tribune
L’ONU REDÉCOUVERTE...
A l’occasion du Achoura, le secrétaire général du Hezbollah, dans un discours public, a défini en cinq points les questions pendantes entre le Liban et Israël:
- L’évacuation de l’armée israélienne jusqu’aux frontières internationales.
- Le sort de l’armée du général Lahd.
- L’indemnisation du Liban pour les dommages subits du fait des agressions israéliennes.
- Le sort des prisonniers libanais retenus par Israël comme otages.
Il serait question aussi (6ème point) du Golan (en vertu du principe de solidarité).

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Si, sur le premier point, on peut considérer qu’en principe l’acceptation par Israël de la résolution 425 semble acquise et règle le problème, il resterait, sur tous les autres points la persistance de l’incertitude la plus totale.
On sait, cependant, qu’Israël refuse déjà l’idée même d’un “droit au retour” des Palestiniens, qu’avec la Syrie, la négociation sur le Golan est bloquée et qu’enfin, il n’est pas dans les habitudes d’Israël d’indemniser qui que ce soit. Il est dans ses habitudes plutôt de recevoir que de donner. Tout au plus, il ferait débourser les Américains, qui y sont accoutumés. Mais on n’en est pas encore là.
Le problème immédiat est maintenant de savoir ce que seront les conséquences pratiques de ce programme de revendications lesquelles, pour la plupart, n’ont aucune chance d’être satisfaites. Est-ce que cela annonce une poursuite des actions militaires du Hezbollah? Et, dans ce cas, quelle serait la position juridique de l’Etat libanais sur le plan international une fois la 425 appliquée?
On voit déjà la diplomatie israélienne se démener dans toutes les directions pour faire admettre qu’en exécutant la résolution 425, Israël est quitte de toute obligation et que, de ce fait, il a droit à la sécurité de ses frontières avec le Liban.
Mais on a vu que le fameux message du 5 avril du président de la République à M. Kofi Annan conteste par avance la prétention d’Israël à ce quitus. Ce message soulève, en effet, à peu près les mêmes problèmes que le Hezbollah.
L’intérêt de ces démarches et de ces prises de positions contradictoires réside dans le fait que, pour la première fois depuis longtemps, le conflit avec Israël est posé dans toute son ampleur à la communauté internationale. L’ONU rentre en scène et retrouve un rôle après avoir longtemps été marginalisée par l’Amérique et, surtout, par Israël.
Les Etats-Unis et les principales puissances occidentales sont placés devant leurs responsabilités. Et cela, par le seul pays arabe à qui rien ne peut être reproché, qui n’a jamais menacé Israël et qui ne l’a jamais agressé: Le Liban, victime aussi bien des agressions d’Israël que des intrigues étrangères qui, pendant quinze ans, ont alimenté une terrible guerre civile sur son territoire. Le Liban est, en quelque sorte, le témoin vivant du drame historique qu’a été la création de l’Etat d’Israël en terre arabe. Par son existence même, il est la condamnation de l’entreprise sioniste. Il est la négation d’Israël, Etat bâti sur la religion et l’exclusion.
C’est ce Liban-là qui demande paix et justice.

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Mais soyons réalistes. Est-ce qu’il y a une justice dans les relations internationales? Cette notion a toujours été étrangère aux rapports entre les Etats. Sur ce plan, tout au long de l’Histoire de l’humanité, ce sont les rapports de force qui ont toujours prévalu.
Le Liban, dans les conditions actuelles de ce rapport de force, a recherché un appui auprès de l’ensemble de la communauté des Etats arabes qui ne le lui ont pas marchandé sur le plan moral et même financier.
Mais c’est auprès de la Syrie qu’il a cru trouver le support concret, dont il a besoin. La solidarité entre les deux pays n’a jamais été aussi totale et aussi quotidiennement réaffirmée, voire exaltée.
Suffira-t-elle à faire le poids face à la solidarité américano-israélienne, dont on mesure tous les jours l’étendue?
C’est maintenant toute la question depuis l’échec de la rencontre Assad-Clinton de Genève. C’est de Washington qu’on attend la réponse, une réponse qu’on veut espérer conforme aux leçons de démocratie, de droits de l’homme, de liberté et de justice que l’Amérique ne cesse d’asséner au monde, à coups de bombes et de sanctions économiques, Irak, Cuba, Kosovo inclus avec quelques autres rebelles à ces leçons.
Espérer, oui, mais sans trop d’illusions. 


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