POUR FAIRE FACE AU CHANTAGE ISRAÉLIEN
ACTION DIPLOMATIQUE INTENSE CONSOLIDÉE PAR LA SOLIDARITÉ ARABE

Une action intensive est entreprise, ces temps-ci, à tous les niveaux, pour faire face à l’étape délicate que traversent le Liban et la région, toujours menacés par d’autres raids israéliens sur nos infrastructures.

A ce propos, il y a lieu de faire état des visites effectuées à Beyrouth par des personnalités arabes: le président Hosni Moubarak, cheikh Sabah el-Ahmed As-Sabah, ministre koweitien des Affaires étrangères et le prince héritier d’Arabie séoudite, vice-président du Conseil et chef de la Garde nationale. Cela prouve l’amitié dont jouit notre pays auprès des Etats frères, le royaume séoudite en tête qui l’a montré en accordant un don de cent millions de dollars, destiné à financer des projets de développement, à exécuter par l’intermédiaire du Conseil du développement et de la reconstruction.
Cette aide a été accordée au moment où le prince Abdallah s’entretenait avec les hauts responsables libanais au palais de Baabda.
Dans le même temps, les préparatifs étaient entamés en vue de la tenue, à Beyrouth, les 11 et 12 mars de la prochaine session des ministres arabes des Affaires étrangères. Dans ce contexte, les milieux officiels libanais s’emploient à obtenir de ces assises des résultats concrets qui se traduiraient par un soutien matériel et politique et non plus verbal ou sentimental, comme l’a souligné le président Nabih Berri avant son départ pour Téhéran où il a assisté au congrès parlementaire des pays islamiques. A cet effet, il s’est réjoui de la collecte de fonds effectuée par les enfants qatariotes, lesquels ont amassé près de quatre mille rials à l’intention des enfants libanais affectés par les raids israéliens.

ASSISES ARABES À BEYROUTH
En prévision de la conférence des ministres arabes des A.E., Beyrouth et Damas se concertent, à l’effet d’amener ceux-ci à publier un communiqué final réaffirmant l’appui des Etats arabes frères au Liban et à la Syrie, face à l’occupant israélien. Tout en proclamant leur soutien à la Résistance libanaise qui lutte pour chasser cet occupant, tout en reconnaissant son droit à mener ses opérations sur le territoire national. Non à l’affubler du mot “terroriste”, comme l’a fait le Premier ministre français, Lionel Jospin.
La réaction des étudiants de l’université de Bir Zeit a été accueillie avec enthousiasme au Liban, d’autant qu’il est apparu par la suite que M. Jospin ne traduisait pas la politique française équilibrée, ainsi que l’a souligné le porte-parole de l’Elysée à la demande du président Jacques Chirac.
Pendant ce temps, la diplomatie libanaise intensifie son action au double plan arabe et international, en prévision de cet important événement - la conférence des ministres arabes des A.E. - qui a lieu pour la première fois depuis longtemps dans nos murs.
Dans ce contexte, a eu lieu l’entretien téléphonique entre le président Salim Hoss et M. Farouk Chareh, ministre syrien des Affaires étrangères. Sans perdre de vue, l’entrevue pour la seconde fois en moins de vingt-quatre heures, entre le chef du gouvernement et le chargé d’Affaires d’Oman, M. Mohamed el-Jazmi, avec lequel il a échangé les vues sur les préparatifs de la conférence, celle-ci devant se tenir sous la présidence du sultanat.
On s’attend, en conséquence, que M. Youssef Ben Alaoui, ministre omanais des Affaires étrangères, soit le premier responsable arabe à arriver à Beyrouth la veille de la conférence ministérielle et, peut-être, à examiner avec son homologue libanais la question de l’octroi d’une aide financière destinée à financer des projets d’équipement ou de développement.

LES MENACES DE LÉVY
Cela dit, il sied de mentionner l’intérêt manifesté par les milieux officiels et populaires aux propos belliqueux de David Lévy, ministre israélien des A.E. qui a menacé “de brûler la terre du Liban et de tuer ses enfants”, ce qui laisse appréhender d’autres agressions israéliennes. Ceci a fait le sujet d’un “clip” que les chaînes de télévision locales ne cessent de diffuser, montrant Hitler (l’original) et Lévy (sa copie) vitupérant contre le Liban et sa population civile, poussé par la même mentalité criminelle, la même haine et le même désir de nuire.
D’autre part, les milieux gouvernementaux suivent non sans inquiétude les nouvelles relatives à un éventuel retrait de “Tsahal” du Liban-Sud et de la Békaa-ouest d’ici au 7 juillet prochain.
Cette question fait l’objet de conciliabules au sein du Cabinet Barak. Ce dernier en a discuté dimanche dernier avec ses vingt-quatre ministres, sans prendre aucune décision. Le même sujet fera l’objet d’une nouvelle discussion dimanche prochain qui semble devoir déboucher sur une décision ferme.
Des sources sudistes mettent en garde contre la gravité de l’étape devant suivre le retrait israélien, ce dernier pouvant apporter des surprises désagréables, dont une éventuelle attaque militaire d’Israël contre le Liban, afin de contraindre le Conseil de Sécurité de prendre une nouvelle résolution, autre que la 425, faisant assumer à notre pays des responsabilités d’ordre sécuritaire le long de ses frontières internationales. Et ce, afin d’empêcher les opérations de la Résistance, ce à quoi le gouvernement libanais a refusé jusqu’ici de souscrire pour des considérations nationales.

QUID DES RELATIONS LIBANO-FRANÇAISES?
Le Liban avait réagi violemment, la semaine dernière, aux déclarations du Premier ministre français qui a qualifié de “terroristes” les membres du “Hezbollah”, ce qui a failli compromettre les relations historiques entre Beyrouth et Paris, sans la prise de position adoptée par le président Chirac allant à l’encontre de celle du président du Conseil.
Les déclarations de ce dernier ont été d’autant plus surprenantes, que la France est la co-présidente du comité de surveillance de la trêve issu des arrangements d’avril 96.
Le président Hoss a convoqué l’ambassadeur de France pour lui signifier le mécontentement provoqué par les propos de M. Jospin “qui, dit-il, risquent de torpiller le comité de surveillance de la trêve au sein duquel la France occupe une place prépondérante avec les Etats-Unis.”
Il y a lieu de signaler que le président Chirac a fait parvenir au président Lahoud, par l’intermédiaire de M. Gérard Larcher, vice-président du Sénat français, un message dans lequel il affirme que “la politique française au Proche-Orient n’a pas changé et que le Liban peut toujours compter sur la France”.
M. Larcher a abondé dans le même sens, disant qu’en tant que gaulliste, il peut assurer que “la voix du président Chirac est celle de la France”. M. Larcher a transmis un message similaire au président Salim Hoss qui a informé son homologue syrien, M. Chareh de sa teneur.
Pour en revenir à la visite du prince héritier Abdallah d’Arabie séoudite, il semble qu’il préparerait le terrain à la tenue d’un sommet restreint auquel prendraient part, en plus du royaume séoudien, le Liban, la Syrie et l’Egypte. Une décision serait prise, à ce sujet, au terme de la conférence des ministres arabes des Affaires étrangères.
Enfin, il importe de signaler l’appui sans réserve apporté au chef de l’Etat par toutes les franges de la classe politique et de la population, tous les partis s’étant regroupés avec plus de force autour du président de la République, soutenant ses prises de position foncièrement nationales.

NADIM EL-HACHEM

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