Editorial



Par MELHEM KARAM 

CE QUI DOIT GARANTIR LA SÉCURITÉ AUX PACIFISTES!

Versants et sommets. Soucis et esprit d’initiative. Les sommets étant proches des versants et les soucis émergeant avec l’action à entreprendre. La tournée du président Emile Lahoud constituera-t-elle une déviation de ce style?
Le Liban et, cette fois, parce qu’il est lui-même, non l’un des deux volets ou parce qu’il forme avec son sud le nord d’Israël, le Liban, disons-nous, est, aujourd’hui, au centre des aspirations. La cause en est qu’il est la terre qu’Israël veut évacuer, totalement, comme il le prétend. A moins que deux plans israéliens soient mêlés: “L’aube” et “Nouvel Horizon”, l’option israélienne ayant porté sur le retrait inconditionnel du Sud libanais, en application de la résolution 425. Etant donné que cette résolution n’est revenue au plan pratique que vingt-deux années après son adoption et avoir passé tout ce temps dans la mémoire israélienne. L’option israélienne n’a porté sur ce retrait, que lorsque les juifs d’Israël n’ont plus voulu se maintenir au Liban-Sud. Comme s’ils étaient à la veille de se retirer de Saida dans les années quatre-vingts, alors que le “Yediot Ahronot” publiait cette manchette: “Aujourd’hui, l’armée israélienne se retire du Liban. Que Dieu ne nous fasse plus voir cette terre!”
Parce que cette fois, tous ont le regard tourné vers le Liban. Etant entendu que le retrait israélien de son Sud, quels que soient les risques, est une victoire pour le Liban et la Résistance. Ces paroles ne sont pas de nous, bien que nous les ayons dites depuis longtemps à la Presse occidentale européenne qui les reproduit de nouveau et fait état de la gêne israélienne des opérations du “Hezbollah”.
Etant donné que dans la mémoire libanaise et dans d’autres, aussi, avec le retrait tronqué du Sinaï, en dépit du discours que le président Anouar Sadate a prononcé à la Knesset après avoir salué, auparavant, Menahem Begin, Golda Meir et d’autres, l’enclave de Taba est restée un sujet de discussion. Jusqu’au moment où les tribunaux internationaux ont rendu leur verdict et l’ont replacée sous la souveraineté de l’Egypte.
Etant donné, également, que dans la mémoire libanaise et dans d’autres encore, persistent des histoires de Juifs autour du retrait tronqué du Golan, à cause de quelques centaines de mètres qu’ils veulent conserver autour du lac de Tibériade. Dans la même mémoire, il reste des retraits promis, même après Madrid et Oslo, des territoires de Cisjordanie. Comme si Israël ne veut rien donner en conservant toute chose.
En Irak, on a parlé de “pétrole contre nourriture” et à Madrid de “la terre contre la paix”. Cependant, Israël veut garder la terre et obtenir la paix. Aux autres et à nous, adieu.
Ce comportement israélien qui faillit à toute promesse, a été à l’origine du “manifeste des cent vingts”: il s’agit du manifeste signé par cent vingts Palestiniens de toutes les tendances disant: “Assez de dénonciation israélienne des promesses et du pouvoir”.
Israël veut tout. Il veut l’excuse et l’argent. Voici venu, maintenant le tour des banques israéliennes de réclamer l’argent et les biens-fonds déposés dans ces banques avant 1939 et disparus dans la persécution nazie. Il veut des excuses de tout le monde. Même du Pape, après que le Vatican l’eut blanchi du sang du Christ. L’Humanité se souvient de l’effusion du sang pour la deux-milliénième fois, depuis le temps de la souffrance, du golgotha et de la croix. Comme si cet événement écrit pour l’Humanité dans un nouveau style, ne mérite pas l’excuse. Pourquoi disons-nous, par la suite, qu’il faut s’excuser des Palestiniens qui ont été tués, collectivement, par Stern, la Hagana et l’Irgoun?
Et pourquoi, parlons-nous encore de la nécessité de s’excuser du Liban, à cause de Cana... Cana qui a été le début des miracles de la chrétienté? Pourquoi disons-nous encore que l’excuse des juifs à l’Europe est un devoir, après les protocoles des sages de Sion en 1797 tournant en ridicule les gouvernants de l’Occident parce qu’ils signaient un courrier sans le lire, les Juifs créant un système pour une économie leur permettant de dominer l’Europe?
Combien le président Jacques Chirac a-t-il bien agi en demandant au sommet euro-africain ayant siégé récemment, au Caire, d’exempter le continent africain des dettes qu’il a contractées, quel qu’en soit le montant. Comme si Jacques Chirac s’excuse, au nom de l’Europe, du peuple de couleur.
Il avait agi de même, précédemment, en s’excusant de ce qu’a enduré l’Afrique du cauchemar du colonialisme.
Car Jacques Chirac sait, en tant que fils de la droite sage et lucide, que la famine mange l’aisance et les gens aisés, si elle vient à empirer. Le bien-être ne peut être l’apanage de gens dans une planète sur laquelle vivent six milliards d’être humains, la plupart d’entre eux étant dans l’indigence. Il va sans dire que les paroles, si grandes soient-elles et même émanant des grands, demeurent petites à propos des problèmes vitaux.
L’excuse, revenons-y, est le destin de quiconque a assumé le pouvoir, lequel affranchit de la dureté, comme l’autorité absout de l’hégémonie, alors que la liberté ne tolère pas l’anarchie.
Combien les Ottomans devraient-ils s’excuser et les Britanniques de l’Amérique et de George Washington! Et combien les Américains devraient-ils s’excuser du Vietnam! De même que les Khmers rouges et les hommes de Pol Pot qui ont sur la conscience des centaines de milliers de victimes!

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Et le Liban... Qu’en est-il du Liban? Tous lui doivent des excuses, nul ne pouvant lui demander une initiative d’excuse, parce que la victime gémit et ne s’excuse pas, se révolte sans s’apaiser.
Le Liban, aujourd’hui, est au centre d’intérêt, ainsi que nous l’avons dit, car il révèle la portée israélienne pour les résistants après le retrait ou ne la révèle pas. Là n’est pas la question, parce que la Résistance existe pour affronter l’occupation. Les paroles israéliennes, à ce sujet, la menace israélienne quotidienne en haussant le ton, Ehud Barak, David Lévy et Shaoul Mofaz les répètent.
Après ces paroles, personne ne peut imaginer notre riposte, si on nous frappait après notre retrait. Ces propos émanant, spécialement, du ministre des Affaires étrangères Lévy, le séfaradim qui s’emploie à amadouer les Askhénazes en langue française, parce que sa culture est française et avec le ton terroriste,ces propos sont ceux du “matamore” qui se prévaut de son bras, de son revolver et de son poignard pour en imposer aux gens paisibles, en leur refusant jusqu’au droit de lui résister, de lui tenir tête et de lui répliquer.

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La tournée du président Lahoud vise à améliorer la situation libano-arabe. Sauf si Israël insiste à se retirer avec ou sans accord. Qu’il se retire et le Liban, les Arabes et la communauté internationale, disposeront, à travers l’augmentation des effectifs des “Casques Bleus”, de ce qui garantit et doit garantir la sécurité aux pacifistes. 

Photo Melhem Karam

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