LE PREMIER MINISTRE DU CANADA, JEAN CHRÉTIEN,
POUR LA PREMIÈRE FOIS AU PROCHE-ORIENT
LE CANADA AU CŒUR DE LA DYNAMIQUE DE PAIX

Le Premier ministre canadien Jean Chrétien n’était jamais venu au Liban. Et pourtant, son pays est un élément actif dans le processus de paix au Proche-Orient. Depuis cinquante ans, il n’a jamais manqué à l’appel quand la communauté internationale sollicitait sa coopération en hommes, en matériel et en fonds. Généreusement, il déliait sa bourse et généreusement ses Casques bleus se déployaient sur tous les fronts où ils étaient perçus par tous comme des amis, forts de la neutralité de leur pays. Aujourd’hui, 239 membres des Forces canadiennes participent à cinq opérations de maintien de la paix et missions connexes au Proche-Orient.
 
Cérémonie d’accueil à Gaza. Jean et Aline 
Chrétien avec Yasser et Soha Arafat.
Israël, première étape de sa tournée 
proche-orientale. Avec Ehud Barak et David Lévy.

D’ailleurs, c’est le secrétaire d’Etat aux Affaires extérieures du Canada, Lester B. Pearson, futur Premier ministre et prix Nobel de la paix, qui fut à l’origine, en novembre 1956, d’une résolution des Nations Unies sur la création d’une première force d’urgence de l’ONU (FUNU) devant, à la suite de la crise du canal de Suez, superviser l’évacuation de celui-ci par les forces françaises, israéliennes et britanniques.
La tradition s’est perpétuée dans son sillage par la présence du Canada au processus de paix de Madrid, à travers les négociations multilatérales et bilatérales. Membre du groupe de travail sur la sécurité régionale et le contrôle des armements, il préside aussi le Groupe de travail sur les réfugiés. Et le zèle qu’il manifeste sur ce plan étonne parfois ceux qui portent le poids de la présence palestinienne.
Sur un autre registre, le Canada est concerné par le déminage au Proche-Orient. Promoteur du traité international d’interdiction des mines terrestres dont il s’est fait l’apôtre dans le monde, il s’emploie à l’intégrer dans le processus de paix au Proche-Orient, car les mines dans l’optique de ses officiels sont “un obstacle à la réconciliation, au développement économique et social”.
Comme tout bouge actuellement dans cette région et que le Canada se sent particulièrement concerné par le processus en cours, il fallait donc que son Premier ministre vienne voir sur place ce qui s’y prépare, tente de déchiffrer les véritables intentions des divers protagonistes et d’évaluer le rôle que son pays pourrait y jouer. Il avait rencontré le président Emile Lahoud au sommet de la francophonie qui s’est tenu à Moncton en septembre 1999. Et celui-ci l’avait invité à visiter le Liban.
C’est dans le cadre d’une tournée proche-orientale qu’il s’arrête au Liban les 13 et 14 avril. La première étape en avait été Israël où il avait rencontré son homologue israélien Ehud Barak ainsi que le président Ezer Weizman. De là, il est passé à la bande de Gaza où il a été reçu par Yasser Arafat. Avant de débarquer au Liban, il a mis le cap sur le Caire pour enfin se rendre après Beyrouth à Amman, Damas et en Arabie séoudite.
 
Jean Chrétien avec Mac Harb,
député d’origine libanaise.
Le Premier ministre canadien avec 
le sénateur d’origine libanaise Pierre 
Debbané et son épouse.

Au Liban, il est arrivé accompagné d’une importante délégation parlementaire comprenant entre autres deux membres d’origine libanaise, le député Mark Assad et le sénateur Pierre Debbané. Egalement d’une équipe de journalistes. Une série de rencontres marquent sa première journée dont celle des présidents Hoss et Berri, clôturée le soir par un dîner officiel offert au Grand Sérail par le Premier ministre libanais. Vendredi matin, après la visite de Liban Post, consortium libano-canadien, il sera reçu par le président Lahoud qui offre un déjeuner en son honneur. Son épouse Aline suivra, partiellement, un programme parallèle avec Mme Lahoud qui la conduira à Byblos.
Ce n’est pas un voyage touristique qu’effectue Jean Chrétien. S’il n’a pas totalement la liberté de choix, le Liban est toujours une place stratégique, une porte ouverte sur l’hinterland arabe. Les échanges commerciaux entre le Liban et le Canada n’ont atteint que 61,5 millions de dollars en 1999, mais ils pourraient suivre une courbe ascendante. De plus, les chantiers de la paix qui demeurent en souffrance, pourraient présenter un intérêt majeur pour les grandes compagnies canadiennes. L’économique étant lié au politique, c’est la perspective du retrait israélien qui est actuellement prioritaire. Depuis Israël, Jean Chrétien a approuvé le retrait unilatéral du Liban-Sud et envisagé déjà une présence canadienne à une “force de paix au Liban”. “Si les Nations Unies nous demandaient d’être présents, nous considérerions positivement cette requête”. Les détails, c’est pour plus tard, l’incertitude et la confusion étant encore totales.

Par EVELYNE MASSOUD

Home
Home