DÉPUTÉ DE BEYROUTH SEBOUH HOVNANIAN:
“AUCUNE SCISSION NE S’EST PRODUITE AU SEIN DU TACHNAG”

"Le parti Tachnag n’a encore pris aucune décision en ce qui concerne ses alliances électorales, car il est prématuré d’en parler”, assure M. Sebouh Hovnanian, député de Beyrouth.
Proclamant son soutien à la politique du président Lahoud et à toutes ses initiatives, il qualifie d’excellentes les relations que le parti entretient avec M. Michel Murr, vice-président du Conseil, ministre de l’Intérieur, dont il a été l’un des colistiers aux législatives de 96.
Par ailleurs, il infirme les rumeurs faisant état de dissensions au sein du Tachnag, suscitées par l’affaire de Chahé Barsoumian, ancien ministre impliqué dans le scandale pétrolier.

M. Hovnanian précise que le Tachnag et ses députés ne sont ni loyalistes ni opposants. “Nous soutenons le président Lahoud, mais cela ne veut pas dire que nous passerions sous silence les erreurs que le gouvernement viendrait à commettre.
“En d’autres termes, nous sommes avec le Pouvoir mais non avec le Cabinet. Nous ne sommes pas, non plus, avec l’opposition; c’est clair et connu. Cependant, nous sommes supposés appuyer le gouvernement dans les circonstances présentes, d’autant que la situation économique est difficile. Puis, nous devons resserrer les rangs pour affronter l’étape future, surtout si les forces israéliennes venaient à évacuer le Sud et la Békaa-ouest d’ici à juillet, sans accord préalable avec le Liban et la Syrie.

Comment qualifiez-vous la nature des rapports entre les Arméniens du Liban et la République d’Arménie?
Naturellement, nous entretenons avec elle des relations culturelles et des attaches historiques nous en rapprochent. Mais notre manière de penser est libanaise et non arménienne. Nos relations ressemblent à celles existant entre les Libanais résidents et ceux de la diaspora.

La dernière visite au Liban du président Robert Kotcharian était-elle en rapport avec les partis arméniens dont la situation laissait accréditer les rumeurs sur leur éventuelle dissolution?
Le président Kotcharian a effectué une visite officielle et celle-ci n’avait aucun rapport avec les partis arméniens. Ses entretiens ont débouché sur la signature de plusieurs accords, l’Arménie pouvant constituer un pont entre le Liban et bien d’autres pays étrangers, comme le Liban peut jouer le même rôle entre l’Arménie et les Etats arabes.

Pourquoi un communiqué final libano-arménien n’a-t-il pas été diffusé au terme de la visite?
Je ne saurais vous le dire et nous avons été surpris de l’absence d’un tel communiqué. Cependant, le président Kotcharian a réaffirmé au cours d’une conférence de presse tenue à la fin de sa visite, que l’Arménie soutient ce pays ami et les résolutions des Nations Unies le concernant.

QUID DES ALLIANCES ÉLECTORALES?
Des alliances ont-elles été conclues, en prévision des prochaines législatives, entre le Tachnag et d’autres parties dans les régions où l’électorat arménien est nombreux, notamment au Metn, à Beyrouth et à Zahlé?
Il est prématuré d’en parler, car ces alliances n’interviennent que deux ou trois mois avant le scrutin. Elles pourraient avoir lieu à Zahlé avant les autres circonscriptions.

L’alliance avec M. Michel Murr est-elle maintenue; jusqu’à quelle limite et sur quelle base?
Nos relations avec M. Murr et avec d’autres hommes politiques sont excellentes, mais le parti n’a encore pris aucune décision quant aux parties avec lesquelles il compte coopérer au plan électoral.Deux des trois députés arméniens à Beyrouth font partie du bloc du président Hariri, mais nous n’avons pas décidé avec quelle partie nous envisageons de nous allier.

Y aura-t-il des changements au niveau de la représentation de la communauté arménienne à la Chambre des députés?
C’est possible, mais sur ce point, aussi, rien n’a encore été décidé.

On dit que vous êtes le “président de l’ombre” du parti “Tachnag”. Qu’en dites-vous?
Le parti a ses bases et ses partisans. Je suis proche du président Lahoud et nous l’appuyons dans son action politique.

Vous faisiez partie de la délégation arménienne qui a rencontré le président Lahoud le jour où le président mondial du parti “Tachnag” lui a accordé l’appui total. Que signifie ce soutien?
J’étais en Arménie, lorsque le président Kotcharian a décidé de venir au Liban. Je l’ai accompagné sans que ma présence ait revêtu un aspect officiel ou politique. Au cours de la visite du président arménien, des accords ont été signés en vue de renforcer les relations au triple plan économique, commercial et touristique entre les deux pays. Quant à l’appui du parti au président, il traduit l’appui des communautés arméniennes dans le monde à l’action du chef de l’Etat.

Durant les dernières législatives, les Arméniens s’étaient alliés avec le président Rafic Hariri. Cette alliance persiste-t-elle?
Le parti n’en a encore rien décidé à ce sujet. Nous entamerons en ce sens le mois prochain des contacts avec toutes les parties politiques.

LE PARTI “TACHNAG” UNIFIÉ
Quelle est la véracité des rumeurs selon lesquelles une scission se serait produite au sein du Tachnag? Cela est-il en rapport avec l’affaire de l’ex-ministre Chahé Barsoumian?
Ce qui a été rapporté dans les journaux à ce sujet n’est pas vrai. Le parti est unifié et appuie la Justice. Aussi, ne sommes-nous pas intervenus lorsque M. Barsoumian a été arrêté. Après un certain temps, nous avons réclamé qu’il y ait une vraie justice, c’est-à-dire qu’il soit libéré sous caution jusqu’à ce que justice soit faite.

En période électorale, les Arméniens concluent des alliances à la dernière minute; pourquoi?
Nous nous comportons ainsi afin de mieux juger la situation.
Les alliances électorales étant sujettes au changement, nous nous décidons en dernière minute. En ce qui concerne Beyrouth, notre ministre au sein du gouvernement assiste aux réunions du bloc des députés arméniens, mais cela n’a rien à voir ni avec les alliances électorales ni avec le président Hariri ou d’autres. Il est possible qu’il y ait alliance avec le président Hariri ou quelqu’un d’autre, Beyrouth étant découpé en trois circonscriptions. Mais il est prématuré d’en parler.

PAS DE PAIX DANS L’IMMÉDIAT
La paix est-elle imminente?
Nous souhaitons que les pourparlers se déroulent au cours des deux prochains mois. Je ne crois pas que la paix soit imminente et tout indique qu’elle n’interviendra pas avant un an et demi au moins. Les Israéliens poursuivront leurs agressions, parce qu’ils ne veulent pas que le Liban évolue sur le plan économique.

La situation économique s’améliorera-t-elle?
La situation économique est catastrophique, l’émigration des jeunes ayant augmenté. La solution viendra avec l’instauration de la paix dans la région. Le Cabinet actuel ou tout autre gouvernement ne peut rien faire tant que la dette publique n’est pas remboursée. Nous devons donc nous serrer la ceinture afin d’affronter cette étape difficile.

Propos recueillis par
HALA HUSSEINI

Home
Home