRATION ISRAÉLIENNE D’ENVERGURE AURAIT ÉTÉ ÉVITÉE DE JUSTESSE
LA VISITE DE MOUBARAK À BEYROUTH:
MESSAGE ET SURPRISE POUR ISRAËL

Les “beaux jours de la solidarité arabe” sont-ils de retour?, se demandent les observateurs après les visites-surprises que le président Hosni Moubarak et cheikh Sabah el-Ahmed, chef de la diplomatie koweitienne viennent d’effectuer à Beyrouth.
Les deux hauts responsables arabes sont venus apporter le soutien de leurs pays au Liban dans les moments difficiles qu’il traverse, face à l’ennemi commun dont l’éventuel retrait unilatéral du Liban-Sud et de la Békaa-ouest aurait des conséquences dramatiques, pour reprendre les propres termes de Ehud Barak.
 

Le président Lahoud accueillant 
son homologue égyptien à l’AIB.

 Au cours du dîner offert en l’honneur 
du Raïs au palais présidentiel.

Le Raïs et cheikh As-Sabah ont réaffirmé l’appui “politique et financier” de l’Egypte et du Koweit, à la suite des raids israéliens sur les sous-stations électriques. Et ainsi que l’a déclaré le président Salim Hoss, “le président Moubarak a voulu empêcher de nouvelles agressions israéliennes contre notre pays”.
Et le Raïs semble avoir réussi à freiner l’escalade militaire, puisque le Premier ministre israélien lui a dépêché dès son retour au Caire après sa visite de Beyrouth, l’un de ses plus proches conseillers, afin d’atténuer la vague de colère exprimée par les responsables et le peuple égyptiens.

ISRAËL EN MAUVAISE POSTURE
Il faut espérer, à présent, que la prise de position du chef de l’Etat égyptien aura atteint son objectif, ce qui se traduirait par la reprise des réunions du comité de surveillance de la trêve issu des arrangements d’avril 96, boycotté par les Israéliens depuis une quinzaine de jours. Et ce, suite à un nouvel attentat du “Hezbollah” ayant fait un tué parmi les soldats de “Tsahal” dans la zone frontalière occupée.
Il va sans dire que le mouvement de solidarité manifesté par les Etats arabes depuis les derniers raids israéliens, ont réduit la marge de manœuvre d’Israël, car l’existence d’une conjoncture politique et diplomatique au double plan arabe et international rend malaisée l’utilisation de la violence par la soldatesque israélienne.
En effet, la réaction de l’Egypte a surpris Tel-Aviv qui croyait Le Caire acquis à ses vues, d’autant que le Raïs a pris fait et cause pour les opérations anti-israéliennes de la Résistance libanaise.
L’Etat hébreu est forcé, à présent, de tempérer son bellicisme, s’il veut persévérer dans la normalisation de ses relations avec certains Etats arabes qui avaient déjà ouvert des bureaux de liaison à Tel-Aviv pour favoriser les échanges commerciaux de part et d’autre.
Faute de quoi, Israël serait forcé de déclencher une guerre-éclair qui susciterait, immanquablement, une intervention du Conseil de Sécurité et des Etats-Unis. Cela se traduirait par l’installation d’une force multinationale (ou même américaine) à la frontière internationale entre le Liban, la Syrie et Israël. Et les Israéliens ne le voudraient pas.
Bref, Israël se trouve en mauvaise posture et il n’est pas impossible qu’il fasse marche arrière, car ses intérêts sont en jeu...
 

Les deux chefs d’Etat passant
en revue la garde d’honneur.

Les présidents Lahoud et Moubarak
à leur arrivée au palais de Baabda.

LA RÉSISTANCE “LÉGITIMÉE”
Pour en revenir à la visite du président Moubarak à Beyrouth, il y a lieu de souligner son impact bénéfique au plan libanais et arabe, en général, la principale conséquence des entretiens libano-égyptiens ayant consisté à “légitimer” la Résistance et, aussi, à dénoncer la gravité de la dénonciation des arrangements d’avril 96, dont les Israéliens assument la responsabilité.
Après la rencontre Lahoud-Moubarak, l’Etat hébreu doit revoir ses comptes, les deux chefs d’Etat ayant affirmé dans le communiqué final consignant les résultats de leurs pourparlers que “la poursuite par Israël de la violation des accords d’avril, mènera à une nouvelle escalade qui pourrait être incontrôlable”.
Aussi, se sont-ils prononcés en faveur de la reprise des négociations “pour aboutir à une paix juste et globale”.
 

Qu’a dit M. Melhem Karam pour faire rire aux 
éclats les présidents Lahoud et Moubarak? 
On reconnaît à gauche, M. Ibrahim Nafeh, 
président de l’Union des journalistes arabes.

Les présidents Lahoud et Moubarak réunis 
avec les délégations libanaise et égyptienne 
ayant mené des pourparlers au palais de Baabda.

LE COMMUNIQUÉ FINAL
A ce propos, il sied de revenir aux termes du communiqué final qui reconnaît “le droit de la Résistance libanaise de faire face à l’occupation israélienne, jusqu’à ce que le Liban en soit totalement libéré”.
Les présidents Lahoud et Moubarak ont, d’autre part, condamné les agressions israéliennes, disant “qu’elles violent les lois et conventions internationales, notamment celles qui interdisent le recours à la force militaire contre les civils, alors que les agressions israéliennes contre les infrastructures constituent une violation des accords d’avril 96”.
Les deux chefs d’Etat ont insisté, par ailleurs, sur “la nécessité de reprendre les négociations de paix pour aboutir à une paix juste et globale”, renouvelant ainsi leur engagement à l’égard du processus de paix, conformément aux principes définis lors du lancement de ce processus à la conférence de Madrid en 1991.
De plus, ils ont défini les bases d’une paix régionale, à savoir: le retrait israélien de tous les territoires arabes occupés et la reconnaissance par l’Etat hébreu du droit de retour aux réfugiés palestiniens établis dans les pays d’accueil.
Le président Moubarak a été particulièrement clair en explicitant sa position envers le conflit opposant Israël aux pays arabes, en particulier les pays de l’étau. De fait, il a réitéré le soutien de l’Egypte au Liban et insisté, particulièrement, sur la nécessité d’un soutien arabe à la Résistance (du peuple libanais) face à l’occupant, “parce qu’elle traduit la dignité et défend les droits de tous les Arabes”.
Il va sans dire que le président Lahoud s’est félicité de la visite du Raïs à Beyrouth, sans manquer d’exprimer “l’appréciation du peuple libanais de l’appui de l’Egypte au Liban et de ses positions en faveur de nos justes causes”.
 

Le président Hoss a présidé la délégation
libanaise, en sa qualité de ministre des 
A.E. aux pourparlers bipartites, en face 
de la délégation égyptienne dirigée par 
M. Amr Moussa (de dos à droite).

Le ministre des Ressources hydrauliques 
et électriques (au centre) recevant la 
délégation de l’Electricité d’Egypte.

VERS LA REPRISE DES NÉGOCIATIONS?
A son retour au Caire, le président égyptien a estimé que l’arrêt des pourparlers syro-israéliens avait provoqué le nouveau cycle de violence en territoire libanais.
“Je m’attends, a dit le président Moubarak, à une reprise des négociations, en me basant sur le fait que lorsqu’elles étaient en cours, aucune partie n’avait recours à la violence, celle-ci étant la conséquence naturelle de l’arrêt des pourparlers”.
Et d’ajouter: “Le Premier ministre Ehud Barak m’a dit qu’il examinait la situation et allait avancer, prochainement, dans la voie des négociations”.
Il y a lieu de faire état, par ailleurs, des déclarations que le Raïs a faites devant la Presse libanaise. “Vous n’arrêtez pas d’écrire, dit-il, où est l’Egypte et qu’attend-elle pour agir? L’Egypte tout entière est chez vous”.
Fait à signaler: le président égyptien était accompagné d’une délégation de l’Electricité d’Egypte qui, après avoir inspecté les sous-stations électriques détruites par les raids israéliens, a promis son aide consistant en des équipements d’une valeur de cinq millions de dollars.
“Cette aide, a déclaré M. Sleimane Traboulsi, ministre des Ressources hydrauliques et électriques, constitue un engagement clair de l’Egypte aux côtés du Liban, en cas de nouvelles attaques israéliennes”.


Home
Home