VOYAGE HISTORIQUE DU SAINT-PÈRE EN ÉGYPTE
UN PÈLERINAGE PLACÉ SOUS LE SIGNE DU DIALOGUE ENTRE LES RELIGIONS

"John-Paul Two We Love You”.
Ce même cri  a retenti au Caire et au monastère de Sainte-Catherine au Sinaï pour accueillir le chef de l’Eglise catholique.
Le Saint-Père a effectué une visite historique en Egypte qu’il a placée sous le signe du dialogue entre les religions et en faveur de la paix. Elle a été très hautement appréciée par les autorités égyptiennes, les personnalités officielles, les représentants des chrétiens et des musulmans et par le peuple. La télévision nationale a retransmis toutes les étapes du voyage et les médias égyptiens ont salué l’accord signé entre le Vatican et l’OLP. “Les initiatives du Souverain Pontife ont créé un nouveau climat. Le dialogue entre chrétiens et musulmans va, désormais, prendre une nouvelle orientation”, affirme un ancien ministre copte. Ce voyage constitue, en priorité, une étape du pèlerinage que Sa Sainteté est en train d’effectuer à l’occasion du jubilé de l’an 2000, sur les pas d’Abraham, de Moïse et de Jésus.
La prochaine étape sera la Terre Sainte.

S.S. Jean-Paul II était arrivé au Caire dans l’après-midi du jeudi 24 février pour une visite de trois jours. Accueilli à sa descente d’avion par le président Hosni Moubarak, il adresse en arabe un “Salamou Aleikom” et donne d’emblée le ton de la visite, en affirmant qu’il est venu “prier, intensément, en faveur de la paix et de l’harmonie entre les religions”. Le Saint-Père ajoute: “Faire du mal, promouvoir la violence et l’affrontement au nom de la religion est une grande offense à Dieu”.
Il évoque, aussi, “l’engagement” du raïs égyptien “en faveur de la paix au Proche-Orient”. “Vous avez rempli, lui dit-il, un rôle important pour faire progresser le processus de paix dans la région”.
A son tour, le président Moubarak a rendu hommage au Saint-Père, saluant en lui “l’homme de courage, de sagesse et de tolérance dont la contribution aux causes humanitaires dans cette ère de troubles et d’insécurité est admirée de tous; il a toujours œuvré pour le dialogue entre les religions sur la base des liens spirituels qui lient tous les croyants.
“Aujourd’hui, ajoute le président Moubarak, le peuple d’Egypte est uni dans sa soumission à la volonté de Dieu et s’inspire de la Chrétienté et de l’Islam. Nous partageons avec vous un grand espoir pour un meilleur avenir qui portera avec lui une ère de paix et d’amour. Nous devons unir nos efforts pour combattre le fanatisme, les préjugés et la haine.”
Au cours de sa première journée égyptienne, le chef de l’Eglise catholique a rendu visite au cheikh Mohamed Sayyed Tantaoui, imam d’Al-Azhar, la plus haute autorité sunnite et à Chenouda III, pape des Coptes-orthodoxes et figure charismatique. Ces rencontres étaient placées sous le signe du dialogue œcuménique et interreligieux.
 

Le monastère de Sainte-Catherine dans le Sinaï.

Le président Hosni Moubarak accueillant 
le Souverain Pontife à sa descente d’avion.

ŒCUMÉNISME ET DIALOGUE ENTRE LES RELIGIONS
La journée du vendredi 25 février a été marquée par une messe émouvante célébrée au stade du Caire, en présence de 20.000 Egyptiens et placée, comme l’ensemble de la visite, sous le signe de l’œcuménisme et du dialogue entre les religions, les rites et les peuples, en vertu des enseignements du Concile Vatican II. Jean-Paul II a célébré l’office divin entouré du patriarche copte-catholique d’Egypte, Stephanos II Ghattas; du patriarche maronite d’Antioche et de tout l’Orient, S.Em. le cardinal Mar Nasrallah Sfeir qui avait fait le voyage de Beyrouth et d’une quinzaine de prélats des communautés catholique, copte, latine, maronite, grecque, arménienne, syriaque et chaldéenne. La cérémonie a eu lieu en sept langues et s’est déroulée en présence du pape copte Chenouda III.
Dans son homélie, le Saint-Père a parlé de la nécessité d’accélérer la réunification de tous les chrétiens. “Il n’y a pas de temps à perdre, dit-il, en formulant le souhait que “le troisième millénaire soit celui de notre pleine unité. En ce qui concerne le ministère de l’Evêque de Rome, je demande à l’Esprit-Saint de nous donner sa lumière et d’éclairer tous les pasteurs et théologiens de nos églises, afin que nous  puissions chercher ensemble les formes selon lesquelles ce ministère pourra réaliser un service d’amour reconnu par les uns et les autres.”
Au cours de cette deuxième journée, Sa Sainteté a participé à une rencontre œcuménique en la cathédrale Notre-Dame d’Egypte et adressé un message aux représentants des Eglises chrétiennes non catholiques. Les prières ont été récitées en arabe et en copte.
 

Le Saint-Père donnant l’accolade à S.S. 
Chenouda III, pape des Coptes-orthodoxes...

... Et en conversation avec cheikh Tantaoui,
imam d’Al-Azhar.

AUX SOURCES DE LA CHRÉTIENTÉ
Le moment fort de la visite de Jean-Paul II en Egypte aura été incontestablement son pèlerinage le samedi 26, au monastère de Sainte-Catherine sur le Mont Sinaï, lieu sacré datant du VIème siècle, qui renferme la plus prestigieuse collection d’icônes et une bibliothèque impressionnante.
Ces trésors, fermés habituellement aux visiteurs et touristes, ont été montrés au Saint-Père par les prêtres grecs-orthodoxes qui veillent, jalousement, sur leur monastère, car c’est près d’ici que Moïse aurait reçu des mains de Dieu les tables de la loi contenant les Dix Commandements.
Le pape a célébré la messe au jardin des Oliviers, en présence de 500 fidèles, en raison de l’étroitesse des lieux. Il a parlé des Dix Commandements “qui, a-t-il dit, tracent la voie d’une vie pleinement humaine. Hors de ces préceptes, ajoute-t-il, il n’existe pas d’avenir serein, ni de paix pour les personnes, les sociétés et les nations.”
Au monastère, le pape, s’est agenouillé, pieds nus, en dépit de son état de santé, pour baiser le sol de la basilique et s’est recueilli devant la tombe de Sainte-Catherine.
L’archevêque Damianos qui dirige le monastère, s’est dit “très ému” par le mysticisme du pape, relevé l’importance de cette visite, en soulignant, toutefois, “nous sommes très proches, mais nous ne sommes pas encore en communion ecclésiale.”
La réunification des chrétiens, n’est pas pour demain, sans doute, mais tel que le dit un prélat italien: “Jean-Paul II a fait au Sinaï et au Caire un petit pas de géant vers l’unité des chrétiens et la paix au Proche-Orient.”

N.H.
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