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"La
113ème session du conseil politique de la Ligue qui a tenu ses assises
à Beyrouth, à l’échelon des ministres arabes des Affaires
étrangères, a été la conséquence de
la position ferme et claire du président Emile Lahoud que tous les
Libanais sont appelés à soutenir”, affirme M. Elie Ferzli,
vice-président de la Chambre.
Il estime que la solidarité interarabe qui s’est manifestée, à cette occasion, a dissuadé Israël, dont les agressions successives ont perdu de leur violence. Il s’agit, en fait, d’une pression morale pouvant l’amener à reprendre les négociations. Cette conférence ministérielle a constitué un rempart avancé, capable de protéger notre pays contre les éventuelles attaques israéliennes que Ehud Barak et David Lévy ont menacé plus d’une fois de déclencher, même si le Liban n’a pas violé les “arrangements d’avril”. |
RÉSOLUTIONS DISSUASIVES
M. Ferzli juge que les résolutions des ministres arabes ont
un cachet politique au niveau de l’étape présente, soit par
rapport à l’appui à la Résistance et au droit du Liban
de combattre l’occupation; soit en ce qui concerne la condamnation de l’Etat
hébreu pour avoir perpétré des crimes de guerre.
Ces résolutions ont consacré la concomitance des volets
libanais et syrien et réaffirmé la nécessité
d’appliquer la résolution 425 du Conseil de Sécurité.
De plus, les Etats arabes qui envisageaient de normaliser leurs relations
avec Israël, ont été invités à reconsidérer
leur décision et à ne pas participer aux négociations
multilatérales.
La conférence ministérielle a apporté un appui
moral et matériel au Liban. Comment concrétiser l’aide financière,
d’autant que notre pays a besoin d’une telle aide après les raids
successifs israéliens sur nos infrastructures?
Le Liban a droit, sans nul doute, à une assistance de la part
des Etats frères qui la lui ont promise lors des sommets précédents;
notamment en 1979. Or, ils ne lui ont versé qu’une infime partie
des deux milliards de dollars qu’ils étaient censés lui remettre.
Nous avons réclamé, en tout cas, une “stratégie
matérielle arabe”, à l’effet de soutenir la résistance
du Liban à l’ennemi commun. Certains pays arabes ont payé
leur part et nous espérons que d’autres leur emboîteront le
pas, afin d’appuyer notre lutte contre l’occupant. L’appui matériel
arabe a pour conséquence de dissuader Israël de rééditer
ses agressions, car il sait maintenant que le Liban ne sera plus laissé
à lui-même en cas de nouvelles attaques.
Le fait pour les ministres arabes des A.E. d’avoir maintenu leur conférence
ouverte, témoigne du sérieux de leur détermination
à nous soutenir, d’autant que le secrétaire général
de la Ligue a été chargé d’entreprendre les démarches
nécessaires en vue d’appliquer les résolutions prises à
Beyrouth.
La position ferme du président Lahoud a-t-elle incité
la Ligue arabe à tenir sa 113ème session à Beyrouth,
ou est-ce à la suite des menaces israéliennes de s’attaquer
de nouveau à nos infrastructures?
Les deux à la fois. Puis, le Liban et sa résistance ont
suscité des réactions monstres dans les Etats arabes et islamiques,
à en juger par les manifestations organisées par les étudiants
à l’université de Bir Zeit et dans d’autres universités
égyptiennes, en signe de protestation contre les déclarations
du Premier ministre français - qui a qualifié de “terroristes”
les opérations de la Résistance - de Ehud Barak et de David
Lévy, ces derniers ayant menacé de brûler notre terre.
Tout cela a amené les ministres arabes des A.E. à se
réunir à Beyrouth, suite à la large couverture médiatique
qui a fait prendre conscience aux dirigeants et aux peuples arabes, de
la gravité de la situation. De fait, le président Hosni Moubarak
est venu à Beyrouth pour proclamer son soutien au Liban et à
la Résistance libanaise.
LA POSITION DE LAHOUD TRADUIT LA VOLONTÉ
DE LA NATION
Le communiqué final de la conférence des ministres
arabes des A.E. a repris certains termes et expressions que le président
Lahoud a utilisés au sommet de la francophonie à Moncton
(Canada), telle “bombe à retardement”, en parlant des réfugiés
palestiniens. Que peut-on en déduire?
La position du président Lahoud traduit la volonté du
Liban officiel et populaire. Nous devons tous nous regrouper autour du
chef de l’Etat et soutenir sa position, car un complot est ourdi contre
les peuples libanais et palestinien, à travers l’implantation des
réfugiés dans les pays d’accueil.
De fait, Israël s’oppose au retour des Palestiniens ayant quitté
leur terre en 1948, arguant des considérations démographiques,
la Jordanie ne pouvant accueillir un plus grand nombre de réfugiés,
la présence massive de ces derniers en territoire libanais ayant
provoqué les douloureux événements de 1975-90.
Cela revient à dire que, sans l’application de la résolution
194 du Conseil de Sécurité, reconnaissant le droit de retour
aux Palestiniens de la diaspora, la paix au Proche-Orient restera précaire.
Le président Emile Lahoud se devait donc de sensibiliser l’opinion
mondiale à cette affaire et a réussi à remuer les
consciences dans les Etats arabes et les pays amis qui ont adopté
sa position.
UN SOMMET ARABE, SOUHAITABLE
La conférence des ministres des Affaires étrangères
des Etats membres de la Ligue, serait-elle le prélude à d’autres
assises arabes, peut-être même à la tenue d’un sommet?
Nous espérons que les agressions israéliennes contre
le Liban qui ont rassemblé les ministres arabes des Affaires étrangères
à Beyrouth, en dépit des antagonismes qui opposent certains
d’entre eux, ouvriront la voie à un sommet dont la tâche essentielle
serait de dissiper les dissensions interarabes. Ceci est dans l’intérêt
de la cause fondamentale des Arabes, à savoir: les menaces permanentes
de l’Etat hébreu contre la nation arabe tout entière et,
spécialement, contre le Liban et la Syrie.
Cette solidarité interarabe devrait, d’autre part, se traduire
par un soutien accru à ces deux pays, en vue de rétablir
l’équilibre perdu au profit d’Israël qui bénéficie
d’un soutien international.
Nous espérons que le sommet arabe se tiendra le plus rapidement
possible, pour débattre de toutes ces questions d’une manière
sérieuse et profonde, la solidarité interarabe étant
une question vitale dans cette étape de notre Histoire.