S.S. Jean-Paul II était arrivé au Caire dans l’après-midi
du jeudi 24 février pour une visite de trois jours. Accueilli à
sa descente d’avion par le président Hosni Moubarak, il adresse
en arabe un “Salamou Aleikom” et donne d’emblée le ton de la visite,
en affirmant qu’il est venu “prier, intensément, en faveur de la
paix et de l’harmonie entre les religions”. Le Saint-Père ajoute:
“Faire du mal, promouvoir la violence et l’affrontement au nom de la religion
est une grande offense à Dieu”.
Il évoque, aussi, “l’engagement” du raïs égyptien
“en faveur de la paix au Proche-Orient”. “Vous avez rempli, lui dit-il,
un rôle important pour faire progresser le processus de paix dans
la région”.
A son tour, le président Moubarak a rendu hommage au Saint-Père,
saluant en lui “l’homme de courage, de sagesse et de tolérance dont
la contribution aux causes humanitaires dans cette ère de troubles
et d’insécurité est admirée de tous; il a toujours
œuvré pour le dialogue entre les religions sur la base des liens
spirituels qui lient tous les croyants.
“Aujourd’hui, ajoute le président Moubarak, le peuple d’Egypte
est uni dans sa soumission à la volonté de Dieu et s’inspire
de la Chrétienté et de l’Islam. Nous partageons avec vous
un grand espoir pour un meilleur avenir qui portera avec lui une ère
de paix et d’amour. Nous devons unir nos efforts pour combattre le fanatisme,
les préjugés et la haine.”
Au cours de sa première journée égyptienne, le
chef de l’Eglise catholique a rendu visite au cheikh Mohamed Sayyed Tantaoui,
imam d’Al-Azhar, la plus haute autorité sunnite et à Chenouda
III, pape des Coptes-orthodoxes et figure charismatique. Ces rencontres
étaient placées sous le signe du dialogue œcuménique
et interreligieux.
![]() Le monastère de Sainte-Catherine dans le Sinaï. |
![]() Le président Hosni Moubarak accueillant le Souverain Pontife à sa descente d’avion. |
ŒCUMÉNISME ET DIALOGUE ENTRE LES RELIGIONS
La journée du vendredi 25 février a été
marquée par une messe émouvante célébrée
au stade du Caire, en présence de 20.000 Egyptiens et placée,
comme l’ensemble de la visite, sous le signe de l’œcuménisme et
du dialogue entre les religions, les rites et les peuples, en vertu des
enseignements du Concile Vatican II. Jean-Paul II a célébré
l’office divin entouré du patriarche copte-catholique d’Egypte,
Stephanos II Ghattas; du patriarche maronite d’Antioche et de tout l’Orient,
S.Em. le cardinal Mar Nasrallah Sfeir qui avait fait le voyage de Beyrouth
et d’une quinzaine de prélats des communautés catholique,
copte, latine, maronite, grecque, arménienne, syriaque et chaldéenne.
La cérémonie a eu lieu en sept langues et s’est déroulée
en présence du pape copte Chenouda III.
Dans son homélie, le Saint-Père a parlé de la
nécessité d’accélérer la réunification
de tous les chrétiens. “Il n’y a pas de temps à perdre, dit-il,
en formulant le souhait que “le troisième millénaire soit
celui de notre pleine unité. En ce qui concerne le ministère
de l’Evêque de Rome, je demande à l’Esprit-Saint de nous donner
sa lumière et d’éclairer tous les pasteurs et théologiens
de nos églises, afin que nous puissions chercher ensemble
les formes selon lesquelles ce ministère pourra réaliser
un service d’amour reconnu par les uns et les autres.”
Au cours de cette deuxième journée, Sa Sainteté
a participé à une rencontre œcuménique en la cathédrale
Notre-Dame d’Egypte et adressé un message aux représentants
des Eglises chrétiennes non catholiques. Les prières ont
été récitées en arabe et en copte.
![]() Le Saint-Père donnant l’accolade à S.S. Chenouda III, pape des Coptes-orthodoxes... |
![]() ... Et en conversation avec cheikh Tantaoui, imam d’Al-Azhar. |
AUX SOURCES DE LA CHRÉTIENTÉ
Le moment fort de la visite de Jean-Paul II en Egypte aura été
incontestablement son pèlerinage le samedi 26, au monastère
de Sainte-Catherine sur le Mont Sinaï, lieu sacré datant du
VIème siècle, qui renferme la plus prestigieuse collection
d’icônes et une bibliothèque impressionnante.
Ces trésors, fermés habituellement aux visiteurs et touristes,
ont été montrés au Saint-Père par les prêtres
grecs-orthodoxes qui veillent, jalousement, sur leur monastère,
car c’est près d’ici que Moïse aurait reçu des mains
de Dieu les tables de la loi contenant les Dix Commandements.
Le pape a célébré la messe au jardin des Oliviers,
en présence de 500 fidèles, en raison de l’étroitesse
des lieux. Il a parlé des Dix Commandements “qui, a-t-il dit, tracent
la voie d’une vie pleinement humaine. Hors de ces préceptes, ajoute-t-il,
il n’existe pas d’avenir serein, ni de paix pour les personnes, les sociétés
et les nations.”
Au monastère, le pape, s’est agenouillé, pieds nus, en
dépit de son état de santé, pour baiser le sol de
la basilique et s’est recueilli devant la tombe de Sainte-Catherine.
L’archevêque Damianos qui dirige le monastère, s’est dit
“très ému” par le mysticisme du pape, relevé l’importance
de cette visite, en soulignant, toutefois, “nous sommes très proches,
mais nous ne sommes pas encore en communion ecclésiale.”
La réunification des chrétiens, n’est pas pour demain,
sans doute, mais tel que le dit un prélat italien: “Jean-Paul II
a fait au Sinaï et au Caire un petit pas de géant vers l’unité
des chrétiens et la paix au Proche-Orient.”