SHARON GREENLUN MATNI CHEZ “EPREUVE D’ARTISTE”
UN UNIVERS DE RÉALITÉS TRANSPOSÉES

Il serait exagéré de dire que face aux dernières œuvres de Sharon Greenlun Matni on se retrouve en terrain connu.
 
Florence ou Beyrouth?
 
Merveilleux arbre de Juda.

Ce qui est certain, c’est qu’on est plutôt surpris par l’originalité des reliefs et peintures exposés: des photos, sur papier mat ou brillant, retravaillées au moyen de mixed médias et gonflées. L’image nous offre les facettes - une notion importante chez cette artiste - de son environnement ou des lieux qu’elle a connus lors de ses voyages, des fragments de paysages ou reconnaissables ou reconstitués par l’imaginaire. Ainsi, elle traduit à travers son langage plastique un univers de réalités transposées.
Sharon Matni possède bien le métier, mais jamais elle ne se laisse embarrasser par l’excès de sa technicité. Un terme définit plus que tout autre son art: celui de transfiguration, par l’apport de techniques nouvelles au service d’une indiscutable technique académique.
Par la rigueur d’une composition longuement pensée, c’est finalement, toujours, la notion de sensibilité que cette peinture appelle à l’esprit. Ce monde recomposé reste ouvert, tout à la fois, à la réalité des paysages ou des lieux réinventés et aux inquiétudes de l’artiste confronté à ses propres fantasmes.
 
Couple à la “Piazza del Poppolo”.
 
La pharmacie.
 

La recherche de Sharon Matni est trop personnelle pour s’embarrasser de parti-pris, serait-ce celui de la figuration ou de l’abstraction qui, dans ses reliefs ou dans son œuvre peinte s’interpénètrent et se composent.
Aucun système ne vient étouffer la sensibilité, mais aucune sensibilité n’interdit la spéculation intellectuelle, car les reliefs réalisés à partir de photos retravaillées, au moyen des mixed médias, par l’artiste, ou les peintures sur toile posent des questions profondes, s’interrogeant sur la structure essentielle des choses, rejoignant l’angoisse de tout plasticien confronté au développement des nouvelles technologies qui, le dépassant parfois, l’inquiète toujours et le stimule à aller de l’avant dans ses recherches.


Fleurs jaunes accrochées dehors.

Une telle conception de l’art chez Sharon Matni ne saurait se confiner dans les règles d’un strict réalisme. Sans que jamais disparaisse la référence au réel, il y a toujours dans ses réalisations une part d’abstraction ou, pour être plus juste, la part laissée pour l’imaginaire.
Et c’est, sans doute, dans cet au-delà de la forme et de la pensée, laissé à la discrétion du spectateur, que réside le charme évocateur de l’œuvre. Celle-ci semble être une interprétation, tout à fait personnelle des espaces et des lieux, tamisant la matière et qui, sans les changer, les transfigure dans la pérennité de l’instant.

Par NICOLE MALHAMÉ HARFOUCHE

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