Bloc - Notes

Par ALINE LAHOUD
LA MARSEILLAISE DE JOSPIN
Il a suffi que Lionel Jospin respire l’air de Tel-Aviv pour se mettre à interpréter la Marseillaise à l’envers. Que dit l’hymne national de la France dont Lionel Jospin est le Premier ministre? Il dit:
“(...) contre nous de la tyrannie
l’étendard sanglant est levé.
Entendez-vous dans nos campagnes
mugir ces farouches soldats
qui viennent jusqu’à dans nos bras
égorger nos fils et nos compagnes.
Aux armes, citoyens, formez vos bataillons,
qu’un sang impur abreuve nos sillons.”
Ces soldats sont sur notre sol à nous et ce sont nos enfants et nos femmes qu’on massacre. Si Jospin avait bafouillé après Bir Zeit, nous aurions dit que la volée de pierres qu’il y a reçue lui avait perturbé l’esprit au point de confondre le nord d’Israël avec le sud du Liban. Nous aurions compris qu’il se soit égaré au point de croire que c’est la Résistance libanaise qui occupe la Galilée, fait sauter ses maisons, blesse et tue ses femmes et ses enfants et sèment ses vergers de bombes à fragmentation. Que les prisons libanaises regorgent d’Israéliens soumis à la torture, que ce sont les avions et les hélicoptères libanais qui bombardent les centrales électriques de Tel-Aviv et détruisent l’infrastructure de l’Etat hébreu.
Malheureusement, c’est bien la Résistance que M. Jospin a traitée de terroriste avant même de recevoir sur la tête cette pierre du destin. “La France, a-t-il dit, condamne les attaques terroristes qui peuvent être menées contre des soldats... la France a le souci que les répliques, que nous pouvons comprendre, frappent aussi peu que possible les populations civiles”. Le plus grave dans cette déclaration, c’est le “aussi peu que possible les populations civiles”... Cela signifie-t-il qu’il est permis d’en tuer de ces civils, mais dans la mesure d’un certain quota “raisonnable”?
Dans ce cas et si l’on devait appliquer la logique de Jospin à son propre pays, toutes les actions menées par la Résistancce française contre les braves soldats allemands étaient des actes terroristes. Tout le monde a évoqué Jean Moulins, mais Jean Moulins est un parmi des dizaines de milliers qui sont tombés pour libérer la France. Et c’est grâce à “ces terroristes-là” que M. Jospin occupe aujourd’hui Matignon au lieu de lever le bras, orné d’un brassard frappé de la croix-gammée, pour crier “Heil Hitler”.
Essayant de réparer la bourde de son Premier ministre, Hubert Védrine a expliqué, plus embarrassé que convaincant, que Jospin, sous le coup de l’émotion, a laissé parler son cœur.
Sous le coup de l’émotion... Dans ce cas, l’on est en droit de se demander si un homme aussi émotif qu’irréfléchi peut pendant sept ans conduire les destinées d’un des pays les plus importants du monde. A moins, évidemment, que cela ne soit voulu. Et dans ce cas, il faudrait s’attendre - si jamais il accédait à la Présidence - à un changement radical de la politique française dans cette partie du monde.
Il ne faut pas perdre de vue, non plus, que les paroles de Jospin lui ont été dictées par son désir de récolter les voix juives aux prochaines élections législatives et présidentielles. A-t-il envisagé la possibilité de se retrouver face aux bulletins de vote hostiles de la communauté arabe et celle-ci arrive, en nombre, au second rang après les Français de souche? Paris n’est pas New York, monsieur Jospin.
Quant à nous, nous considérons depuis Saint-Louis, en passant par Charles de Gaulle et son digne héritier Jacques Chirac, que notre amitié avec la France et notre engagement vis-à-vis l’un de l’autre sont indissolubles, que rien ni personne ne saurait nous faire dévier de ce chemin et que tous les Jospin de ce monde ne seront jamais que des accidents de parcours. 
 
MONSIEUR ISSAM NAAMAN, METTONS LES PENDULES À L’HEURE

Le ministre Issam Naaman a pris la plus belle plume de son traducteur pour nous adresser une mise au point destinée à me faire rentrer sous terre. Comme je n’y suis pas encore - étant de nature contrariante - je prends la liberté de faire une mise au point à mon tour.
1Þ - Il est vrai que j’ai évoqué l’ouïe de M. Naaman, mais je n’ai pas dit qu’il était sourd. J’ai écrit qu’il ne s’entendait pas parler. Ce qui est différent. Le traducteur attitré de M. Naaman aurait dû saisir la nuance.
2Þ - Les citations tronquées que puise dans mon article monsieur le ministre, apparaissent ainsi, dans le meilleur des cas, comme des contre-vérités. J’ai effectivement écrit: “Du point de vue romantique, l’idée est très belle, mais sur le plan militaire, c’est plutôt naïf pour ne pas dire demeuré”. M. Naaman lui-même sait parfaitement bien qu’il ne s’agissait pas là de la Résistance - que j’estime et que j’admire - mais des idées de M. Naaman lui-même. Par quelle étrange symbiose M. Naaman s’identifie-t-il à la Résistance pour prétendre que cette Résistance a été insultée à travers sa personne?
3Þ - Est-ce en guise de punition que M. Naaman nous inflige cet interminable laïus sur la guerre du Viêt Nam, à croire que, sa verve intarissable aidant, il a fini par se prendre, également, pour Hô Chi Minh et Giap réunis?
Enfin, si vous pensez, monsieur le ministre, avoir autre chose à faire qu’à vous inventer des ennemis, il serait plus sage soit de changer de disque, soit de traducteur, soit des deux à la fois. 


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