S.S. Jean-Paul II au Yad Vashem, le monument dédié
à l’Holocauste.
Le Saint-Père a achevé son pèlerinage de sept jours
en Terre Sainte sur une journée hautement symbolique, établissant
un pont de dialogue et de réconciliation entre les trois religions
monothéistes présentes à Jérusalem, ville trois
fois sainte. Un des moments forts de ce dimanche 26 mars, aura été
sa visite au mur des Lamentations, le lieu le plus sacré du judaïsme.
Seul, face à 2000 ans d’Histoire, le Saint-Père s’est recueilli,
a fait une prière et, comme le veut la tradition, a glissé
dans le mur, un message signé de sa main, dans lequel il demande
pardon pour les souffrances infligées aux juifs, reprenant en partie
le “Mea Culpa” qu’il avait prononcé le 12 mars à Rome. Ce
message sera conservé au mémorial de Yad Vashem. La visite
papale au mur des Lamentations, la première effectuée par
un chef de l’Eglise catholique en ce lieu historique et sacré pour
les juifs, a produit un impact très fort en Israël et certains
l’ont présenté comme une “apothéose” pour l’Etat hébreu.
Autre moment historique et fort de ce pèlerinage: la visite
de Jean-Paul II à l’Esplanade des mosquées, troisième
lieu saint de l’Islam qui abrite le Dôme du Rocher et la mosquée
d’El-Aqsa. Là aussi, c’était la première fois qu’un
Pape s’y rendait, d’où l’importance de cette visite. Sa Sainteté
y a été accueilli par le grand mufti de la République,
cheikh Ekrima Sabri, qui avait auparavant boycotté la rencontre
de dialogue interreligieuse en présence du Pape, en raison de la
présence du grand rabbin.
![]() d’El-Aqsa par le mufti de Jérusalem. |
![]() sur le tombeau du Christ. |
Jean-Paul II a clôturé son pèlerinage historique
par un moment fort intense, chargé d’émotion et de ferveur,
en célébrant une messe en la basilique du Saint-Sépulcre
(située dans le secteur oriental de Jérusalem), le plus important
sanctuaire de la Chrétienté, car c’est l’endroit où,
selon les Evangiles, Jésus fut enterré et ressuscita au troisième
jour. Jean-Paul II est retourné seul se recueillir une deuxième
fois devant le Saint-Sépulcre, berceau du christianisme.
Chaque étape de ce pèlerinage jubilaire en Terre Sainte
demeurera à jamais gravée dans la mémoire humaine.
Les millions de fidèles de par le monde qui l’ont suivi sur leur
petit écran, avaient du mal à retenir leur émotion,
lorsque Jean-Paul II a pénétré à l’intérieur
de la grotte de la Nativité à Bethléem, pour célébrer
ensuite une messe en plein air, sur la place de la Mangeoire, située
juste en face de la basilique de la Nativité. Dans son homélie,
il a affirmé: “Bethléem constitue le cœur de mon pèlerinage.”
En Galilée, plus de 100.000 fidèles, venus des quatre
coins du globe, dont 500 Libanais du Sud, ont assisté à une
grande messe pour les jeunes, célébrée par Jean-Paul
II sur le “Mont des Béatitudes”, à l’endroit même
où Jésus avait fait son fameux “sermont sur la Montagne”.
Le monde entier a de même suivi avec émotion et ferveur l’arrivée
du Souverain Pontife à Nazareth et la messe célébrée
le 25 mars, fête de l’Annonciation, en la basilique de l’Annonciation,
en ce lieu même où l’archange Gabriel avait fait l’annonce
à Marie. Le Pape n’a pas évoqué la construction d’une
mosquée près de la basilique, mais le Vatican est intervenu
à nouveau auprès des autorités civiles israéliennes
pour qu’elles reviennent sur leur décision. Cette affaire a, d’ailleurs,
failli compromettre sa venue en Terre Sainte.
![]() à la messe célébrée sur le Mont des Béatitudes, en Galilée. |
![]() de prière parmi les pierres du mur des Lamentations. |
La visite du Souverain Pontife au mémorial de la “Shoah” de Yad
Vashem a eu un impact très positif en Israël et suscité
un mouvement de sympathie à son égard, bien plus vaste que
prévu. D’ailleurs, pour la presse israélienne, cette visite
du Saint-Père en Israël constitue un “tournant” dans les relations
judéo-chrétiennes. Mis à part les juifs ultra-orthodoxes
et les courants d’extrême-droite, la plupart des Israéliens
ont retenu les images hautement symboliques de la visite du Pape à
Yad Vashem et au mur des Lamentations.
Pour eux, la venue du Pape en Israël symbolise “une reconnaissance
éclatante par le Saint-Siège de la légitimité
de l’Etat juif”, écrivent les médias.
Pour les Palestiniens, la visite papale a eu un impact très
positif. Le fait qu’il ait embrassé le bol de terre à Bethléem
signifie la reconnaissance de leur droit à un Etat. Il s’est de
même penché sur les souffrances de ce peuple en visitant un
camp de réfugiés.
Pour la minorité chrétienne en Terre Sainte, S.S. Jean-Paul
II a eu, aussi, des paroles de réconfort: “N’ayez pas peur de préserver
votre présence et votre héritage chrétien à
l’endroit même où le Sauveur est né”.
Tout au long de cette semaine de pèlerinage, le Pape a su fort
bien en éviter les écueils politiques, notamment en ce qui
concerne le statut de Jérusalem. Face aux Israéliens et aux
Palestiniens qui, chacun de son côté, ont tenu à affirmer
que Jérusalem est leur “capitale éternelle”, le Souverain
Pontife s’est contenté de dire que la ville appartenait aux trois
religions monothéistes, faisant entendre par là qu’elle devrait
être une ville ouverte.
![]() de la basilique de l’Annociation à Nazareth, à l’endroit présumé où l’archange Gabriel annonça à Marie qu’Elle allait donner naissance au Fils de Dieu. |
![]() clergé en l’église du Saint-Sépulcre. |
Concernant la création d’un Etat palestinien, il s’est contenté
d’affirmer le “droit naturel” des Palestiniens à “une patrie”, ajoutant
que “leur souffrance dure depuis longtemps”.
En Israël, au mémorial de Yad Vashem, Jean-Paul II n’a
pas été jusqu’à présenter aux juifs les excuses
de l’Eglise catholique, tel que le voulaient les rabbins. En revanche,
il a trouvé les mots et les gestes qui ont été droit
au cœur, en déplorant l’Holocauste et en se rendant au mur des Lamentations.
Tout au long de ce pèlerinage, le Pape a, constamment, plaidé
en faveur d’une paix au Proche-Orient affirmant à chaque étape
de sa visite: “Nous savons tous combien le besoin de paix et de justice
est urgent pour toute la région”.
Et par-dessus tout, le message essentiel et ultime de Jean-Paul II
aura été celui du dialogue et de la réconciliation
entre juifs, chrétiens et musulmans.