RENCONTRE CLINTON-ASSAD À GENÈVE:
LE SOMMET DE LA DERNIÈRE CHANCE

Tous les regards sont, en ce moment, tournés vers Genève où doit se tenir, ce dimanche, un sommet de haute importance entre les présidents Clinton et Hafez Assad.
Un sommet qui, tel que chacun l’espère, parviendra à relancer les négociations sur le volet syro-israélien, dans l’impasse depuis janvier. C’est, dit-on le “sommet de la dernière chance”.
Côté israélo-palestinien, un progrès notable vient d’être réalisé avec la reprise, à Washington, des pourparlers et la remise aux Palestiniens de 6,1% du territoire de Cisjordanie.
Cinq dossiers épineux au programme 
de la rencontre Clinton-Assad à Genève.
Explosion de joie palestinienne après
l’annonce du retrait de 6,1 % de Cisjordanie.

DAMAS POUR UNE PAIX JUSTE
Annoncé à partir du Bangladesh, où M. Clinton effectuait une visite, le sommet de Genève témoigne de toute l’importance que le président américain accorde au processus de paix au Proche-Orient et son désir de parvenir à régler ce conflit de plus d’un demi-siècle avant l’expiration de son mandat.
Comment l’annonce de ce sommet fut-elle accueillie par les deux parties concernées? Côté syrien, les premiers commentaires ont été diffusés par la radio officielle qui a exhorté l’Amérique à entreprendre “une action dynamique pour la réalisation d’une paix juste et globale, d’autant plus que la paix est dans l’intérêt des Etats-Unis autant que des peuples de la région.”
Quant au gouvernement israélien, il a déclaré: “Nous espérons que la rencontre conduira à une reprise des négociations, mais celles-ci n’auront lieu que si les conditions s’y prêtent.”
Par ailleurs, un haut responsable israélien a déclaré au quotidien “Yediyot Aharonot”, sous anonymat: “La Syrie et Israël auraient réduit, substantiellement, leurs désaccords au cours des dernières semaines, à la suite de contacts effectués par les Etats-Unis.”
Mais déjà avant l’annonce du sommet de Genève, la perspective de la reprise des négociations entre Tel-Aviv et Damas avait été évoquée par le ministre syrien de la Défense. Lors d’une visite qu’il a rendue au ministre Sleiman Frangié au Liban-Nord, le général Moustapha Tlass avait laissé entendre que “les négociations pourraient reprendre dans les semaines à venir”.

CINQ DOSSIERS ÉPINEUX
A Genève, les présidents Clinton et Assad vont se pencher sur les cinq dossiers épineux des pourparlers syro-israéliens dont la question du Golan, les arrangements en matière de sécurité, le partage des eaux, la normalisation diplomatique et, bien entendu, le Liban.
Israël a annoncé le retrait de “Tsahal” des 800 Km2 qu’il occupe au Liban-Sud et dans la Békaa-ouest avant fin juillet 2000. Il est évident que le parrain du processus de paix, ainsi que toutes les parties concernées par ce dossier délicat, préfèrent que ce retrait se fasse dans le cadre d’un accord entre Israël, la Syrie et le Liban.
Jusqu’à l’heure, les modalités de ce retrait sont toujours très vagues et reflètent un désaccord entre le Premier ministre israélien et l’état-major de l’armée.
M. Ehud Barak est en faveur d’un retrait total jusqu’à la frontière internationale, alors que les militaires veulent garder une bande de sécurité le long du cordon frontalier.
Par ailleurs, selon des sources diplomatiques, le président Clinton soulèverait à Genève avec son homologue syrien, l’avenir de plus de 45.000 soldats syriens déployés sur le territoire libanais.

RETRAIT DE 6,1% DE CISJORDANIE
Sur le volet israélo-palestinien, de nets progrès ont été réalisés et se sont traduits par un nouveau retrait de “Tsahal” (de 6,1 %) de Cisjordanie et par la reprise des négociations en date du mardi 21 mars à Washington. Le président Clinton s’en est, d’ailleurs, félicité affirmant: “Nous avons travaillé très dur pour cette reprise et les deux parties font du très bon travail.”
Initialement prévu pour le mois de janvier, en vertu de l’accord signé en septembre à Charm el-Cheikh, ce retrait (de 6,1%), plusieurs fois retardé à cause des divergences sur les localités qui devaient être transférées à l’Autorité palestinienne, a finalement eu lieu le mardi 21 mars, jour de l’arrivée du Saint-Père dans la Ville Sainte.
En vertu de ce retrait, les deux localités proches de Jérusalem: Baytounia au Nord près de Ramallah et Ubeidiya au Sud près de Bethléem, sont passées sous autorité palestinienne qui exerce, désormais, un contrôle civil, politique et militaire total ou partiel sur 42% de la Cisjordanie.
M. Barak avait envisagé de transférer, aussi, la localité d’Anata, proche de Jérusalem-Est, mais a dû y renoncer devant le tollé des colons et de l’opposition de droite.
L’heure est donc à l’optimisme, côté israélo-palestinien et les deux délégations réunies sur la base aérienne de Bolling près de Washington, vont se pencher sur l’élaboration d’un accord-cadre.

Par NELLY HÉLOU

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