![]() Beauté (Institut)”, Tonie Marshall avec ses trois César. |
![]() et Pedro Almodovar. |
Mais il manquait le clinquant, les paillettes, une certaine dimension…
En un mot, tout ce que le cinéma est censé offrir: le rêve!
Alain Chabat avec la complicité du groupe “Les Robins des bois”
qui ne brille pas toujours par son raffinement, n’auront réussi
qu’à arracher quelques rires polis à l’assistance, un peu
déconcertée par ce langage lourd et souvent grossier.
Un humour qu’on peut qualifier sans exagération aucune, comme étant
au ras des pâquerettes. Dans son mot d’introduction, le président
de l’Académie des César, M. Daniel Toscan du Plantier a déclaré:
“Lorsque le génie de César et la vision de Georges
Cravenne se sont rencontrés, il y a vingt-cinq ans, pour organiser
une cérémonie de remise des trophées de l’Académie
des Arts et Technique du cinéma français, il n’y en
avait qu’un pour oser le premier la déclarer ouverte: M. Jean Gabin.
Pour fêter vingt-cinq ans d’images et d’émotions qui font
la légende du cinéma français, ses nostalgies
et ses espoirs, pour symboliser nos espoirs et nos rêves, il
n’y en a qu’un seul pour le faire aujourd’hui: M. Alain Delon.”
Sous une salve d’applaudissements, les feux des projecteurs se sont
braqués sur le monstre sacré du grand écran. Pourtant,
il avait déclaré il n’y a pas si longtemps: “Le cinéma
français ressemble à un vieux monsieur en train de mourir”…
César du meilleur acteur pour “Notre histoire” en 1985, M. Delon,
malgré sa piètre opinion sur le 7ème Art, a présidé
la soirée prononçant la phrase rituelle: “Je déclare
la cérémonie ouverte” pour la deuxième fois de sa
carrière.
![]() et le prince Laurent de Belgique. |
![]() Tonie Marshall, Audrey Tautou, Alain Delon, Karin Viard et Georges Cravenne. |
LES César D’HONNEUR
Durant cette soirée, plusieurs hommages ont été
rendus, le premier consacré au comédien Jean-Pierre Léaud,
acteur-fétiche du cinéaste disparu François Truffaut,
dont la dernière réalisation “Le dernier métro” tourné
en 1981 est à ce jour, avec dix trophées, le film le
plus “Césarisé”, ex aequo avec “Cyrano de Bergerac”, de Jean-Paul
Rappeneau. Un César d’honneur a été remis par Claude
Berri à Josiane Balasko pour l’ensemble de sa carrière. Extraordinaire
Balasko qui, pour recevoir ce trophée, n’avait pas hésité
à porter une robe indescriptible, composée essentiellement
de plumes… Inoubliable Balasko qui a fait rire et pleurer des millions
de cinéphiles avec des films comme “Gazon maudit”, “Trop belle pour
toi”, “Papy fait de la résistance”, “Arlette”, “Nuit d’ivresse”…
Catherine Deneuve, plus élégante que jamais dans une
robe noire très classique qui faisait ressortir encore plus sa blondeur,
est venue saluer et remettre un César d’honneur au réalisateur
américain Martin Scorsese, le cinéaste de films comme “La
dernière tentation du Christ”, “Casino”, “Taxi driver”, “Raging
Bull”, “Kundu”…
Absent de cette cérémonie pour raisons de santé,
M. Scorsese a remercié en duplex, de New York, les membres de l’Académie
des César de cette haute distinction et Catherine Deneuve d’annoncer
qu’elle lui remettrait en mains propres son trophée, puisqu’elle
quittait incessamment Paris pour les Etats-Unis. Un César d’honneur
a été, également, remis à M. Georges Cravenne.
Très ému, celui-ci qui est âgé de 85 ans, a
reçu son trophée des mains du président de la soirée,
M. Alain Delon. On n’a pas oublié d’évoquer aussi la mémoire
de Roger Vadim, qui ne fut jamais au tableau d’honneur de son vivant. Cependant,
on attendait de la part des organisateurs à ce qu’ils évoquent
plus amplement la vie et la carrière de ce pygmalion qui avait créé
la femme…
![]() |
![]() Charlotte Gainsbourg. |
![]() Josiane Balasko félicitée par Daniel Auteuil. |
ET LE CÉSAR EST ATTRIBUÉ À…
L’Académie des César composée de 2.988 professionnels
du cinéma, dont le tiers se répartit en parts égales
entre réalisateurs et producteurs, a enfin décerné,
après avoir délibéré, les précieux trophées
aux meilleurs décorateur, costumier, compositeur, réalisateur,
comédien et comédienne pour leur performance dans des
seconds rôles, acteur et actrice pour leur prestation dans des premiers
rôles, avant de donner le César tant attendu pour le Meilleur
Film de cette année.
Deux favoris pour les nominations du meilleur film de l’année
se disputaient le César: “Jeanne d’Arc”, de Luc Besson et
le chef-d’œuvre de Patrice Leconte qui avait bénéficié
déjà de huit nominations “La fille sur le pont”. Mais on
donnait aussi favoris: “Vénus, beauté (Institut)”,
avec ses sept nominations, “Les enfants du Marais”, avec cinq nominations
ou “Ma petite entreprise” qui avait, également, été
nominé à cinq reprises… Ces deux derniers films, risquaient
d’après les pronostics, de couper l’herbe sous le pied des
deux premiers favoris. Et c’est ce qui arriva. Le choix du jury a illustré,
une fois de plus, le fossé opposant le cinéma grand public
et les tenants d’une cinématographie plus exigeante. En fin de compte
“Vénus Beauté (Institut)”, de Tonie Marshall, dont
c’est le quatrième film, avec ses 200 millions d’entrées,
remporta le César du meilleur film. Sabine Azéma devait remettre
encore une fois à la réalisatrice Tonie Marshall, le César
du meilleur réalisateur. Deux autres César ont couronné
ce film qui a reçu, également, le prix du meilleur
espoir féminin avec la jeune comédienne Audrey Tautou et
le prix du meilleur scénario original. Jolis castings dans les catégories
“meilleur acteur” et “meilleure actrice” qui opposaient d’un côté
Daniel Auteuil, Albert Dupontel, Jean-Pierre Bacri, Vincent Lindon et Philippe
Torreton et, de l’autre, Nathalie Baye, Sandrine Bonnaire, Catherine
Frot, Vanessa Paradis et Karin Viard. Le César du meilleur acteur
fut remporté par Daniel Auteuil pour sa performance dans “La fille
sur le pont”, de Serge Frydman. Le César de la meilleure actrice
a été à Karin Viard pour “Haut les cœurs”. Meilleure
actrice de second rôle, l’étonnante Charlotte Gainsbourg pour
“La bûche”, de Christopher Thompson. César du meilleur second
rôle masculin: François Berléand pour “Haut les cœurs”!
Le César du meilleur film étranger a été attribué
à Pedro Almodovar pour sa réalisation étonnante “Tout
sur ma mère”. D’une manière générale, ces trophées
ont démenti les propos d’Alain Delon… Le cinéma français
n’est pas un vieux monsieur et il a encore de beaux jours devant. Témoins,
ces films de très grande qualité, ayant concilié succès
critique et populaire. Le rideau rouge est tombé sur les César
2000. A l’an prochain, même heure, même émotion!