Saturnale


Par MARY  YAZBECK AZOURY

ANDRÉ SANTINI: “CES IMBÉCILES QUI NOUS GOUVERNENT”
Le député-maire d’Issy-Les - Moulineaux, ancien ministre, vice-président de l’Assemblée nationale française, vient de récidiver.
Après son best-seller: “Ces imbéciles qui nous gouvernent”, André Santini vient de publier: “Des Vessies et des Lanternes”.
Dans “Ces imbéciles qui nous gouvernent”, il dénonce l’apathie, la résignation des Français qui vont élire comme des moutons de Panurge, sans se renseigner réellement, profondément sur les programmes des candidats et qui portent souvent au pouvoir des incompétents et des ignorants!
Que dirait André Santini des Libanais?
Dans “Des Vessies et des Lanternes”, le député-maire s’en prend aux experts qui parlent ex-cathedra et se permettent de prendre ou de dicter des décisions politiques, alors que leur rôle est de donner leur avis en tant que spécialiste de telle ou telle question.
Ces experts ne peuvent avoir une vue d’ensemble du problème, car ce sont justement des spécialistes. C’est aux hommes politiques de prendre les décisions, à la lumière de différentes et multiples expertises. Il appartient donc à ces experts de respecter les règles du jeu politique et de demeurer à leur place. Mais la faute, selon Santini, incombe aux politiciens qui permettent à ces experts de se substituer à ceux qui sont censés gouverner... sans être des imbéciles.
Cela se passe en France, pays de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
Que se passerait-il au Liban si, par malheur, n’importe qui oserait qualifier “ces gens qui nous gouvernent”?

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PLUS ROYALISTES QUE LE ROI
L’Académie Française et les dictionnaires français rejettent le mot “sénatrice”. On dit Madame le Sénateur. Mais nous autres Libanais “ne nous sentons nullement concernés par de telles références et continuons à utiliser le mot “sénatrice”... Au fond, tout le monde se moque de tout le monde.
Comme les speakers et speakerines qui sévissent sur les chaînes libanaises de TV et veulent absolument grasseyer à la parisienne, en employant des noms arabes, comme par exemple celui de “Farouk El-Chareh” prononcé avec force. RRRR...
Ou encore une autre absurdité: Au départ, on appelait l’épouse du président de la République, Mme Andrée Lahoud. Aujourd’hui, quelque dix-huit mois après l’investiture du général Lahoud, on revient au Mme Andrée Emile Lahoud, comme si on pouvait se tromper en annonçant simplement Mme Andrée Lahoud ou Mme Emile Lahoud.
A-t-on jamais entendu parler de Bernadette Jacques Chirac? Ou de Danièle François Mitterrand, ou de Hillary Bill Clinton. De Suzanne Hosni Moubarak?
A quoi riment ces embarras et ces bêtises? Que le protocole intervienne, une fois pour toutes et donne des instructions pour que le nom de la Première Libanaise soit Mme Andrée Lahoud ou Mme Emile Lahoud.
Qu’on cesse ces simagrées qui placent le Liban parmi les pays du quatrième et non du tiers-monde.
Le Libanais qui prétend être le nombril de la civilisation mondiale, se doit de respecter les us et coutumes internationaux, même s’il ne s’agit que d’une chose aussi simple que le nom.

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ET SI ON IMITAIT DUBAÏ?
“Quand sur une personne on prétend se régler.
“C’est par les beaux côtés qu’il lui faut ressembler.”
Que fait-on au Liban?
Nous singeons des pays occidentaux qui ont d’autres ressources que les nôtres.
Nous prétendons organiser des manifestations: mois du shopping, mois du tourisme, mois de je ne sais plus quoi et, en fait, tout ce qui est réalisé est approximatif.
En regardant les soirées de Dubaï, j’avoue que je bavais de jalousie!
Dire que cela se passe dans un pays si jeune! Le plus terrible dans cette constatation, c’est de voir tous ces jeunes Libanais et Libanaises, presque toutes les animatrices de TV et, à leur tête, Clémence Achkar, Miss Liban... Tous travaillent de bon cœur et contribuent au succès de ce mois du shopping, parce qu’ils sont royalement rémunérés.
Pourquoi n’amenderait-on pas les conditions du travail au Liban? Pourquoi quelques centaines de personnes devraient-elles s’approprier la richesse et tous les gains du pays? Il en a été ainsi et il en sera encore ainsi. Pourquoi n’institue-t-on pas le “ISF” (Impôt Solidarité sur la Fortune)?
Au lieu d’accabler le Libanais sous le poids des impôts indirects, qu’on en prélève sur les grosses fortunes.
Qu’attend-on pour le faire?
Sait-on qu’à Dubaï les communications intérieures sont gratuites? Entrez dans n’importe quelle cabine teléphonique, ou appelez  de chez vous, il ne vous en coûtera même pas une livre libanaise. Alors qu’au Liban le prix des communications ne fait qu’augmenter!

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L’ARGENT SALE
Le gouverneur de la Banque Centrale devrait jeter un coup d’œil sur l’argent qui circule au Liban. Les billets de banque s’ils sont devenus incolores, ne sont pas du tout inodores. Ils puent, littéralement, sont sales, déchirés, représentant bien une économie en déconfiture.
Il n’est pas permis de laisser circuler de telles saletés. Une inspection des banques et des changeurs devrait se faire obligatoirement.
Si l’on faisait autant de chichis pour la monnaie libanaise que l’on fait pour les billets verts, on respecterait davantage les institutions du pays.
Le billet en dollars est refusé, s’il porte la moindre déchirure, ou s’il est froissé.... à moins que vous acceptiez un prix inférieur au cours du change. A ce moment, le changeur déduira un cinq pour cent et quelquefois sur les petites coupures, un dix pour cent, pour accepter de l’échanger.
La politique de l’à peu près, la politique de “cela ne fait rien” (Maalesh), la politique du mépris du citoyen atteint même les billets de banque.

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Côté spirituel et côté temporel
Au parlement britannique, on appelle “Côté spirituel” la partie réservée au Pouvoir et, “côté temporel”, celle de l’Opposition.
Au Liban, on serait bien en peine de parler de “côté spirituel” et de “côté temporel”, tant que le “spirituel” est étranger à nos “élus”!
 
L’EXEMPLE VIENT DE JORDANIE
La Jordanie a reçu S.S. le pape Jean-Paul II avec un respect, un faste discret royal et une sympathie difficiles à décrire.
Pour couronner le tout, des timbres commémoratifs ont été émis à l’occasion de cette visite historique.
Et dire que le Liban avec tous ses complexes, ne l’a pas fait. Pas même un timbre commémoratif de la visite au Liban du Souverain Pontife en mai 1997!


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