Bloc - Notes

Par ALINE LAHOUD
ÇA, C’EST UN COMBLE!
Aurons-nous la chance (une fois n’est pas coutume) d’être un jour débarrassés de l’auto-collant qui a pour nom Yasser Arafat? Non que nous lui souhaitions du mal, bien au contraire, mais nous aimerions qu’il cesse de fourrer son nez dans nos affaires pour s’occuper un peu des siennes. Car à part sa taille politique qui ne lui permet d’être qu’un demi-pion sur l’échiquier mondial, l’expérience libanaise aurait dû lui rappeler de cuisants souvenirs et lui apprendre les vertus du silence.
Chacun se souvient de quelle façon M. Arafat a quitté le Liban. La première fois, éjecté par ses partenaires d’aujourd’hui, les Israéliens; la seconde fois, de Tripoli, par les Syriens. Il n’a dû, alors, de sauver sa peau que grâce à la flotte française qui l’a évacué avec armes et bagages. Et les deux fois, il a esquissé en s’en allant le signe de la victoire. Ce qui a fait dire à Sartaoui (un cadre supérieur de l’OLP, assassiné depuis): “Encore une victoire de ce genre et nous nous retrouverons aux îles Fidji”. Lesquels Fidjiens ne connaissent pas leur bonheur d’avoir échappé à la menace grâce à Israël qui a finalement permis à Arafat de revenir dans la terre de ses ancêtres.
Cependant, bien qu’il se trouve chez lui à Gaza et à Jéricho, il ne continue pas moins à rêver du Liban, sur les deux-tiers duquel il régna sans partage dans les années 70, avec les désastreuses conséquences que l’on sait.
Monsieur Arafat, que voulez-vous du Liban plus qu’il ne vous a déjà donné et qu’il a été le seul de tous les “frères arabes” à vous donner? Vous y êtes arrivés en réfugiés demandant asile et protection, en attendant de “jeter les Juifs à la mer” et vous y avez provoqué une guerre fratricide qui a tourné à l’apocalypse et nous a saignés à blanc (au propre comme au figuré) avec une ardoise de 25 milliards de dollars (à part ce que nous avons déjà payé) qui nous a laissés sur les genoux et dont nous n’arriverons jamais à acquitter, ne serait-ce que les intérêts.
Et vous voici aujourd’hui indigné. Indigné par les efforts que fait le Liban pour étendre sa souveraineté sur son propre sol et amener Israël à accepter la résolution 194 des Nations Unies qui reconnaît le droit de retour à vos compatriotes chassés de leurs foyers. Vous vous êtes mis à crier que “la présence palestinienne au Liban est légitimée par l’accord du Caire”.
Or, il n’existe pas de présence “légitime” d’éléments étrangers sur un sol sans un accord formel avec le pays souverain concerné. Cet accord ne peut, en aucun cas, être celui auquel vous vous référez, puisque l’accord du Caire “avec les dispositions qui en découlent”, a été abrogé et déclaré nul par le parlement libanais, en date du 15 juin 1987. Bien avant cette date, il (l’accord du Caire) avait été considéré comme nul par deux des plus hauts magistrats de la république: les présidents Youssef Gebrane en 1979 et Antoine Kheir, en 1986. Déjà, l’opinion publique l’avait rejeté avec indignation. On dit, aussi, que lors de sa signature par le général Emile Boustany, le président Nasser avait demandé stupéfait: “Vous êtes sûr de vouloir signer ça?”
Mieux encore, non content d’occuper des “sanctuaires inviolables” au Liban où vous faites votre propre loi, vous déclarez être “indigné à l’idée d’un désarmement des réfugiés palestiniens”. A quoi et contre qui doivent servir ces armes, monsieur Arafat, à part à assassiner cinq magistrats libanais en plein tribunal, sans compter une multitude d’autres crimes? Ou bien pensez-vous encore, à l’instar du défunt Abou-Iad que la route de la Palestine passe, par Jounieh? Route (celle de Palestine) qu’ils ne semblent d’ailleurs pas pressés de prendre, puisque 90% d’entre eux caressent la perspective d’une possible implantation.
Si, par contre, vous destinez ces armes à combattre Israël, pourquoi, dans ce cas, désarmez-vous les Palestiniens des territoires autonomes sur lesquels vous régnez et mettez-vous en prison le moindre porteur de pétard de crainte d’encourir le courroux israélien?
Vous vous êtes trop longtemps occupé de nous, monsieur Arafat et nous vous en sommes reconnaissants. Accordez, désormais, votre attention à vos problèmes domestiques.
Contentez-vous de serrer avec ferveur la main de Barak et celle de Lévy. Savourez votre bonheur d’être, enfin, admis à fouler le sol de la Maison-Blanche, mais de grâce, laissez-nous tranquilles. 

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