POURQUOI LE SOMMET
DE GENÈVE N’A-T-IL PAS RÉALISÉ LE SUCCÈS SOUHAITÉ?
HAFEZ ASSAD... LE PRÉSIDENT-BALANCE
Des
fois, l’écrivain se met à sa table pour écrire et
ne sait quoi rédiger. Et des fois, les sujets affluent dans son
esprit, au point qu’il ne sait par où commencer. Nous nous trouvons,
aujourd’hui, dans la seconde situation. Bien des choses sont à dire
sur maintes rencontres traitant de problèmes difficiles et complexes,
mais posés avec insistance et arrogance aux analystes: le sommet
des présidents Assad et Clinton, la visite du Saint-Père
en Terre sainte et ses conséquences, les élections présidentielles
en Russie où Vladimir Poutine a été élu au
premier tour et la conférence de Lisbonne réunissant les
Etats de l’Union européenne.
De Ur, terre d’Ibrahim el-Khalil en Irak,
aurait dû commencer le voyage de S.S. Jean-Paul II. Mais la politique,
que Dieu la condamne, l’a empêché de l’entreprendre dès
le commencement. Le périple a débuté en Egypte, avant
Bethléem, Nazareth et, finalement, Jérusalem. Jean-Paul II
a marché sur les traces de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament,
dans une tournée proche des prophéties, comme le sont, ces
jours-ci, les paroles romaines et vaticanes.
Du couvent de Sainte Catherine bâti depuis
mille cinq cents ans sur le mont Sinaï à mille cinq cents mètres
d’altitude, se dressant face aux occupations et aux invasions, jouissant
de la protection des empereurs byzantins; puis, de celle du Prophète
arabe et des sultans de Bani Osman, jusqu’à l’expédition
napoléonienne.
Dans ce couvent, les coptes d’Egypte ayant à
leur tête le pape charismatique Chenouda, respecté par les
Arabes, ont accepté ce qui leur a été imparti au temps
du roi Farouk et, peut-être, avant son accession au trône.
Ce qui n’était pas possible pour eux en politique, ils l’ont rendu
possible en économie et dans les affaires. Etant donné que
le président Hosni Moubarak, réaliste, compréhensif
et convaincu, est enclin à s’ouvrir aux coptes, en accord avec le
chef d’Al-Azhar, le Dr Mohamed Sayed Tantawi, ancien mufti d’Egypte afin
d’influencer les gouvernants égyptiens et de les amener à
préserver la sécurité et les intérêts
des coptes.
De Sainte Catherine au berceau du Christ... Aux
sources de l’histoire du salut, évoquant le dialogue permanent devant
unir les gens par l’amour, autour des hautes conceptions humaines, la veille
du IIIème millénaire après la Nativité. Ces
rencontres pourraient rétablir ce qui a été rompu
et réactiver ce qui a été frappé de ralentissement.
Le dialogue christiano-islamique remonte à vingt ans et davantage,
comme le signalent les catholiques égyptiens. Et le dialogue entre
Jérusalem, Antioche et Constantinople remonte à plus de mille
cinq cents ans, à 451, date de la tenue du Concile de Chalcédoine.
Des histoires de religion et des histoires de
politique sont celles des voyages des grands. Le président Clinton
s’est rendu en Inde et au Pakistan pour dire ce qu’il a voulu exprimer
au sujet du Cachemire. Et le président Clinton s’est rendu à
Genève pour un sommet avec le président Assad, pour s’entretenir
avec le président-balance, de l’histoire de la solution juste, globale
et sage au Proche-Orient. L’histoire du retrait du Golan, c’est-à-dire
le “dépôt de Rabin”, après que Barak eut pris son temps
pour le reconnaître jusqu’aux frontières du 4 juin 1967.
C’est une histoire non sujette à controverse.
Comme l’histoire de la pré-alerte dans la vision syrienne. Il reste
la question des eaux, celles de l’étroit passage autour du lac de
Tibériade et d’Al-Himmah, autour desquelles un dialogue a été
institué avant de s’entendre sur la tenue du sommet de Genève
III entre le président Assad et les présidents américains.
On dit que les grands espoirs engendrent les déceptions.
Il en est ainsi dans les propos américains,
par exemple. Cependant et ce terme est nécessaire, le président
Assad peut-il laisser formuler un grief à son encontre, pareil à
celui qu’il émit lors de la visite du président Sadate à
Jérusalem en 1977, bien que celui-ci a pu restituer le Sinaï
à l’Egypte? Etant entendu que la visite du Raïs a négligé
la cause centrale du Proche-Orient, à savoir: la cause palestinienne.
Le président Assad oppose son refus...
et on connaît la suite, surtout au Liban. Le Liban qui a payé
le tribut des journées rouges et noires pour tous les Arabes. Le
président Hafez Assad peut-il se rendre à la table des négociations,
après le sommet de Genève, sans garantir une solution juste,
globale et sage au Liban-Sud et sur les hauteurs du Golan, d’autant que
la rencontre Assad-Clinton est intervenue quarante-huit heures avant la
rencontre Moubarak-Clinton à Washington?
Le sommet de Genève était une nécessité,
parce que le président syrien a confiance dans la capacité
du président américain à tenir parole et à
être fidèle à la promesse. Et ce, en dépit des
chambardements vécus par l’étape ayant séparé
Shepherdstown et Genève... La paix pourrait n’être pas signée
en quelques semaines ou mois. Sinon, bien des choses auraient changé,
dont les choses libanaises que le président Emile Lahoud connaît
mieux qu’un autre.
Cependant, le sommet suisse était une
station importante sur la voie devant déboucher sur la rédaction
des pactes de sécurité... Si la partie israélienne
est engagée vis-à-vis de la préservation de la sécurité
et de la ligne de la fidélité. C’est le contraire qui est
apparu, ayant été la cause du piétinement du sommet
de Genève, sans que soit ébranlé l’état négociatoire
entre la Syrie et Israël gelé depuis le 10 janvier dernier.
Pourtant, le président Hafez Assad a fait preuve de réalisme
et de souplesse nécessaires pour marquer un pas historique pouvant
sortir le Proche-Orient de l’état de ni guerre ni paix.
***
Beaucoup d’autres propos ont été
tenus sur la fidélité et la sécurité entre
l’ancien et le nouveau monde. Les Européens se plaignent du contrôle
de l’Amérique par l’intermédiaire du système “Echelon”
au triple plan de l’économie, des affaires et de la politique. Comme
si le successeur surprend les gens du pacte à une heure où
on ne l’attend pas. Surtout que Londres place un pied dans le nouveau monde
et un autre dans l’ancien, son regard restant attiré au-delà
de l’Atlantique.
Autres paroles, autres histoires, les relations
entre les Etats et les peuples constituent un récit permanent qui
dure autant qu’un siècle et ne prend fin qu’avec lui. |
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