CÉSAR 2000...
UNE SACRÉE SOIRÉE! ET LE GAGNANT EST...
A l’inverse de la cérémonie des Oscars qui se déroule dans une ambiance hollywoodienne où le professionnalisme, le faste, le rêve, le sens de la fête avec la succession de nombreux numéros offerts par les plus grands artistes donnent une note de gaieté, où le juste ton et les bonnes manières sont toujours au rendez-vous, cette année, les César 2000, conduits par  l’ancien “nul”, Alain Chabat, nous ont fait passer des moments qui traînaient en longueur, avec ce présentateur, qui  voulait en faire trop, tombant très souvent dans la vulgarité facile.

 
Certes, tout le monde n’est pas Billy Cristal, un pro dans toute l’acception du terme, un comédien à l’humour inénarrable qui a toujours su  qu’il y avait des garde-fous  à ne pas dépasser, surtout devant un public prestigieux composé de personnalités officielles et de millions de téléspectateurs suivant en direct ou en différé, cette cérémonie…
La 25ème Nuit des César qui promettait aux cinéphiles des heures magiques, inoubliables, aura été une cérémonie sans faste, sans grand éclat. Pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour faire de ce gala, une réussite. Le public trié sur le volet avec des personnalités comme Mme  Catherine Trautmann, ministre de la Culture et de la Communication;  MM. Jack Lang, Pierre Lescure, Toscan du Plantier, Claude Rich, Luc Besson, l’actrice américaine Sigourney Weaver, la toujours somptueuse Catherine Deneuve,  Micheline Presle, Michèle Morgan, les tenues haute couture des stars, le smoking  des messieurs. Tout un monde qui avait chaussé ses grandes pompes, qui s’était mis sur son  trente et un…
La réalisatrice-scénariste de “Vénus, 
Beauté (Institut)”, Tonie Marshall 
avec ses trois César.
Daniel Auteuil, Karin Viard 
et Pedro Almodovar.

Mais il manquait le clinquant, les paillettes, une certaine dimension… En un mot, tout ce que le cinéma est censé offrir: le rêve! Alain Chabat avec la complicité du groupe “Les Robins des bois” qui ne brille pas toujours par son raffinement,  n’auront réussi qu’à arracher quelques rires polis à l’assistance, un peu déconcertée par ce langage lourd et souvent  grossier.  Un humour qu’on peut qualifier sans exagération aucune, comme étant au ras des pâquerettes. Dans son mot d’introduction, le président de l’Académie des César, M. Daniel Toscan du Plantier a déclaré: “Lorsque le  génie de César et la vision de Georges Cravenne se sont rencontrés, il y a vingt-cinq ans, pour organiser une cérémonie de remise des trophées de l’Académie des Arts et Technique du cinéma français, il n’y en  avait qu’un pour oser le premier la déclarer ouverte: M. Jean Gabin.  Pour fêter vingt-cinq ans d’images et d’émotions qui font la légende du cinéma  français, ses nostalgies et ses espoirs,  pour symboliser nos espoirs et nos rêves, il n’y en a qu’un seul pour le faire aujourd’hui: M. Alain Delon.”
Sous une salve d’applaudissements, les feux des projecteurs se sont braqués sur le monstre sacré du grand écran. Pourtant, il avait déclaré il n’y a pas si longtemps: “Le cinéma français ressemble à un vieux monsieur en train de mourir”…
César du meilleur acteur pour “Notre histoire” en 1985, M. Delon, malgré sa piètre opinion sur le 7ème Art, a présidé la soirée  prononçant la phrase rituelle: “Je déclare la cérémonie ouverte” pour la deuxième fois de sa carrière.
Catherine Trautmann 
et le prince Laurent de Belgique.
Charlotte Gainsbourg, Daniel Auteuil,
Tonie Marshall, Audrey Tautou, Alain 
Delon, Karin Viard et Georges Cravenne.

LES César D’HONNEUR
Durant cette soirée, plusieurs hommages ont été rendus, le premier consacré au comédien Jean-Pierre Léaud, acteur-fétiche du cinéaste disparu François Truffaut, dont la dernière réalisation “Le dernier métro” tourné en 1981 est à ce jour, avec dix trophées, le film  le plus “Césarisé”, ex aequo avec “Cyrano de Bergerac”, de Jean-Paul Rappeneau. Un César d’honneur a été remis par Claude Berri à Josiane Balasko pour l’ensemble de sa carrière. Extraordinaire Balasko qui, pour recevoir ce trophée, n’avait pas hésité à porter une robe indescriptible, composée essentiellement de plumes… Inoubliable Balasko qui a fait rire et pleurer des millions de cinéphiles avec des films comme “Gazon maudit”, “Trop belle pour toi”, “Papy fait de la résistance”, “Arlette”, “Nuit d’ivresse”…
Catherine Deneuve, plus élégante que jamais dans une robe noire très classique qui faisait ressortir encore plus sa blondeur, est venue saluer et remettre un César d’honneur au réalisateur américain Martin Scorsese, le cinéaste de films comme “La dernière tentation du Christ”, “Casino”, “Taxi driver”, “Raging Bull”, “Kundu”…
Absent de cette cérémonie pour raisons de santé, M. Scorsese a remercié en duplex, de New York, les membres de l’Académie des César de cette haute distinction et Catherine Deneuve d’annoncer qu’elle lui remettrait en mains propres son trophée, puisqu’elle quittait incessamment Paris pour les Etats-Unis. Un César d’honneur a été, également, remis à M. Georges Cravenne. Très ému, celui-ci qui est âgé de 85 ans, a reçu son trophée des mains du président de la soirée, M. Alain Delon. On n’a pas oublié d’évoquer aussi la mémoire de Roger Vadim, qui ne fut jamais au tableau d’honneur de son vivant. Cependant, on attendait de la part des organisateurs à ce qu’ils évoquent plus amplement la vie et la carrière de ce pygmalion qui avait créé la femme…
Sigourney Weaver et Catherine Deneuve.

Charlotte Gainsbourg. 

Josiane Balasko félicitée par Daniel Auteuil.

ET LE CÉSAR EST ATTRIBUÉ À…
L’Académie des César composée de 2.988 professionnels du cinéma, dont le tiers se répartit en parts égales entre réalisateurs et producteurs, a enfin décerné, après avoir délibéré, les précieux trophées aux meilleurs décorateur, costumier, compositeur, réalisateur, comédien et comédienne pour leur performance dans  des seconds rôles, acteur et actrice pour leur prestation dans des premiers rôles, avant de donner le César tant attendu pour le Meilleur Film de cette année.
Deux favoris pour les nominations du meilleur film de l’année se disputaient le  César: “Jeanne d’Arc”, de Luc Besson et le chef-d’œuvre de Patrice Leconte qui avait bénéficié déjà de huit nominations “La fille sur le pont”. Mais on donnait aussi favoris: “Vénus, beauté (Institut)”,  avec ses  sept nominations, “Les enfants du Marais”, avec cinq nominations ou “Ma petite entreprise” qui avait, également, été nominé à cinq reprises… Ces deux derniers films, risquaient d’après les pronostics, de  couper l’herbe sous le pied des deux premiers favoris. Et c’est ce qui arriva. Le choix du jury a illustré, une fois de plus, le fossé opposant le cinéma grand public et les tenants d’une cinématographie plus exigeante. En fin de compte  “Vénus Beauté  (Institut)”, de Tonie Marshall, dont c’est le quatrième film, avec ses 200 millions d’entrées, remporta le César du meilleur film. Sabine Azéma devait remettre encore une fois à la réalisatrice Tonie Marshall, le César  du meilleur réalisateur. Deux autres César ont couronné ce film  qui a reçu, également, le prix du meilleur espoir féminin avec la jeune comédienne Audrey Tautou et le prix du meilleur scénario original. Jolis castings dans les catégories “meilleur acteur” et “meilleure actrice” qui opposaient d’un côté Daniel Auteuil, Albert Dupontel, Jean-Pierre Bacri, Vincent Lindon et Philippe Torreton et,  de l’autre, Nathalie Baye, Sandrine Bonnaire, Catherine Frot, Vanessa Paradis et Karin Viard. Le César du meilleur acteur fut remporté par Daniel Auteuil pour sa performance dans “La fille sur le pont”, de Serge Frydman. Le César de la meilleure actrice a été à Karin Viard pour “Haut les cœurs”. Meilleure actrice de second rôle, l’étonnante Charlotte Gainsbourg pour “La bûche”, de Christopher Thompson. César du meilleur second rôle masculin: François Berléand pour “Haut les cœurs”! Le César du meilleur film étranger a été attribué à Pedro Almodovar pour sa réalisation étonnante “Tout sur ma mère”. D’une manière générale, ces trophées ont démenti les propos d’Alain Delon… Le cinéma français n’est pas un vieux monsieur et il a encore de beaux jours devant. Témoins, ces films de très grande qualité, ayant concilié succès critique et populaire. Le rideau rouge est tombé sur les César 2000. A l’an prochain, même heure, même émotion!

Paris - MARIE BTEICHE

Home
Home