Bloc - Notes

Par ALINE LAHOUD
“L’ESPACE VITAL” D’EHUD BARAK
Tout se passe comme si Israël s’était résigné, la mort dans l’âme, à se retirer d’une terre (le Liban-Sud) qui lui appartient de droit, mais où ces emmerdeurs de Libanais lui rendent la vie impossible. “... Ce qui permettra, explique Ehud Barak, de mettre fin, une fois pour toutes, à la tragédie du Liban, qui a coûté la vie à plus d’un millier de nos soldats”. Et le monde, ébloui par tant de magnanimité, applaudit et trouve légitime que David Lévy nous menace d’une riposte “dévastatrice” si, après un tel cadeau, nous faisions montre d’une incroyable stupidité et d’une noire ingratitude, en n’observant pas une sagesse exemplaire.
Quant aux Syriens, ce sont des gens entêtés et obtus qui ne savent pas apprécier, à sa juste valeur, le don rare que leur fait Israël en leur rendant un Golan aussi caviardé que la Cisjordanie où Arafat doit faire des bonds de kangourou pour se rendre d’une localité récupérée à une autre. Parce que - et les Israéliens et leurs lobbies à travers les cinq continents l’ont fait avaler à la cuillère au monde entier - cette région leur appartient. C’est l’héritage transmis par leurs ancêtres.
Et quand on prétend le contraire en se référant aux Ecritures, on reçoit immédiatement des mises au point indignées, comme cette lettre d’un lecteur de Paris J.D. qui écrivait: “ - Que pourriez-vous prouver en invoquant les Livres Saints? La Bible - le seul témoignage historique valable - ne fournit-elle pas la preuve irréfutable des droits historiques imprescriptibles des Juifs en Terre Sainte?...
Si vous tenez à invoquer la Bible à l’appui de vos thèses, vous feriez mieux de la relire”...
J’ai suivi le conseil de J.D. et relu la Bible et ce, à partir du moment où Dieu dit “Que la lumière soit”. C’est, je pense, remonter suffisamment loin, à moins que messieurs Barak et Lévy prétendent qu’Israël était là avant la lumière.
Bref, comme le disait Racine, “passons au déluge”, au sens propre comme au figuré, puisque le déluge est venu mettre un terme à l’existence de l’humanité sur terre, exception faite de Noé et de ses enfants Sem, Cham et Japhet, qui devinrent ainsi les ancêtres des différentes races qui composent le genre humain.
A Sem se rattachent les Sémites - race englobant les Juifs, dont la terre d’origine est la Mésopotamie. Japhet fut l’ancêtre de la race indo-germanique et Cham; puis, son fils Canaan, s’installèrent en Asie Occidentale, dans ce que l’Histoire et la Bible désignent sous le nom de “Pays de Canaan”. Lequel pays était limité à l’Ouest par la Méditerranée, à l’Est par le Jourdain et englobait la Palestine et la Phénicie.
Jusque-là, il n’est donc pas question d’Hébreux en Palestine. Car l’ancêtre dont ils se réclament, Abraham, était un Sémite d’Our en Mésopotamie. Il était, également, par son fils Ismaël, l’ancêtre des Arabes. C’est à lui que l’Eternel promit la “Terre de Canaan”. Une sorte de promesse Balfour avant l’heure, en somme.
C’est Jacob, petit-fils d’Abraham - fils d’Isaac - qui, moyennant un plat de lentilles offert à la naïve goinfrerie de son frère aîné Esaü, devait devenir le dépositaire de la promesse faite à Abraham. Or, Jacob fut toujours de passage en “Terre de Canaan”.
Pour commencer, il alla en Mésopotamie auprès de son oncle Labban. Après la Mésopotamie, il vint à Sichem, ville cananéenne à l’est de Naplouse où, à la suite de l’enlèvement de sa fille Dinah, il procéda, avec l’aide des siens, au massacre des autochtones, les Séchémites, des Cananéens qui étaient là, eux, depuis le déluge. Là-dessus, Jacob, avec armes et bagages famille comprise, alla s’installer en Egypte (gare à Hosni Moubarak!) où son fils Joseph était ministre du pharaon.
Pendant de longs siècles, il ne fut plus question du “Pays de Canaan”. Ce n’est que vers l’an 1225 avant J.-C. que Moïse - qui avait tué un Egyptien - entraîna avec lui une bande de réprouvés, fuyant les autorités locales, vers une destination de rêve qu’il appela “Terre Promise”.
Moïse devait mourir dans le désert du Sinaï. C’est Josué qui prit la relève et la conquête du “Pays de Canaan” fut inaugurée par des années d’atrocités décrites ainsi dans la Bible: “Aussitôt, le peuple monta dans la ville, chacun devant soi et ils s’en emparèrent. Ils appliquèrent l’anathème à tout ce qui se trouvait dans la ville: hommes et femmes, jeunes et vieux, jusqu’aux bœufs, aux brebis et aux ânes, les passant au fil de l’épée”. (Josué VI, 20, 21).
Enfin, pour obéir tout à fait à l’injonction de J.D., j’ai encore lu et relu la Bible et je n’ai trouvé, en guise de confirmation des “droits historiques et imprescriptibles” des Israéliens en Palestine, que ce passage du discours de Josué à l’issue de la conquête: “Je vous ai donné une terre qui ne vous a donné aucune fatigue, des villes que vous n’avez pas bâties, des vignes et des oliveraies que vous n’avez pas plantées et qui servent aujourd’hui à votre nourriture”. (Josué, XXIV, 13). Une magistrale leçon de droit!
Tel est le témoignage de la Bible. Et à ma connaissance, la Bible n’a été écrite ni par Hafez Assad, ni par le Hezbollah. Reste à accuser Josué d’antisémitisme. En fait, l’ambition effrénée et l’arrogance de ces gens-là face à l’humble docilité de l’Occident, sont telles qu’ils finiront un jour par s’installer à la Maison-Blanche, après avoir colonisé le Matignon de l’ami Jospin. 

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