APRÈS LE CAIRE ET DAMAS
S.A. LE PRINCE HÉRITIER ABDALLAH D’ARABIE SÉOUDITE À BEYROUTH
BUT DE SA TOURNÉE: CONSOLIDER LA SOLIDARITÉ ARABE ET SOUTENIR LE LIBAN

Après avoir accueilli, précédemment, le président Hosni Moubarak et cheikh Sabah el-Ahmed As-Sabah, ministre koweitien des Affaires étrangères, le Liban a reçu, jeudi 2 mars, un autre éminent hôte en la personne de S.A. le prince héritier Abdallah Ben Abdel-Aziz d’Arabie séoudite. Venant de Damas à la tête d’une délégation officielle, après avoir visité Le Caire, le haut responsable séoudien a été salué à sa descente d’avion avec les honneurs dus aux souverains et chefs d’Etat.
 

Le président Emile Lahoud et le prince 
héritier Abdallah Ben Abdel-Aziz.

Le prince Abdallah, à son arrivée 
au palais de Baabda, 
reçu par les hauts dignitaires de l’Etat.

A son arrivée au palais de Baabda, un banquet a été offert en son honneur en présence des hauts dignitaires de la République. Son Altesse, qui œuvre en permanence, aux fins de soutenir notre pays dans ses épreuves, a informé les responsables libanais de la teneur de ses entretiens au Caire et à Damas, sa tournée ayant pour but de renforcer la solidarité arabe, en prévision des négociations de paix, face à l’intransigeance israélienne.
Exposant le but de la visite princière, M. Fouad Mufti, ambassadeur du royaume séoudite au Liban, a déclaré: “Son Altesse a voulu, par sa présence, réaffirmer l’appui de l’Arabie séoudite aux côtés de ce pays frère, contre toute agression qui serait perpétrée contre sa terre et sa souveraineté. La priorité de la politique séoudite est de jeter les bases d’une paix juste et globale dans la région, une paix qui restitue leurs droits aux peuples arabes”. Interrogé sur le point de savoir si, comme les rumeurs et les informations de presse le laissent prévoir, un sommet restreint serait en cours de préparation, il a répondu: “Des concertations ont lieu à cet effet, avec plusieurs Etats frères”.

DON DE 100 MILLIONS DE DOLLARS De l’ARABIE SÉOUDITE...
Il se confirme que l’Arabie séoudite accordera au Liban par le truchement du Fonds séoudite pour le développement, un don de cent millions de dollars, destiné à financer des projets de développement, à déterminer en accord avec le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) et à exécuter par son intermédiaire.
Pendant que l’éminent hôte avait des entretiens avec les présidents Emile Lahoud, Salim Hoss (après sa visite-éclair au Vatican) et Nabih Berri, à son retour de Téhéran, autour de questions d’intérêt commun, un protocole d’assistance pour le montant précité était signé au siège du CDR. M. Mahmoud Osman, président du CDR, a signé au nom du Liban et M. Ibrahim el-Assaf, ministre des Finances, président du Fonds séoudite pour le développement, au nom de l’Arabie séoudite.
Fait à signaler: la visite du prince héritier séoudien, la seconde à notre pays en moins de trois ans, aura pour conséquence de renforcer la solidarité arabe avec le Liban et, aussi, de réactiver l’appui matériel, surtout de la part des Etats du Golfe qui coordonnent, généralement avec Riyad dans le cadre de l’assistance financière aux pays frères et amis. Les conversations officielles libano-séoudites ont porté, essentiellement, sur la conjoncture régionale et l’avenir de l’opération de paix au Proche-Orient, suite aux agressions réitérées d’Israël contre le Liban, ce qui a eu pour résultat de compromettre les négociations sur le volet syrien. De même, l’ordre du jour de la prochaine session de la conférence des ministres arabes des Affaires étrangères devant tenir ses assises les 11 et 12 mars à Beyrouth, a fait l’objet d’un échange de vues entre les responsables des deux pays. Ceux-ci ont examiné la possibilité de tenir un sommet arabe restreint (ou élargi) qu’exigent les circonstances présentes, d’autant que Ehud Barak et son ministre des Affaires étrangères, David Lévy, ne cessent de proférer des menaces quotidiennes contre nos populations civiles et nos infrastructures.
Il s’agit pour les Etats arabes, dans l’étape présente, de prévenir d’autres raids israéliens et, aussi, de relancer le processus de paix bloqué depuis plusieurs semaines. A ce propos, il y a lieu de signaler la détermination du président Clinton à poursuivre ses efforts dans ce but, en dépit de l’échec de M. Dennis Ross, son émissaire au Proche-Orient, qui est retourné bredouille à Washington.
 

Le président Hosni Moubarak s’entretenant 
avec le prince Abdallah Ben Abdel-Aziz.

Le président Hafez Assad recevant S.A. 
le prince Abdallah, à l’aéroport de Damas. 

... ET 16 MILLIONS DU KOWEIT
M. Mohamed As-Sallal, ambassadeur du Koweit, a déclaré que la principauté avait accordé au Liban une aide de 5 millions de dinars, l’équivalent de 16 millions de dollars, à titre de contribution à la remise en état des sous-centrales électriques détruites par les raids israéliens.
Le diplomate koweitien en a informé le chef de l’Etat au cours de l’audience que le président Lahoud lui a accordée mercredi.

LE PRINCE ABDALLAH AU CAIRE...
Dès son arrivée au Caire, le prince Abdallah avait conféré avec le président Hosni Moubarak autour des derniers développements de la conjoncture proche-orientale. M. Amr Moussa, ministre égyptien des Affaires étrangères, a déclaré que la visite du responsable séoudien s’inscrivait dans le cadre des concertations interarabes dans une étape parmi les plus délicates de l’opération de paix, tout en infirmant les informations de presse selon lesquelles l’émir Abdallah serait porteur d’idées nouvelles à propos de ce processus. “Je ne crois pas, a-t-il ajouté, que des divergences existent entre les Etats arabes autour du mécanisme sur la base duquel les négociations de paix devraient être reprises.” Contrairement aux prévisions, les milieux officiels égyptiens écartent la possibilité de tenir un sommet arabe restreint (ou élargi) dans un proche avenir, “le prince Abdallah n’étant chargé d’aucune initiative de cette nature”.
Selon des sources cairotes, “Son Altesse a entrepris sa tournée aux fins de consolider la solidarité arabe et d’apporter le plus de soutien possible aux négociateurs palestiniens et syriens, d’autant qu’il serait question d’une relance des pourparlers syro-israéliens dans un proche avenir.”
Cependant, les mêmes sources ne s’attendent pas que Le Caire et Riyad soient chargés d’un rôle direct, à l’effet de relancer ces pourparlers, partant du fait que les Etats-Unis s’acquittent de ce rôle en tant que “parrain” de la paix. Le prince Abdallah avait quitté Riyad mardi à destination de la capitale égyptienne, première étape d’un périple qui l’a conduit à Damas; puis, à Beyrouth. Il a été salué à l’aéroport séoudite par l’émir Mohamed Ben Abdallah Ben Jaloua; l’émir Fahd Ben Mohamed Ben Abdel-Aziz; l’émir Mataab Ben Abdel-Aziz, ministre des Travaux publics et de l’Habitat; l’émir Bandar Ben Mohamed Ben Abdel-Rahman; l’émir Abdallah Ben Mohamed Ben Abdel-Aziz Al-Séoud; l’émir Sattam Ben Abdel-Aziz, vice-gouverneur de la région de Riyad; ainsi que par d’autres membres de la famille régnante et du gouvernement. Etaient, également, présents à l’aéroport: cheikh Abdel-Aziz Ben Abdel-Mohsen At-Touaijiry, adjoint au chef de la Garde nationale; Mohamed Ben Abdel-Rahman Al-Cheikh, chef du Protocole royal, plusieurs hauts fonctionnaires et officiers supérieurs des différentes armes.

ENTRETIENS AU PALAIS DE KOBBEH
Les entretiens officiels ont eu lieu au palais de Kobbeh, au nord du Caire. Ils ont été suivis d’une réunion élargie à laquelle ont assisté le président Moubarak et le prince Abdallah, assistés de leurs conseillers.
Les deux parties ont, également, examiné la situation sur les scènes islamique et internationale. A l’issue de la réunion, le président Moubarak a offert un banquet en l’honneur de son éminent hôte et de sa suite. Au préalable, le prince Abdallah avait reçu M. Lakhdar Al-Ibrahimi, secrétaire adjoint des Nations Unies pour les affaires humaines. Avant son départ du Caire, Son Altesse a reçu la visite du président Moubarak avec lequel il a eu un nouveau tête-à-tête. Ils devaient être rejoints, par la suite, par le prince Séoud Al-Fayçal, ministre séoudien des A.E. et son homologue égyptien, M. Amr Moussa. Puis, le prince Abdallah a gagné l’aéroport du Caire, accompagné de M. Atef Obeid, Premier ministre égyptien, pour prendre son avion personnel à destination de Damas.

...ET À DAMAS
A Damas, S.A. le prince Abdallah a conféré avec le président Hafez Assad sur les questions d’intérêt commun et l’évolution de la conjoncture régionale, à l’ombre de l’immobilisme qui caractérise l’opération de paix. Aussi, a-t-il mis l’accent sur “la nécessité de resserrer les rangs dans ces circonstances difficiles”, tout en invitant les peuples arabes “à ne pas laisser s’éteindre la flamme de l’espoir et de l’optimisme”, comme “à poursuivre la lutte et à ne pas perdre patience jusqu’à la victoire sur nos ennemis”. Le prince Abdallah a été accueilli avec autant de chaleur que de faste, le président Hafez Assad l’ayant salué à sa descente d’avion à l’aéroport de Damas et au moment de son départ où Son Altesse a fait la déclaration suivante: “Combien nous sommes heureux de nous trouver dans ce pays arabe cher à qui nous vouons, ainsi qu’à son chef et à son peuple, les meilleurs sentiments d’affection, d’admiration et de respect. Hier, nous étions sur la terre d’Egypte; aujourd’hui, nous nous trouvons à Damas l’altière et jeudi au Liban de la résistance. Notre action vise par-dessus tout, à partager les soucis de notre nation arabe, ses souffrances, ses espoirs et ses aspirations. Nous sommes venus pour échanger avec nos frères les points de vue, afin de resserrer les rangs et d’unifier la position dans ces circonstances difficiles qui portent les plus grands périls et des défis dont Dieu seul connaît l’ampleur.

LA FLAMME DE L’ESPOIR NE S’ÉTEINDRA PAS
“En dépit de ce qu’endure notre nation arabe des agressions dont elle est l’objet, la flamme de l’espoir et de l’optimisme demeurera vivante en nous; elle ne sera pas éteinte par les ouragans de la provocation et du pessimisme, si forts soient-ils. Notre foi restera solide avec l’aide de Dieu, persuadé que le droit finira par prévaloir et que le train de la paix poursuivra son chemin jusqu’à atteindre sa finalité, nullement entravé par les obstacles. Si certains appréhendent l’avenir et n’ont pas une vision saine de la paix juste et de ses vertus, nous n’aurons pas peur et ne capitulerons pas. Nous devons continuer à patienter, à résister et à lutter avec toute notre énergie, car celui qui est faible, aujourd’hui, deviendra fort demain, la force ne pouvant perdurer. Les peuples dignes de vivre ne capitulent pas et ne meurent pas; aucun droit qu’on revendique ne peut être violé, l’Histoire étant riche en exemples qui corroborent notre assertion, car elle enregistre les vérités et les préserve contre l’oubli ou la falsification.
“Nous disons cela, a ajouté le prince Abdallah, parce que nous sommes des messagers et défendons un droit légal historique, comme est légale notre résistance à l’occupant et à l’injustice, car elle est consacrée par les lois du ciel et de la terre.”

OUI, À LA PAIX
Le prince Abdallah proclame l’attachement des Arabes “à la paix juste et équitable qui restitue à chacun ses droits, garantit la sécurité et la stabilité à quiconque vit dans cette région du globe, berceau des religions célestes ayant mené l’Humanité au droit, au bien et à la justice.
“Telle est notre vision, poursuit Son Altesse, et telle est notre orientation au royaume d’Arabie séoudite qui a, à sa tête mon frère le “Serviteur des deux saintes mosquées”, que Dieu le préserve. Toutes les parties et, surtout Israël, sont tenues de souscrire à ces vérités et de prendre conscience de la nécessité d’instaurer la paix.
“Nous voulons aux autres la sécurité et la paix, comme nous les voulons pour nous-mêmes et réalisons que cela ne se réalisera pas sans la justice, l’équité et le bannissement de la force, celle-ci ne pouvant régler aucun conflit. Au contraire, elle causera plus de ruines, de haine et de rancune. Si elle devait persister, il faut craindre que l’espoir se dissipe et que la région tout entière soit plongée dans un état de violence et d’anarchie dont Dieu seul peut connaître la gravité.”
 
APPUI ALGÉRIEN AU LIBAN

Le président Emile Lahoud a reçu, hier jeudi, le président du parlement algérien M. Abdel-Kader Ben Saleh qui lui a remis un message d’appui du chef de l’Etat algérien, M. Abdel-Aziz Bouteflika.
A sa sortie du palais de Baabda, M. Ben Saleh a déclaré avoir transmis au président Lahoud le soutien du peuple et des dirigeants algériens, relevant que la grande affluence arabe à Beyrouth démontre l’importance accordée par le monde arabe au Liban. 


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