DÉPRIME DES GALERIES D’ART. MOROSITÉ DU MARCHÉ LOCAL

Comment pouvons-nous analyser la situation actuelle du marché de l’art au Liban? Les répercussions négatives du marasme économique sur ce marché et, plus particulièrement, les retombées de ce marasme sur le mouvement des ventes dans les galeries?
 
Diana Ayoub: Portrait et 
langage expressionnistes.
Rima Assi Dalloul: Un paysage réinventé - 
(expression symboliste).

l est évident que le marché de l’art est en crise parce que le Liban est en crise de plus en plus aiguë qui affecte 80% des citoyens, si ce n’est même plus.
On a, cependant, le sentiment que la crise économique dont tout le monde parle est aussi psychologique que réelle. Un sentiment de crainte, irréfléchi, paralyse tous les marchés, en premier celui de l’art qui souffre d’un analphabétisme visuel général et du manque d’ouverture d’esprit du public.
Cela a des conséquences d’autant plus graves qu’il existe déjà un préjugé entretenu, à tort ou à raison, par une certaine critique, selon laquelle il y aurait peu de bons artistes, mis à part les noms de quelques-uns déjà décédés, de quelques autres ayant marqué par leur production les années 1960-1970 et de certains supposés jeunes talents qui ont la faveur de cette critique.
La déprime d’un bon nombre de galeries, qui ont réduit leurs activités, surtout au cours de ce premier trimestre de l’an 2000, contribue largement au sentiment de malaise. Aussi, la situation des galeries, en général, est-elle aussi peu confortable qu’elle peut l’être, si l’on considère le manque de dynamisme dans leur action et le peu de crédit qu’elles accordent au pouvoir d’achat du citoyen.
Il est vrai, la situation est difficile en ce moment. Les quelques collectionneurs convaincus ont été touchés par la crise économique. Et la chute des prix des œuvres d’artistes connus et confirmés, dont certains déjà décédés, a créé une crise de confiance sur la valeur réelle des œuvres d’art au Liban.
 
Thérèse Khabsa: Un langage proche 
de l’art graphique et publicitaire.
Noëlle Farah: Une nouvelle figuration.

Il y a quelques années, même en pleine guerre, on pouvait rencontrer plus de trois cents personnes lors d’un vernissage.
Aujourd’hui, lorsqu’on peut compter entre cinquante et cent visiteurs, le soir d’une inauguration, on est content, même si ce sont presque les mêmes personnes qui se déplacent d’une exposition à une autre.
Mais ce qui est le plus affligeant, c’est l’attitude très conventionnelle des galeries. Elles passent leur temps à gérer un lieu et à attendre des visiteurs probables, alors qu’elles devraient gérer des œuvres. C’est-à-dire faire un vrai travail d’accompagnement des artistes, prendre en charge leurs œuvres de la production à la diffusion à l’instar de ce qui se fait dans les pays d’Occident, en Amérique, au Japon et..., surtout, créer les conditions qui permettraient une véritable dynamisation de la scène artistique et une compétitivité de notre marché de l’art. Et ce, en luttant avec les artistes plasticiens pour qu’ils obtiennent un véritable statut, prenant en compte la diffusion de leurs travaux mais, aussi, l’insertion des jeunes talents prometteurs.

Par NICOLE MALHAMÉ HARFOUCHE

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