Les deux affaires ont été exploitées à des
fins électorales, à quelques mois du scrutin.
En effet, le fait pour M. Michel Murr, vice-président du Conseil,
d’avoir apposé sa signature au bas du décret mentionné,
au cours du voyage que le Premier ministre avait effectué à
Rome et à la Cité du Vatican, avait été monté
en épingle par l’opposition sur la scène beyrouthine. Les
opposants ont cherché à brouiller les chefs de l’Etat et
du gouvernement d’une part; et le président du Conseil et son vice-président,
d’autre part.
Ainsi, le bureau médiatique de M. Rafic Hariri s’est activé
durant le dernier week-end, aux fins de laisser croire que “M. Hoss aurait
cédé ses prérogatives à d’autres”. Ce qui a
porté le président de la République à mettre
les choses au point, tout en confiant au ministère de la Justice
le soin de déterminer la partie ayant qualité de signer le
décret relatif à l’exécution de la peine de mort.
Le communiqué diffusé par le chef du gouvernement a empêché
M. Hariri de réaliser un acquis électoral. Aussi, les observateurs
s’attendent-ils à ce que la cabale haririenne contre M. Hoss se
termine en queue de poisson, d’autant que des efforts sont déployés
pour rechercher un compromis. MM. Hoss et Murr ont conféré
à ce sujet, mardi, en présence de M. Joseph Chaoul, ministre
de la Justice.
Au cas où le problème n’était pas résolu,
la tendance serait en faveur d’une proposition qui consisterait à
geler le décret en question, jusqu’à la désignation
d’un nouveau Premier ministre non hostile à la peine capitale.
MISE AU POINT PRÉSIDENTIELLE
Pour en revenir à la mise au point présidentielle, il
y a lieu de relever le passage où le président Lahoud reconnaît
que “la critique constructive est l’une des nécessités fondamentales
en régime démocratique. Mais elle doit établir un
équilibre entre les positivismes et les négativismes. En
ce sens, que les critiqueurs sont tenus de mettre l’accent sur les aspects
négatifs d’un problème litigieux et non le contraire, leur
but étant de rectifier l’erreur si elle existe”.
M. Murr a déclaré à l’issue de sa rencontre avec
le président Hoss et M. Chaoul, que l’une des solutions consisterait
à amender le code de procédure pénale, de manière
à habiliter le remplaçant du chef du gouvernement à
signer un décret de cette importance.
Etant entendu que le chef de l’Etat doit décider, en dernier
recours, sa signature étant exécutoire, qu’il s’agisse d’une
peine de mort ou de l’amnistie d’un détenu.
Quoi qu’il en soit, il semble que les hautes autorités seraient
enclines à exécuter l’arrêt de mort, en promulguant
un nouveau décret, pour la simple raison qu’il n’est pas logique
de geler un arrêt judiciaire dans un Etat de droit, quels que soient
les circonstances et les arguments invoqués, d’autant que les deux
condamnés ont perpétré deux crimes qualifiés
et leurs auteurs ne peuvent ni ne doivent rester impunis.
Cette affaire a figuré en tête de l’ordre du jour du dernier
Conseil des ministres qui a siégé sous la présidence
du président de la République. On s’attendait que le président
Hoss persiste dans son attitude et se contente de marquer sa réserve,
au cas où le Conseil des ministres venait à prendre une décision
à la majorité de ses membres.
Cependant, une autre solution était envisagée; elle consistait
à réviser l’article 51 du Code pénal, de façon
à ne pas exiger la signature du chef du gouvernement et du ministre
de la Justice, en cas de peine de mort, ou du moins que cette signature
ne soit plus obligatoire.
De toute manière, cette petite crise pose, avec insistance,
la nécessité de doter le Conseil des ministres d’un règlement
intérieur, afin de prévenir d’autres problèmes de
même nature.
PAS DE DÉSACCORD LAHOUD-HOSS
En fait, les présidents Lahoud et Hoss ne sont pas parvenus
à un accord sur cette question, au cours de leur rencontre hebdomadaire
de mardi. Cependant, ils ont convenu de s’en remettre aux instances juridiques
et constitutionnelles pour lui trouver une échappatoire.
Mais, assurent les milieux officiels, ceci ne doit pas être interprété
comme un différend politique opposant les chefs de l’Etat et du
gouvernement. Les rapports entre les deux hauts responsables restent excellents,
contrairement à ceux existant entre MM. Hoss et Berri et qui ont
été assainis à l’issue d’une entrevue entre les deux
hommes.
Le président Hoss a profité de sa présence au
parlement, pour participer à la réunion de la commission
des Affaires étrangères, en sa qualité de chef de
la diplomatie.
Quant à la cause du froid ayant caractérisé les
rapports Berri-Hoss, elle se limite au “cas libyen”. On sait, en effet,
que le chef du Législatif a annulé le banquet qu’il se proposait
d’offrir en l’honneur des ministres arabes des Affaires étrangères,
afin de n’avoir pas à recevoir le chef de la diplomatie libyenne.
Il est de notoriété publique que les relations de la Libye
avec la communauté chiite sont plus qu’inamicales depuis la disparition
de l’imam Moussa Sadr au cours d’une visite à la Jamahiriya libyenne.
Puis, le président Kazzafi a menacé de scinder le mouvement
“Amal” en plusieurs fractions dissidentes en vue de l’affaiblir. Rappelons
que l’imam Sadr a disparu à l’époque où le président
Hoss assumait les charges de chef du gouvernement.
Naturellement, le président Lahoud s’est empressé de
dissiper toute tension dans les rapports entre les présidents de
la Chambre et du Conseil, ce à quoi les deux hommes se sont prêtés
volontiers; d’autant que les festivités de l’Adha ont montré
qu’ils bénéficiaient d’un soutien populaire dépassant
de loin la popularité des autres leaders mahométans. Cela
est apparu nettement au nombre des délégations et des personnalités
ayant défilé à Msaïleh et au Grand Sérail
durant le chômage de la fête.
D’autre part, le président Hoss a consolidé sa position
au plan politique (et électoral aussi) suite à l’action qu’il
a entreprise après les raids israéliens sur nos infrastructures:
il s’agit de sa visite au Vatican et à Rome, en plus de la conférence
des ministres arabes des Affaires étrangères qui a tenu ses
assises pour la première fois à Beyrouth.
En ce qui concerne le dossier des membres de l’Armée rouge,
elle a été réglée conformément à
la loi. Le directeur général de la Sûreté a
remis à Kozo Okamoto, par l’entremise de son avocat, Me Béchara
Abi-Saad, la carte qui lui revient en tant que bénéficiaire
de l’asile politique.
Le général Jamil el-Sayed a exposé au cours d’une
conférence de presse, les raisons ayant porté les responsables
à éloigner les quatre camarades d’Okamoto, en rappelant que
l’arrêt de la Cour criminelle exige leur expulsion à l’expiration
de leur peine, alors que la Commission pour l’octroi de l’asile politique
a rejeté la demande de quatre des cinq Japonais qui ont été
embarqués dans un avion de la MEA en partance pour Amman.
Le général el-Sayed a réfuté l’allégation
de ceux qui prétendent que l’épilogue de cette affaire pourrait
avoir pour conséquence de porter atteinte à la Résistance
libanaise.
“Au contraire, a-t-il affirmé, l’Etat libanais, ce régime
et le président Lahoud ont empêché que la Résistance
soit égorgée au Sud et à l’intérieur”.