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Membre
du Bloc de la libération et du développement dont le chef
de file est le président Nabih Berri, M. Yassine Jaber, député
du Liban-Sud, juge prématuré de spéculer sur les listes
électorales, étant donné les développements
de la conjoncture régionale.
Cependant, il affirme que “Amal” et le “Hezbollah” ont, d’ores et déjà, jeté les bases d’une alliance stratégique. Tout en admettant que la “puissance de l’argent” joue un rôle actif aux élections législatives, il s’attend que de nouveaux visages accèdent à l’Assemblée au mois d’août prochain. Par ailleurs, déplorant la persistance de la situation économique qui laisse beaucoup à désirer, M. Jaber préconise la tenue d’un congrès d’économistes, afin de dégager des solutions susceptibles de mettre un terme au marasme. A ce propos, il inscrit à l’actif du gouvernement d’avoir freiné le gaspillage et, à son passif, certains négativismes. |
Du sommet de Genève, le parlementaire sudiste pense qu’on ne
peut encore en dégager les résultats, ni analyser les causes
de son échec. “En fait, il semble que le président américain
ait réclamé de son homologue syrien certaines concessions,
aux fins de conforter la position de Ehud Barak au plan intérieur,
ce à quoi le président Assad a refusé de souscrire.
Actuellement, la situation sur le terrain au Liban-Sud est ouverte
sur toutes les éventualités.
Quelle est votre analyse de l’éventuel retrait israélien
avant juillet?
Si on se base sur les déclarations des responsables à
Tel-Aviv, ce retrait paraît devoir se produire dans le délai
indiqué. Cependant, il nous faut savoir s’il s’agit d’une réalité
ou d’une nouvelle manœuvre.
D’après certaines sources, le retrait interviendrait dans des
secteurs déterminés, tels ceux de Rihane et d’Aramta, c’est
pourquoi, on doit s’attendre à d’autres agressions ennemies qui
sont devenues le pain quotidien des Sudistes. Je crois, en tout cas, que
les Israéliens visent toujours à perturber notre économie.
RETRAIT ET ÉLECTIONS
Les menaces israéliennes peuvent-elles influer sur les prochaines
législatives?
Je ne le souhaite pas, car le Liban a intérêt à
ce que ces élections aient lieu dans le délai légal
dans toutes les circonscriptions, afin que les institutions constitutionnelles
continuent à fonctionner normalement. Le Liban a connu des situations
bien plus dramatiques et a pu organiser des consultations populaires sans
se laisser influencer par des événements, quelles qu’en soient
la gravité et la nature.
Doit-on s’attendre à de nouveaux visages au sein du Bloc de
la libération et du développement?
Il est prématuré d’en parler, car l’attention est braquée
maintenant sur la conjoncture régionale. En ce qui concerne les
nouveaux visages, cela dépendra des alliances électorales.
De toute manière, “Amal” et le “Hezbollah” ont conclu, en principe,
un accord stratégique, ce qui est dans l’intérêt du
Liban-Sud, parce qu’il lui évite bien des secousses qu’il est préférable
de lui épargner dans les circonstances présentes.
Il va de soi que d’autres listes seront constituées dans cette
circonscription.
Dans quelle mesure les élections municipales organisées
il y a près de deux ans, influent-elles sur les législatives?
Il y a une nette différence entre les municipales et les législatives,
car dans chaque scrutin, on doit tenir compte d’autres données et
considérations, les groupes familiaux et claniques entrant en jeu.
Puis, les candidats à la députation doivent disposer d’une
assise populaire beaucoup plus large que ceux qui briguent la charge de
conseiller municipal.
C’est pourquoi, ceux qui ont pu l’emporter aux municipales, n’ont pas
les mêmes chances aux législatives.
LA PLAINTE S’AMPLIFIE...
Comment évaluez-vous le rôle du ministère de
l’Economie, ainsi que celui du gouvernement, en général?
Chaque député constate que les citoyens se plaignent
de la situation socio-économique. Le marasme persiste et cette plainte
s’amplifie, provenant tant des gens à revenu limité que des
classes moyenne et aisée. La solution de ce problème dépasse
les possibilités d’un Cabinet et requiert une action à l’échelle
nationale. Il est temps de tenir un congrès économique général
auquel ferait appel le président Lahoud et qui réunirait
des ministres, les commissions parlementaires concernés et les organismes
économiques. Une remise en question est nécessaire, afin
de prendre des mesures adéquates.
La persistance du marasme aboutira à une catastrophe. Pour éviter
cela, il faut revenir sur des politiques erronées, telle la politique
douanière qui a entraîné une baisse du mouvement des
marchandises dans le pays. D’autres politiques aux niveaux administratif
et législatif doivent être élaborées pour encourager
les investissements. Les investisseurs ont des opportunités importantes
dans d’autres pays et ne seront motivés que lorsqu’un climat propice
sera assuré.
POUR UNE RÉVISION DE CERTAINES TAXES
DOUANIÈRES
Le sauvetage de la situation économico-financière nécessite
la collaboration de toutes les parties et des initiatives rapides. Le gouvernement
a réussi dans une certaine limite à freiner le gaspillage,
mais d’autres politiques ont échoué. Le doublement des taxes
douanières sur le tabac n’a rapporté au Trésor aucun
revenu supplémentaire. Il en est de même des taxes sur le
prêt-à-porter et les produits alimentaires.
Le Bloc de la libération et du développement (BLD)
critique, tantôt le gouvernement et, tantôt, l’appuie. Pourquoi?
Le Bloc de la libération et du développement est loyaliste,
puisqu’il participe au gouvernement. Il n’y a pas de divergence avec le
Cabinet. Si nous le critiquons, c’est en vue de l’aider à rectifier
certaines erreurs. La discussion doit exister entre le Cabinet et les blocs
loyalistes. Nous avons conseillé, vainement, le gouvernement en
ce qui concerne la commission des Finances et les Douanes. Tout en appréciant
des mesures gouvernementales, nous avons émis des remarques relatives
à la politique monétaire qui est difficile à changer,
en raison de certaines données. Le ministre des Finances préconise
la baisse des taux d’intérêt, mais ceci n’est pas facile.
Dans les questions monétaires, la prudence est de mise.
Le BLD a-t-il pris une décision relative aux candidatures
qu’il soutiendra aux prochaines législatives?
En réalité, une bonne représentation du Liban-Sud
est requise. Le président Berri est déterminé à
ce que la liste qu’il préside au Sud représente tous les
partis et franges de la société.