S.S. JEAN-PAUL II A PRÊCHÉ LA RÉCONCILIATION ENTRE
LES RELIGIONS MONOTHÉISTES EN TERRE SAINTE
LE COURONNEMENT D’UN PONTIFICAT

Le pèlerinage jubilaire du Saint-Père en Terre Sainte a été marqué à chacune de ses étapes par des moments forts et intenses, par de grands gestes symboliques à charges émotionnelles, par des images hors du commun qui s’imprègneront à jamais dans la mémoire individuelle et collective de l’humanité.
Tout au long d’une semaine, S.S. Jean-Paul II est reparti sur les pas de Jésus, en Jordanie, en Israël et dans les territoires occupés priant intensément, prêchant le dialogue, la réconciliation entre les trois religions monothéistes, la paix et la justice.
Ce voyage historique a revêtu les allures d’un couronnement de son pontificat. Jean-Paul II qui aura 80 ans le 18 mai, vient d’écrire de belles pages pleines de créativité pour l’avenir de l’être humain.


S.S. Jean-Paul II au Yad Vashem, le monument dédié à l’Holocauste.

Le Saint-Père a achevé son pèlerinage de sept jours en Terre Sainte sur une journée hautement symbolique, établissant un pont de dialogue et de réconciliation entre les trois religions monothéistes présentes à Jérusalem, ville trois fois sainte. Un des moments forts de ce dimanche 26 mars, aura été sa visite au mur des Lamentations, le lieu le plus sacré du judaïsme. Seul, face à 2000 ans d’Histoire, le Saint-Père s’est recueilli, a fait une prière et, comme le veut la tradition, a glissé dans le mur, un message signé de sa main, dans lequel il demande pardon pour les souffrances infligées aux juifs, reprenant en partie le “Mea Culpa” qu’il avait prononcé le 12 mars à Rome. Ce message sera conservé au mémorial de Yad Vashem. La visite papale au mur des Lamentations, la première effectuée par un chef de l’Eglise catholique en ce lieu historique et sacré pour les juifs, a produit un impact très fort en Israël et certains l’ont présenté comme une “apothéose” pour l’Etat hébreu.
Autre moment historique et fort de ce pèlerinage: la visite de Jean-Paul II à l’Esplanade des mosquées, troisième lieu saint de l’Islam qui abrite le Dôme du Rocher et la mosquée d’El-Aqsa. Là aussi, c’était la première fois qu’un Pape s’y rendait, d’où l’importance de cette visite. Sa Sainteté y a été accueilli par le grand mufti de la République, cheikh Ekrima Sabri, qui avait auparavant boycotté la rencontre de dialogue interreligieuse en présence du Pape, en raison de la présence du grand rabbin.
 
Le Saint-Père accueilli devant la mosquée 
d’El-Aqsa par le mufti de Jérusalem.
S.S. Jean-Paul II se penchant
sur le tombeau du Christ.

Jean-Paul II a clôturé son pèlerinage historique par un moment fort intense, chargé d’émotion et de ferveur, en célébrant une messe en la basilique du Saint-Sépulcre (située dans le secteur oriental de Jérusalem), le plus important sanctuaire de la Chrétienté, car c’est l’endroit où, selon les Evangiles, Jésus fut enterré et ressuscita au troisième jour. Jean-Paul II est retourné seul se recueillir une deuxième fois devant le Saint-Sépulcre, berceau du christianisme.
Chaque étape de ce pèlerinage jubilaire en Terre Sainte demeurera à jamais gravée dans la mémoire humaine. Les millions de fidèles de par le monde qui l’ont suivi sur leur petit écran, avaient du mal à retenir leur émotion, lorsque Jean-Paul II a pénétré à l’intérieur de la grotte de la Nativité à Bethléem, pour célébrer ensuite une messe en plein air, sur la place de la Mangeoire, située juste en face de la basilique de la Nativité. Dans son homélie, il a affirmé: “Bethléem constitue le cœur de mon pèlerinage.”
En Galilée, plus de 100.000 fidèles, venus des quatre coins du globe, dont 500 Libanais du Sud, ont assisté à une grande messe pour les jeunes, célébrée par Jean-Paul II sur le “Mont des Béatitudes”, à l’endroit même  où Jésus avait fait son fameux “sermont sur la Montagne”. Le monde entier a de même suivi avec émotion et ferveur l’arrivée du Souverain Pontife à Nazareth et la messe célébrée le 25 mars, fête de l’Annonciation, en la basilique de l’Annonciation, en ce lieu même où l’archange Gabriel avait fait l’annonce à Marie. Le Pape n’a pas évoqué la construction d’une mosquée près de la basilique, mais le Vatican est intervenu à nouveau auprès des autorités civiles israéliennes pour qu’elles reviennent sur leur décision. Cette affaire a, d’ailleurs, failli compromettre sa venue en Terre Sainte.
 
Des milliers de fidèles ont assisté 
à la messe célébrée sur le Mont 
des Béatitudes, en Galilée.
Sa Sainteté déposant une feuille 
de prière parmi les pierres du 
mur des Lamentations.

La visite du Souverain Pontife au mémorial de la “Shoah” de Yad Vashem a eu un impact très positif en Israël et suscité un mouvement de sympathie à son égard, bien plus vaste que prévu. D’ailleurs, pour la presse israélienne, cette visite du Saint-Père en Israël constitue un “tournant” dans les relations judéo-chrétiennes. Mis à part les juifs ultra-orthodoxes et les courants d’extrême-droite, la plupart des Israéliens ont retenu les images hautement symboliques de la visite du Pape à Yad Vashem et au mur des Lamentations.
Pour eux, la venue du Pape en Israël symbolise “une reconnaissance éclatante par le Saint-Siège de la légitimité de l’Etat juif”, écrivent les médias.
Pour les Palestiniens, la visite papale a eu un impact très positif. Le fait qu’il ait embrassé le bol de terre à Bethléem signifie la reconnaissance de leur droit à un Etat. Il s’est de même penché sur les souffrances de ce peuple en visitant un camp de réfugiés.
Pour la minorité chrétienne en Terre Sainte, S.S. Jean-Paul II a eu, aussi, des paroles de réconfort: “N’ayez pas peur de préserver votre présence et votre héritage chrétien à l’endroit même où le Sauveur est né”.
Tout au long de cette semaine de pèlerinage, le Pape a su fort bien en éviter les écueils politiques, notamment en ce qui concerne le statut de Jérusalem. Face aux Israéliens et aux Palestiniens qui, chacun de son côté, ont tenu à affirmer que Jérusalem est leur “capitale éternelle”, le Souverain Pontife s’est contenté de dire que la ville appartenait aux trois religions monothéistes, faisant entendre par là qu’elle devrait être une ville ouverte.
 
Le Pape se recueillant devant l’autel 
de la basilique de l’Annociation à Nazareth, 
à l’endroit présumé où l’archange Gabriel 
annonça à Marie qu’Elle allait donner 
naissance au Fils de Dieu.
Le Pape et d’autres membres du 
clergé en l’église du Saint-Sépulcre.

Concernant la création d’un Etat palestinien, il s’est contenté d’affirmer le “droit naturel” des Palestiniens à “une patrie”, ajoutant que “leur souffrance dure depuis longtemps”.
En Israël, au mémorial de Yad Vashem, Jean-Paul II n’a pas été jusqu’à présenter aux juifs les excuses de l’Eglise catholique, tel que le voulaient les rabbins. En revanche, il a trouvé les mots et les gestes qui ont été droit au cœur, en déplorant l’Holocauste et en se rendant au mur des Lamentations.
Tout au long de ce pèlerinage, le Pape a, constamment, plaidé en faveur d’une paix au Proche-Orient affirmant à chaque étape de sa visite: “Nous savons tous combien le besoin de paix et de justice est urgent pour toute la région”.
Et par-dessus tout, le message essentiel et ultime de Jean-Paul II aura été celui du dialogue et de la réconciliation entre juifs, chrétiens et musulmans.

Par NELLY HÉLOU

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